C.N.R.S.
 
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     DÉLICE1          DÉLICE2     
FEW III deliciae
DELICE, subst. masc. et fém.
[T-L : delice ; GDC : delice/delices ; AND : delice ; FEW III, 34a : deliciae ; TLF : VI, 1031a : délice]

A. -

Au plur. "Plaisir intense, source de plaisir" : La pointe pongnant et agüe Les paresseus point et argüe, Qui ne s'arment pas volentiers, Et qui ensievent les sentiers De la fonteinne de delices, Qui seuronde de tous les vices ; Mais aucune fois les retrait Et à bien faire les attrait. (MACH., P. Alex., p.1369, 14). ...comme celui qui estoit l'amour de l'umain linage et les delices de toutes gens (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 341). Par ce point vous fuirez les vices, Par ce point harrez les delices, Ne ne priserez riens le monde (Mir. st Alexis, 1382, 306). Et leurs pechiez, Dont ilz sont si fort entechiez Et aux delices allechiez, Les ont a bien faire empeschiez, Car les delices, Les grans oultrages et les vices, Ou ilz sont nourriz comme nices, Les destourbent des haulx services Qui enhardissent. (CHART., L. Dames, 1416, 281). O tresredoutable et perilleuse acoustumance de voluptez et d'aises, o envieillie et enracinee norreture de pompes et de delices, tant avez bestourné et ramolly les courages françois que ceste subversion, dont Fortune nous fait ciseau de si prez, nous avez couvee et mise sus (CHART., Q. inv., 1422, 14). Encor te dy que, se aucuns entre lez aultres sont vertueux, ou Dieu les oste du monde, a ce qu'ilz ne soient infectz par la contagion dez aultrez, ou les previent et retrait par affliction et par aigre paine, a ce que la vanité des delisses ne lez seduisse parmy lez mauvaiz. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 53). ...argent vous vendra a monceaux, et affluerés et habonderez en tous delices (JUV. URS., Loquar, 1440, 427). ...et se nous parlons de douleur et de delices bestialz, ainsi proprement peuent elles estre en chascun sentement ou sens, car l'ame se delite en chose objecte qui est proporcionnelle au sens et se a tristeur en chose objecte qui est disconveniente (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 17). Puis, pour fournyr a mes delices, Corpus Christi, dignes reliques, Aultour paillardes chiennes lices, J'ay tout mys en chieres publiques. (LA VIGNE, S.M., 1496, 314).

 

-

Delices mondains/mondaines : ...et la t'envoie Dieux afin que, par les biens, prosperitez et joyes où tu habondoies en ce monde, ne te feust tant plaisant qu'en oubliasses la voye d'aler ou ciel, qui est ton droit heritage, ouquel on ne puet aler, selon que dit l'Escripture, par delices mondaines, ains par le merite de pacience en [tribulacion] y couvient passer. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 39). Car en la joye de paradis advenir ne promist il [Mahomet] aultre chose fors charnelz delitz et concupiscence de corps et des yeulx, boire, menger delicativement, et cohabiter avecquez belles femmes, abandonnez richesses, vaisseaux et rivieres de lait et de miel, et toutes aultres mondaines delices, qui sont contraires a l'estat de perfection et de gloire, et communes aux hommes et aux pourceaux (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 120). ...les nobles de France, noulris es plaisans et mondains delices par longue paix, esguerres tresmal entendus (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 191). ...car ilz [des travailleurs] ont esté nourris soubz seignourie et en crainte et labeur, endurant le soleil (...) ignorans les bains et delices mondaines (JUV. URS., Verba, 1452, 239).

 

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[À propos du paradis] : ...Si qu'a possesser parvenisses Le royaume plain de delisces Perpetuelles ! (Mir. st Ign., 1366, 80).

B. -

En partic. "Plaisir sensuel (plaisir de la table, plaisir de la chair...)" : Cist delicez ne quierent de roy (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 6). ...et faisoit a ces fors et appers jones hommes toutes les delices que cueurs pouoit pancer. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 59). Or est a dire maintenant de incontinence et de mollece et de delices et aussi de continence et de perseverence (ORESME, E.A., c.1370, 365). ...les aguillons de delices charneles et alechemens de ribaudie (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 30). Pour honneur elle prescha le crueux tourment de la croix et mort tres vergoingneuse, pour richesses povreté, pour delices astinence, jeunes et sobriété, et pour puissance et dominacion toute subjection et humilité. (GERS., P. Paul, a.1394, 494). Je ne puis penser dont il vient A chevaliers et nobles gens D'estre ore si tres diligens De grans delices pour leur corps Avoir ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 33). Et d'une des parties elle estoit plungee en eaues troubles de delices charnelz, et tout environ elle estoyent sensues, couleuvres, laysardes, par lesquelz je entens gens vicieux ou desirs pervers (GERS., Noël, p.1404, 308). Et semblablement commanda faire cinq oreisons par jour et neuf genuflections, deux au point du jour, deux aprés medy, deulx aprés soleil absconsé, et troys aprés le souper, par telle condition que toute la nuyt fust exploittee a boyre et a mengier sans cesser, et a soy conjouir en toutes delices entre les bras dez femmez charnellement, jusquez a si cler jour que on peust congnoistre ung fil blanc d'un fil noir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 121). Dy moy que jugeroit philosophie de la secte de Mahommet effrenee en luxure et desordonnee en delices de corps, quant toutes les sentences morales damnent excez et appreuvent moderation en delit, et atrempee parcité es oeuvres de la chair. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 129). Or fut il pieça fait ung nouvel statut en l'Eglise latine, qui dessevra l'ordre de saint mariage d'avec la dignité de prestrise soubz couleur de purté et de chasteté sans soulleure. Maintenant court le statut de concubinage au contraire, qui lez a attraitz aux estatz mondains, et aux delices sensuellez et corporellez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 176). ...on ne puet mieulx apprendre le stille d'aucun mestier que de le frequenter souvent et fuyr les aises du corps, comme trop boire, trop mengier et trop dormir, et plusieurs autres delices charneulx, qui obfusquent et empeschent tout entendement de prouffiter à apprendre et retenir ce à quoy on est adonné, soit en operation pratique ou en science speculative. (BUEIL, I, 1461-1466, 26).

C. -

P. méton. "Penchant au plaisir" : ...car delice ou delicativeté est une molesce. (ORESME, E.A., c.1370, 389).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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