A. -

[D'une pers.]

1.

[Dans un sens positif ou neutre] "Qui désire ardemment qqc., qui est désireux de qqc." : Dieu a volut la nature de l'omme estre de tel condition qu'il fust convoiteux de deux choses et desirant, asscavoir de religion et de sapienche (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 157). Mes de m'amour n'est mie convoiteuse (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 5). Tant sui chetis, las et maleüreus, (...) Que, par m'ame, mes cuers n'est convoiteus De nulle riens, fors que d'avoir la mort. (MACH., L. dames, 1377, 107). Telz sont les meurs des cuers gentiz A quoy doivent estre ententifz D'armes ne d'amours apprentifz : Humbles, piteux, Et d'onneur sans plus couvoiteux (CHART., L. Dames, 1416, 224). En l'ame selon qu'elle est concupiscible, c'est a dire convoiteuse, appetissante, desireuse [des biens spirituels], est comme bonité. En la partie de l'ame qui s'appelle irascible est comme pitié ou piteux. (Somme abr., c.1477-1481, 138).

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[P. méton., du désir] : ...l'amour de ma dame ne m'est si prez du cuer que desir convoiteux de gloire et d'honneur ne soit entre deux (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 167).

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Estre convoiteux de + inf. "Être désireux de" : ...et gardes que tu ne soies faux a tes amis ne convoiteux de oïr nouvelles (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 324). La voel venir, Et ossi de moi garir Sui convoiteus. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 110). Car les femmes, quant ellez vivent selon leurs concipiscences [l. concupiscences] , elles despendent excessivement, et convient que leurs hommes soient convoiteus de aquerir, et par ce viennent pluseurs inconveniens. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 100). Car mes cuers est si forment convoiteus De remirer son tres plaisant atour, Son gentil corps, son dous vis gracieus (...) Que je ne puis durer ne main ne soir. (MACH., L. dames, 1377, 53). Si poez veoir, chiere dame, que toute grant maistresse, et semblablement toute femme, doit trop plus estre convoiteuse d'acquerir bon renom que quelconques autre tresor (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 114).

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Estre convoiteux que : ...si vueil je, où que je soie, Souffrir ma doleur dolereuse Et perilleuse, Qui convoiteuse Est que pour vous morir me voie. (MACH., L. dames, 1377, 291).

2.

[Gén. dans un sens nég.]

a)

"Qui regarde les choses (en partic. l'argent) avec convoitise, qui est cupide" : C'est famine en cuer saoulé ; C'est joie ireuse. C'est souffrance la rigoreuse ; C'est souffissance couvoiteuse ; C'est pais dolente et rioteuse... (MACH., R. Fort., c.1341, 42). Mais se li mondes entassez Estoit dou ciel jusqu'a la terre De quanque cuers porroit requerre, Dire et ymaginer d'avoir, N'en y porroit il tant avoir Qu'il peüst jamais, a droit dire, A un cuer couvoiteus souffire... (MACH., R. Fort., c.1341, 101). Et se il donne pour esperance de plus recevoir, il est convoiteus. (ORESME, E.A.C., c.1370, 233). Vers eulx estoit trop depiteux, Plain d'avarice et convoiteux (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 245). Englés (...) Convoiteus et envieus sont trop grandement sus le bien d'autrui (FROISS., Chron. D., p.1400, 42). ...Alemant sont durement convoiteus et ne font riens, se ce n'est pour les deniers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 253). ...Gascons sont moult convoitous et se prendent priés de euls aventurer pour gaegnier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 611). Ne n'est richesse qu'estre sain, N'en amours tel bien que mercy, Ne que la mort riens plus certain Ne meilleur chastoy que de luy, Ne tel tresor que prodommie, N'engoisse qu'en cueur convoiteux, Ne puissance ou n'y ait envie, Ne chere que d'omme joieux. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 392). Soyez humbles, doulx et aimables, non convoiteux ou avaricieux et luxurieux (JUV. URS., T. rever., 1433, 75). Le melancolique a les condicions et qualitez de la terre qui sont froideur et secheur. Et est auaricieux et conuoiteux, triste, morne et sommilleux. (CIB., p.1451, 219). Comme il me samble aussy ne fault il point monstrer qu'on soit riche car ilz sont convoiteuses gens (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 33). ...monseigneur l'evesque, la Dieu mercy, est le plus convoiteux prelat de ce royaume (C.N.N., c.1456-1467, 540). Semblablement est du prince et seigneur convoiteux, lequel fait son payz pouvre et ses subgectz aneantir. à ce propos, dit Job, en son XXXVe chappitre, que mauldiz sont les princes qui apouvrissent leurs subgectz et qui, par avarice et mauvaiz conquest, assemblent grans tresors (BUEIL, II, 1461-1466, 76).

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"Inspiré par la convoitise" : Adont dedens leurs cuers s'avivent Foles pensées couvoiteuses, De bien pointes et souffraiteuses. (MACH., D. Aler., a.1349, 338). Et personne n'est point ennoblie de quelconque vanité de vertu, qui prent sa naissance de convoiteux delit, car tele delectacion est marrastre de vertu (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 109).

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Convoiteux de : ...yceli empereour estoit trop couvoiteux de perles et marguerites (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 243).

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Empl. subst. "Celui qui éprouve un désir immodéré pour les biens terrestres, celui qui est cupide" : N'il ne vit pas com sers a sa richesse, Eins ne vuet rien Fors que l'onneur de tout le bien terrien, Et s'est plus liés, quant il puet dire : "Tien" Qu'uns couvoiteus n'est de penre dou sien. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 106). Mais couvoiteus ont tel defaut Que quant plus ont, plus leur deffaut, Et quant plus sont puissamment riche, Tant sont il plus aver et chiche (MACH., J. R. Nav., 1349, 140). Ce sont ceuls qui n'ont pas en eulz actrempance ; les convoiteus dient que ce sont richesces, les ambicieus que c'est honeur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109). Et ceulx qui le bien de vertu et le salut publique, mesmement aux entreprinses de guerre, ne veulent plus que le gaing n'y feront ja au paraller oeuvre salvable. Car le proufit et la proye mainent les affections legieres et variables des convoiteux a soy mettre en aventure, mais l'onneur et la loiaulté des vertueux mainent le cuer, le sens et l'entendement, a leurs vies exposer pour le salut publique. (CHART., Q. inv., 1422, 53). C'est a dire, mon ami : le convoiteux plus pleure en perdant qu'il ne se esjoyst en ayant ; et plus amasse, et plus est sers et chetiz. (LA SALE, J.S., 1456, 23).

b)

"Concupiscent" : Quant le chastellain l'ot a rire commença, Il fut bien convoiteux, la belle convoita. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 60).

B. -

[D'une chose] "Qui est désirable"

Rem. Ex. de PREMIERFAIT ds GDC IX, 237c.