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EMPENSER, verbe |
[T-L : empenser ; GD : empenser ; AND : empenser ; DÉCT : empenser ; FEW VIII, 197a : pensare] |
Empenser qqc. "Projeter, penser qqc." : Lonc-temps l'ot empensé, or convient qu'ele die Telle cose dont puis fu au cuer courouchie. ([Chev. cygne R., c.1356, 115]). Je feray Çou que j'ay enpensset ; jà n'el relenkiray. ([God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 281]). Qu'ont ore les gens enpensé D'avoir telle chose pensé Sur moy sanz cause et sanz raison ? ([Mir. femme, 1368, 184]). Si sentoient encores le duch de Normendie sus les frontières, et ne savoient qu'il avoit empenset. ([FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 23]). Mais m'en vois devers li le pas Dire li ce qu'ay empensé ([Mir. Clov., c.1381, 271]). Cirrus, quoy qu'il eust enpensé, Avoit ja le flun trespassé D'Axariés, qui avoit l'onde Laide, noire, trouble et parfonde ([CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 202]). Chier sire, nous sommes tous Yci em poim pour vous servir. Comandés nous voustre plesir Et se que advés empanssee. ([Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 265]). A ces parolles, force lui fust [à Saintré] de en nommer une, dont ses yeulx commencherent a plourer et sa vive face a coulleur changier, comme a cellui qui oncques ne l'avoit empenssé. ([LA SALE, J.S. E., 1456, 39]). ...ce que j'ay empenssé et que vous vueil dire ce n'est que pour acroistre noz honneurs ([LA SALE, J.S. E., 1456, 345]). PHEBUS. Bien enpensé je l'ay Et le feray de bon couraige. ([Cene dieux, c.1492, 124]). |
| - | Empenser qqc. à/de faire : ...je la t'iray si tempter Que des faiz qu'elle a empensez A faire demourra assez ([Mir. mère pape, c.1355, 378]). Et ne fist nul semblant à ses compagnons de cose que il euist empensé à faire. ([FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 73]). ...pour aucuns molestes et griés fais ou empensés à faire de par nostre très chier fil le prince de Galles ès pays dessus dis, certaines plaintes et murmurations s'i sont nagaires eslevées. ([FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 210]). ...jusques ad ce [que] il ot fait ce qu'il avoit empensé de fere ([Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 31]). ...et [ly chastellains] leur compta toute l'aventure, et comment Jossellins et ses filz avoient esté pendus, et qu'ilz avoient en pensé [l. enpensé] d'en faire, ou de lui vengier de Remondin qui lui avoit pourchacié cest ennuy, et a eulx fait si grant blasme et si grant hontage, ou de le laissier en ce party. ([ARRAS, c.1392-1393, 68]). |
| - | Empenser que : Empensé a qu'il s'enfuira, Et puis dist : "Ce ne vaudroit riens. Vengier me fault..." ([FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 260]). Bien ay enpansé des hui main Que par grant debonnaireté Te monstrasse ta fausseté. ([Jour Jug. R., c.1380-1400, 237]). |
| - | Empenser de + inf. "Projeter de, se proposer de" : Il a empensé de destruire Et de gaster ceste cité ([Mir. emp. Julien, 1351, 196]). ...li rois et ses gens (...) eurent ce jour empensé de logier en une bonne et grosse ville que on claime Noielle. ([FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 154]). ...ledit Huguelin ne mist oncques la main ou fery icellui Gieffroy, ne ne sceust la volenté que il qui parle avoit empensé de batre ou villener icellui feu Gieffroy ([Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171]). Et par mon serment, monseigneur, De ce dites vous verité, De dire l'avoye empensé, Quant le vous oy prononcier. ([MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 84]). Certes, seigneurs, j'ay empensé D'aler encore ung peu avant. ([MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 267]). Ne doubtés, j'ay bien empancer D'y faire mon loyal debvoir, Ainsi que pourrés percevoir, Et pour doubte que ne soyons Assarrés la ou nous tendons. ([Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169]). |
| . | Empl. pronom. S'empenser de + inf. : Je me suis empensé ennuy De jouer a David finesse. ([Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 135]). |
| - | Empl. abs. "Penser, réfléchir" : Item , que ladicte dame Agnes vous fachiez principalement et songeusement et diligemment penser de vos bestes de chambre: comme petis chienectz, oiselectz, de chambre. Et aussi la beguine et vous pensez des autres oiseaulx domesches ["se préoccuper de, soigner"] ; car ilz ne peuent parler, et pour ce vous devez parler et empenser pour eulx se vous en avez. ([Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 130]). Pour entrer en la ville avoient empensé, Mais cela fut pour nient ([Cip. Vignevaux W., p.1400, 62]). Ses prisons fit servir, noblement empensa, Et leur a dit... ([Cip. Vignevaux W., p.1400, 63]). |
DMF 2020 - Synthèse |
Robert Martin |
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