C.N.R.S.
 
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     COURTOIS     
FEW II-1 cohors
COURTOIS, adj.
[T-L : cortois ; GDC : courtois ; AND : corteis ; DÉCT : cortois ; FEW II-1, 850b : cohors ; TLF : VI, 374a : courtois]

I. -

Adj.

A. -

[D'une pers. ou de son comportement, de ses qualités mor. et phys., correspondant à l'idéal de la cour]

 

1.

"Poli, agréable à fréquenter, respectueux" : Or nous taisons ci de l'oisel, Se parlons d'aucun damoisel Qui sera gens et debonnaires Et courtois en tous ses affaires. Entre dames s'embatera Et si bel s'i esbatera Qu'il plaira a toutes parties, Et si seront si bien parties Les honneurs qu'il y sara faire... (MACH., D. Aler., a.1349, 302). Princes, nulz ne sera sutils, Saiges, courtois ne bien apris, Tant soit riches, puissans ou fors, S'en divers voyages n'est mis En jeunesce pour avoir pris ; Il ne scet riens qui ne va hors. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 70). LE ROY D'ESCOSSE. Doulx sires, qui telles bontez M'offrez, je vous tien a courtoys. Estes vous marchant ou bourgoys Ou du conmun ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 75). Sire, il est bien verité que Hervy de Leon fu ysneaulx chevaliers, courtois et saiges, bien moriginez, et l'ama moult le roy et son nepveu, et usoit le roy moult par son conseil, et estoit Hervy cellui en qui il se fioit le plus. (ARRAS, c.1392-1393, 57). Bel et bon ert en tous endrois, Sage, courtois et amoit drois Et noblesce ot chiere et science (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 40). A brief parler, tant pourchaça Paris et tant celle chaça, Par promesses et par prieres Et par ses courtoises manieres Et sa beauté, qui n'ot pareille, Avec Amours, qui lui conseille, Que du tout s'amour lui ottroye Et o lui s'en yra a Troye (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 66). A vous, Vierge tres digne, (...) par laquelle nous est venue joie, nous est apparu salut et salvation, qui estez telle, a vroy dire, et si courtoise que qui vous saluera, vous le resaluerez. (GERS., Annonc., a.1400, 228). Bel et bon ert en tous endrois, Sage, courtois et amoit drois (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 40). Monseigneur, qui trescourtois et gracieux estoit, mesmement tousjours vers les dames, luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...je ne cuidoie pas que les dames de ce païs fussent si peu courtoises que de refuser ung giste aux chevaliers errans. (C.N.N., c.1456-1467, 476). Saintré, comme tres saiges et courtois, de soy mesmes fist sa response et dist : "Mon seigneur messire Anguerrant, il a pleu a Dieu et a ma bonne fortune que mon emprinse est premierement venue en voz mains..." (LA SALE, J.S., 1456, 106). ...il a esté et est repputé homme de bonne vie, preudome, courtoys et paisible personne, et (...) a ceste cause a esté et est en l'amour et dilection de tous ceulx qui de lui et son courtoys gouvernement ont cognoissance (Trés. Reth. L., t.4, 1451, 203).

 

2.

"Discret, réservé" : Elle, com vaillant et courtoise, Bonne et sage, sans faire noise, Me respondi... (MACH., R. Fort., c.1341, 148). Attrempe toy, quant tu seras a table, Ne parle trop ne de vray ne de fable, Car pour jangleux seroies renommez, Se pour courtois tu veulx estre nommez. (LE FÈVRE, Caton U., a.1376, 94). ...et ne voisent la teste levee comme cers ramages, - lesquelles contenances et maintiens seroient trop mal seans et grant moquerie a femmes de court, ou plus doit avoir honnesteté, bonnes meurs, et courtois maintiens qu'en nulles aultres : car la ou est le plus d'onneur, doivent estre les plus perfaictes meurs et maintiens. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 73). Et, se je le loue devant lui, je croy qu'il ne s'en eslevera point en orgueil et presumption ; mais en sera plus humble et courtois. Car il puet bien et doit congnoistre que tous les biens et vertus, qui en lui sont, viennent de Dieu et non d'autre (BUEIL, I, 1461-1466, 97). Et, ce il est a ce enclin, il ne recepvera en son conseil si non gens telz qui soient de bonnes meurs, de conversation grave et meure, courtois, humbles et non enflez d'orgeul (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 157). DOYEN. Il est, tant en dit comme en fait, Doulx, courtois, plain d'umilité (LA VIGNE, S.M., 1496, 553).

 

3.

[Souvent en cooccurrence avec un terme qualifiant l'éducation] : Sire, il est bien verité que Hervy de Leon fu ysneaulx chevaliers, courtois et saiges, bien moriginez, et l'ama moult le roy et son nepveu, et usoit le roy moult par son conseil, et estoit Hervy cellui en qui il se fioit le plus. (ARRAS, c.1392-1393, 57). Et la damoiselle, qui estoit courtoise et bien aprise, dist : "Sire, or vous seez avant la ou il vous plaira et je m'asserray decoste vous". (Bérinus, I, c.1350-1370, 164). Et quant Aigres entendy le mandement du roy, si vint a lui sanz contredit, moult honnorablement, comme cil qui estoit courtoiz et bien aprins. (Bérinus, I, c.1350-1370, 294). Une femme ot en mariage Qui fu tres bele, bonne et sage, Douce, courtoise et bien aprise Et duite en la loy de Moyse. (MACH., C. ami, 1357, 4). Nature l'ot toute si faite Qu'en tout honneur estoit aduite, Courtoise et sage et tres bien duite. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 55). N' avoit dame en trestout le monde, Plus plaisant, ne plus d'orgueil monde ; Courtoise yert et bien doctrinee. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 64).

 

-

Mal courtois. "Impoli" : ...vous devez savoir, di je, que plusieurs sont tant rudes et mal courtois comme s'ilz se moucquassent du benoit Saint Esperit (GERS., Pent., p.1389, 76). Lors dist le roy au grant prieur de Rodes : Maistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre terre, se nous ne lui faisions recongnoissance si honnourable comme il lui appertient. (ARRAS, c.1392-1393, 125). Sire chevalier, vous estes mal courtois quant ne faittes nulle reverence a la royne que vous veez devant vous. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 32).

 

4.

[Souvent en cooccurrence avec large "généreux"] : Et nous veon que des hommes les uns sont larges et courtois plus que nulle autre beste, les autres avers et glouz come chiens (ORESME, E.A.C., c.1370, 513). Li bons rois que je nomme chi, C'est chils qui remest a Crechi, Qui tant fu larges et courtois Que, de Prusse jusqu'en Artois, Non, jusques en Constantinnoble, N'i eut plus large ne plus noble. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 39). Soit larges, humbles et courtois, Bien acesmez, gens et adrois, Po parlans et bien servissables, En ses fais et parole estables, (DESCH., M.M., c.1385-1403, 76). ...car li rois Eouwars d'Engleterre et la roine Phelippe sa fenme, en lors temps furent moult large en dons et courtois et plentiveus dou lour, et sceurent moult bien acquerir l'amour et la grace de toutes gens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 598). ...et en recrurent courtoisement les auquns sus lors fois, qui depuis paiierent a lor aise, car en tels coses Englois et Gascons ont esté moult courtois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 768).

 

-

P. iron. [De la dame] "Généreuse de ses faveurs" : ...de deux compaignons qui cuidoient trouver leurs dames plus courtoises vers eulx ; et jouerent tant du bas mestier que plus ne povoient ; et puis dirent, pource qu'elles ne tenoient compte d'eulz, qu'elles avoient comme eulz joué du cymier (C.N.N., c.1456-1467, 13). ... [une femme mariée] fut requise d'un tresgentil compaignon de faire la chose que savez. Et elle, comme courtoise et telle qu'elle estoit, ne refusa pas le service qu'on luy presentoit (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

-

Empl. subst. fém. en appos. : Si bien je l'ay adés servy Et ce que j'ay ja deservy, Il me rend a prime ou complie, C'est loyaulté bien acomplie, Nompas largesse la courtoise, Dont vient, procede et acourt aise A cil qui a donner s'avance Et au prenant s'il a savance. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 45).

 

-

[De Dieu ou d'une divinité] "Bienveillant" : Tant est humain, courtois et sage (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 249). Prioit là moult devotement, à tous dieus, à toutes deesses, Que, de leurs courtoises largesses, à ceste creature née Donnassent bonne destinée. (MACH., P. Alex., p.1369, 4). Courtois li soit Jhesus A l'ame et doulx ! (Mir. femme, 1368, 197). Piteux vous soit, courtois et doulx, Dame, li roys de paradis, Qui voz meffaiz et voz mesdiz Vous vueille au jour d'uy pardonner (Mir. emper. Romme, 1369, 280). Jupiter li succede [à Saturne], qui tout au contraire est bon, proffitable et courtois et de si tresgrant benignité en touz que ne de la malice de son pere ne de la cruauté de Mars, qui est soubz luy, il weille grever quelconques (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 163). Seigneurs, je ne vueil point c'on face De ma venue grant monneste, Ne je n'en quier ja faire feste, Car le cuer point ne m'y encline, Puis que j'ay perdu la royne, A qui Dieux vueille courtois estre. (Mir. fille roy, c.1379, 36). Dagoubert a qui Dieu fu courtois. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 163). Ne vous travailhés plus ; Trop estes courtois et benigne, Car, raby, je ne suis pas digne Qu'ad ma maison, sire, veignés. [Réf. à Luc 7, 6] (Pass. Auv., 1477, 128).

 

-

Estre courtois à / envers / vers qqn. "Être bienveillant envers qqn" : Et li bons rois, Qui moult estoit sages en tous endrois, Loiaus, vaillans, liberaus et adrois, Et envers tous dous, humbles et courtois, En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie, Et ot un clerc que nommer ne saroie Qui li lisoit la bataille de Troie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). Car se tu fusses bien apris, En ton cuer eüsses compris Qu'a l'issir dou ventre ta mere Elle ne te fu pas amere, Einsois te fu moult amiable, Douce, courtoise et charitable ; Si n'ies pas au blasmer tenus. (MACH., R. Fort., c.1341, 96). Quant uns amans ces poins regarde, Il s'avise et se donne en garde Et pense, prise, note et poise, Comment sa dame est trés courtoise Vers lui, et pleinne d'onnesté (MACH., D. Aler., a.1349, 328). Et si nous faites villonnie ! N'est pas chose qui se puist joindre, Quant vous nous volez poindre et oindre. Nous ferons ce que vous ferez, N'autre chose n'em porterez ; Et se vous nous estes courtois, Nous serons de la gent d'Artois. (MACH., P. Alex., p.1369, 117). Vive tels roys et ja ne muire ! Qui ne vuet, ne quiert, ne pourchasse Autre deduit ne autre chasse Fors damagier ses annemis, Et s'est courtois à ses amis. (MACH., P. Alex., p.1369, 217).

 

5.

P. ext. [D'un animal] "Apprivoisé, familier"

 

-

Espervier courtois : ...un trés joly Esprevier courtois et poly, De plumage et de corps haitiez... (MACH., D. Aler., a.1349, 249).

 

.

Estre courtois à qqc. : Et qu'il vueille souvent voler Et soit courtoiz a descharner Et de beau batre soit manier, Maiz qu'il ne soit mie ratier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 451).

 

-

[Des oiseaux en général] : Quant a parler selon raison, Nul ne pourroit comparaison Metrë entre chiens et oisiaux, Que naturë a fet si biaus, Si joins, si courtois, si jolis, [...] Et si les puet l'en bien porter En chambres de rois et de conte. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 239). Si metés en vostre tretié, Ainsi comme j'é respitié, Que l'en puet en chambres des rois Porter oisiaus, tant sont courtois (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 247).

 

-

[Du chien] : Et doit [le lévrier] estre courtois et non pas fel, bien suyvant son maistre et faisant ce qu'il li commandera (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 129).

 

-

[Dans un contexte de fable] (Anton. de vilain) : ...la souris lourde, rude et villaine prist la courtoise souris souz un povre toit de maison (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 96).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Qui est conforme à l'idéal de courtoisie"

 

-

[De la façon de s'exprimer] : N'il n'avoient la instrument, Ne menestrels, fors chansonnettes Deduisans, courtoises et nettes. Quant je les vi, moult m'esjoy, Et plus, quant je les entroï. (MACH., R. Fort., c.1341, 124). Or li porra faire requestes Belles, courtoises et honnestes, Afin que merci ottroiie Li soit de li par courtoisie. (MACH., D. Aler., a.1349, 304). Je fais le sens d'Avis congnoistre, Et il fait Congnoissance croistre Par le courtois avis qu'il donne De son droit a mainte personne. (MACH., J. R. Nav., 1349, 257). Et pour ce, il ne differe pas petit quant a honesté, dire ou oïr volentiers en telz giex laides paroles ou courtoises. (ORESME, E.A., c.1370, 271). Jusqu'a tant que de vostre bouche (...) Aucun courtois parler saudront (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 206). ...les deffiances qui vinrent du duc de Guerles (...) furent felles et mal courtoises et hors du rieulle des aultres deffiances (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 1). Le roy de Castille sus les parolles courtoises et amiables des deux chevaliers dessus nommez se reconfortoit grandement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92). Accordé fu que il yroit Et a Ethioclés diroit, Par parolle courtoise et sage, Qu'il lui delaisse l'eritage. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 302). Et puis n'y treuve je riens fors Courtois parler et beau semblant. (CHART., D. Rev., a.1424, 314). Vilain cuer et bouche courtoise Ne sont mie bien d'une sorte, Mais Faintise tost les accoyse, Qui par malice les assorte. (CHART., B. Dame, 1424, 344). ...le courroux qu'en son cueur avoit conceu (...), fut tout a coup en courtois parler converty. (C.N.N., c.1456-1467, 29).

 

.

Par voie courtoise. "Courtoisement" : ...Et la se deduit et esbat Amiablement et envoise, Dont elle est par voie courtoise Volentiers veüe et oye Et en tous ses fais conjoye... (MACH., D. Aler., a.1349, 280).

 

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Nom courtois : Des ycelle heure, damoiselle, oÿ je premier nommer vostre nom et vostre lignage, et vous ay tousjours eu depuis en m'amour, et avray tant com je vivray pour la grant beauté qui est en vous et pour vostre courtoys nom. [= "Belle sans Villenie"] (Chev. papegau H., c.1400-1500, 13).

 

-

En partic. "Conforme à l'esprit de la chevalerie, à l'idéologie courtoise" : Il s'estoient entrepromis, Il comme ses loiaus amis, Et elle comme vraie amie : A tousjours mais, toute leur vie, Maintenroient en verité Les courtois poins de loiauté. (MACH., J. R. Nav., 1349, 214).

 

-

Prison courtoise. "Manière respectueuse de traiter un prisonnier" : ...il envoya querre (...) son cousin le duc de Lucembourch et de Braibant ens ou chastel et ville de Nideque, où il avoit tenu prison courtoise. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168). Ensi demora li jones contes de Saint Pol en prison courtoise devers le roy d'Engleterre, recreus sus sa foy d'aler et de venir par mi le chastiel de Windesore et non issir de le porte sans le congiet de ses gardes (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 189). Et furent mis en prison courtoise mesires Jehans de Viane et tout li chevalier de France, et toutes aultres gens, honmes, fenmes, enfans mis hors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 851).

 

-

[Dans les joutes de paix] "Qui ne blesse pas, inoffensif" (en ce sens, s'oppose à armigère)

 

.

Armes courtoises. "Lances garnies au bout d'un rochet" : De Paris s'en parti a moult noble conrois, O lui .LX. mille de gens d'armes courtois, En chevaulz et en armes pour commenchier tournois. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 163). Car onques dame d'onneur ne peust amer homme envieux, se ne fust sur les bonnes vertus : pour en estre le meilleur, comme a l'eglise le plus devot (...) en armes armigeres et es armes courtoises le plus vaillant (LA SALE, J.S., 1456, 20). Oncques dame d'honneur ne put aimer homme envieux, si ce n'est en exerçant bonnes vertus (...) et en armes armigères et en armes courtoises le plus vaillant (Faits Lalaing K., c.1470, 17-18).

 

.

Courtois rochet : [Le chevalier au cygne] faisoit assavoir [...] que [...] l'on le trouveroit en ladicte ville armé de armes de joustes, en selle de guerre, pour jouster à la toille, de lances de mesure et de courtois rochetz à l'encontre de tous ceulx qui venir y vouldroient (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 342).

 

2.

"Qui est généreux"

 

-

[D'un état financier, d'une somme à payer] "Qui dénote la générosité du donateur ou la modération de l'exigeant" : Si vous venez pour l'amender, Nous ne volons plus demander ; Et se vos roys le nous amende, Nou seron courtois de l'amende. (MACH., P. Alex., p.1369, 118). ...vous, vous seriés mis a courtoise finance, vous n'averiés nul mal de vostre corps. (FROISS., Chron. D., p.1400, 371). ...je (...) vous laisserai passer parmi courtoise raençon et legiere (FROISS., Chron. D., p.1400, 599). ...pour aucune courtoise somme que lesdiz gens de Parlement (...) feroient, donroient et paieroient à ladicte ville. (BAYE, II, 1411-1417, 33). ...non obstant il en y eult de prins .V. ou .VI. dez plus parans et richez de la ville de Barselonne, lesquelz furent pris par le conte d'Artois qui lez sauva de mort et en donna lez trois au conte d'Urgel et lez aultrez luy donnerent courtoise finanche pour raenchon (Comte Artois S., c.1453-1467, 45). LUCIFER. Comment te va, Sathan ? SATHAN. Je cloche, Maistre, je ne puis hay avant. Je ne seray plus poursuivant : Les gaiges sont trop mal courtois. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 142). Et d'aultre part en y ot assez qui mirent leurs prisonniers à courtoise rançon, et les recevoient sur leurs foy, et donnoient, à ce jour, ce qui valloit x nobles, pour quattre, et ne leur challoit mais qu'ilz eussent du pain pour mengier (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 262). Pluseurs aultres eussent esté mis aux trenchans des espees, mais ceulx de la garde les sauverent sy les prindrent à courtoise ranchon. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 233).

 

3.

P. ext. "Agréable, favorable"

 

-

[D'une situation, d'un état] "Agréable, favorable" : S'en entray en une pensee, Sus le tans passé apensee, Ou je pris un courtois deport, Li quels me mena au droit port Pour passer de doleur en joie, Si comme autre fois fait avoie. (MACH., D. Aler., a.1349, 384). Si estoient bien dix mil chevaus, et eurent un peu plus courtois passage ce merkedi que n'euissent cil qui passèrent le mardi. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 9). Si se accorda a ce et prist son estat au plus courtois que elle pot (FROISS., Chron. D., p.1400, 561). Prince [Jésus], puis que vostre domaine Et vostre siege est en croix, Le merite de vostre paine A tous sera doulx et cortoix. (Pass. Auv., 1477, 217).

 

-

[De l'apparence physique] "Gracieux" : E ! gent corps courtois Pour cuer d'ami faire esjoir, Vueillez vostre amant vray oir Qui se complaint. (Mir. nonne, 1345, 320). De maintieng courtois et honneste (MACH., D. Aler., a.1349, 351).

 

-

[D'une chose concrète] "Qui se présente sous une apparence favorable ou agréable" : ...li vens fu (...) bons et (...) courtois sus mer et (...) propisces pour faire un tel voiage (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 96). ...et la bonne Phelippe de Hainnau, la roine d'Engleterre (..) [est] de si bon pais, si douls, si courtois, et si amiable et raempli de bonnes gens (FROISS., Chron. D., p.1400, 788).

 

-

Vin courtois : ...le royaulme de France (...) est raempli de gros villaiges, de biaux pays (...) de bonnes prayeries, de courtois vins substancieux pour gens d'armes eux nourrir et raffresquir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 86).

 

.

Présent fait pour rendre qqn favorable à une cause ; pot-de-vin (synon. vingracieux) : Prenez de nous ung courtois vin Pour nourrir amour et concorde, Et vous tenez en nostre corde Secrettement avecques nous, Et nous serons tousjours pour vous A passer tous par vostre esgard Ou cas que vous aurés regard A garder l'honneur qu'on vous pose. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 895).

II. -

Empl. subst.

A. -

Empl. subst. masc. "Celui qui possède les qualités correspondant à l'idéal de la cour" : Les courtois font approuver Leur bien par mainte et par maint ; Et en eulx ne peut couver Mauvaistié qui n'y remaint. (CHART., B. Nobles, c.1424, 403). Laissez aigreur et faiz contencïeux, Orgueil, fierté, vouloir ambicïeux, Affettïons, appetit vicïeux, Pensez que tout n'est que une vanité, Et que les durs et les presumpcïeux Vivent dolens et melencolïeux ; Mais les benings, courtois et gracïeux Se gouvernent selon humanité. (CHART., L. Paix, a.1426, 420).

 

-

"Celui qui est poli et aimable" : ...son hostesse luy vint au devant, et tresgracieusement, comme elle estoit coustumiere de ce faire, le receut et bienviengna ; et luy, des courtois le plus honorable, la baisa doulcement (C.N.N., c.1456-1467, 431).

B. -

"Intérêts (?)" : C'est li comptes que Jehans Boudars fait as eskevins dou monsigneur de Haynnau depuis l'endemain dou jour Saint Martin en yvier en l'an mil IIIcXLIII jusques au jour des octaves de le Candeler suiwant apriés, courtois pour 2 s. (Comptes Mons P., t.1, 1344, 776). Item, pour le congiet de ravoir le cant, 1 an 17 s. 6 d., courtois pour 8 d. (Comptes Mons P., t.1, 1344-1345, 698).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

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