C.N.R.S.
 
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     EMPREINDRE     
FEW IV 603b imprimere
EMPREINDRE, verbe
[T-L : empreindre ; GD : empreindre ; GDC : empreindre ; AND : empreindre ; FEW IV, 603b : imprimere ; TLF : VII, 989b : empreindre]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre "Marquer par pression, en creux ou en relief (la forme d'un corps dur sur une matière plus molle), empreindre" : ...Et est aussi comme la cire Qui sueffre dedens li escrire, Ou qui retient fourme ou empreinte, Si comme on l'a en li empreinte. (MACH., R. Fort., c.1341, 2). Et pour perpetuel memoire des choses ordonnées par ladicte Perrenelle (...) sera fait un tableau de cuivre où sera emprainte l'ordonnance de ladicte Perrenelle (BAYE, I, 1400-1410, 10). Primo, en un sac, IIJ fons d'escuelles d'argent avec pluseurs bordeures et rongneures d'icelles escuelles, en aucunes desquelles rongneures sont empraintes les armes de messire Pierre de Navarre (BAYE, I, 1400-1410, 97). ...lesquelles armes le senneschal de Rouergue avoit fait entailler et empraindre en une pierre à l'encontre d'une tour assise sur le pont de ladicte rivière (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 142). Cestui recite qu'il tumba du ciel une grande pierre, où estoit emprainte une croix et ung cruciffix et y avoit escript en lettres d'or : "Jhesus Nazarenus, rex Judeorum" (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 120 r°).

 

-

"Apposer un sceau sur qqc." : Item, pour ce que le seelleur Maint estront de mouche a machié, Donne, car homme est de valleur, Son seau d'avantaige crachié, Et qu'il ait le poulce escachié Pour tout empreindre a une voye ; J'entens celluy de l'Eveschié, Car les autres, Dieu les pourvoye ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 99).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Marqué" : ESTONNÉ. Ce villain cy est tout estaint Et tout difforme la figure. DRAGON. Il a le groing trop bien empraint : Il y appert mainte escripture. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 280).

B. -

P. ext.

 

1.

"Enfoncer, faire pénétrer profondément qqc. qq. part" : Et regarde les unes et les autres et aussi les avise [les traces des cerfs], et les empreing puis en terre ferme, puis en mole, si verras les differences qui sont entre les unes et les autres (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 18). ...froit empraint ou emprime aucune maniere de malle complexion en telz membres (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 268). Tant comme l'air est plus gros et plus espés, de tant y empraint plus fort le souleil sa chaleur (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 1, 183 r°). Mais je leur ay tel puce mise En l'oreille et sy bien emprainte Que la nouvelle en est estaincte (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 971).

 

2.

"Dessiner qqc. qq. part" : ...reluisent diverses couleurs qui y sont empraintes et engendrees par les rays du souleil ou de la lune (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 5, 186 r°). Sur l'enfant [Griseldis] a empraint le signe De la croix (Gris., 1395, 66).

 

3.

"Mettre ses pas dans les traces de" : Le leu est vne beste rauissante et de cruelle apperceuance et a le plus de sa vertu es piez en la maniere du leon et quelque chose qu'il empraingne de son pié, il ne le laisse aller et par rage de rapacide quelque beste qu'il treuue il la deuoure et transsit (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 471).

 

Rem. Emprendre ds l'ex. suiv., mais peut-être influencé par empreindre : Et se, pour ses grans affaires, il n'estoit disposé d'y aller ne d'y envoyer, et que aultres princes chrestiens à puissance convenable empreignent le sainct voyaige, je les y accompaigneray, et me employeray avecques eux à la deffense de la foy chrestienne le plus avant que je pourray (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 181).

C. -

Au fig. "Marquer" : Quant j'eus tout recordé par ordre, Si qu'il n'i avoit que remordre, Et en mon cuer la douce empreinte De ses enseingnemens empreinte, Je m'en senti trop plus seür, Plus fort, plus rassis, plus meür. (MACH., R. Fort., c.1341, 109).

 

-

Empreindre qqc. en/dedens : Car en moy l'empreint [sa douce ramembrance] tellement Souvenirs qu'il n'est vraiement Lieu, temps, jour, heure ne moment Que ne la voie. (MACH., Compl., 1340-1377, 242). La grant douçour de vostre biauté fine Que souvenirs dedens mon cuer empreint, Vos gentils corps que bonté enlumine, Vo maniere qui toutes autres vaint, Vostre dous riant regart... (MACH., L. dames, 1377, 172). ...A rimoier ung dit s'ottroie Pour celle de qui la figure En son coer emprient et figure. (Pastor. B., c.1422-1425, 195). Comme j'eux moullé et empraint Mes fais et en mon cuer escript, Pensay ainsi com cil qui craint Que j'avoye mon preterit, Jeune de corps et d'esperit, Gasté, dont je fus esperdu (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 134). Mais quoy qu'i soit de cest homme saint Qui en soy tant de vertus empraint, Si voulentiers ne mengeroye Que par devant moy le verroye Pour la grant fame qui en court. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 400).

 

-

Empl. abs. : Et qui ne peult attaindre a congnoistre son fait par argumens profons s'aidera d'entendibles exemples, qui sont communs aux simples et aux sages, et empraingnent fort au courage pour la proporcion et equalité que nos singuliers cas ont avecquez lez privees avantures dez aultres. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 134).

 

-

Comment qu'il empreigne. "Quelle qu'en soit la marque, la trace" : Le tres noble duc de Bourgoigne, A qui qu'il plaise ou qui qu'en groigne, N'est il alez or en Bretaigne Mettre accort, comment qu'il empreigne, Entre les barons descordans Entr'eulx, de gouverner ardans, Pour ce qu'ilz ont jeune seigneur ? (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 159).

 

-

Estre empreint. "Être marqué" : Si que, dame, quant je vi sa façon Qui tant estoit belle sans meffaçon, Dedens mon cuer la douce impression De sa figure Fu telement empreinte qu'elle y dure, Ne onques puis n'en parti, dont j'endure Meinte doleur et meinte durté dure. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 73). ...Car la trés douce imprecion De son ymagination Est en mon cuer si fort empreinte Qu'encor y est et yert l'empreinte, Ne jamais ne s'en partira, Jusques a tant qu'il partira (MACH., D. Lyon, 1342, 166). Ma treschiere et souveraine dame, on m'a dit que vous vous doubtés de moi que je ne vous fasse fausseté ; et comment que je n'en feisse onques semblant a la personne qui le me dist, l'impression de ceste parole est telement emprainte dedens mon cuer que ja mais n'en partira se par vous n'est. (MACH., Voir, 1364, 168). Et tout pour ce que j'ay toudis en my L'impression de ma dame sans per Qui est empreinte et figurée en my Mon loyal cuer qui l'aimme sans fausser Si fort et si fermement Qu'adès la voy vis à vis proprement (MACH., Bal., 1377, 553). Car tant sont baignez et empraintz voz cueurs en murmures et en priveez discordes, que jucquez dedens lez couchez, et ou meillieu de ceulx qui menguent et dorment ensemble, est la souppecon couverte, et la fiance fallie (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 82). JUPITER. Se l'offence où tu es emprainte N'est par penitance remise, Dieu n'exaulcera point ta plainte Veu la (grant) faulte que tu as commise. (Cene dieux, c.1492, 137).

 

.

[D'une pers., ds un contexte métaph.] : ...aprés que Fortune en eust fait son marchepiet, qu'elle [Jeanne la Pucelle] fust purifiée comme l'or en la fournaise, emprainte au coing de patience, soubz le martel de son noble Conseil (...) s'est trouvee en Bruges qui commence par meisme lettre et qui est le second Bethleem, maison de pain et d'affluence de tous biens (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 86).

 

-

En partic. RELIG. "Conférer une marque spirituelle (à l'âme)" : Et, toutevoies, Moÿse estoit plus grant que ilz n'estoient, en vertu et en toutes choses. Car, en celluy temps, nul caracte n'estoit enpraint, pour cause dez ordres, en l'ame de celluy qui estoit ordené (Songe verg. S., t.1, 1378, 87). Icy est l'ame comme muee en cendres de humilité en l'ardant fornaise de vive charité ; puis devient comme voirre bel, cler, net et pur, et coule legierement a prendre telle figure et emprainte espirituelle, comme le Saint Esperit luy veult donner a la semblance de soy, auquel ceste ame est conjoincte et emprainte (GERS., Trin., 1402, 171).

II. -

Empl. intrans. "Être enceinte, être grosse" : ..celles [des brebis] qui sont grosses et empraintes et veulent avoir nouvelles pastures et sont ja saoulees des regains des herbes et des chaumes... (JEAN DE BRIE, Le Bon Berger C.W., 1379, 144).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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