C.N.R.S.
 
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     DESVERIE     
FEW X *reexvagus
DESVERIE, subst. fém.
[T-L : desverie ; GD : desverie ; AND : desverie ; DÉCT : desverie ; FEW X, 186a : *reexvagus]

A. -

"Folie, fureur, p. méton. action, conduite folle" : Et qui en ce point le feroit, Je croy que folie seroit, Nom pas folie seulement, Mais on diroit apertement Que ce seroit grant derverie, En sousposant forsennerie. (MACH., D. Aler., a.1349, 302). Si de la chose qui amende On doit avoir cuer esperdu, S'elle a un petit nom perdu Pour un plus grant nom recouvrer, Par nature ou par bien ouvrer ? Je respon qu'einsi n'est il mie ; Car ce seroit grant derverie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 222). A Guesnelon a dist : "Vecy grant derverie !..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 285). ...il me covenera prendre cel cook ensi apparaillé et mettre sur ma fieble teste, pur conforter les espiritz, et les sens de la teste mettre a poynt, et ouster toutes deveries et foles pensees qe par frenesie de la teste sovent venent, et solonc les foles pensees s'ensuyt les mals affaire. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 163). Or ne say que pensser, or suy en dierverie (Chev. cygne P., c.1356, 25). Ly uns à l'autre dist : "Véchy grande mocquerie. Chus frères a offiert ; je croy que c'est dierverie..." (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 443). Or, regardés le grant derverie. Se il fuissent venu à leur entente, il eussent destruit tous les nobles en Engletière ; et après en autres nations tous menus peuples se fust revelés. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 101). C'est derverie, c'est outrage. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 75). ...par si faite desverie, Le siege Janus par lonc temps Se deffaisoit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 17). Avisons quel forcenerie sembleroit estre veoir un homme tel atourné par grant yre que il mesmes se veast à destruire, si comme se les dens esrachacent sa propre char, les mains s'entreferissent grans coups, et tirassent à confondre l'une l'autre les piéz, à frapper es yeaulx se estre puest, et ainsi tout le corps fut en tel forcené mouvement contre soy meismes, certes, bien diroit on que un tel seroit meu par grant desverie. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 136). Et par sa folle deverie... (Pastor. B., c.1422-1425, 49). En ceste deception gist le comble de la follie humaine, qui essaye par obstination immuable muer aux choses leurs proprietés ; et cuident fayre de volenté rayson, de opinion science, de argument fallacieux demonstration necessaire, et de fol cuider infallible esperance. Or est le conart ravy en ceste deverie, qui cuide estre fait pour enseigner le monde, et lui semble que ses responses soient loys imperiales, et ses fantasies sentence d'Evangille. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 105). Forte bourde a cy et digne de risee et de mocquerie, se la perte de tant de amez n'en fust ensuye. Et quoy que tu diez, ne Dieu ne ange ne s'entremist oncquez de telle deverie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 124).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. (derverie) ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (derverie).

 

-

[À propos de ceux qui se construisent de faux dieux] "Folie" : C'est bien fantosme et desverie. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 268).

B. -

P. ext. "Mauvaise action, action coupable" : ...après ce je qui vouloye Acomplir ma grant desverie, Quant la dame fut endormie, Pris des chevaliers, si entrasmes En la chambre... (Mir. marq. Gaudine, 1350, 168). François, qui sont mes subgiez hommes, Se rebellent par desverie Contre moy et ma seigneurie. (Mir. st Lor., 1380, 126).

REM. Sur l'orig. du mot, cf. E. Gamillscheg, Etymol. Wb. der frz. Sprache, 1969, s.v. endêver.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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