Empl. trans.

A. -

"Mettre plus bas, mettre en-dessous, mettre au fond, abaisser" : ...encore est dit desus en autre maniere de ce que est eslevé sus nostre ozizon en nostre hemispere et desouz de ce qui est deprimé souz nostre ozizon. (ORESME, C.M., c.1377, 326). L'autre pole est au contraire de lui en l'autre partie opposite du monde, c'est devers midi soubz Terre deprimé autant comme l'autre dessus dit est sur Terre eslevé. Et pour ce est il appellé antartique pour ce qu'il est aussy au contraire de l'autre. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 9). Ce nonobstant, il [le fromage] proffite par accident priz a prez mengier, pour ce qu'il eschauffe l'estomac et déprime la viande au fond de l'estomac. (LA HAYE, P. peste, 1426, 201). La premiere [intention] de l'esguallement de l'os est complete a estandre deuement le membre et a eslever l'os deprimé et a abesser l'os eslevé sans douleur jusquez que les chefz des os soient ramenez en leur naturel estat. (PANIS, Guidon, 1478, tr.V, doct.1, chap.1). Orgueil l'ame en enfer deprime, Mais humilité luy exprime Sa beatitude : c'est Dieu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 593).

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

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[Dans un cont. métaph.] : Saint Augustin dist que Dieu est au monde non enclos, hors du monde sans estre exclus, par dessus le monde sans estre eslevé, dessoubz le monde sans estre deprimé ou debouté. (Somme abr., c.1477-1481, 136).

B. -

Au fig. "Abaisser, rabaisser, réduire qqn ou qqc." : L'autre translacion dit que le courage de lui ne est eslevé en prosperitéz ne deprimé en adversitéz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 251). Il desirent estre honnerés ; Tous autrez weulent deprimer (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 102). Mais Fabius, depuis ce, tint son ost ensemble et costoioit ses ennemis et les dommagoit peu a peu de gens et de vivres. Et combien qu'il fust provoqué a bataille par Hannibal et que le peuple murmuroit contre luy qu'il ne combatoit, neantmoins oncques ne voult souffrir que la chevallerie rommaine, deprimee par les victoires des adversaires, feust a ung coup et comme la derreniere foiz exposee es perilz de Fortune (CHART., Q. inv., 1422, 35). O arrogance aveuglee, folie et petite cognoissance de vertu, o tresperilleuse erreur en fait d'armes et de batailles, par ta malediction sont desroutees et desordonnees les puissances et les armes desjoinctes et divisees, quant chascun veult croire son sens et suivre son oppinion. Et pour soy cuider equiparer aux meilleurs font souvent teles faultes dont ilz sont depprimez soubz tous les mendres. (CHART., Q. inv., 1422, 58). En celui temps et oudit an mil CCCC soixante et ung fut rompue la Pragmatique Xanction et cetera, dont plusieurs prelas et gens d'eglise du royaulme et Daulphiné furent courcés et desplaisans, pource que leurs prerogatives furent en ce fait fort deprimées et que les finances du royaulme par ce moien aloient à Rome. (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1461, 49-50). MERCURE. Qui desprime gens d'anciennes lignes Et esleve ceulx qui n'en sont pas dignes, Dont il se sourt aujourd'huy tant d'excès, Fors seulement le peché des mauvais ? (Cene dieux, c.1492, 120).

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"Affaiblir, diminuer" : Si fault par force dire que, s'ilz ont riens d'avance qui les eslieve sur vous, c'est hardement de courages, et, se vous avez riens qui soubz eulx vous deprime, c'est la multitude de voz pechiez qui convertit vostre cuer en fuye et laissez estaindre la lumiere de vostre gloire et destruire vostre seigneurie devant voz yeulx (CHART., Q. inv., 1422, 19). Par l'entree de ces dames fut la place esclarcie de lumiere ; mais les yeulx de l'Entendement malades en estoient deprimés, car la petite vertu de la veue, affoiblie du mal et des tenebres d'erreur, ne povoit si grant resplendisseur soustenir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 23). Sainte Escripture te monstre que par les pechiez du roy est pugny le peuple, et par le pechié du peuple est deprimé le roy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 43). Si viens a ce que les saintes prophecies enseignent, et treuve que troys principalles choses donnent signe de divine fureur sur lez nations et de l'ire de Dieu contre les seigneuries. La premiere, quant le mal et la persecution commence aux souverains et aux princes, et que les chiefz sont premiers ferus et exterminés, ou effaciés d'entre lez aultres par desconvenable mort, ou deprimés en sens ou en povoir par maleureté damnee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 79). Je ne vouldroye deprimer vostre puissance mais l'augmenter de mon petit povoir (JUV. URS., Verba, 1452, 270). ...A la semblance d'Hector et d'Herculés, Lequel luy a sans plus cedé ses ars Pour deprimer les belliques hazars (LA VIGNE, V.N., p.1495, 151).

Rem. Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 47/171. BERS. ds GDC IX, 307c.

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"Rabaisser, déprécier, critiquer" : ...par ce que le nom [de "puissant"] ne lui satiffait [au roi Charles VII défunt] et ne comprent assez de sa glarté ailleur, je le deprime (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 318). Lors Angelot, qui tousjours (...) mordoit et deprimoit aucun en son langaige, voulant deprimer la beaulté de l'entendement a cest enfant... (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 219).

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"Diminuer (une chose nég.)" : Certes, comme en gettant ses rez sur la terre le beau soleil abat et depart les broullas, et rent le jour cler, ainsi le roy droicturier confont et deprime toute iniquité par l'esgart de sa prudence, et radresse toutez choses a honnesteté par l'onneur de ses justes faitz et renommee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45).