A. -

"Prédire l'avenir par des moyens surnaturels (ou démoniaques), interpréter des choses cachées, faire des prédictions" : ...dont il appert que ceulz sont aruspices qui divinent es os des bestes senz sanc (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 122). Et dit que riens ne scet du fait de diviner. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 280). ...icelle Lucete pria et requist elle qui parle, de laquelle voix et commune renommée est au pays d'environ que elle s'entremet de deviner, et advertir, et adviser les gens des choses qu'ilz ont perdues et adirées, et d'aucunes autres choses eulx enseigner quant elle en est requise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 303). ...et consequemment sera aussi traittié de l'art de augure, aruspice, auspice, ornimance, de chacun selon ses parties, puis de ydromance et de toutes ses espesses de prestige, de songes et de leurs manieres de deviner (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 r°).

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

B. -

P. ext.

1.

"Présumer, supposer, pressentir" : Se je disoie ja que je fuisse roÿnne, Maisement m'en creriés, je le pensse et devine (Flor. Rome W., c.1330-1400, 222). Car tu penses et ymagines, Ce m'est vis, songes ou devines, Qu'elle pas n'entende ou congnoisse L'amour qui en ton cuer s'engroisse, Et crois qu'elle ne voie goute. Mais si fait ; de ce ne te doubte. (MACH., R. Fort., c.1341, 66).

-

"Imaginer, se lancer dans des suppositions" : Vostre fille sui que laissastes A Burs, quant a Grenade alastes. Ne cuidez pas que je devine ; Tenez, regardez ma poitrine : G'y ay mamelle conme fame (Mir. Oton, c.1370, 386).

2.

"Découvrir ou essayer de découvrir par conjecture, deviner" : Il ne fault pas que je devine ["point n'est besoin que je me lance dans des suppositions"] : Je voy bien qu'en Hongrie sommes. (Mir. Berthe, c.1373, 226). Je vuilz jouer au chappil fol Pour veoir cy sara ["s'il saura"] devyner. Or ly faictes les yeulx cliner Et ly bouchés bien le visaige. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 183). ...toutesfois pluseurs des gens pourroient penser beaucop de choses, et n'en fault que une pour en deviner et publier tout. (LA SALE, J.S., 1456, 64). ...icy on ne peult conclure telles choses ; et fault qu'elles se concluent sur les lieux et selon ce que on treuve. Et tous ceulx qui en veullent autrement parler, fault qu'ilz devinent. Car les disposicions des choses donnent le conseil ; et icy on ne les peut savoir. (BUEIL, I, 1461-1466, 172). "...Le moings que on peult parler est le meilleur ; car aucuneffoys une parolle superflue fait beaucoup de mal et donne à penser aux gens beaucoup de choses." - "Or ça, dist le Jouvencel, nous ne saurions deviner les pensées des gens. Dictes ce que est à faire." (BUEIL, II, 1461-1466, 106). SOTIN. Dy que c'est ? TESTE CREUSE. Or devine S'en que c'est. (Copp. lard., a.1488, 161). Et chascun d'eulx se retira pour repauser, ainsi que ledict seigneur de Humbercourt l'avoit deviné. (COMM., I, 1489-1491, 114). Aux princes d'Ytalie (dont la pluspart possèdent leurs terres sans tiltres, s'il ne leur est donné au ciel ; et de cela ne povons que deviner)... (COMM., II, 1489-1491, 208).

-

Deviner que : Et par ce il semble que tous ceulz qui diffinissent vertu divinent ou sentent aucunement que vertu est tel habit qui est selon prudence (ORESME, E.A., c.1370, 359).

-

Deviner si : LE SECOND. Je suis donc en ung parlement. LE PREMIER. Messieurs devinez s'il ment, Sur ma foy, tu es fantastique. Tu es au lieu tres ententicque Ou gist et repose le roy Des clers, et trestout son arroy. (Feste roys, c.1475-1500, 304).

-

Part. passé [D'une chose] Deviné. "Que l'on devine" : Et en ceste maniere doit l'en entendre que les estoilles sont speriques, car dire que elles sont creuses ou concaves et que elles contiennent autres corps aussi comme un vaiseau contient vin ou eaue, ce samble chose fainte et divinee. (ORESME, C.M., c.1377, 492).