C.N.R.S.
 
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     COURONNE     
FEW II-2 corona
COURONNE, subst. fém.
[T-L : corone ; GD : corone ; GDC : couronne ; AND : corone1 ; DÉCT : corone ; FEW II-2, 1208b-1210a : corona ; TLF : VI, 348a : couronne]

A. -

Au propre. "Objet matériel de forme circulaire"

 

1.

"Insigne de la puissance royale ou impériale" : Et bien croy qu'elle fu royne, Car une couronne d'or fine De la plus riche perrerie Que veïsse onques en ma vie Avoit assis dessus son chief... (MACH., D. Lyon, 1342, 176). Et ne vous desencusez mie que je ne soie assez gentils hom pour vous combatre, car je me tien aussi gentis hom de pere et de mere comme vous estes ; et en vous n'a de noblesse plus qu'en moy, fors que vous avez une couronne de roy, laquelle j'ay oy dire à mains preus hommes que nuls homs n'est dignes de la porter qui soit faus et mauvais et mensongier, si comme vous estes. (MACH., P. Alex., p.1369, 231). Bele niéce, par amour fine Vous doing ceste couronne, en signe Que dame d'Espaigne serez Et com royne la tenrez (Mir. Oton, c.1370, 337). Par l'ame mon pére et j'ottroy Perdre d'Espaigne la couronne, Biau sire, s'elle s'abandonne Qu'avec li gisez charnelment (Mir. Oton, c.1370, 342). Et lors vint Uriiens devant le roy et se agenoilla devant le lit, et le roy prist la couronne et lui assist sur la teste et Uriiens l'en mercie. (ARRAS, c.1392-1393, 122). Tenés, veés cy la couronne et le ceptre de majesté : preignez lez, car je m'en depouse de cy en advant. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 136). ...disant qu'il le sçavoit [Alexandre] estre né en telle constellacion qu'il seigneurisoit toute la terre, pourquoy le roy lui envoya sa courone dès ce qu'il fut entré en son païs et lui fist presenter cent mille livres d'argent pesant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°).

 

-

Triple couronne imperiale. [En argent (Allemagne), en fer (Lombardie) et en or (empire romain)] : Est il diademme royal plus digne que la triple coronne imperiale, beneye et sacrée de nostre saint père le pape, qui le pose et assiet sur son chief comme le menistre de Dieu, le champion de la foy et le denomme seul souverain recteur de la monarchie du monde ? (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 229).

 

2.

[Distinction honorifique ou récompense]

 

-

[Ornement de la tête des dieux] : Quant Phebus oÿ la nouvelle Du corbel qui dist que la belle Qu'il aime de fin cuer entier Le laist pour un autre accointier, De son chief cheÿ sa couronne, Et sa harpe qui souef sonne De ses mains cheï a ses piés. (MACH., Voir, 1364, 700).

 

-

[Ornement d'une épouse, d'une veuve, ...] : ...et semblablement coronnoient ilz [les Romains] tres solempnelment les femmes vesves qui pour l'amour et honneur de leurs premiers maris ne se vouloient plus marier, et vouloient ainsi honnestement garder leurs chastetez, de la coronne de chasteté emprinse (LA SALE, J.S., 1456, 4). Ilz sont trois aornemens de l'espeuse : l'anel au doigt, la monile et affiquet au pics, la couronne au chief. (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

-

[Distinction ou récompense pour un acte de bravoure, une victoire ou une compétition] : Et comment que chascuns li donne Le pris d'onneur et la coronne, Estre cuide, tant a d'onnour, Entre les autres la menour. (MACH., R. Fort., c.1341, 10). De vaillance porteras la couronne, Et tes renons n'ara terme ne bonne. (MACH., L. dames, 1377, 214). Et est une telle chose comme ce qui advient a ceulz qui se combatent tous nuz en certains esbatementz et excercitacions, comme seroient par aventure tornoiemenz, car la fin pour quoy en esperance il seuffrent tel labeur, elle leur est delectable, si comme est avoir une coronne ou aucuns honneurs (ORESME, E.A., c.1370, 217). Et lors vint Mercure en l'espece d'un thoreau qui fut plus fort que le dit thoreau, et pour tant Paaris lui donna la couronne en signe de victoire (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 199). Tu m'as assiz en excelse cler throne, Tout circuï de gloire et de loenge, Et proclamé devoir porter couronne Des poetes que de vert on couronne, Qui bon Dieu los ne suis de servir lenge (CHASTELL., ROBERTET, MONTFERRANT, Douze dames rhétor. C., 1462-1463, 163).

 

.

[Dans une compétition littéraire] (Donner) couronne et chapeau : ...lesquelles dames [de la Cour d'Amour] (...) donront deux vergettes d'or, pour couronne et chapel, aux mieux faisans de ce jour (La Charte de la Cour d'Amour, éd. Ch. Potvin, 1401. In : B. de l'Ac. royale des sc., des lettres et des beaux-arts de Belgique 3e série 12, 1886, 210). Chant royal se recorde es puis ou se donnent couronnes et chapeaux a ceulx qui mieulx le scevent faire. (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 242).

 

.

Emporter la couronne./Rapporter la couronne. "Remporter la victoire" : ...Et ramentoit [la Renommée] l'onneur et la victoire Qu'il a conquis [l'homme de haute lignée], et le loe et le prise Pour mainte noble et hardie entreprise De quoy il a emporté la couronne. (TAILLEV., Psaut. vil. D., a.1440, 128). Cestui fut, pour son temps, qui raporta la couronne et l'honneur de la feste du mont Olympus, tant par bonne ellection, par lui prinse selon le cours des estoilles, que aussi par sa propre vertu et force (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°).

 

-

En partic. Couronne de laurier : Infinis exemples pourroie Dire au propos, mais j'anuieroie, Des meurs que les nobles avoir Doivent s'ilz veulent recevoir De lorier couronne d'onneur, Ou soit prince ou autre meneur Qui desire los de noblece. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 256). Male honte ait le chevalier qui se depart de la bataille ains la fin de victoire, car a ceulz apertient la couronne de laurier qui perserverent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 8). ...que les faultes qui y sont par ignorance tu benignement soupploieras et vertiras en bien en tel maniere que la couronne de laurier comme en fin par victoire appartient et est donc deue au vainquant par travail honnorable ne sera pour tant tollue au labour de ceste dicte euvre, laquelle ta digne haultesce ait agreable et tiengne à memoire, moiennant Dieu, qui en tout grace te parface. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 181).

 

-

En partic. HIST. ROMAINE

 

.

Couronne vallaire. "Couronne décernée à celui qui entre le premier dans les retranchements ennemis" : Les Romains, ainsin qu'ilz honoroient de corones ceulz qui faisoient les grans vaillances d'armes, si comme cellui qui passoit premiers le fossé ou le palis de l'ost aux ennemis estoit coronné de la coronne valere (LA SALE, J.S., 1456, 4).

 

.

Couronne murale. "Couronne décernée à celui qui monte le premier sur l'échelle et passe le mur d'une place fortifiée" : ...et cellui qui premiers montoit sur l'eschielle et sur les murs a l'assault d'une cité ou chastel ou ville estoit coronné de la coronne muralle (LA SALE, J.S., 1456, 4).

 

3.

[P. dérision]

 

-

Couronne de parchemin. "Morceau de parchemin façonné en forme de couronne" : Si fu condempné (...) à courre la ville de Paris par les rues et quarrefours sus I tumerel, liez en sa teste une coronne de parchemin où la cause de sa condempnation estoit escripte de grosses lettres roiges (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1344, 156). Couronne avoit de parchemin Painte, et tele que par chemin N'est nul homme, s'il la trouvast, Tant fust povres, qui la levast ; Et aussi le sestre et la pomme Estoient aussi povre comme La couronne et de tel peinture. (MACH., P. Alex., p.1369, 271).

 

-

Couronne de feurre. "Couronne de paille" : Et oudit champ, nommé les pleines Saint-Albons, fut tué ledit duc de York ; et, après qu'il ot esté tué, lui copperent la teste, laquelle ilz mirent au bout d'une lance ; et autour d'icelle teste lui mirent une couronne de feurre en figure de couronne royale, en desrision de ce qu'il se vouloit faire roy dudit royaume. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 14).

 

4.

RELIG. CHRÉT. [Au propre ou au fig.]

 

a)

"Couronne d'épines, placée sur la tête du Christ par dérision, parce qu'il se proclamait roi des Juifs" : Ce fu de la sainte columpne, Où Jhesu Cris, o sa couronne, Fu batus, ferus et lyez, Einsois qu'il fust crucefiez (MACH., P. Alex., p.1369, 174). Il convient qu'il soit couronné, Et par ce on lui monstrera Le royaulme qu'il dist qu'il a, Mais la couronne pas d'argent Ne sera, ne d'or vraiement, Elle sera de jons marins Qui valent pis que romarins, Des plus agus convenra prendre Et des plus picquans pour entendre. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 167).

 

-

Couronne d'espines : L'une partie de la couronne d'espines de quoy il fut couronné en la croiz, et vn des clous, et le fer de la lance, et pluseurs autres reliques sont en France en la chapelle du Roy. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 234). ...l'on ly coronna le chiefz D'une grant coronne d'espines (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 64).

 

-

Sainte couronne : Ce jour, vindrent les duc et duchesse de Bedford à la messe et à la solempnité de la suscepcion de la sainte couronne en la chappelle de ceans, et alerent en procession avec le college de ladicte Sainte-Chappelle. (FAUQ., II, 1421-1430, 106).

 

b)

[Ornement ceignant la tête de la Vierge] Couronne de douze estoiles : ...une femme (...) et avoit la lune soubz ses piez et une coronne de douze estoilles en son chief. (Mir. femme, 1368, 181). ...par la couronne de douze estoilles j'entens douze previléges qui par excellence et singularité lui furent octroiez et donnez, des quieulx pour cause de brieté je me passe. (Mir. femme, 1368, 181). Et en signe de ce dit saint Jehan en l'Apocalipse qu'il vit une dame affublée du soleil, qui avoit une couronne de douze estoilles en son chief et la lune soubz ses piez. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 93). Mais de la tierce partie du douaire de nostre mere [et] advocate, c'est la couronne de gloire a .xij. estoilles reluisans dont elle est couronnee a la dextre de Dieu, que dirons nous ? (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 192).

 

c)

[Récompense céleste]

 

-

Couronne de grace : De ces deux parle le PSALME : "Dieu te corone", c'est a dire advironne en coronant, "de la corone de grace et de misericorde" quant au premier, et "en miserations" quant au second. (Somme abr., c.1477-1481, 179).

 

-

Couronne de rose./Couronne de lys : Après tu aras pour ta pacience couronne de roses, pour ta continence couronne de lis. (Mir. st Val., c.1367, 123).

 

-

[Récompense céleste du saint, du martyr] : Soies perseverans en foy Et si grant merite acquerras Qu'en gloire couronne en aras De vray martir. (Mir. st Panth., 1364, 360). Conme bon, loyal chevalier, Par la mort que tu souffreras Couronne de vie acquerras Sanz finement. (Mir. st Val., c.1367, 165). Et adonc Charles congneut bien la voulenté de Dieu estre telle que ceulx a quy il avoit donné le signe de la croix qu'ilz estoient assignés celluy jour en son paradis a recevoir gloyre et couronne des martirs et qu'il n'appertenoit point a Charles de prolonguer leur salut. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 193). URIEL, angel. (...) Vous qui cy attendés la mort (...) Jhesus par moy vous fait savoir Que, se vous faictes vo debvoir, Ainsi comme avez commencier, Coronnez vous serez ou ciel De la coronne de martirs (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 154). GABRIEL. Saincte ame, precieuse et digne, Vien t'en en pardurable gloire, Ou tu auras de ta victoire La couronne des vrays martirs (Myst. st Laur. S.W., 1499, 250).

 

.

Couronne de gloire : Pour ce don que m'avez donné Vous doint de tout pechié victoire Et es cieulx couronne de gloire En la parfin. (Mir. st Alexis, 1382, 330). Au derrien, le corps et la pel O l'ame des juges mauvais Seront dampnez a tousjours mais, Et les justes par leur victoire Aront la couronne de gloire. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 161). Pourquoy ? Quer elle [l'âme qui s'ouvre aux vices] est excommeniee comme faussaire ou usuriere ou sourciere, comme bouteresse de feu es moustiers, comme sacrilege de l'onneur et de la couronne de ce seigneur, c'est de sa gloire. (GERS., Annonc., a.1400, 234).

 

5.

ICONOGR. "Représentation d'une couronne"

 

a)

[Représentation de la couronne royale sur une monnaie d'or] : ...ceste vente faicte pour le pris et somme de deux mille livres tournois, à compter et mettre l'escu d'or à la couronne, du coing du Roy nostre sire, pour vingt deux solz six deniers tournois la piece, frans et quittes à la dicte dame (Canarien,, Pièces justificatives C., 1395, 385). ...ces presens bail, transport et prise fais moyennant et parmi le pris et somme de soixante six escus a la couronne de dix huit solz par. piece (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1403, 789). ...la somme de vint neuf escuz d'or à la couronne de France, du pris de quarante deux gros monnoye de Flandres l'escu (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 336). ...ceste vente faicte moyennant la somme de N escuz d'or a la couronne que ledit seigneur N. nous a pour ce paiee (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 430). Je ne vous payeray point en solz, mais en bel or a la couronne. (Path. D., c.1456-1469, 148). ...et que on feroit des autres escuz d'or qui auroient ung croissant ou lieu de la couronne (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 1).

 

Rem. Voir aussi ci-dessous : B. 6. MONN.

 

b)

HÉRALD. : Et par dessus le dict escusson estoyt la couronne du tierre imperial magnifiquement fait. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 324).

 

c)

P. méton. [Enseigne d'auberge] : Or se trairent Geronnet et les siens à la Couronne, et establerent leurs chevaulx et prindrent une belle chambre pour eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207).

 

d)

[Motif décoratif] Clou à la couronne : Item pour le portal desus l'ys de [la] salle. - A Guillaume Le Chevalier, carpentier, pour bois et carpenterie, rendu à l'ostel tout levé...xl s. Item pour iiijc de clou a late et a courone ...iij s. (DU MAREST, Comptes L., 1433, 161).

B. -

P. méton.

 

1.

"Dignité royale" : ...par solemnel ordre se doit tenir et mener le tres digne degré de la haulte couronne de France, à laquelle toute magnificence souveraine est deue, pertinent et redevable. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 51). Je repute ung roy sans foy ung roy sans couronne. (BUEIL, II, 1461-1466, 182). ... le roy jura sa couronne que, s'il y avoit personne qui commençast bataille qu'il le feroit pendre comme larron prouvé de quelque estat et condicion qu'il fust. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 138). ...et tant fist qu'il fist trahyr et prandre prisonnier le bon roy Richard et le degrada de sa couronne et se fist roy d'Angleterre par force (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 v°).

 

2.

"Roi ou pouvoir royal" : Et ossi il convenoit que la contesse de Montfort fust aidie et confortee dou roi et des Englois puisque on avoit la ducee de Bretagne relevé de li, et que on le tenoit et voloit tenir en foi et en honmage de la couronne d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 508). Et pape Jehan XXIIe en fist une constitucion par laquelle tous ceulx qui faisoient conjuracions, colligacions, conspiracions contre la couronne, se dedans VIII jours ilz ne s'en departoient, il les excommunioit et mettoit leur terre en interdit et dampnoit leur generacion jusques a la tierce, et absouloit leurs vassaulx et subgets du serement qu'ilz avoient a eulx (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 266). Je suis nommé Guy de Bourgoigne, subget a la couronne de France et cusin germain a Roland le valleureux, qui est homme qu'on doit bien doubter. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 110). À ce point leur respondit le duc Philippes que messire Olivier de la Marche estoit né de la conté de Bourgongne, et son maistre d'hostel, et en riens subgect à la couronne (COMM., I, 1489-1491, 5). Car mon dit sieur le marquis luy vivant Guerres et armes voluntiers frequentoit, Et (...) Seur et certain a la couronne estoit. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 179).

 

-

P. personnif. [de la charge, de la fonction] : Après, tourna ses paroles à la couronne de France, et dist : "O coronne ! Quan tu es precieuse, et precieusement tres vile ! Precieuse, consideré le mistere de justice, lequel en toy tu contiens et portes vigoreusement, mais vile, et plus vile de toutes choses, consideré le fais, labour, angoisses, tourmens et peines de cuer, de corps, de conscience, et perilz d'ame, que tu donnes à ceulz, qui te portent sur leur espaules..." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 187).

 

.

[du roi et du royaume] Honneur de la couronne : ...pour l'onneur de la couronne et le bien des subgiez (BAYE, II, 1411-1417, 46). L'onneur des fleurs de lis et de la couronne de France s'extent non pas seulement au roy, a la royne et a leurs enfans, mais a tous ceulx de la royale maison de France presens et a venir (...) et plus generalment a tous les trois estaz du royaume de France selon divers degrez et obligations. (Doc. 1420. In : N. Pons, Médiévales, 24, 1993, 113).

 

3.

"Lignée royale"

 

-

Loin de la couronne./Prochain de la couronne : L'an de grace mil .IIIc XXVIII. Phelippe de Valois fut couronné roy de France comme le plus prouchain de la couronne. (Honn. cour. Fr. P., 1418-1420, 62). ...car aprés vous et monsr. le daulphin vostre filz c'est le plus prouchain de la couronne. (JUV. URS., Loquar, 1440, 424). Et pour ce est apparent que la maison de Bourbon, descendue de saint Loys proprement, est plus prochaine dudit saint Loys que celle de Vallois, mais non pas de la couronne de France, car Robert, conte de Clermont, fut Ve filz et loings de la couronne. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 152).

 

-

Issu de la couronne : ... et ceulx de Valois disoient qu'il devoit porter semé seulement comme les aultres yssus de la couronne, ou rompre l'escu par tele maniere que difference fut comme entre le Roy et ses parens (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 153).

 

4.

"Domaine royal" : ...et pour aucuns grans affaires touchans le bien et l'onneur de nous et de noz couronne et seigneurie, nous leur vueillons donner tel droit que nous pourrions avoir pour cause de eschoite, confiscation ou autrement es dictes seigneuries, terres et revenues de Grainville apres le trespassement du dit Jehan de Bethencourt. (Canarien,, Pièces justificatives C., 1425, 477). ...disons et declairons que ledit Andrieu de Beaumont a commis envers nous crime de leze majesté, et que par ce il a forfait et commis corps et biens envers nous et tous ses biens meubles et immeubles estre confisquez et aquiz a nous et a nostre couronne. (Doc. 1431. In : P. Champion, Le Moy. Âge 14, 1910, 186). ...pour l'evidant bien et prouffit de nous et de nostre dicte seigneurie et couronne, et aussi pour les grans secours et aides que en povons recouvrer à noz besoings et necessitez, comme par experience le avons congneu, vueillons incorporer, retenir, maintenir et entretenir à toujours en et soubz nostre dicte main et seigneurie de nostre dicte couronne ligement et nuement (Doc. Poitou G., t.8, 1436, 103). ...ils l'ont dévesti et despouillé iniquement de ses royales prérogatives ; plusieurs fois l'ont asservi à choses impertinentes ; et non contens encore de telle humiliation, l'ont tendu et recouppé en sa seigneurie, et luy ont emporté les mètes et les extrémités de sa couronne à main efforcée (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 440). ...et aussy s'estoit faict grand [ledict conte de Warvic], car, oultre ce qu'il estoit grand seigneur de soy, il tenoit grandz seigneuries par don de roy tant de la couronne que de confiscation (COMM., I, 1489-1491, 193). Les Angloys demandèrent, comme ilz ont accoustumé, la couronne ; pour le moins, Normandie et Guyenne. (COMM., II, 1489-1491, 46). ...non obstant qu'il estoit ung bon et très hardi chevalier aux armes et de très saige conduicte et qui depuis a fait de bons et grans servicez au roy et à la couronne, comme de reduire au roy Saint-Omer et plusieurs autres places. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 364).

 

-

Joindre à la couronne : ...et par plusieurs fois, comme dessus est dit, la duchié de Guyenne a esté unye et joincte a la couronne. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 136). Et est a advertir que voz predecesseurs ont tenu et par leurs conseillers conclud qu'ilz avoyent saincte et juste querelle de recouvrer et mettre en leur main et joindre a la couronne ce qu'ilz avoyent baillé a voz ennemis, par plus forte raison vous l'avez pour recouvrer ce que mauvaisement et sans cause ilz vous ont osté (JUV. URS., T. crest., c.1446, 162). ...et entre autres choses par sondit testament nous eust delaissé ledit viconté de Chastelleraud, pour icellui estre joinct et uny à la couronne de France, sans ce que il en peust jamais estre osté ne separé (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 559). ...et par ainsi, si ce mariage se faisoit, toute Angleterre seroit en grant peril d'estre destruicte, veü tant de seigneuries joinctes à la couronne. (COMM., I, 1489-1491, 224). Plustost eussent aidé au roy pour ceste heure là, tant craignoyent que ceste maison de Bourgongne ne se joignist à la couronne de France par ce mariage. (COMM., I, 1489-1491, 225). Car par mariage et amytié povoit-il ayséement joindre à sa couronne toutes ces grandz seigneuries, ès quelles il ne povoit autrement pretendre nul droit (COMM., II, 1489-1491, 167).

 

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Desmembrer de la couronne./Oster de la couronne : ... à quoy leur fut dit et respondu par ledit conseil ainsi assemblé que le roy ne leur povoit pas bailler ne desmembrer de la couronne. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 107). Et pour ceste matiere fut envoyé maistre Jehan Carondelet, qui depuis a esté chancelier de Bourgoingne, avec charge d'aller à Paris, et de visiter les tiltres, pour sçavoir si ung Roy de France povoit donner en mariaige à sa fille lesdictes contez de Brie et de Champaigne, et les oster de la couronne. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 28).

 

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Couronne de (+ nom de lieu) "Royaume de ..." : ... Henry qui fist morir traiteusement ledit Richart et usurpa la couronne d'Angleterre a tort, et puis morut de maladie de lepre, et son filz qui de present est roy (Honn. cour. Fr. P., 1418-1420, 65). ...et après tout ce fait, doit prendre les hommaiges d'eulz et des aultres qui tiennent de la couronne de Millan (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 228).

 

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En partic. Couronne de France. "Royaume de France" : Nous, acertainez des bons et agreables services que les diz exposans nous ont faiz et à noz predecesseurs ès dictez guerres, et de la vraie amour et parfaite loyauté, que il ont eue à nous, à noz predecesseurs et à la couronne de France, aux diz exposans, leurz complices, (...) pardonnons, de nostre grace especial, auctorité royal et certaine science, le port d'armez et tous les cas dessus diz avec toute offense (Doc. Poitou G., t.3, 1367, 350). Et jura le duc de Jullers que jamais il ne s'armeroit contre la couronne de France, ce roy vivant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 178). Ce jour, ont esté leues, publiées et registrées ceans les lettres royaulz sur la reunion de la conté de Pontieu à la couronne de France. (FAUQ., II, 1421-1430, 138). ...en acquictant leur loyaulté envers nous et nostre dit seigneur et pere et la couronne de France (Doc. Poitou G., t.8, 1436, 102). ...ou prejudice et diminucion des drois, preeminences, prerogatives et noblesses de la couronne de France (FAUQ., I, 1417-1420, 64).

 

5.

"Règne, exercice du pouvoir" : Le premier an de sa coronne Il s'en ala en Ermenie. (MACH., P. Alex., p.1369, 20). Maleureuse et trop pesant est la couronne aux roys, qui pour elle s'endorment en vaine gloire et s'enyvrent d'oultrecuidance, quant, en descongnoissant leur humanité, usurpent l'onneur divin, et pour la cremeur qu'ilz tiennent par force sur leurs subgietz, oblient la crainte qu'ilz doivent a Dieu par rayson. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 41). O Dieu de paradis, comme suis je determiné se je m'en retourne sans vengier mes barons ! Je demourray moult pouvrement et desoulé, car ilz soustenoyent la couronne imperiale et mon voulloir. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 137). ... et mirent la couronne hors de la lignée de Lenclastre ; et firent Roy en la maison de la lignée d'Yorc (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 210). Semblablement, avons veü depuis muer la couronne d'Espaigne, après le trespas du roy domp Henry dernier mort, lequel avoit pour femme la seur du roy de Portugal dernier trespassé, de laquelle saillit une belle fille. (COMM., II, 1489-1491, 235).

 

-

Avenement à la couronne./Nouvel à la couronne : Savoir faisons a tous presens et a venir que, comme a nostre premier joyeux advenement a la couronne es villes, citez et autres lieux de nostre royaume nous de nostre auctorité royal puissions et ayons acoustumé delivrer et mettre hors de prisons, s'il nous plaist, tous prisonniers, clers et laiz... (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 427). Il est vray que, après que je vins à mon joyeux advenement à la couronne, je fis le premier president en ma court de Parlement messire Helye de Thoretes, qui tantost après ala de vie à trespas. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 139). ...dist l'infortune et miserable adventure qui advint à ung encien baron Anglois, nommé Thomas Blont et à plusieurs autres, lequel en la fureur et differend dudit roy Henry à son nouvel à la courone, par tiranie le fist pendre et non estrangler (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 r°).

 

-

Porter couronne. "Exercer le pouvoir" : Mais il dit "qu'il lui garderoit Le regne, tant qu'il aage aroit De porter couronne et regner..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231). Roy qui portes couronne et ceptre en ce monde, que as tu davantage sur ung povre bergier, ou que t'a donné nature et ton pere plus avant, fors ce que Dieu y a mis par previlege de grace ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 67).

 

.

Le portant couronne. "Le roi" : ...en Angleterre ou conspiration se machina treslongue alencontre du portant coronne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 101).

 

-

Abattre sceptre et couronne. "Faire tomber le pouvoir" : [La déesse Fortune] abat ceptre et couronne Et met tout a destruction (MACH., Voir, 1364, 716).

 

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Conquerir sceptre et couronne. "Conquérir le pouvoir" : Je le feray presentement Et luy prometeray vrayement Qu'il sera empereur de Romme, Et que le cestre et la couronne Et le royaulme conquerra. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 178).

 

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Prendre couronne. "Être couronné solennellement" : De la yrons couronne prandre A Rains, ainsi que avez dit, Et se ad ce voulez entendre, Nous ferons a vostre appetit. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 518).

 

-

Reintegrer sa couronne. "Retrouver sa dignité et son autorité de souverain" : ...il [Charles VII] subjugua, vainquit et desconfist ses adversaires, recouvra et remist en sa main les diverses parties de sa terre et seigneurie, qui à tort lui estoient usurpéez par ses anciens ennemis, et reintegra sa couronne en si pou de temps que penser d'homme ne le pourroit croire (BUEIL, I, 1461-1466, 28).

 

-

Succeder à/de la couronne. "Obtenir par héritage le pouvoir royal" : ... mais il fut dit et declaré que femmes ne devoyent point succeder a la couronne ne ou royaulme de France (JUV. URS., T. crest., c.1446, 20). Et n'est doubte que, le royaulme vaccant, il vient au plus prochain lignagier habille a succeder de la couronne, et ainsi, en quelque maniere que le royaulme vacquast, il deust estre venu au plus prochain habille a succeder. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 156). Et la en y eust d'aucuns qui bien estoyent desplaisans que Othon deust estre roy, et disoyent que sa femme ne povoit succeder a la couronne (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 77). Celluy saint Loys se maria à Margherite, fille du conte de Prouvence, et de celle dame eut pluseurs enfans, dont l'aisné, celluy qui succeda à la couronne, fut Phelippe. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 67). ... jadis y ot ung roy de France qui mourut, et après son trespas demoura deux filz, dont l'un par ainsnéesse succeda à la couronne et à l'autre fut baillé pour son appanage la duchié de Normendie. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 147). Le roy Edouart d'Engleterre, .IIIIe. de ce nom, recommanda, avant son trespas, ses .II. filz Edoart et George à son frere Richart, duc de Clocestre, affin que Edoart, prince de Gales, son filz aisné, eagiét de .XIIII. ans, succedast à la couronne comme son vray heritier. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 430).

 

-

Tenir la couronne. "Exercer le pouvoir" : LE ROY [de Gaule]. (...) L'empereur dit que suis son homme, Mes quant a moy, je ne sçay comme Il entent, car je n'entent point Que suis subget a ceulz de Romme Ne que je tiengne la couronne Soubz eulx : il ne se fera point. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 132).

 

-

Tolir la couronne (au roi). "Destituer le roi" : Dont s'assemblerent li baron du royaume, et vouldrent a Ysopes toulir la couronne et faire roy un bastart, qui estoit filz du roy ancïen. (Bérinus, I, c.1350-1370, 150).

 

-

Venir à la couronne. "Accéder au pouvoir" : ...lequel monseigneur le daulphin par le decès de son feu pere venoit à la couronne (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 17). ...et, après icellui trespas que le roy vint à sa couronne, le bouta hors desdictes prisons et lui pardonna tout, en voulant que dudit procès ne feust jamais nouvelles. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 188). ...le Roy, depuis qu'il est venu à la couronne, a mis toute la peine qui luy a esté possible de mettre à garder et entretenir son royaume en paix (Roi René vie L., 1465, 310). Or fault-il entendre que monsr du Maine estoit avec sept ou huyct cens hommes d'armes au devant du duc de Berry et de Bretaigne, qui avoyent en leur compaignie de saiges et notables chevaliers, que le roy Loys avoit desapointéz à l'heure qu'il vint à la couronne, nonobstant qu'ilz eussent bien servy son père au recouvrement et pacification du royaulme (COMM., I, 1489-1491, 20).

 

6.

MONN. [Désignation de l'écu d'or] : ...vint escuz d'or appellez couronnes de France (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 533). ...pour le quelle sepulture je lais et donne a le fabrique d'icelle eglise pour une fois douze couronnes d'or. (Test. saint-quentinois D., 1424, 137). A ses trois damoiselles fit donner à chacune cent couronnes d'or (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 299). L'abbaye de Staulot fut butinée et les biens des moisnes mis à mercy, le signet de l'abbé pris, qui valloit .c. coronnes d'or, puis fut rendu, et monseigneur fut très dolent de ce butinage. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 329).

 

-

[Dans un contexte de prophétie, jeu de mots sur les appellations des monnaies] : ...les lions [monnaie d'or montrant le roi avec un lion à ses pieds] seront fort bas et aussy les testes rabeisseront environ le my quaresme, mais le griffon [monnaie d'origine grecque ?], les agaches et les couronnes seront aussy haultes qu'elles furent jamés (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 892).

C. -

P. anal.

 

1.

"Tonsure, signe de cléricature ne laissant autour de la tête qu'une bande de cheveux" : Icilz establi sanz douter Les queronnes aus clers porter. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 357). ...si le vesty et prinst semblance de moyne, fors tant qu'il n'avoit pas la couronne faicte. (Bérinus, I, c.1350-1370, 413). Se plus en parlés tant ne quant, Vous ne vous donrez garde quant Sur la coronne si ataindre Vous sentirez qu'en cler sanc taindre La vous feray jusques au front. (Mir. parr., 1356, 12). ...lesdiz prisonniers portoient et avoient porté faulses couronnes et abusives, et, par ce, devoient estre rez tous jus comme purs lais (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 84). ...Beaugendre ilec lui bailla plusieurs coups et colées, et entre les autres lui bailla ung coup sur la teste environ la couronne... (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 85). ...et firent moult de inhumanités ; entre les unes, coupperent les doiz sacrez à ung prebtre et lui trencherent la courone et la lui brullerent et à certain homme noble, qui trouverent armé, lui vestirent et misdrent en la teste sa sallade (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 r°).

 

-

[Signe d'appartenance au clergé] : Sur ce Aigres print un habit d'un noir moyne, qu'il avoit pourchacié, si le vesty et prinst semblance de moyne, fors tant qu'il n'avoit pas la couronne faicte. (Bérinus, I, c.1350-1370, 413). ...il disoit que ledit Raoulet de Laon et autres qui portoient tonsure n'estoient point clers, maiz avoient fait fere leurs couronnes par la maniere que dit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 68). Ou nom de Dieu, le roy des roys. A genoulx. Confirmation je vous donne Et tonsure qu'on dit couronne. Or vestez tous deux ses surplis. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 175).

 

-

Donner couronne à qqn. "Tonsurer qqn" : Jaques du Pillon, clers, liquels apourta lettres de monseigneur Foulcaut, jadis evesque de Noion, qui li avoit donné coronne le lundi jour de feste saint Matthieu, apostre, l'an M. CCC XXV (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1345, 175). ...ja soit ce que aucun sanz lettreüre ne doie mie estre ordené, toutevoies, si, de fait, il soit ordené, l'ordenance vault et tient en tant que, selon l'opynion de voz docteurs de Droit canon, se l'evesque donet couronne a un enfent presentement nez, il seroit clerc (Songe verg. S., t.2, 1378, 85). Et avons trouve en noz loix positivez que, se tous ceulx de Pariz, seculiers, princes, barons, chevaliers et bourgois, gens de mestier et laboureurs, (qui) sauront dire Dominus pars, et il[z] vouldront, nous leur donrons couronne, et apres ce chacun s'en retournera a son mestier et office. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 301). Ne scet dire ou deposer de quel aage il estoit lors, ne le lieu où l'en lui donna couronne ; maiz verité est que l'evesque de Rouen lui donna couronne à la requeste de sondit pere : devant lequel evesque il se agenoilla, et, lui estant à genouls, lui donna une buffe, fist une croix de sa main sur sa teste et le fist lyer d'un bandeau. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 49).

 

-

Porter couronne. "Être clerc" : ...s'il ne se paieent, ne doient faire tensurer ne porter couronne lez hommes qui sont de ladite condition sans mon congié et licence. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1408, 567). ...la vraye devocion (...) vous fait endosser l'abit de saint Françoys, et porter coronne semblable auz bons freres ? (C.N.N., c.1456-1467, 374).

 

-

[Traitement infamant infligé p. ex. à un messager] : Dist Helisent : "Je couperoye les chiefz des II messaigiers en son despit." respont Gaufroit : "Je n'en feray riens : plus villainement et [en] plus grant reprovier les vouray traitier." Atant les fait leurs grengnons trenchier et sus le chiefz II couronnez tailhier. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 33).

 

-

Lettre de couronne. "Document officiel d'une juridiction ecclésiastique attestant l'état de clerc d'une personne" : ...et d'ilec se parti, et s'en ala au barbier fere fere sa couronne, de laquelle couronne il ot lors lettre qui lui cousta X s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 47). En faisant apparoir au suppliant de une Lettre de couronne ou tonsure (Doc. 1400. In : DU CANGE II, 573a). Jehan de Berry dist au suppliant qu'il avoit emblé une robe de Gyen et la lettre de Couronne de son maistre. (Doc. 1474. In : DU CANGE II, 573a). Item une lettre de couronne dud. deffunt et dud. Jehan Surreau son fils. (Invent. test. Surreau Foville F., 1435, 121).

 

Rem. Cf. DU CANGE II, 573a, s.v. corona. L'éd. de L'Inventaire de Pierre Surreau précise : "les lettres de couronne ou certificat de tonsure se donnaient aux enfants, souvent dès leur passage dans l'Université ; elles leur conféraient le privilège de clergie, et leur permettaient d'acquérir, sans entrer pour cela dans les ordres, des bénéfices, indépendamment des prérogatives dont elles leur assuraient l'avantage".

 

-

Rouge couronne. [Jeu de mot sur la couronne du roi et la tonsure maculée de sang] : HAPELOPIN. En monstrant s. Denis. Et vecy le roy des ribaus A quy il fault rouge couronne. HUMEBROUET. En ly coupant le col. Tien cy Denis, je la te donne. (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 126).

 

Rem. Cf. La Curne IV, 333a : "Faire des couronnes rouges à des prêtres se disoit proverbialement pour les tuer."

 

2.

ASTR.

 

a)

"Cercle lumineux autour d'un astre, halo" : Ung aultre impression ou empressement est en l'air de dessus qui s'apelle corone et est ung cercle lequel appert aucune fois contre le soleil ou contre la lune ou contre les aultres estoilles (Somme abr. M., II, c.1477-1481, 88).

 

Rem. Il s'agit d'une 2e attest. de ce sens, la prem. est à dater de p.1270 [ms circa1369], ds MAHIEU LE VILAIN (éd. R. Edgren), p. 4 ; le FEW II-2, 1210a le note dep. Ol. de Serres.

 

b)

Couronne septentrionale. "Couronne boréale, constellation de l'hémisphère Nord" : Le second degre se lieue une estoille que bergiers appellent couronne septentrionale la quelle quant est en l'ascendant ou milieu du ciel elle donne honneur et exaltation a ceulx qui sont nes soubz sa constellacion (Comp. kal. bergiers C., 1493, f° 66 v°).

 

Rem. On trouve également en anc. fr. l'appellation corone de Adriane, cf. IntrAstrD. c.1270, XIV.10-11.

 

3.

"Cercle métallique placé dans l'oeillard de la meule du moulin et destiné prob. à protéger celui-ci et à empêcher que le grain ne s'y agglutine" (Éd.) : ...item paiiet [au forgeron] pour une couronne qui siet ens le muelle a 3 elles, 4 s. (Doc. 1481. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 589).

 

4.

[Plante] Couronne royale./Couronne du roi. "Plante à fleurs odorantes employée en pharmacologie ; couronne royale ou mélilot officinal" : Mellilot est une herbe qui est autrement appellee couronne royal, et aussi est sa semence appellee mellilot. Elle pourte fleur en semblance d'ung demy cercle, et pour ce l'appelle on couronne le roy. (Grant herb. C., c.1450, 134).

 

5.

"Partie supérieure (de qqc.)" : ...hausser tous les murs d'icelle espoisse des murs des diz carneaux, et d'abundant où les garites seront assises d'environ troiz piez au dessuz des diz murs, faire les dictes garites, repparer les couronnes des portes et des tours, eslargir les alées des diz murs... (Mand. Ch. V, D., 1374, 576). ...et portera deux paroiz postelez et le paucison et espace des parroiz assavoir sur deux seules traverses, et tout aissiet jusques a le couronne (Doc. 1417. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 590). Mais tant y va on par ces tours, ça et la, que on monte a l'autre boult du mont a la main droite et a l'apposite du rochier que l'en dit la couronne du mont, ou l'entree de la cave est, si comme cy devant est pourtrait. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 75). Les chevaulx se puent mener en main, ainssy que dit est, jusques bien près de ladicte couronne du mont (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 76). Ceste couronne de ce mont est ung rochier ainssy de lui meismes entaillié tout entour, a la haulteur le moins de III lances. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 76).

 

-

"Sommet d'une cheminée" : ...pour avoir taillié 85 piés de festissures et deux couronnes de queminee contenans 23 piés (Doc. 1457. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 590).

 

-

"Sommet circulaire ou sphérique du heaume" : Mais le bon seigneur d'Avennes (...) entre les autres rencontra le roy de Boesmes, lequel il fery tant durement sur le heaulme, qu'il luy fendy la courone en deux pars, dont le roy fu marry du horion, sy fery le chevalier de l'espee sur l'escu (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 160).

 

-

P. iron. Couronne à trois piliers. "Gibet" : ...elle expulsa par justice Bertrand de Rais, son capital ennemys, voeullant desrobber par fraude son heritaige et donnat a entendre par ses fauteurs et complices qu'il estoit l'empereur de Constantinoble, son pere ; si fut couronné d'une couronne a trois pilliers. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 116).

 

6.

ANAT. "Ce qui se trouve au sommet de la tête ou qui la surmonte"

 

a)

Couronne (du chef). "Os qui forme la partie antérieure du crâne, os frontal ou coronal" : ...ou test de la teste sont deux os pres de cestuy qu'ilz nomment os parietalx qui tiennent la cervele close et fermee, plus bas ou cerveau est ung os appellé coronne du chief, et de part et d'autre de ceste coronne sont deux os pierreux, dedans est l'os du palais. (Comp. kal. bergiers C., 1493, f° 53 v°).

 

b)

[À propos des épois de l'empaumure du cerf] : Et, quant il est de deux [épois] il s'apelle fourchié, et, quant est de trois ou de quatre, il s'apelle trocheüre, et, quant il est de cinq ou de plus, il s'apelle paumeüre. Et, quant il est tout en tour dessus chevillee comme une couronne, il s'apelle couronnee. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 61).

 

c)

[À propos de la crête du coq] : Or, advint que le renart print le cocq par un matin et le mengea, mais a la couronne ou creste de sa teste point ne toucha, ains la garda saine et entiere et l'apporta au chappon... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 179).

D. -

Au fig.

 

-

"Ce qui a la plus grande valeur affective ou morale" : De che aussi est il dit es Proverbes ou .XVIIe. chapitre : «La couronne des anchiens sont les filz des filz et la gloire des filz sont leurs peres». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 161). Il n'est tant bel aornement, telle belle couronne a une dame comme chasteté : c'est la Vertu qui la fait renommer partout a la vie et a la mort. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Et car n'est chose qui plus soit contraire a justice, et qui plus la face departir, que tollir a son droiturier seigneur et souverain ce qui luy est deu pour sa part, et ce qui est comme son espouse et son heritage et sa couronne (GERS., Noël, p.1404, 302). ...et lors les malvais devendront bons, et les bons seront meilleurs, et ce leur sera couronne de honneur, d'amour et de sceureté (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 20). Las, pouvre [la Vierge Marie], j'en pers ma coronne [Jésus-Christ], Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu [Adam] mangis ! (Pass. Auv., 1477, 246).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

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