C.N.R.S.
 
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     DOULOUSER     
FEW III 121a dolus
DOULOUSER, verbe
[T-L : doloser ; GD : doulouser ; AND : doluser ; FEW III, 121a : dolus]

I. -

Empl. intrans. ou pronom. "Se désoler, se lamenter, s'affliger" : Tu ne t'en dois pas doloser (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 181). Je sui cils qui a le pooir De faire le riche doloir Et de lui faire dolouser, Plaindre, plourer et souspirer... (MACH., D. verg., a.1340, 21). Moult ama ce cheval de pris Et en son cuer le goulousa, Dont maintes fois s'en doulousa, Nom pas que point en soy touchast Que ja nul jour le chevauchast. (MACH., D. Aler., a.1349, 318). Trop durement me resjoy, Quant ensement parler l'oy, Car je sceus bien que c'estoit cil Qui avoit l'engin si soutil Et que j'avoie oy compleindre En son lit, dolouser [var. delouser] et pleindre. (MACH., F. am., c.1361, 197). Pére, sanz vous longues preschier De cest homme, sachez sans doubte, Que maintenant ne veoit goute, Dont malement se dolosoit (Mir. st Panth., 1364, 329). Quant cil de Calais veirent le deslogement de leurs gens, si furent tout pardesconfi et desbareté. Et n'a si dur coer ou monde que, qui les veist demener et dolouser, qui n'en ewist pité. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 53). Mon pére est en ce vouloir mis Qu'a force me veult espouser. Certes, j'ay bien a doulouser Et je ne m'y puis assentir. (Mir. fille roy, c.1379, 48). Li roys de Fortune la dure, Par qui trop de meschief endure ; (Mais assez s'en peut doulouser !) (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 252). Trois et trois six, trois neufz, trois douze, De ly honnir trop me dolose (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 172). ...[il] vient a l'ostel, et trouve sa femme qui se plaignoit et dolosoit tresfort. (C.N.N., c.1456-1467, 136). De povreté me grementant, Souventeffoiz me dit le cueur : "Homme, ne te doulouse tant Et ne demaine tel douleur ! Se tu n'as tant qu'eust Jaques Cueur, Mieulx vault vivre soubz groz bureau Pouvre, qu'avoir esté seigneur Et pourrir soubz riche tumbeau." (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 41). ...seulement pour voir doulouser et plorer ceulx qui le congnoissoient (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310).

 

Rem. Hist. Berthe Pépin T., c.1400-1500, gloss. ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss. ; Cligès C.T., 1455, gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

 

-

Part. passé en empl. adj. Estre doulousé. "Être chagrin" : ...[en parlant d'une fille de roi déguisée en homme et qui vient d'épouser la fille de l'empereur] tu li diras Que (...) se cousche avec s'espousée, Pour qui elle est si doulousée, Et son cuer de touz poins li euvre (Mir. fille roy, c.1379, 88).

 

-

Inf. subst. "Fait de se désoler, de gémir, lamentations" : Et croy que de fin ennuy il se feust occiz de l'espee, se ne feust que les X. chevaliers y vindrent, qui bien l'avoient ouy dementer et plaindre. Lors lui dist ly uns : Sire, sire, c'est trop tart a repentir quant la folie est faicte. Le doloser n'y vault desormais rien. Mais pensez de faire en la satisfacion a Dieu et au monde. Quant Gieffroy oït ce mot, si ot grand dueil ou cuer, mais il ne daigna oncques respondre (ARRAS, c.1392-1393, 252).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

II. -

Empl. trans.

A. -

Doulouser qqn. "Plaindre qqn, marquer sa douleur à propos de qqn, pleurer qqn" : Si le commencièrent à regretter et à dolouser moult amerement, en disant : "Ha ! gentils chevaliers, fleur de toute honneur, messire Jehan Chandos, à mal fu la glave forgie, dont vous estes navrés et mis en peril de mort." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 206). Les dames et les damoiselles qui estoient es hours doulousoient chacune endroit soy l'une son mary, l'autre son amy (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 796). O mon filz cher, Tu es pain de vie eternelle, Et endures souffrete telle ! Mon cueur te doit bien doloser. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 576).

 

-

Doulouser sa douleur. "Plaindre sa propre douleur" : Car quant je pense à sa haute valour Et aus dous yex de son gracieus vis Et as parlers qui par si grant douçour En riant m'ont de li esté tramis, Je m'entroublie et sui si esbahis Qu'il me convient ma dolour dolouser Et en plaingnant sa douceur regreter. (MACH., L. dames, 1377, 95). J'aim mieux languir en estrange contrée Et ma dolour complaindre et dolouser Que près de vous, douce dame honnourée, Entre les liez, triste vie mener (MACH., L. dames, 1377, 231).

B. -

Doulouser qqc. "Se lamenter à propos de qqc." : Ne plourons ceulx qui adont morurent ne doulousons les chasteaulx ne les villes destruitez, ce seroit pour neant (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 853).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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