Empl. trans.

A. -

"Arracher qqn au groupe dont il fait partie, chasser" : Quant je les voy a tort de mon corps decevrer, Or ne voi mestenant treschier ne karoler, Ne bouhourt commenchier, ne pucelle chanter, Ne harpe ne citole ne viouleur vieler Qui me puist a mon cuer plaire ne pourfiter, Pour l'amour mes enfans qu'on m'a fait destraver. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 241). Duc Ogier voit le gent de l'estour retournee Mtee et desconfie et toute destravee (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 447).

Rem. Ex. de LE MUISIT, c.1347-1353 (de Dieu destravé), ds T-L II, 1785.

B. -

"Déranger, troubler, détruire ; offenser, outrager" : ...de lour bouche il benissoient, et de lour cuer destrauoient et maldisoient (Psaut. lorr. A., 1365, 61). Ainssi rongiés et destravés [come par des vers] Est on des anemis privés. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 76). ...les Hiermygnagois furent tout destravé (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 561).

-

Part. passé en empl. adj. "Déréglé, désordonné, excessif" : Pour ce y devez totallement resister et remedier, en abaissant la desordonnée presumpcion et detravée arrogance desdicts ignorans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°).

Rem. Chasse am. W., a.1509, gloss.

C. -

"Endommager, détruire qqc." : C'est un chemin moult destravé. Plein de boullons, tout encavé (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 18). Et le pont destraverent et coulerent tout jus (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 719). Parmy le hanepier li a tel cop donné Que tout li a le tiés [le crâne] froissiet et desnoé [var. detrauvé] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 523).