Empl. trans.

A. -

"Priver un animal d'une corne ou de ses cornes" : Le torel, com cruele beste, Lieve les cornes et la teste, D'une part fiert, d'autre part rue, Ce qu'il actaint ochist et tue ; Mais Hercules tant le tourna Que d'une corne l'escorna ; Quant ainsi se vit escorné, De la place s'en est tourné, Et de honte qu'on ne le voye Devers l'eaue adreça sa voye (Böece Conf. reman. C., c.1400-1500, 141). E vouz yluec venir une cherve escornee Qui est en tous païs une bisse apiellee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 537). Et quant Doolin le vit ainsi atourné [Hermant à qui il vient de couper un bout de front], il lui dist : "Qu'est cecy, sire Hermant, où avez vous esté ? Vous me semblez ung mouton escorné !" (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 44).

B. -

P. anal. "Émonder"

Rem. Doc. 1396 (Nevers, lesquelz [saules] n'avoyent esté acorné depuis dix ans en ca [l. ça]) ds GD III, 426b.

C. -

Au fig. "Abaisser, humilier" : L'autre question en effect Est telle. Ung Macé goguelu Treuve sa femme sur le faict. Assavoir mon, ce c'est mieulx faict A luy d'appeller ses voysins, Les gens de la rue, ou le guet, Que sçay je ? ung tas de maillotins, (...) Pour sa povre femme escorner (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 241).

-

Part. passé en empl. adj. "Honteux, confus" : ...Suis tellement estonné, bestourné Et escorné d'ouÿr de moy louange Qui suffiroit a decorer ung ange. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 845). Noble dame haulte atournee, Dame Flourence l'Escornee, A longue eschine et plate fourcelle, Allant de nuit sur la vespree, Princesse de basse contree (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 73). Chacun crioit : "Ou esse ? ou esse ? Prenez, qu'il soit mis en prison !" Jamais ne fus en tel destresse ! Et de me cacher a la presse Escorné comme ung bel oyson. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 360).

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"Divulguer qqc. (pour abaisser qqn, pour l'humilier)" : Dyable, veez cy pour tout destruire ; Ma tromperie est escornée. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 37).