I. -

[Idée de mouvement vers le bas]

A. -

Au propre [D'un liquide, d'un écoulement ou d'un cours d'eau....] "Couler, s'écouler" : Quant les menstrues decourent en fame grosse, le fruit ne peut estre sain. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 87). Moyses faisoit Yaue issir qui decouroit, Dont un peuple soustenoit (MACH., Les lays, 1377, 402). Aussi il appert es sëetes qui sont traictes, et par ce elles sont fetes chaudes comme feu en tant que le plun qui est en aucunes remet et decourt. (ORESME, C.M., c.1377, 432). ...de celle fontaine lee Par plus d'un millier d'uissellés Descendoient biaux ruissellés, Jus de la roche decourans, Sus clere gravelle courans. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 36). Et doit on tousdiz refuser Toutes eaues et non user Des rivières et des fontaines Qui décourent parmi les vaines De souffre, métaulx et allume, Et couvertes de forte brume (LA HAYE, P. peste, 1426, 101). Touteffoys, il y en eut ung qui le blessa ou bras senestre et lui fist si grant plaie que le sang lui descouroit tout au long de son brasselet jusques à terre. Il le veoit bien, mais de rien ne s'en esbahissoit, mais ainçoys lui en croissoit sa force. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 620-621). Et pour ce dient les maistres que, ainssy comme ledit paradiz terrestre est le chief de la terre pour sa treshaulte haulteur, sont les enffers en la plus basse profondeur du corps de la terre ; en laquelle descourent toutes les ordures et puantises des IIII elemens. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 139). ...il gecta ung soupir et par haulteur de couraige alla donner a l'empereur sur le heaulme, qu'il luy fendy bien avant, tant que l'espee luy glaca bien avant en la cervelle, dont le sang decouroit a tous lez. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 45). ...c'est a dire de proceder du Pere et du Filz, comme aucunement du soleil et de son ray procede la chaleur, et de la fontaine et du fleuve, sourgiant de la fontaine, decourant en bas a la valee, procede et par la manacion et le decours de l'eaue vient et descend et se produist ou est produite la riviere. (Somme abr., c.1477-1481, 114).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. (decorre) ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. (decorre) ; Erec C.T., c.1450-1500, gloss. ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. ...

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Decourir de. "Couler de, provenir de"

.

[Cont. métaph.] : ...aussi comme uns ruisseaux de salut et de vie, estoient desrivéz et plainement decourans. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 100). Que songes tu, Entendement raysonnable, ymage de la eternelle unité, cler ruissellet decourant de la source de vie, raysant de la resplendisseur du souverain solleil, dont nul ne peult fouir la chaleur, rayant en corps humain pour enluminer les tenebres dez mortelx ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 24). ...[Thirasibulus] duquel le couraige decourust ainsi de celle meismes fontaine de pitié a son pays. (LA SALE, Sale D., 1451, 100).

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Empl. trans. "Faire couler, faire aller vers le bas" : Car la matiere dont le signe est passe ["dépasse"] la clarté du ciel et des étoilles et si samble au regarder que le signe deceurche [subj.] un rain de paix pour reconsoler, de miel pour nourrir et saveur donner, d'amour pour affranchir et racheter (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 563).

B. -

P. anal. [Du temps] "S'écouler, se passer, se dérouler" : Ainsi cellui qui puet tout depart et retranche les puissances et de sa pardurable eternité mue les choses qui soubz le temps decourent. (CHART., Q. inv., 1422, 2).

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Decourant. "Passager"

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss.

C. -

Au fig. "Découler, provenir par émanation" : Et tele chose est Dieu, duquel toutes choses descendent et decourent. (Somme abr., c.1477-1481, 102).

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Decourir de. "Déborder de" : ...qui est ceste qui monte du desert plain et decourant de delices (...) ? (Mir. st Guill., c.1347, 5).

II. -

[Valeur intensive]

A. -

"Courir çà et là" : Comme ilz n'eussent pas temps convenable a leurs armes prendre ne a faire fuyte, ilz deceurent aussi sans armes entre les armés (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 12). Il n'est plesir Que desplesir Ne rue bas en peu de temps ; Je voy courir Et decourir En ce monde de male gens. (Pass. Auv., 1477, 110).

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Estoile descourante. "Étoile filante" : ...jugea sur la signifficacion de la commecte, qui apparut l'an XXIII dudit empereur ou signe de Aries par plusieurs jours, durant laquelle se monstrerent plusieurs estoilles ignites, descurrentes par le ciel. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 r°).

Rem. Cf. A. Le Boeuffle, Astr., 1987, 122, s.v. discurrere ; sens à rattacher à FEW III, 92b : discurrere.

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Au fig. "Vagabonder" : ...le fantasme de l'homme qui descourt tousjours (...), en dormant... (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 188).

B. -

"Parcourir" : Et pour ce dit Seneques que "la pensee oyseuse decourt et passe par plus de mille manieres de forseneries", c'est a dire que elle se mue en plus de mil manieres perilleuses et qui souvent donnent occasion de faire mal et de nuire a autry (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 513).

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

REM. Également mentionné ds FEW III, 92b : discurrere.