C.N.R.S.
 
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     DÉDIER     
FEW III dedicare
DEDIER, verbe
[T-L : dediier ; GD : dedier ; GDC : dedier ; AND : dedier ; FEW III, 27a : dedicare ; TLF : VI, 906b : dédier]

A. -

[Le compl. prép. désigne Dieu, une divinité, une pers. (à honorer)]

 

1.

[Le destinataire est Dieu, une divinité] "Consacrer à (à Dieu, à une divinité)"

 

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Dedier qqc. : Encorez n'estoyt pas dediee [trad. lat. dedicare] en capitole la meson de Jovis [et] ont les deus consuls getés les sors au quel de deus seroyt commise la dedication dudit temple Jovis (BERS., II.8, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 191a). ...Un temple a Romme edifierent Et en l'onneur le dedierent De la deesse de Fortune. (MACH., Voir, 1364, 712). Se leur fist dédyer et consacrer l'espée Et l'aniel ensement par oevre difamée. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 272). Et combien que lez ydolatres attribuassent divinité a choses vaines, toutesvoiez n'a il pas voulu que mesprix ou force fut faicte sans paine en lieu dedié par eulx au tiltre de deité, pour ce que lez mescreans ne devoient savaument villener ne mescraindre ce que par erreur ilz adourent comme Dieu tout puissant. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 62).

 

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss.

 

-

Dedier qqn : ...se dedier L'eussiez fait [nostre hoir], dame (...) A mes diex, encor fust en vie (Mir. Clov., c.1381, 244). ...ne me puis deporter quant je voy lez prestres a Dieu dediez et lez moingnez benoys et le clergié sur tous aultres moquez et envahiz les premiers, et les biens dez eglises abandonnez a proie et a rappine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 54). Lez anciens princes de France en ont donné maintes foiz la preuve. Car ceulx d'entre eulx qui plus ont esté dediez a Dieu et a ediffier les eglises pour suffrages d'oraison acquerir, triumpherent comme victorieux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 167).

 

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[À propos de Marie] Vierge dediee : Loée en soit la vierge dediie, Qui pendre vit en croiz sa doulce flour (Mir. femme, 1368, 232).

 

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Se dedier à Dieu, au service de Dieu : O tu, Entendement, (...) as tu memoire du sacrement que tu me feis en la reception du saint baptesme, ou tu renonças aux pompes et deceptions de l'ennemy de char humaine, et te dedias et consecras du tout au service du Createur ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 30).

 

-

P. anal. : Herculés oy voulentiers parler la royne et illec fist Jason chevalier a grant honneur. Et Jason, plain d'une bonne voulenté, ouvry sa bouche et dist a Herculés : "Tresnoble cremeu et heurex resplendissant ! Il vous a pleu moy dedier a la religion de la noble ordre de chevalerie. Je vous en remercie et ceste dame dont ce bien me vient. Mais je vous prie ossi qu'il vous plaise moy assigner place la ou je puisse faire oeuvres chevalereuses, ad fin que vostre tamps n'ayez mal employé a moy honnourer..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 129).

 

2.

Dedier qqc. à/pour qqn

 

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[Le destinataire est une pers. (à honorer)] Dedier qqc. (un livre, un ouvage...) à qqn. "Placer (un livre, un ouvrage...) sous le patronage de qqn" : Je donques attribue et dedie à vous, tresnoble duc et prince dessus nommé, ceste translation et la transporte en vous (PREMIERFAIT, Vieillesse M., 1405, 47). Cestui composa plusieurs livres, l'un de astrologie et ung autre des pierres precieuses, moult singullier en mectres, que l'on dit Lapidaire, lequel il envoya et desdya à Neron l'empereur (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 80 r°).

 

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Dedier qqc. au nom de qqn. "Consacrer qqc. à qqn" : A brief parler, ceste dame fu en science de si tres grant excellence qu'en la cité ou elle conversoit, affin qu'elle fust de tous tres honnouree et qu'a tousjours fust en souvenance, on fist a sa semblance un ymaige d'arain dedie ou nom d'elle, eslevé haultement (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 730).

 

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P. ext. "Destiner qqc. à qqn" : Ains fut ce lieu desdïé Pour gens de paix qui ont estudïé (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 320).

 

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Dedier qqc. de qqn : Puis doncques que le devant dit gouverneur Brutus eu estoree la cité, il la dedia de citoiens devans vivre selon droit et leur donna loy par laquelle.. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 29).

B. -

[Le compl. prép. désigne une chose (une activité)]

 

1.

Dedier sa vie en qqc. "Consacrer sa vie à (une activité)" : Toute sa vie estoit dediee en bois et en rivieres, en chiens, et en oisyaux, et du gouvernement de sa seignourie paou se melloit, pour quoy ses barons et son peuple estoient en grant tristesce et par especial de ce qui'il ne voloit entendre a mariage. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 359).

 

2.

Empl. pronom. Se dedier à qqc. "Se consacrer à" : Bien sçay, se j'eusse estudïé Ou temps de ma jeunesse folle Et a bonnes meurs dedïé, J'eusse maison et couche molle... Mais quoy ! je fuyoie l'escolle Comme fait le mauvaiz enffant. En escripvant ceste parolle, A peu que le cueur ne me fent. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 36). ...se adonna à la calculacion des corps celestes et après se mist et disposa à la pratique et jugemens d'icelle, puis se desdia à translater le Viel Testament de grecq en latin. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°). Cestui en sa jeunesse se desdia en arismetique et en la science de astrologie et puis sur l'aage se mist à l'estude de theologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 99 v°).

 

-

"S'adonner à (un vice), se laisser aller à" : Minos fut en ce temps souverain astrologien, lequel fut moult aprecié, mais il ne vesquit gueres et mourut de peste ou de fievre aguë, ou voyage que fist Paris en Sitharée, quant il print Helene, comme dient aucuns, et fut par desplaisir de ce que Paris ne voulut croire lui et autres et qu'il le veoit desdié à tout lubricité et violence. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°).

 

3.

Estre dedié à qqc. "Être voué à qqc." : Et si ne veulx point trespasser en cest endroit la memoire du bon roy Robert, qui tant fut dedié a orayson qu'il portoit la chappe en cueur pour commencer le chant et entonner les antiennez en l'eglise. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 168).

 

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Estre dedié (à) + inf. : ...desormais j'ay tout repudïé Autre plaisir pour estre desdïé Suyvre la dance (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 227). Et Tulles, or, qui tant fut desdïé A s'enquerir soubz doulce rethorique... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 278).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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