A. -

[À propos d'une pers. ou d'un animal]

1.

"Conduite, comportement, manière de se comporter" : Nul ne se tiengne trop joieux N'en nulle place trop ireux ; Face moyen contenement En trestout son demenement De trop festïer, de trop rire Et de trop grant promesse dire. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 1). De Flourenche leur dist tous les demenemens, Qui voelt a eux parler en sa chambre layens. Et chil y sont alé en nobles viestemens (Flor. Rome W., c.1330-1400, 146). Sire, s'a dist li duc, pour Dieu, taziés vous ent, Et de ses chevaliers prenés le serrement Comment je me contins en l'estour fierement, Faittes ent question seur mon demainnement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 233). Or est Cornumarans (...) Passés deçà le mer, (...) Pour véoir vostre estat et vo demainement, Qu'il a véu sy grant, si effroïcement C'oncques mais ne vit roy maintenir tel jouvent (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 55). Ditez moy de Fedry tout le demainnement. M'a il ossy tray ? par amours dite m'ent. (Hugues Capet L., c.1358, 220). Une heure se puet resjoïr Et l'autre se plaint fortement. Tout tel sont li demainement D'un coer a boine amour rentier (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 22). Moult prisoiënt paiens le sien demainement, Se disoient l'ung a l'aultre : "Moult a chilx hardement..." (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 119). Et quant li rois vera ycest demainnement... (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 452).

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"Conduite de qqc." : ...que en sa disputoison ou en sa lecture et doctrine il mette plus de science et que il la compense par deduction et demenement de paroles ; car qui attrempe les paroles avecques les choses et les choses a l'oportunité du temps, il tient la tres amesuree ruile de toute éloquene. (FOUL., Policrat. B., VII, 1372, 366).

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"Façon de faire" : ...garder tu doys la creance Et soustenir en tous estatz Deuant Patriarches Prelatz Deuant Empereurs Roys et Contes Ducz princes barons et vicontes Et tout le peuple entierement Et voicy le demainement Ce baston qui est ainsi croyse De tous doibt bien estre prise De la vraye Croix est la semblance Ou Dieu pour nous souffrit penance (Myst. st Martin K., a.1500, 294).

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En partic. "Cours, parade" : La vinrent de chevaulx plus de mil et .I. cent Qui estoient venu pour ce demainement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 290).

2.

"Agitation (de personnes), différend, démêlé" : Elle detort ses poins et ses cheveulx tira ; Le grant demainement ne vous diray je ja. A soy meesmes dist : "Con grant meschef cy a ! (...)" (Tristan Nant. S., c.1350, 187). Mes sy endormi furent adonc certainement Qu'i n'oÿrent la noise ne le demainement. (Tristan Nant. S., c.1350, 582). Agitatio (...) : demenemens cha et la, decachemens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 12). ...les longs démenemens et contentions entre luy et le duc sont récités à plein et en divers lieux en mon autre livre précédent (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 166).

B. -

[À propos d'une chose] "Situation, état, évolution des choses" : Au les dela le porte i avoit en present .II. hommes de fin or : par droit compassement Tenoient .ij. flaiaus en leur mains proprement, De quoi il vont batant et menu et souvent (...) Et quant no baron virent chestui demainement, Si dist li .j. a l'autre : "Voiés l'encantement !" (Bât. Bouillon C., c.1350, 123). "...A vous me rent beau sire, puis qu'il va ensement." Lors le reçut Bertran et la foy de lui prent Ainsi qu'il apartient en tel demainement. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 113). Mais li haubers estoit de tel demainement, Li homs qui l'a vestu n'a garde de tourment (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 77).

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En demenement de. "Au cours de" : ...dont la venue du dauphin devers ce duc, jà à present nouvel roy, fut matière du plus aygre et du plus périlleux bouillon qui oncques s'y trouva, et en démènement de qui, par longues tractations bien pesantes, finablement toutesvoies, toutes questions et rumeurs sont cessées et finées (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 7).

C. -

DR. "Poursuite en justice"

1.

"Manière de mener une affaire, cours d'une affaire" : ...toutes leurs doubtes, debas, questions et descors et tout le demenement des procès et des choses demenées devant eulx metteront en leur conseil et ordenance (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 374).

2.

"Rapport des détails d'un procès, actes de procédure" : Jugement des segneurs don Grant moustier d'une pairt, et don maistre des boucher d'autre pairt, que dit coment les segneurs de la Grant esglise de Mets ont a avoir parmei lez .VII. sepmeinne les .XXX. deniers que chascun juif doit que en cellui temps viennent a Mets. Segneur Simon le Gronnais, segneur Jehan de Laitre, Perrin de Heu ont chascun ung tel parchamin, et Collignon Roucel a lez demonement et le jugement daier. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1330], 79).

Rem. L'Éd., Introd., X apporte les précisions suivantes : «Primitivement toute la procédure était orale (...). À la fin du XIIIe s. la mise par écrit des jugements était devenue habituelle ; mais on ne délivrait pas l'acte aux parties ; il n'était pas non plus enregistré à la chancellerie urbaine. Les juges eux-mêmes gardaient un ou plusieurs exemplaires à leur disposition, ce qui facilitait leur témoignage par la suite. Les exemplaires n'étaient pas signés ; ils contenaient la demande, la réponse du défendeur et le jugement des échevins. L'un des exemplaires était ordinairement formé par les conclusions originales, cousues l'une à l'autre, la sentence étant ajoutée à la fin. Cet exemplaire est désigné dans nos textes par les termes suivants : "les démonnements (= actes de procédure) et le jugement daier (= derrière, à la suite ou au verso)"».

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"Saisie faite au nom du seigneur ou du propriétaire de l'objet saisi" (GD) : ...que li prosmes de cheli sour cuy ladit sasyne aurat esteit renduwe (...) soit tenus de rendre, awec les cens, relief, rente et amende, tous les frais que chis enssi resaisis aurat payet al justiche et à leur clers et varlés, en faisant ses demynemens, fourjugé et saisyne (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 29).

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En partic. "Procédure en éviction" : ...ly maire puet, sour cheli negligent, demyneir, por cause de inobedienche, l'offische de son eskevinage (...) ; et, les demynemens passeis, ilh porait prendre saizine en aiouwe del evesque ou de saingnour à queil ilh en appartient de dit esquevinaige. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 97-98).