I. -

Empl. intrans. "Produire de l'écume"

A. -

[D'un élément liquide] "Se couvrir d'écume" : Et Aigres rua tantost l'anel en la mer, dont commença la mer a saillir et a escumer et a faire merveilleux tempeste (Bérinus, I, c.1350-1370, 226). Ne il ne savoit autre chose que juger, fors que ce lui sembloit une onde qui venoit en rondelant vers lui a grant exploit par dessus la mer, et venoit bruant et escumant hault et puis bas, et faisoit si grant noise et si grant tempeste, qu'il n'est nulz qui n'en fust esmaiez. (Bérinus, I, c.1350-1370, 240). ...la mer Voit l'en par tempeste escumer Aprés ce qu'el a esté quoie (Pastor. B., c.1422-1425, 48).

B. -

[D'une pers.] "Avoir l'écume à la bouche, baver" : Ains qu'il soit nonne, Maistre, vous ferons escumer [il est consamné à avoir les flancs brûlés]. (Mir. st Panth., 1364, 352). Lors l'empereur se va lever Et cuida de rage crever, Tirant sa barbe et ses cheveulx En escumant ainsy qu'un ver, Criant : "Seigneurs, il fault trouver Quelque grant martire pour eulx !" (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 221). [Le tyran est furieux de ce que ses deux prisonniers ne répondent pas à ses questions, sans voir que ceux-ci ont été remplacés par des mannequins ; constatant qu'ils ne bougent pas, il dit] "Quel deablie est ce icy ? Sont ilz mors ? - Sire, dist le vallet, ilz dorment. - Par ma foy, dist le tirant, si le sçavray a coup !" Alors il empoingne une lance qui estoit en celle chambre et s'en vint a la fosse, puis le baisse et encommença a estecier les deux espantailles si avant que, se c'eussent estez hommes mortelz, ilz eussent tantost rendu l'ame. Adont ilz verserent de costé et la demourerent. Quant le tirant vey la maniere, il s'apperceu qu'il estoit deceu, si fu tant aïré qu'il escumoit de foursenerie. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 324). [Var. de la page 221/255] ...et s'en vint envers le tirant qui escumoit d'orgueil et de grant despit et jectoit tant grant fumee entour de lui que c'estoit merveille a voir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 112). Oudit temps, fut grandes nouvelles par tout le royaume de France et en autres lieux de une jeune fille de l'aage de XVIII ans ou environ, qui estoit en la ville du Mans, laquelle fist plusieurs folies et grandes merveilles, et disoit que le dyable la tourmentoit, et sailloit en l'air, crioit, escumoit et faisoit moult d'autres merveilles, en abusant plusieurs personnes qui l'aloient veoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 13). Sur jeunes et vieux, Justes, vicieux, Grecz, latins, hebrieux, Tristes et joyeulx, Vous fault sur terre et mer sumer, Vomir, escumer, Escopir, spumer, Pour envenimer La terre, la mer Et sur tout le sciecle empirant Qu'en aspirant (Cene dieux, c.1492, 131). Celluy donnoit courage a ses hommes pour ses deux nepveux venger, dont il etoit tant dolent que par peu qu'il ne escumoit de courroux. (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 90).

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[D'un animal] : Et en cel estat demourerent tant qu'ilz virent ung porc senglier grant et merveilleux, qui s'en venoit, escumant et morcelant les dens, vers eulx moult horriblement. (ARRAS, c.1392-1393, 21). Mais le porc ne laissoit pas le fuir, car les trois gentilz hommes le sievoient de sy pres que souventte le petelloient par derriere de leurs espieux, et tant abeterent le porc qu'il fut sy yré qu'il escumoit de félonnie. (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 50).

II. -

Empl. trans.

A. -

Au propre "Débarrasser de l'écume"

Rem. Doc. 1363 (Tournai, pour une louche a escumer le pisson), 1402 ; TAILLEV. ds GDC IX, 525a.

-

Loc. fig. Escumer le rost. "Humer le pot, faire ripaille" : BARRAQUIN. Brayart (...) Vendras tu parler au prevost ? BRAYART (...). Esse pour escumer le rost ? J'ay ma narine toute preste. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 288). Mais de quoy servirons nous donc ? Irons nous escumer le pot Ou nous esbattre en ung trippot, Nous, sept ou huit ? Je m'en esmaye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 709).

B. -

Au fig.

1.

"Enlever qqc." : Sains Espirs, si com vens, trestous visces escume (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 199).

2.

"Dépouiller, pirater, faire le pirate" : L'empereur [Alexandre le Grand] si l'araisonna[Dïomedés] : "Pourquoy es tu laron en mer ?" L'autre responce lui donna : "Pourquoy laron me faiz clamer ? Pour ce qu'on me voit escumer En une petïote fuste ? Se comme toy me peusse armer, Comme toy empereur je feusse..." (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 32).

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"Profiter" (Éd.) : Une parenteze ou sincoppe Faict venir l'heur ou le malheur, Le malheureux est qui s'i couppe Et quiert escumer sans chaleur. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 266).

3.

Escumer le latin. "Faire des emprunts constants au latin" : Le champion a chiere meure, Comme il avoit accoustumé, Trop a respondre ne demeure A tous les cas qu'il ot sommé En latin moult fort escumé. (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 110). Mes mignons, escoutez la plume, C'est trop le latin escumé ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 137).

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"Enseigner le latin" (montrer ses connaissances en latin in FEW XVII, 138b) : ...et les commissaires de l'autre partie estoient Guillaume de Biche, maistre Pierre d'Oriole, maistre Jehan Berart, maistre Jehan Compain, ung autre licencié escumant latin et maistre Ythier Marchant. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 118).