C.N.R.S.
 
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     EMPRESSER     
FEW IX pressare
EMPRESSER, verbe
[T-L : empresser ; GD : empresser ; GDC : empresser ; AND : empresser1 ; DÉCT : empresser ; FEW IX, 362a : pressare ; TLF : VII, 991a : empresser (s')]

A. -

"Laisser une empreinte, une trace (dans une matière molle)"

 

-

Part. passé en empl. adj. "Empreint" : Et est non mie ymage, mais a l'ymage comme cest monde, qui proprement n'est pas dit ymage de Dieu, mais mireoir du createur et comme le pas du piet empressé en terre est ensigne du piet. (Somme abr., c.1477-1481, 111).

B. -

"Presser, serrer de près"

 

1.

Au propre

 

a)

Empresser qqn. "Presser qqn, le serrer de près, le bousculer" : ...et fut le pappe grevé et empressé à l'entrer en sa chambre, dont il fut moult ayré (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 28). Or lui baille sa femme sa sainture et ses patenoustres pour les toucher aux reliques et au saint ymage de Nostre Dame, et Dieu sceit s'il est bien empressé et s'il a de bonnes coudees ["coups de coude"] et de bons repoux ["poussées"] ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 69). Aprés ce fait ung chascun desmarcha Et peu a peu, comme on scet le stille, Tous empressez a la foulle on marcha Pour approcher Casat la bonne ville. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 180).

 

-

"Serrer qqn dans ses bras, embrasser qqn" : Laquelle bonne femme luy donna tres bien a disner et, quant ilz eurent bien disné, la vesve l'empressa et le baysa en luy requerant qu'elle eust coppie de son amour. (MACHO, Esope R., c.1480, 255).

 

-

Sans empresser./Ne pas estre empressés. "Sans être serrés, ne pas être serrés" : Sergens, faites devant la voie Si que le saint pére passer Puisse et nous touz sanz empresser (Mir. prev., 1352, 272). Et premierement de ne estre point trop empressez ; car se ilz le sont, ilz empeschent l'un a l'autre et ne puelent leurs cops frapper (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 240).

 

-

S'empresser entre. "Se mêler à" : ...et se gardent que trop ne s'empressent entre hommes, mais tousjours se tirent vers leurs meres ou les autres femmes. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 195).

 

b)

Part. passé en empl. adj.

 

-

[D'une pers.]

 

.

Empressé. "Serré, écrasé (dans une foule)" : Or arivent au Puy en Auvergne a quelque paine et font leurs pelerinages, et Dieu sceit si le bon home est bien debouté et foullé en la presse pour passer sa femme ! Or lui baille sa femme sa sainture et ses patenoustres pour les toucher aux reliques et au saint ymage de Nostre Dame, et Dieu sceit s'il est bien empressé et s'il a de bonnes coudees et de bons repoux ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 69).

 

.

Empressé qq. part. "Pressé, serré qq. part" : Je sçay bien que je couchay en une vigne, bien empressé sur la terre, sans aultre avantaige et sans manteau. (COMM., III, 1495-1498, 195).

 

-

[De choses] Empressé l'un sur l'autre. "Serré l'un sur l'autre" : ...et pour ce les bons hobers doivent avoir les mailles empressiés l'une sus l'autre... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 223).

 

.

"Écrasé (?)" : Laquelle pierre (...) ressortist a dextre et vint ferir ledit infant par la teste, laquelle lui porta toute empressés [l. empressée ?] jus (LA SALE, Sale D., 1451, 243).

 

-

[D'un lieu] "Fréquenté en foule, peuplé" : La est le lieu moult empressé, Si n'est il petit, n'estrecé, Car la a gens de tous estas (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 137). Nos logis sont si empressez Du peuple qui est sourvenu De nouvel, qu'il a convenu Laisser nos lis pour les loger. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 23).

 

2.

En partic. "Serrer de près (qqn, un animal, une troupe...), harceler" : Adonc vit les batailles et les estours mortelz Et regarde ses homes enclos et empressés (Tristan Nant. S., c.1350, 280). L'ystoire dit que le lendemain, au point du jour, ot le roy ses gens tous prests, et yssy de la cité a bien mil hommes d'armes, et bien mille, que brigans, que arbalestriers, qui le actendoient en embusche aux deux costez de la barriere pour lui recueillir, se il estoit trop empressez de Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 105). Le roy Maymon fu cousin Hector, de la lignee aux Troyens, et quant Hector estoit es fieres batailles, ou maintes fois durement estoit empressez de ses ennemis, Maymons, qui moult fu vaillant chevalier, le suivoit de pres (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 204). Deux grans maulz, ce dit, se peut ensuivre de bataille desroutée : l'un est que les anemis y pevent entrer plus legierement, l'autre, que les batailles sont si empressées que ilz ne pevent combatre... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 201). Cornaille ou cauue est vng oysel plain de gergon malfaisant et nuysable aux habitans du lieu ou elles habitent qui volentiers parsuit l'aigle a qui elle n'oseroit touchier. Et aucune fois si pres s'en approuche qu'elle a vng coub de bec pour ce qu'elle empresse trop l'aigle. Et senefie que cellui qui premier la porta en armes fut vng homme de grant langage tricherre et malicieux et aux habitans mont nuysible et qui par son langage se vouloit fort exaucier. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 487). Ausquelz douze ainsi deleguez de lui que dit est fut rendue et faicte response par les habitans de Gand, Bruges, Brucelles, Lisle lez Flandres et autres que, au regard dudit de Bourgongne, ilz le reputoient leur vray et naturel seigneur, et que pour lui feront toute leur possibilité, en disant par eulx, que se il se sentoit aucunement empressé desdiz Alemans ou Suixes (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 13). ...et certes à celle heure les nouveaulx chevalliers s'esprouverent moult honnorablement, et estoit chascun d'eulx si empressé des ennemis que l'ung ne povoit l'aultre secourir ne aider (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 239). Je les voy forment apresser, Et descendant vers Saint Lorens. Y nous peuvent trop fort enpresser, Et nous enfermer cy dedans ; Si vault mieulx aller au devant Pour resister allencontre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 237).

 

-

Empl. abs. : ...car la corection des mauvais hoste le hardement de mal et la recongnoissance des bons est le redoublement de leurs biensfaiz, et, qui plus fort est, j' ose bien dire que celle seule vertu de recognoistre les bons qui peu voulentiers empressent et les maulvais qui se ingerent rebouter est celle qui souverainement conferme et maintient les princes en leurs seigneuries et majestez (CHART., Q. inv., 1422, 17).

 

3.

Au fig.

 

a)

"Presser qqn (de faire qqc.)" : Pluseurs l'empresserent, et quant Elle vit qu'on l'apressoit trop, Elle leur dist, tout à un cop, Qu'elle avoit grant devotion De li mettre en religion, Et que jamais mari n'aroit (MACH., P. Alex., p.1369, 259). Et quant cellui l'empressa moult, il lui mist devant ung vaillant gladiateur, viel et de petite estature, et lui dist: combas toy a cestui, et sy tu le vaincs, je combateray a toi. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62).

 

b)

"Importuner qqn" : ...Pour ce que trop ne vous empresse (Mir. ste Bauth., c.1376, 167). Il est desja si empressé Qu'il ne sçait ou il a laissé : Il fault que nous luy reboutons. (Path. D., c.1456-1469, 162).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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