C.N.R.S.
 
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     DÉNIER     
FEW VII negare
DENIER, verbe
[T-L : denoiier ; GD : deneer ; GDC : denier1 ; AND : denier2 ; FEW VII, 83b : negare ; TLF : VI, 1111b : dénier]

I. -

Empl. trans.

A. -

Denier qqc.

 

1.

"Démentir qqc., nier (la réalité de) qqc., refuser d'admettre qqc." : Lequel prisonnier en denyant par serement les confessions cy-dessus escriptes par lui autrefois faites estre vrayes, dit et afferma par son serement [ceci] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 412). ...jà soit ce que de present il ait denyé le larrecin des IIIJxx frans et des chevaulz dont cy-dessus est faite mencion, toutevoies y avoit-il assez d'autres larrecins pour executer ledit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 462). Confesse maintenant ce que tu ne peus denyer et bat ta coulpe de tes mauvais pechiez (CHART., Q. inv., 1422, 27). Autrement fauldroit dire que il distribuast les tresors de sa bonté en tache et en gaast autant aux non challans et indignes comme a ceulx qui les requierent et deservent, laquelle chose seroit forcenerie, et contre la divine justice aviller la dignité dez dons de Dieu, et denyer le franc arbitre de l'omme, lequel peult merir ou demerir, obtenir ou perdre lez dons de grace. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 150). Et, le jeudy XVIe jour de fevrier, oudit an mil IIIIcLXVIII, advint ou Chastellet de Paris que ung nommé Charlot le Tonnelier, dit La Hote, varlet chaussetier, demourant à Paris, qui avoit esté constitué prisonnier ou Chastellet de Paris pour raison de plusieurs larrecins dont on le chargoit, qu'il denyoit, fut ordonné par le prevost de Paris et les officiers du roy oudit Chastellet que son procès seroit fait sur les charges à lui imposées, et conclud de ainsi le faire ; dont il appella, et par arrest fut renvoyé audit prevost pour estre fait sondit procès. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 225). ...les faitz affermez et denyez (Echiq. Normandie S., 1497, 155).

 

-

Denier + inf. : ...il denyoit avoir coppé les mordans de sainture qui sur lui, et en ses chauses et bourses, furent trouvez coppez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 5206).

 

-

Denier que + subj. : ...ilz ont prins et emblé deux tasses d'argent et icelles muciées soubz un banc, en denyant que icelles ilz eussent eues. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 496). ...s'aucun est respecté et depuis il vient ou est trouvé en court et denye que par lui le respit soit envoyé, cil qui l'a apporté et son pleige paieront LX s. et J d. d'amende, et, se cil qui est respecté confesse que par lui le respit fut envoyé, y les paiera pour sa faulce essoine. (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 29).

 

2.

"Renier qqc." : Mais oyez la fin ! Finablement Ydolatrie s'i embat avec ses suers germaines qui sont Sortilege, Supersticion, Magique qui font la povre ame aourer et croire en leurs dieux, denier son baptesme et la foy crestienne, adourer les dyables et luy sacrifier. (GERS., Purif., 1396-1397, 65).

 

-

"Réfuter qqc." : TIERS MAISTRE. Pour denyer celle question la, Pas n'y convient trop grant subtillité. (LA VIGNE, S.M., 1496, 336).

 

3.

"Refuser qqc., empêcher qqc." : Partout me trouvoye a refus, Mes maulx ne peusse denoyer. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 84).

B. -

Denier qqc. (à qqn). "Contester, refuser qqc. (à qqn)" : Car senz l'amistié naturele qui est entre eulz, aveques ce est ce chose humaine que ilz ne denoient pas ou refusent l'un l'autre aide et subside. (ORESME, E.A., c.1370, 451). En la VIe maniere, puet estre prise celle puissance selon laquelle il puet conferer lez ordres en Sainte Eglise, et lez sacremens administrer ou denier. (Songe verg. S., t.1, 1378, 99). ...la estoient en grant paour, en doubtes, en soucis dedens ceste habitacion ; mais ilz demenderent vostre ayde au besoing, et vous ne la deniastes pas, ainsois descendistes soudainement pour les conforter, pour les establir et confermer. (GERS., Pent., p.1389, 75). Mais que fist il [saint Paul] ? Renvoia il le Saint Esperit ? Li denya il l'entree ? Nenny voir, ainsois tantost envoia Obeissance qui ouvri l'uis, et dit : Domine, quid me vis facere ? (GERS., Pent., p.1389, 77). ...et lui ainsy venu audit lieu, print icelui sac, cuidant prendre et trouver icelle toile, mais riens ne trouva. Et tantost vint icelli charretier audit Berthaut, et lui demanda icelle toile, et, ce nonobstant, la lui denya. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 503). ...se aucuns pourchace office Devers seigneurs ou benefice, Tout lui fust il bien employé, Si lui sera il denoyé (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 90). ...et n'est homme, tant fust Sarrasin, que si venoit ceans et demandast distribution, que l'en ly deniast (BAYE, I, 1400-1410, 234). ...et si fors clost la Court icelle de Mailly de impetrations ou allegations quelxconques au contraire, et aussy ly denie toutes audiences qu'elle requerroit au contraire. (BAYE, II, 1411-1417, 144). ...et quant ilz [des prisonniers] estoient mors, sepulture leur estoit deniee plus que a chiens (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 226). ...le roy de Daéce, qui es jours de son pere rendoit treu a luy, defuioit a rendre a cestuy et luy denyoit subgection deue. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 61). ...et car ceulx de Thebes avoient denyé aux dames les corps de leurs mors. (LA SALE, Sale D., 1451, 260). ...ledit Jehan Bonnemyn s'est gouverné rudement et mal gracieusement envers ladicte suppliante, en la tractant très mal, quant elle estoit couchée en sa compaignie, en luy voulant desnyer le boire et le menger (Doc. Poitou G., t.11, 1474, 460). Le pape, voyant si soubdainement venir ce jeune roy avecques ceste bonne fortune, consent que le roy entre (et aussi il ne l'eust sceü desnyer) et requiert lettre d'asseüreté (COMM., III, 1495-1498, 75). ...et sans aussy vouloir tollir ou denier de vous humains le franc arbitre qui du Seigneur superieur vous fut baillié (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 285).

 

-

Denier à qqn de : Ainsi le feït, car le jeune duc n'osa denyer de luy bailler, pour ce qu'il veoit tant de gens de bien qui s'en empeschoient, et si craignoit la force dudict duc de Bourgongne. (COMM., II, 1489-1491, 2).

 

-

Denier à qqn que + subj. : Pour ce qu'en ta neccessité, Belle amie, m'ayde as quis (...) Ne te vueil je point denoier Que n'acomplisse ta requeste. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 63).

 

-

"Refuser qqc. (à une chose plus ou moins personnifiée)" : Tu le voyes aux camps dez oyseaulx qui gettent leur voix et leur cry vers lez cieulx ; et en leur endroit les ensuyvent les plantes et les herbes, et s'enclinent vers le solail, quelque part qu'il se remeuve, en rendant par signe l'onneur a leur createur, duquel nature leur a denyé le vocable loenge. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152).

 

-

Empl. abs. "Refuser" : Garde que tu n'ensuives la tourbe ou multitude a faire mal, et ne consent pas en jugement a la sentence de pluseurs en tele maniere que tu denies et voises hors de verité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 319).

II. -

Inf. subst.

A. -

Sans denier. "Sans refus, sans contestation" : Si doit estre nostre desir A le servir sans degnÿer, A l'invocquer et deprïer Qu'il nous envoye le guerredon, Le tres hault et precïeux don Qu'il nous a promis de sa bouche (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1031).

B. -

DR. Le denier de droit. "Déni de justice, manquement d'un juge à rendre la justice qu'on lui demande, soit par refus, soit par négligence" : ...l'omme se peut appleger de luy en disant qu'il luy a fait tort et grief et de nouvel depuis an et jour en ca, en detenant le sien et sur reffus de plaige ou sur deneer de droit. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 531).

III. -

Part. passé en empl. subst. DR. Denié de droit. "Déni de justice, manquement d'un juge à rendre la justice qu'on lui demande, soit par refus, soit par négligence" : Ce jour, le procureur du Roy (...) appella des arrest, emprisonnement, detencion, condempnacion, explois, execucions, exactions, extorcions, refus et deniez de droit et autres excez et griefs (FAUQ., II, 1421-1430, 44). ...il avoit appellé en la Court de Parlement de certains commandemens, appoinctemens, refuz et denéez de droit, et autres explois et griefs à declairier en temps et en lieu (FAUQ., III, 1431-1435, 89). ...l'Université, en adherant ou soy adjoingnant à l'archevesque de Rouan, avoit appellé en Parlement de certains explois, griefs et denéez de droit faiz par le bailli de Rouen (FAUQ., III, 1431-1435, 93).

 

Rem. ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 5/9.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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