C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     EMBESOGNER     
FEW XVII *sunni
EMBESOGNER, verbe
[T-L : embesoignier ; GD : embesoignier ; AND : embosoigner ; FEW XVII, 278b : *sunni ; TLF : VII, 889b : embesogner]

I. -

Empl. trans. Embesogner qqn

A. -

"Occuper qqn (à une besogne), faire travailler qqn, employer qqn" : Dès que dou prendre s'embesongne, Je li lo selonc la besongne Pour li a point embesongnier Po parler et bien besongnier, Car on dit que trop parler nuist. (MACH., D. Aler., a.1349, 269). ...et tes sers embesongne Ou qu'il soient (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 161). Se il n'y avoit doubte que de ces deux, selon ce que je vous ay ouy dire, il n'y fauldroit pas embesoingnier tant de gens que Dieu nous a prestez, car il n'y fauldroit que Guyon, mon frere. Il s'en seroit tost delivrez. (ARRAS, c.1392-1393, 136).

 

-

"Embaucher qqn" : Si dictes a maistre Jehan qui ne les embesongne point, ne seuffre embesongner, sans marchander avant. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 126). Finablement, se transporta A unze heures et ennorta A aucuns autres laboureurs, Disant : "Qu'estes vous cy, oiseux, Toute jour perdant vostre temps ?" Ceulx dirent : "Nous sommes restans, Car ame ne nous embesongne." (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 595).

B. -

"Assigner (une tâche) à qqn"

 

-

Embesogner qqn en qqc. : Sire, tout prest sui de moy mettre A faire ce que me direz. Sa ! en quoy m'embesongnerez ? Monstrez le moy. (Mir. march. juif, c.1377, 195). Nous deffendons à nosdictes Gens des Comptes que doresenavant eux ne aucun d'eulx ne embesongnent iceux nos Clercs en autres besoingnes que ès nostres et celles de nostredicte Chambre (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1413, 103).

 

-

Embesogner qqn à/de + inf. : ...et lors aussi embesoignera ses gens a couper bois pour la garnison du chaufage de l'ostel (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 155). Et semblablement embesoignera ses femmes les chamberieres de penser du bestail, de faire a mengier aux laboureurs, et des laictages, sacler les courtilz, aler a l'erbe et estre crotees jusques aux genoulx (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 156).

II. -

Empl. pronom. S'embesogner de qqc. "Se mêler, s'entremettre de qqc." : ...aler nous fault de cy A l'abbé de Clervaux Bernart (...) Ly prier qu'en ceste besongne Pour l'amour de Dieu s'enbesongne Avecques moy. (Mir. st Guill., c.1347, 13). Et de quel arc porra dont traire Amans pour cuer de dame attraire En sa prise paisiblement, Sans y trouver empeschement ? Dès que dou prendre s'embesongne, Je li lo selonc la besongne Pour li a point embesongnier Po parler et bien besongnier, Car on dit que trop parler nuist. (MACH., D. Aler., a.1349, 269). Guillaumes se mist en conroy De bien besongner pour le roy, Et si bel s'en embesongna Qu'au gré dou roy bien besongna, Si qu'il en fu bien apaiez. (MACH., D. Aler., a.1349, 317). ...chascun de nous Est prest de faire vostre vueil. Certes embesongnier m'y vueil Tresvoulentiers. (Mir. st Panth., 1364, 354). Aucuns si fuient toutes tristeces et toutes pensees. Lez aultres se voeulent de tout meller et se enbesongnier. (Songe verg. S., t.1, 1378, 237).

 

-

S'embesogner à/de/pour + inf. "S'occuper de, s'employer à" : Chascun du corps polir se paine Qui tost sera orde charoigne, Mais poi y a qui s'embesoigne De soy par dedens embellir. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 99). Alez, de par Dieu, et gardez que vous ne soiez pris. Et ne vous partez point de Montfrin jusques a tant que vous orrez nouvelles de moy, car, avec l'aide de Dieu, je pense que je vous pourchasseray bon traictié a Gieffroy. Et vous savez que, se vous m'eussiez creue, vous ne vous feussiez ja embesoingniez d'avoir fait ce que Glaude et ses freres vous ont enhorté (ARRAS, c.1392-1393, 206). Mais savez de quelle besongne Toudis li maufez s'embesongne ? (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 72). Elle, ses filles et ses damoiselles s'embesoignera de draper, de trier celle laine (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 156). ...c'est a entendre que l'en s'occupat et embesoingnast a recouvrer les terres (JEAN DE MONTREUIL, Traité cheval. G.O.O., 1413, 125). ...au plus fort quant jà ne se voudroit enbesongner pour nous faire un grant bien, au moins j'espère, il ne nous voudroit pont faire de mal. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 173).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

A. -

Part. passé en empl. adj. "Occupé, affairé" : Certainement quant a Romme estoie, jamais n'estoit si enbesoignie puis qu'elle me veoit que ne me demandast quelque chose des Escriptures. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 363). Pour ces jours estoient le roy et les ducs ses oncles et les seigneurs moult enbesoingniet et tous les jours ensamble et en conseil pour pluseurs causes et incidenses qui leur sourdoient à conseillier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 182). Le VIIe fait d'un tyran est, car il procure et met toute son entente de mettre a povreté sez subjés, afin que ilz euvrent et soient tousjours enbesoigniés, et que ilz n'aient pas temps ne lesir de machiner contre lui ne contre son estat. (Songe verg. S., t.1, 1378, 221). Mais quant ilz sceurent que Sarrasins s'estoient partiz, si furent moult doulent, car bien cuidoient qu'ilz s'en feussent fouiz. Mais pour neant s'en doubtent, car avant le tiers jour ilz les auront en barbe, et leur donront tant a faire qu'ilz en seront tous embesoingniez. (ARRAS, c.1392-1393, 222). Si ne sont pou embesoigniez Ces gens yci, tous enseigniez De leurs offices, ne ne cessent D'ordener, ne point ne delaissent Ce qui au monde est a venir. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 92).

 

-

Embesogné de/en qqc. : Mére, s'estes d'aucun affaire Embesongnée, alez le faire Hardiement. (Mir. Berthe, c.1373, 195). Et se l'un de vous estoit aucune foiz embesoingné de choses qui nous touchassent, par quoy il ne peust vaquer au dit fait, que l'autre y procede et entende, appellé et adjoint avec lui nostre dit procureur ou dit bailliage (Doc. Poitou G., t.6, 1390, 35). Le duc (...) estoit demeuré à Lille enbesongné de plusieurs haux et grans affaires de ses pays et de luy propre (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 286). Et si sont si nouveaux mis sus que, s'ilz daignoient regarder derriere eulx quelque pou, ilz verroient leurs peres embesoigné en oeuvres viles et basses (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 184).

 

-

Embesogné à/de + inf. : Je sui si embesongniés de faire vostre livre que je ne puis a rien entendre (MACH., Voir, 1364, 522). Vous me mandés que je note "L'ueil" etc., et que je le vous envoie ; plaise vous savoir que j'ai esté si embesongniés de faire vostre livre, et sui encores, et aussi des gens du roy et de Monsigneur le duc de Bar, qui a geu en ma maison, que je n'ai peu entendre a autre chose. (MACH., Voir, 1364, 558). "Et se combatirent ce jour main à main, sanz eulx espargnier, Ernauton Bisete et le Mongaut de Sainte Basile, et y firent maintes appertises d'armes ; il n'y avoit homme qui ne fust embesogné de lui combatre." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 54). Pour ung cent de croces de fer à tendre ladicte oratore, 20 gros dicte monnoye ; Pour avanchier les ouvriers qui le jour dudit service furent embesoingnié à faire les habillemens servant à ce, 24 solz parisis (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 338). Et en ce lieu si sont assis Quatre maulvais garçons tirans, De tout mal faire desirans : Fieramort et Bruslecosté Qui vont plus tost que la posté, Maulevault et Malengrongné, A tout mal faire embesongné. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 124).

 

.

Embesogné pour + inf. : Dont furent ambassadours de par le conte d'Armignac enbesoingnié pour aler seurement parlementer à Perrot le Bernois et à Aymerigot Marcel. Ces deux estoient ainsi que les souverains des fors par dechà la Dourdonne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 138). Et dist [ledit André] : "Loys, je suis cy sur le saufconduit de Mons. le mareschal, embesongné pour acomplir les armes entreprinses et ne pensoie point en vous..." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 356).

 

-

[D'une chose] "Employé, utilisé" : Voy les Decies et Druses d'aultre part Et Torquatus fellonneux en regart, Qui tient en main sa cruelle coignee, Contre son filz a tort embesoignee (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 366).

B. -

Part. passé en empl. subst. "Celui qui est occupé, affairé, empressé" : Laisse les embesoingnez seulz, Il est temps que tu te reposes : Mon cuer, n'entrepren trop de choses. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 341).

 

-

Faire l'embesogné. "Faire celui qui est très occupé, faire semblant d'être très occupé" : ...ilz firent samblant que ledit batel fust féru en terre et qu'ilz ne peussent passer de là, ne eulz de là départir. Et meismement dix ou douze de leurs gens saillirent en l'eaue ; qui faisoient semblant de vouloir bouter ycelui batel par force du lieu où il estoit assis. Si faisoient moult fort l'embesongnié. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 261). Or tost recommençons la feste ; Frape dela, Malengrongné. Comment ! tu fays l'embesongné ! Hastons nous, batons comme toille. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 239).

 

-

Empl. subst. fém. Faire l'embesognee. "Faire celle qui est très occupée" : ...aucunes foles (...) a qui il semble que par estre bien males et tencier fort a leurs maris et a leur maignee de neant, que on les tendra a sages et bonnes mainagieres, et faire bien les embesoignees de pou de chose et trouver par tout a redire, et toute jour quaqueter. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 177).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

Fermer la fenêtre