C.N.R.S.
 
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     DE     
FEW III de
DE, prép.
[T-L : de ; GD : de ; AND : de ; FEW III, 21a : de ; TLF : VI, 717a : de1 ; TLF : VI, 737b : de2]

I. -

[Préposition par excellence, de assume toutes les fonctions syntaxiques dévolues à la catégorie prépositionnelle ; dans la relation aRb que de instaure, b est de nature nominale (de + subst. ; de + pronom ; de + inf.), ou bien de nature adjectivale ou adverbiale ; a est de nature quelconque (non seulement nominale, adjective ou adverbiale, mais aussi verbale, voire phrastique) ; syntaxiquement, l'arborescence créée est de la forme a(Rb) ; mais lexicalement, de entretient avec a des liens de "construction" (soit (aR)b : constructions verbales, constructions adjectives, constructions adverbiales, loc. adverbiales, loc. prépositives)]

A. -

[De introduit un élément nominal, adjectival ou adverbial]

 

1.

De + élément nominal

 

a)

De + subst. : ...la batoison [l. l'abatoison] de nos monoies (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1343, 184). Tourment l'ire de Dieu rapaise Et l'omme remest en aaise. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 63). ...devant le porte de le maison de l'abiette (Cartul. Flines H., t.2, 1397, 719).

 

b)

De + pronom : Car j'ai repris a mes despens Ce de quoi je me hontioie (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 50). Pour Dieu, beau sire gracioux, Encor nen partirez de nous (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 58). ...les sotes pensees de ceulx qui a telles fantasies s'abestirent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114).

 

c)

De + inf. : S'i n'a plus voluntey de soy a moy combatre, Aler s'an puet, si vuet, en France pour abatre (Gir. Ross. H., c.1334, 227). ...tout le pays et toutez les gens de Orient en eurent si grant paour et si grant hide que le seul nom des Tartrez et le hydeur de les oyr nommer par les villez et par les chasteaulx faisoit les dames enchaintes abortir (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 294). Au moins se deussent ilz garder de se lesser ainxin abestir (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 115).

 

2.

De + adj. : Sire, dist le paien, respités moy la vie Tant que sçachés de vray se je dis bourderie. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 291).

 

3.

De + adv. : ...souffrir ne vouloye la bourderie ne la faulseté des gens de cy aval (Bérinus, I, c.1350-1370, 58). Et aussi voucirent li Romain que le lac en la parfonde palu [de laquele] Mucius Curcius se estoit eschapés fust de lors appelés Lacus Curcius, c'est a dire le lac Curcien. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 13.5, 22). Or est il ainsi que pour le temps de lors, grec estoit en resgart de latin quant as Romains si comme est maintenant latin en regart de françois quant a nous. (ORESME, E.A., c.1370, 101). Mais d'ici nous convient descendre, Car je te vouldray faire entendre Autres choses que tu ne vois. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 88). Car ce jour d'huy si est l'enfantement Que la Vierge enfanta humblement Le doulx Jesus en sa nativité (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 182). Monseigneur, il me semble que le Mareschal de Crathor ne doit bouger d'ici pour ouir nos opinions (BUEIL, I, 1461-1466, 171).

B. -

[Syntaxiquement, le syntagme que de introduit porte sur un élément quelconque]

 

-

[Sur un subst.] : Soit défendu ausdiz Pareurs et à tous autres marchans de draps parez ou retraiz, que... (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1399, 337). Le conte Loys a aigrement prins envers nous aatine de nous suppéditer et tenir en servaige (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 166).

 

-

[Sur un adj.] : Tout est plain de sorcelleries Et de grandes forseneries ; Orgoeul est de bougrie plains ; Ung jour croit plus, et l'autre moins. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 125). Or est tout cert [certain] de sauvement (Vie st Evroul S., c.1350, 109). Item, le chenill doit estre grant de dis toises de long et cinq de large (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 140).

 

-

[Sur un verbe] : Item, que chacun desdiz mestiers sera tenu de ouvrer de bonnes laynes de saison, fillées au touret (...). Et s'ils euvrent d'autres laines, si comme de gratie et de boutie ou d'autres faulces et mauvaises estoffes, le fil qui en sera fait sera ars (Mét. corp. Paris L., t.3, 1387, 277). L'an MIIIIc. et VI en ce tiermine Avint par dedens France une discipline Par ceux qui le deussent garder de ce beguine. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 259).

 

-

[Sur un adv.] : ...toy, qui reçois pugnitions ou graces differentement de celuy qui est sans difference (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 158).

C. -

[Lexicalement, de peut construire un verbe, un adj., un adv. ; il entre dans la formation de loc. adverbiales ou prépositives]

 

1.

[Constructions verbales (verbes transitifs indirects, verbes à double construction)] : Et si vault pour hoster une maniere de rougeur, laquelle cuist et mengut comme serons, dont aucunes fois le cheval ne cesse de soy froter tant qu'il se destruit tout le pel d'environ les yeulx. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 139). Comme cil dort liement que la teste ait emplie De bon vin et poingnant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 972). Or vous deviseron la maniere comment les breulés sont fais. Qui veut faire un breulet, il faut qu'i soit fait de cuer de quesne de carter, sec, sans neus... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 296). Les cyromancians se glorefient de dire les secréz par les lignes des mains. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 187). Et la cité le fournissoit de foing, d'estrain, de blocquel de saipin, de charbon, de chandoille, d'eawe, de chenevaige, de lit et de tous autres meisnaiges nécessaires en lez chambres et en la cusine. (AUBRION, Journal L., 1492, 315).

 

-

[Construction de loc. verbales (p. ex. avoir congé de, avoir cure de, avoir honte de, faire mention de...)] : De longues manches Dieu n'a cure Ne de chypoeuse çainture Qui sur le derrier est assize (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 137). ...esquelles sera fait mencion de ceulx à qui il aura livré les diz vins et autres provisions (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 338). ...pour avoir congié et licence de faire leur braderie ou rostisserie au-devant de leurs maisons sur la grant cauchée (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 24). N'av'ous honte de tant debatre A ce bergier pour trois ou quatre Vieilz brebïailles ou moutons Qui ne vallent pas deux boutons ? (Path. D., c.1456-1469, 176). N'a cure de cheval ligier, Ne veult pas faire grant journée : Son propos est de delaier. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 28).

 

2.

[Constructions adjectives (p. ex. able de + inf. ; digne de + inf., diligent de + inf., plein de + subst. ...)] : Et, affin que vos soiies plus aybles de conoistre les pois dont ons soie doit... (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 142). Je soloie estre diligens De moi solacier et deduire (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 92). ...la jouvencelle toute pleine de abhominemens et de courroux (...) ne cessoit en souffland et ressouffland monstrer le grant desdeing de son cuer. (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 732). ...cy apprés seront dignes De brimber en plusseurs quartiers (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 723).

 

3.

[Constructions adverbiales (p. ex. differemment de)] : ...toy, qui reçois pugnitions ou graces differentement de celuy qui est sans difference (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 158).

 

4.

[Loc. adv. (p. ex. du tout, de nouveau, d'une part, d'autre part ; de plus en plus...)] : Et laisse du tout l'aesement Du corps pour le divin servise (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 23). Se l'en me fait mainte laidure, Je m'en rapporte a Loribaut, Qui est de nouvel ordonné D'estude et livres gardien, Et ne congnoit un A d'un B (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 184). ...et ceste maniere de garder ainsi le pape estroitement en ce cas me semble tres raisonnable, posé que on ne cessast pas du tout de son obeissance (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 185). Et lors print l'évesque (...) une cisoire et commença à coper ladite saincte couronne, mais en le copant et tranchant, elle gettoit fleurs par très grant habondance, et florissoit de plus en plus. (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 376). Jugement du maiour des Cordellieres, d'une pairt, et du maistre et des VI dez bouchier, d'autre pairt... (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494 [1422], 32).

 

-

Pas / point / mie de : Enduron donc deul et dommage, Despit, poverte et maladie A bon gré, sans point de poutie, Quant il vient a Dieu a plaisir. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 115). "Messire Jehan, sachiés que, à vous ne à monsigneur le prince, nous ne volons nulle ahatie ne point de guerre" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 221).

 

-

Plus de / moins de : Je ay plus gasté de querelles, Qui estoient bonnes et belles, Qu'il n'ot de muys d'eaue ou Deluge (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 29). ...mais nostre roy à present a autre emprise et ymaginacion, car se il se trouvoit sur les champs à mains de gens trois fois que ses ennemis ne fussent, si les combateroit-il à quelle choiron [l. choison] que il en deust traire ne venir (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 120). Et puis sont au parc repassés, Dont Belligere estoit venue, Qui s'est liement maintenue. S'elle a eü au coer tristece, Plus a orendroit de lëece C'oncques n'ot depuis la nuitie Qu'avoec Tristifer, sans atie, Qui tant l'ama et elle ly, Dansa sus l'erbe ou bois foelly (Pastor. B., c.1422-1425, 214).

 

-

Combien de : Combien veoit on de telz galans Pignez, tiffez, vrays marjolletz, Souventesfois venans, allans Vers dames, doulcement parlans Com braguereaulx aux bas colletz (Chasse am. W., a.1509, 263).

 

-

Beaucoup de / moult de... : ...Mout de biaus biens i met ensemble (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 69). Et pour ce que lesditz engins (...), les noms sont mescongneus de plusieurs et en beaucoup de lieux, Nous les avons cy fait escripre et nommer : c'est assavoir... (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1402, 535).

 

-

Planté de / foison de... : Molt fu celle compaigne joiouse sor tous dius. Plenté i ot de feste, d'abanois et de gius (BRIS., Restor paon D., a.1338, 64). Ly contes si amoit moult les chiens et les oysiaux, et avoit foison de braques, levriers, chiens courans et liemiers, braconniers, faulconniers, oysiaux de proye et chiens chacerez de toutes manieres. (ARRAS, c.1392-1393, 17). ...plenté de cerfs, de bisses et de chevrots passerent auprés d'eulx (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 190).

 

5.

[Loc. prép. (p. ex. autour de, hors de, à l'encontre de, au bout de, afin de...)] : Ançois (...) que il ississent hors de Bretaigne, il i eut un fait d'armes et une ahatie devant Vennes (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 32). ...et au bout de .XXXVI. heures ou plus (c'estassavoir quant il [le cheval] se prendra a menger du bran, et faire bonne chiere, et qu'il avra fienté) luy face l'en bonne lictiere et blanche (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 142). ...tout autour de la paelle (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 255). ...et ycelui [le grant Turcq] par orgueil en quoy il boullone et par convoitise à gloire terrienne, volontairement s'eslève à l'encontre de la Divine Majesté comme fit Lucifer (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 72). ...Affin de mieux leurs loyaulx sens sortir D'atrocité denygrée et mortelle (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 403).

II. -

[Sémantiquement, par opposition à la prép. à, la prép. de marque l'idée de point de départ, d'éloignement]

A. -

[Marque l'idée d'éloignement dans l'espace] : Jamais de vous ne partiray, Jusques tout gary vous aray. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 47). ...de sa table ["en sortant de table"] il couroit sus a son anemi (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 385). Alés vous ent de cy qu'i ne vous viengne maulx (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 432). De Tournay sen alla le roy a Lille en Flandres ou il arriva le quatriesme jour de karesme, nuit du behourdis qui ceste annee escheoit le dix huitiesme du mois de Febvrier. (WAVRIN, Chron. H., t.5, p.1471, 430).

 

-

De ... à / de ... en : Entre Joseph, ton pére, et moy, Nous t'avons quis trois jours par foy De lieu en lieu, chiez noz parens. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 241). Tant nagierent, de place en place, Qu'il vinrent tuit, par la Dieu grace, En un lieu qui est appellez Crambouse (MACH., P. Alex., p.1369, 64). [C'est une femme de mauvaise vie qui parle] ...en folles femmes me acompaignay et avoec elles me ostelay. Dont au jour de l'Exaltation sainte Croix alay braquetant et bisant de rue en rue par la chité (...) affin que les hommes me veïssent et que enbraser les peuïsse a pechier. (Vie ste Marie Eg. Y D., c.1450, 258). ...le duc (...) tira à Laon, où reçu fut en grand solemnité d'honneur ; de là à Rains et Châlons où pareillement luy fut faite haute cérimonieuse chière ["accueil solennel"] (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 113). La haulte voix de vostre bruit resonne Et, par vertus qui moult bien l'araisonne, Parvient de terre au hault lieu celitoire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 534). Nyais oyseau est celui qui est prins ou nid. Branchier est celui qui suit sa mere de branche en branche (TARDIF, Art faulconn. J., t.2, 1492, 31).

 

-

En partic. [Idée d'extraction, d'issue] : Al conmenchier l'estour fu fiere le meslee : La y ot mainte enssengne a la tiere vierssee, Et de maint boin cheval saloit la boyellee. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 183). ...de laquelle prison il voudroient issir par habendonnement (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1345, 591).

 

.

[Idée d'origine] : Chil de Dickemue cryèrent As armes (Troubles Flandre P., c.1384-1385, 46). ...ung chivalier qui fut de Lombardie (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 560).

B. -

[Marque l'idée d'éloignement dans le temps] "À partir de" : ...et je rechoy ce noble don en grant reverence et leesse, et de ceste heure je vous en fay hommaige (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 419).

 

-

D'or mais. "Désormais"

 

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 337 ; 257.

 

-

De long temps. "Depuis longtemps" : A estre emprés le malade plus valent amis par auchuns benefices de long temps acquis que celle qui nous impute ses larmes, disant qu'elle pleure a nostre occasion (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 322). ...un compaignon nommé Guillemin, lequel il congnoissoit de long temps (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 11). ...qui nous donne bonne esperance d'avoir bon souverain, dont de long temps le paÿs a esté esvainé (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 85).

 

-

De toujours. "Depuis toujours, depuis très longtemps" : Vrayement, dit Petit-Thomas, je les congnoys bien, ilz sont bonnes gens et seurs, et parleront à cest homme que vous savez [que vous connaissez] de tousjours (BUEIL, I, 1461-1466, 103).

 

-

De jour / de nuit. "À partir du début de la journée / de la nuit, durant la journée, durant la nuit" : ...et aussi pour les bestes sauvaiges estans de jour et de nuit au bois de Siquini (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1366, 328). ...et, par l'ostesse où il estoit herbergiez, fu mis couchier avec un autre homme qui estoit couchié oudit hostel, auquel homme, de nuit, il qui depose print en sa tasse, qu'il avoit mussée soubz le chevelz de son lit, la somme de L s. en blans de VIIJ d. par. piece (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 291). ...tu sçais que j'ay souffert pluseurs angoisses, de fain, de soif, de chault, de froit et de playes mortelles, et de jour et de nuyt ! (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 209).

 

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De matin / de soir : De matin ou encoire anuit Vous y porez vous bien retraire. (Dit prunier B., c.1330-1350, 56). ...et de matin je vous en respondray ma voulenté et vous diray quel chose je vouldray que l'en face de Logre qui est conquis (Bérinus, I, c.1350-1370, 178). Et cil qui peut se maintenir, Doit soigneusement abstenir De s'exposer à l'air forain, Et mesmement de soir et main (LA HAYE, P. peste, 1426, 79). Puis s'en yrat le compaignion Par le rives droit a Duÿng, Vers mon frere, que de matin Ilz soit icy az desjuner. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 4).

 

.

De present. "Désormais, maintenant" : ...et souloient valoir trois queuez de vin et de present ne vallent que une queue. (Comté Porcien R., 1459, 311).

 

.

Ne ... de tout le jour... / de toute la nuit... : ...ja de tout le jour on ne l'aura veüe (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 79). Donc doit il aprendre que, si un chien ne veult mengier de tout le jour ne de toute la nuit, qu'il le tire hors des autres a part et l'essaye, s'il voudra mengier, quant il aura jeuné tout un jour et une nuit. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 148).

 

-

De ... en : Si que l'amour De ceste dame ou tant a de valour Apetise toudis de jour en jour (MACH., J. R. Beh., c.1340, 122). Car plus velus y ay esté c'uns ours, Noirs et halez, prins l'orde maladie ["la gale"], Logé aux champs (...) de nuitye en nuitye (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 285). Et au soir lui redonnez plume comme devant, et ainsi de soir en soir jusques a ce qu'il soit nect. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 154). Et estoit ordonné de par le roi de France que, de mois en mois, il avoient mille esqus et bien paiiés, pour paiier lors menus frés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 239). ...et ainsi d'an en an et de terme en terme durans lesdictes douze annees... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1404, 792).

 

.

De degré en degré. "Progressivement" : ...tout le corps de Sabellus commençant de la plancte du piet fut de degré en degré consommé par tous les membres (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 227).

C. -

Au fig. [Marque figurément l'idée de point de départ et d'éloignement : idée de provenance, d'appartenance, de cause, de moyen, d'instrument, de propos, de comparaison...]

 

1.

[Idée de provenance, d'origine] : D'Envie viennent detraccions Et murmure et discencions (Liber Fort. G., 1346, 151). Por tant qu'il estoit venus de roberie N'en volt avoir une soulle abengie (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 606). ...buerre de uaiches et laicel de berbis auec la graixe des aignelz et des moutons (...). Et chauriz auec flour de froument... (Psaut. lorr. A., 1365, 154). ...lever du pueple grans exactions et grans amendes (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 422). Mon amy, sy vous atalente, Vostre fame de moy ferez (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 19). ...la majeste royalle du tresvaillant roy Loys de Hongrie, qui fu si enflambe que par le moyen et atysement des loups ravissables, vestuz de la toison blanche de l'aignel, a une vermeille croix, ce sont les Genevoix, il fist guerre ouverte a la Dame des Eauues (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 279). Le cimereau sera fait de bon froment buleté à un bon buleteau ["blutoir"] de rains sans trop fer et pesera XX onces. La fouace brune et la bonne tourte sera faicte de la seconde fleur (Anc. corp. dijonn. C., 1389, 39). Le quart [vice] est celuy qui de riens Ung excellant oeuvre veult faire (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 803).

 

-

De ... à / de ... en : De bien en mieulx monta et creut Par mener saincte vie et nete. Un jour estoit en sa cellete Et prioit Dieu... (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 279). Item je veulz et ordonne, donne et ouctroie a mon bien amé filz et genre [sic] Estienne de Gevigney, (...) ou cas que madicte fille yroit de vie a trespassement devant ledit Estienne, sondit mary, madicte maison de Chargey, la vigne joindant a icelle et les aisances et appartenances a l'entour, toutes terres et prelz appartenans au bouverot de ladicte maison (Test. Besanç. R., t.2, 1460, 120-121).

 

-

"Par" : ...en la main Dieu, c'est voir, Qui est, ce devez vous savoir, Fontaine de toute droiture, Et tout puissant de sa nature. (Mir. ste Bauth., c.1376, 134).

 

.

De soi / de lui... "Par son propre effet, de son propre mouvement" : Et pour ce que li orloges ne poet Aler de soi, ne noient ne se moet, Se il n'a qui le garde et qui en songne, Pour ce li fault a sa propre besongne Un orlogier avoir (FROISS., Orl., 1368, 105). Or me enteng car ton bon espoux et amateur tres saige t'a tellement proveu de lui qu'il n'est rien que faille en quoy que tu te dois ja glorifier (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 271).

 

.

De par. V. part

 

-

P. ext. [Idée d'appartenance] : ...qu'en loyauté Tu jures qu'en jour de ta vie Ne prendras vers moy ahatie (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 304). Et la biaulteit de vous forment me atallante (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 148). Pour refaire l'aspergès d'un eaubenoitier d'argent, baillé à Guillemin Cabuel, clerc de la chappelle de l'ostel du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 126). Et pour ce, quant Aristote dit ou premier de Phisique que touz corps naturelz sont ou seront meus ou aucuns, il dit aucuns pour les parties centrales de la terre selonc l'exposicion d'Averoÿs. (ORESME, C.M., c.1377, 254). Droit au piet de ceste islle alerrent aancrer (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 387). ...car chi jour ilh avoient tant de braieurs aveque eaux assembleis, que ons les dobtoit et faisoit-ons semblant d'eistre de leur partie. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 288).

 

2.

[Idée de cause, de source, d'agent]

 

a)

"À cause de" : De droit aage et par feblesce Fust tout blanc de chanisseüre (Vie st Evroul S., c.1350, 99). Souvent est li faucons de paour estendu, Et fuyoit toudis l'aigle et li faisoit reffus, Mais pour che ne voloit l'aigle aler ensus Et le bequoit si fort que sans en est issus. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 594). Othovïen le jeune de ire et deul fremye (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 292). Vos vestemens et vos aaisez De vers, de tynes et d'artaisez Rungies sont... (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 78). Quelles nouvelles, dit il, Jouhanne m'amie ? Que fait vostre maistresse ? - Par ma foy, fait elle, el est a l'oustel bien pensive et bien courrocee. - Et de quoy, fait il, m'amie ? - Par ma foy, fait elle, monseigneur est si mal home que elle a trop mal temps. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 43). ...ilz [les moutons] mourroyent de la clavelee (Path. D., c.1456-1469, 146). ...ne n'eu pas loisir de ce faire de l'eau dont il estoit tout esblouy (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 47).

 

b)

[Marque l'agent (dans le passif ; agent de l'animé ou de l'inanimé)] "Par" : Engroissie fu par deus fois De son oncle qui est mauvais. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 47). La fut raconsuÿs de celle gent sauvage. (Tristan Nant. S., c.1350, 142). Sire, de moi servi serez Bonnement (Mir. st Lor., 1380, 126). ...par aventure il sont deceus de leurs ennemis et pris et chestivéz. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 111). ...flambe ardant se bouta en ce lit (...) par telle maniere que le roy (...) fut attains de celle flambe par tel maniere que onques on n'y povoit (...) le secourir, qu'il ne fust tous ars jusques à la boudine (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 187). Il fut plouré et regretté de justes devotes personnes, religieux, religieuses, possessans et mendians, beguinettes et soeurettes (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 518). Mais seray-je tousjours deceu De ceste vieille becquerelle ? C'est la plus dangereuse femelle Que je vis oncques de l'année. (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 165). Souvent est assailly ly homs De loups, sangliers, ours, pardz, lyons... (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 146).

 

3.

[Idée de moyen, d'instrument ; p. ext. de manière, de conformité, de matière]

 

a)

[Idée de moyen, d'instrument] : Seguins le fiert de son branc sus le yaume (Gir. Ross. H., c.1334, 256). Sire tu m'arouserais de ysoppe et de ton asperges et arousour et ie serais nettieis (Psaut. lorr. A., 1365, 54). ...et en la maniere des chiens il [le lion] bala de la queue (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 439). ...aucuns se efforcent de cognoistre lez choses advenir de la consideracion dez jours et dez heures, car ilz considerent lez jours et lez heures en toutes lez besongnes que ilz font ; et teulx sont appellés auricipes, pour ce que ilz gardent lez jours et lez heures. (Songe verg. S., t.1, 1378, 365). Il doit enciser de son coutel jusques a la cueue et puis couper os et tout (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 187). Ses mains et son viaire de cleir eawe abluist. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 628). ...et li pietons de haches, Espaffus et bredars les tuent et de maches. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 607). Item, on peut pescher toutes heures de roiz a aubes. (Comté Porcien R., 1400, 230-231).

 

b)

P. ext.

 

-

[Marque la manière] : ...nulz biens ne faisoit que de apparence et pour decevance. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 35). JOSEPH. Voulés vous point monter ? MARIE. Nennil non, bien chemineray De pié, se Dieu plait ? Baillés moy Ce bouvelet que je le maine (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 63). Or sa allons de bonne actie Fere nostre commandemant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 70).

 

.

Estre de (telle ou telle sorte, de telle ou telle qualité) : Scabie en hommes qui sont tres anciens, elle est de difficille cure ou impossible est y souffrir ablandir ou pallier qui tienne bon regime (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 23). ...la chair du porc est de grande nourriture, car dit Galien au IIIe livre des Elemens : sur toutes chairs la chair du porc est nutritive. (Rég. santé corps C., 1480, 22).

 

-

[Marque la conformité à qqc.] : Et, se aucun religieux qui soit piez nuz veult celebrer messe, il se doit chaucier du commandement de l'apostre qui dit ["conformément au commandement de"]... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 279). ...et la presentacion faite a prelat ordinaire, le quel aussi puet et doit preschier de son office ["conformément à"], le curé aussi, et d'autres qui a ce sont ordenez (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 409). Et de l'usage ["conformément à l'usage"] des personnes qui touz a ce se consentoient, la propre voiz de ce pronom il si moustroit et declairoit Pictagoras. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 387).

 

-

[Marque la matière] : ...quant a sa composicion tout ce que ladicte nef touchoit a la mer estoit de ung boys qui est appelle cedrin. Cestui boys ne peut jamais pourrir en eauue. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 537).

 

.

[Dans le syntagme subst. + de + subst.] : ...4 linceuz, I cuverture d'estoupes, I cussin de bouffe [de balle] d'avenne. (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1363, 1). Item, deux coultes pointes blanches de boucassin ["de toile de coton"], doublés de toille, ouvrées menuement à l'endroit. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 392). ...et avoir falotz à bouchons de feurre boutez en un baston (Doc. 1393. In : R. Vaultier, Folkl. pendant la guerre de Cent ans, 1965, 47).

 

4.

[Idée de propos, de point de vue]

 

a)

[Pour indiquer qqc. à propos de qqc.] "À propos de" : De ces poins ci puet veoir celui qui diligeaument le lira que... (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 374). Oste celle grant neccessité et considere tant seulement de ce pechié se tu pues satisfaire pour lui (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 198).

 

-

"Quant à" : Il est vray ce que tu dis, mais c'est de la liberté, voulenté et benignité de lui (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 183).

 

-

[Emploi redondant avec quant à] Quant à de : Quant a des Anglois, lessons les... (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 299).

 

-

[Pour indiquer un thème, en partic. dans un titre de partie, de chapitre...] : ...De piper au bois as oisiaux. D'abreter aus chans as pinchons. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 268). De l'acort de Jehan Salmon, procureur des religieux, abbé et couvent de Ste-Genevieve, lesquelz avoient brandonné ou fait brandonner certaine piece de pré appartenant a Maistre Guy de Villers, procureur en Parlement (Sent. Chât. Paris M., II, 1396, 798). De l'abnegacion de soy mesmes et de l'abdicacion de toute convoitise. (Internele consol. P., 1447, 165). Cestuy chapitre est du regime des femmes qui sont grosses et de avortir et des accidents qui surviennent aux femmes grosses (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 15).

 

-

[Dans une exclamation (qui vaut à propos de...)]

 

Rem. T-L II, 1214, l. 50 (Baud. Sebourc B., c.1350 : diex, du larron prouvé !).

 

b)

[Pour indiquer un point de vue] "Pour ce qui est de, au sujet de, en ce qui concerne" : Qui vuet estre phisiciains Clerc doit estre naturiens Et de la science esprovez Et anssiment [var. Anssement] serorgiens. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 72). Si trez bien te resamble de bouche et de menton, De viaire et de corpz et de droite faisson, C'on n'i sceit reprandre vaillant ung esperron. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 628). Certes, il m'est plus de lui que de tout le dommage que je doy avoir. (Bérinus, II, c.1350-1370, 143). Mais il est de monnoie aucune fois comme des autres choses, car elle n'est pas tousjours equale (ORESME, E.A., c.1370, 297). ...il est de sa nature chaut et moiste (ORESME, C.M., c.1377, 430). Je ne lui sauray ja mal gré de cela, car puis qu'il se sent puissant de lui mesmes, et il est hardiz et emprent hardiement, ce n'est que bien, car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 283). ...femmes sont fresles d'eux meismes (JUV. URS., T. crest., c.1446, 145). Que sera dont de toi, quant tu ne pueux satisfaire ? (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 198). Ce Can est le plus grant et plus puissant de seigneurie (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 78). Or est il temps qu'on s'avise De ce procès qu'il est de faire. (P. moyne, a.1500, 49).

 

-

De moi. "Pour ma part, quant à moi" : Jou de my n'en feroie for quez galez et ris (Hugues Capet Lab., c.1358, 192). Et je de moy me vueil confesser et recorder tout ce que avenu m'est (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 674). Et je de moy luy donne, car il m'est advis qu'il l'a bien desservy. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 886).

 

.

Endroit de moi. "Pour ma part, quant à moi" : Je, endroit de moi, ai si grande esperance d' avoir grace et pardon enviers Nostre Signeur, se je muir pour che peuple sauver, que je voel estre li premiers (FROISS., Chron. D., p.1400, 843).

 

-

D'une part ... d'autre part : Jugement du maiour des Cordellieres, d'une pairt, et du maistre et des VI dez bouchier, d'autre pairt... (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494 [1422], 32).

 

-

De + inf. "Pour ce qui est de + inf." : ...de moy combatre pour le meilleur chevalier qui soit [en me donnant pour], je sçay bien que ce ne suis je pas, mais, pour acomplir vostre requeste, je le feray. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 432).

 

5.

[Idée de comparaison (la comparaison supposant un point de départ comparatif)] : C'est de boucan ou ["c'est comme au vieux temps où"] la royne Marie... Qui de present veult faire loyauté, Estre des bons et tenir verité, N'en parlez plus : ce n'est que mocquerye. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 152). ...oncques ne virent si belle chose ne si bel ouvraige de ce que c'estoit ["en comparaison de"]. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 604).

 

-

[En partic. dans de + pron. pers. (de lui "que lui")] : ...oncques meilleur de lui ne monta sur cheval ["meilleur que lui"] (Bérinus, I, c.1350-1370, 330). Et on ne poroit en vellant Trouver de moi plus travellant (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 40). Mais fut-il onques nul meilleur de lui en toutes chevalereuses graces et meurs vertueux... ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 20). ...certes il ne vouldra amer chouse abjecte ne reprouvee ne moindre de lui (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 262). Car, s'il avoit bonne volunté de combatre et faire armes, elle n' avoit pas mains de desir de luy de lyer son emprinse et le fournir de tout ce qu'il la vouldra requerre. (C.N.N., c.1456-1467, 146). Car, soy ingerer donner conseil a plus sage de luy ["que soi-même"] est temeraire presumption (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 188).

III. -

P. ext. [La fonction catégorielle et le contenu sémantique peuvent influer l'un sur l'autre ; ainsi l'idée de relation peut voiler tout autre contenu sémantique ; inversement le contenu sémantique peut conduire aux marges, si ce n'est au-delà, de la catégorie prépositionnelle]

A. -

[De marque sans plus l'idée de relation (de devient alors une "préposition formelle" ; elle est seulement le lieu d'un contenu catégoriel, celui de la préposition en tant que préposition)]

 

1.

[Dans le syntagme subst. + de + subst., ce qui l'emporte souvent, c'est l'idée de relation sans plus : dans le livre de Pierre, de signifie que le livre en cause a pour caractéristique d'être en relation avec Pierre (p. ex., selon le contexte, de lui appartenir ou d'être son oeuvre ou encore que Pierre en est l'objet) ; les relations possibles, plus ou moins évanescentes, sont alors très diverses (appartenance, provenance, matière..., mais aussi localisation, équivalence, mesure...) ; avec un subst. d'action ou un subst. apparenté, l'interprétation est indifféremment "subjective" ou "objective" (dans la crainte de Pierre, c'est Pierre qui craint ou c'est Pierre que l'on craint) : ce qui domine là aussi, c'esr l'idée de relation] : Si te pri de cuer humblement Que par ta debonnaireté Aies de cest enfant pité, Doulx chier filz, pour amour de moy [l'amour que tu as pour moi] (Mir. enf. diable, c.1339, 49). Mais par servir, Par honnourer, par celer, par cremir, Par endurer liement et souffrir, Par bien amer de cuer et obeïr Trés humblement Pouez encore avoir aligement, Joie et l'amour de celle ou vos cuers tent [l'amour que vous porte celle où...]. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 92). La paour de Dieu trop m'esmaie (Mir. nonne, 1345, 347). ...l'Anemy de toute creature, comme trés envieux, par son atisement commença à esmouvoir et atisier le cuer de ce bon empereur Anthoine (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 23). Le sainct Esperit est inspirant de foy, docteur de science, fonthaine de amour, sinacle de chasteté et cause de tout salut. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 509).

 

-

En partic.

 

-

[Dans la construction de subst. d'action ou de subst. d'agent, quand de + subst. correspond à un objet direct] : ...à moy, ledit Jehan Cloet, pour la paincture de vint six pans de paveillons... (Comptes Lille L., t.2, 1475, 228). L'abolisseur de mes ditz et meffaitz Et le support de mes ditz et mes faitz, Le lis fleury seur la noble couronne De la Bazoche, qui tous nobles couronne (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 403).

 

.

[Dans la dénomination par équivalence (p. ex. la cité de Bruges : cité et Bruges ont le même référent)] : Verités est que depuis que la cité de Romme fu fondee et que Romulus l'ot compasee et edifiee a l'aide de Romus son frere... (Bérinus, I, c.1350-1370, 3). Et li furent rendu et restitué tout li hiretage qui venoient de son costé, et par especial en la contree de Galles (FROISS., Chron. D., p.1400, 107). Devant la cité de Mayence, Orent Rommain grant dommagence (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 255). ...le Roy reprint la prevosté de Compiengne, qu'il avoit accensivé et baillé a lad. ville (Mém. Compiègne C.-B., 1448, 314).

 

.

[Dans la spécification] : Les vens conversis (...) sont une maniere de vens legiers et febles qu'il appelle aussi aures qui se font en la mer en aucuns lieus estrois (EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380, XXVI, 39, 231 r°). ...toutes manieres de sciences divinatoires et auguriatives (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 43).

 

.

[Dans l'évocation de l'apparence] : ...un camelot de couleur cendrin (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 359-360).

 

.

[Dans l'expression de la mesure] : Item, une pièce de fustaine de six lez. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 392). ...le pris et somme de 800 réaulx d'or que ledit feu Jehan Bonhomme paia lors audit seigneur de Thinière assensateur. (Doc. 1457 In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 601).

 

.

[Après un subst. indiquant une mesure] : ...pour un arpent de terre seant aus Marnieres... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 141). Prenés une once de aloes cicotrin ; de mirre, de saffran oriental, de chascun demie once. (Textes méd. fr., éd. R. Arveiller, c.1350. In : Romania 94, 1973, 159). Item, le chenill doit estre grant de dis toises de long et cinq de large (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 140). Item, ayez deux onces de coriande et de cercuis [var. ceroins] non confiz (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 221). ...deux douzaines de boucrans asurez (Comptes Lille L., t.1, 1454-1455, 433).

 

.

[Dans le type "poss. + subst. + de + subst.", pour marquer une caractéristique du subst. que de introduit] : Finez ma sanglante de vie ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 62).

 

2.

[Dans la construction de certains adj. ou de certains verbes, de se borne à établir une relation avec l'adj. ou le verbe, sans que la relation en cause soit précisément spécifiable (p. ex. dans attalenté de, dans desireux de, dans se mesler de...) ; souvent de alterne avec à, sans qu'aucune différence apparaisse nettement (p. ex. penser de à côté de penser à ; contraindre qqn de à côté de contraindre qqn à...)] : ...yceuls mariés ne nous pourront contraindre, durant leur vie et de chascun de euz, de faire aucunes reparations ou soustenemens es lieux dessus dis (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1354, 176). ...chascun se veult mesler de parler de l'Escripture (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 51). Desireux de venir a terre, Si sont de s'aler pourveüs Vers l'ancien Ymeneüs (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 35). Certes, je suis attalenté De faire service et honneur Au roy mon droicturier seigneur (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 19). J'ay bien pensé de vous, dame, car... (Comte Artois S., c.1453-1467, 73).

 

-

Estre de + inf. : Vous savez bien qu'il est de dire [ce qu'il convient de dire] (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 174).

B. -

[Moyennant son contenu sémantique, de se prête à des fonctions syntaxiques situées aux marges, si ce n'est au-delà, de la catégorie prépositionnelle]

 

1.

[À partir de l'idée d'extraction se dessine celle de partition ; ainsi se crée le de partitif]

 

a)

[De prép. construit des verbes impliquant une partition ou marque la partition avec un poss.]

 

-

Avoir de qqc. : Et doit avoir li hosteliers de le halle de le lainne : pour cascun pois de lainne ouvrée, une obole ; et de cascun pois de lainne a sun 3 abenghes (Drap. Valenc. E., 1344, 273). Nostre hoste a aussi de bon fourmaige, et bien gras (C.N.N., c.1456-1467, 581).

 

-

Bailler de qqc. à qqn : ...et tenoit en sa main ung asperges, et bailla a chacun de l'eaue benoyte que les maistres avoient fait ce jour mesmes. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 141).

 

-

Boire / manger de qqc. : A Dieu, mon ami, le plus doulz Homme c'onques menjast du pain ! (Mir. ev. arced., c.1341, 117). Les enfans qui ne voloient pas mengier de che qui estoit a la table du roy de Babilone ne boire du vin... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 115). Je mengeray de la boulie Ja quant je vendray a maison. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 29). ...se les chenilles menguent des choulx, quant il plouvera seme de la cendre pardessus les choulx, et les chenilles mourront. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 122).

 

-

Prendre de qqc. : Et qui en veult faire bingnetz de mouelle, couvient la faire en la maniere, puis prendre de la fleur et des moyeulx d'oeufz, et faire le pasté. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 254).

 

-

Servir de qqc. : Il ne fault point servir de rost Ou boullu est acoustumé. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 74).

 

-

Trouver de qqc. : Le XIJe jour de juing ensuivant, ceulx de Paris, de petit estat (...), à grant bruit, à toutes les prisons, tuèrent cépiers et cépières, et tout ce qu'ilz trouvèrent de prisonniers (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 331).

 

-

[De prép. marque aussi la partition avec un poss.] : A ce faire vueillez pourveois, Et y mener de nos amyz, De noz bons et loyaulx François (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 194-195).

 

b)

[De, devenu un simple inverseur, fait office d'article partitif] : Car de beauté, bonté, valeur estoit en elle et en parloit on en pluseurs regions bien lointaines. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 15).

 

-

En partic.

 

.

[Dans de + adj. + subst.] : CAYPHAS. Bandez ly lez yeulz de la teste, Et pour le loier de sez truffes Ly portez de grosses buffes, Et sy en jouez a la chipe. MARQUIN. Bien saura chiper, s'y me chipe. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 155). ...de riches portes cedrines... (MILET, Destruct. Troye S., c.1450-1453, 54).

 

.

[En phrase nég.] : Car qui veult pour bien abillier Deulx pieces joindre et chevillier Il n'y fault point certainement De moyen ["d'intermédiaire"] au chevillement. (Barbes brayes A., a.1450, 255).

 

.

[Parfois des au lieu de de] : Ostez d'icy, que plus ne voye Des viandes devant mes yeulx (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 18689). Madame, a qui ses yeulz ne cessoient que de le regarder, pour plus couvertement le veoir, et pouoir a lui parler, appella des autres dames et leur dist : ... (LA SALE, J.S., 1456, 55). Et monseigneur, qui a des nouvelles estoupes en sa quenoille... (C.N.N., c.1456-1467, 77).

 

c)

[De forme un article partitif en se combinant avec le, la, les] : Dans abbés, vous nos dites des parolles assés. Wardés-vous dou radot (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 182). Alez me querre appertement Des pommes et du vin aussi (Mir. Oton, c.1370, 347). ...et li donna de l'argent souffisaument (FOUL., Policrat., IV, 1372, 71). ...donc doit le veneur donner du pain a ses chienz (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 203). Dit encores que maistre Jehan Truquan a emporté du pain benoit, trois fueilles de pervenche, un charbon et deux brins de senevé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 340). ...se les chenilles menguent des choulx, quant il plouvera seme de la cendre pardessus les choulx, et les chenilles mourront. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 122). ...et y ait du son dedens une toille, car sans toille le cheval toussiroit comme s'il eust mengié plume. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140). Si rotissait de la boullie Au plus hault d'ung molin a vent (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 159). ...du paen de fouace, du paen choem, du vin blanc et du vin vermail servi en belles taxes d'argent sur blanche touaille et touaillons (Doc. 1439. In : L. Rosenzweig, Bibl. Éc. Chartes 19, 1897, 373). ...Pour faire de l'uylle en karesme. (S. fol, c.1480-1490, 6). Vous plaist il laver, monseigneur ? Vecy de l'eaue delectable. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 164).

 

2.

[À partir de l'idée d'origine, création de de marqueur de l'inf. sujet et de l'inf. de narration]

 

a)

[Marqueur de l'inf. sujet] : ...pour ce de la tuer seroit mal fait. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 91).

 

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En partic.

 

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[En tournure impersonnelle] : ...il est de neccessité de garir telle commocion faicte en la marriz (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 86). ...je vous requier, pensons qu'il est de faire ? (C.N.N., c.1456-1467, 238). Or çà ! Beffe ! le fils m'a voulu déshonorer, et le père me boute hors de sa maison : qu'est-il de faire ? (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 71). ...mais il est de croire que Nostre Seigneur leur en oustoit le vouloir. (COMM., III, 1495-1498, 209). Or est il temps qu'on s'avise De ce procès qu'il est de faire. (P. moyne, a.1500, 49).

 

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[En cas d'inversion du sujet (en tournure impersonnelle ou ailleurs)] : Et la, voelle ou non, m'atalente De chanter ou de recorder Tout ce quoy li oÿ chanter. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 56). C'est grant peril de regarder Chose dont peut venir la mort (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 19). Après ces parolles, respondit le cappitaine qu'il avoit bien dit et qu'il ne restoit que du faire ["que de le faire, qu'à passer à l'action"] (BUEIL, I, 1461-1466, 79). Au surplus reste de reciter la loyaulté et grant couraige des gens de guerre (BUEIL, I, 1461-1466, 53). N'a cure de cheval ligier, Ne veult pas faire grant journée : Son propos est de delaier. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 28). C'est le plus fort que de laver. Or ça ! en vecy plain bouleur. Vous plaist il laver, monseigneur ? Vecy de l'eaue delectable. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 164).

 

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[En tournure comparative] : J'ameroie mieulx faire le rachas Que de cropir la nuit trop longuement (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 121).

 

b)

[Marqueur de l'inf. "de narration"] : ...les fourriers se retrairent pardevers le grant ost, pourveuz de vitailles, dont l'ost avoit mestier. Et les fourriers de reposer, car tant en y eut de decoppez et navrez qu'il convint l'ost sejourner deux moys. Aprés celui sejour, l'ost se desloga (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 75). Lors de baisier et de rebaisier, de jouer et de deviser aux jeux et devises que le dieu d'amours leur avoit commandé. (LA SALE, J.S., 1456, 232). ...veez bon mary d'arriver, qui trouve la compagnie en besoigne (C.N.N., c.1456-1467, 290).
 

DMF 2020 - Synthèse de mot grammatical Robert Martin

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