I. -

[Idée dominante de tension, d'effort vers qqc. (le préfixe con- marquant la perfectivité)]

A. -

[Constr. dir.]

1.

Contendre qqc. "Faire effort pour avoir qqc., pour atteindre qqc." : Ci dit comment Remus et Romulus estoient en debat auquel d'eulx la cité de Romme seroit. Les freres un pou contendirent Pour la cité ; a la fin, dirent Que cil qui au matin verroit Plus d'oyseaulx voler, si l'aroit (...) [C'est Romulus qui en voit le plus] ...pour la cité contendre, Si s'en retournent, sanz attendre, A Romulus la seignourie En remaint (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 180). Telles douleurs ne sont que joye A gens qui les scévent contendre. (Amant cord. M., 1490, 11). Quiconque achepte ou vende N'a qu'a tromperie soing. Tous sont dignes d'amende, Je croy [,] qui en contende Le ciel pour tout tesmoing. [On peut comprendre ainsi : "même si tel ou tel vise à avoir le ciel pour témoin, même si tel ou tel prend le ciel à témoin"] (Cene dieux, c.1492, 115).

-

Contendre droit : ...nous avons n'a gueres fait assembler les parties contendans droit en iceluy arcevesché (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 427).

-

[D'une chose] Estre contendu à qqn. "Être dû à qqn, revenir à qqn" : Vous avez ja trop actendu, Veu vostre beaulté singuliere, Car tout bien vous est contendu Pour vostre parfaicte lumiere. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 14).

2.

Contendre + inf. (ou prop. inf.). "S'efforcer de, tâcher de, tendre à + inf." : Tamps est de donner et de prendre, Tamps est de espargnier contendre (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 63). Lequel prestre se excusa, en faisant grans seremens que audit escuier ne à la dicte damoiselle, sa mère, il n'avoit oncques contendu faire desplaisir ne deshonneur. (Ch. VI, D., t.2, 1408, 23). ...ledit Vibert eust voullu et voulloit contendre lesdis vivres et marchandises estre forfaiz (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1420, 18). ...[celui qui le premier porta un faucon en armes] estoit fieble de rains, et fort de poiterine et de courage et ses horions contendoit tous iours faire mortelx et tournoyoit volentiers en court de grans seigneurs pour trouuer proye honnourable et vers son ennemy auoit regart terrible. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 477). ...reprens L'argent qu'en mes coffres veulx mettre. Qui content enrichir son maistre Abusé est, ainsi le tien. L'argent que me monstres soit tien [Éd. : "prétendre"] (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 109). Mais le vray et loial amoreux ne contendra que a toute largesse honorablement servir sa dame et amours, pour soy tenir bien abilié, bien monté, et toutes ses gens, selon son estat. (LA SALE, J.S., 1456, 22). Aultre opinion ou supposition ne puis de vous avoir fors que me querez et contendez traveiller et tenter (C.N.N., c.1456-1467, 565). ...tout roy doit contendre vivre en paix (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 181). Maistre Jehan Petit, docteur en theologie et grant astrologien, fist une terrible proposicion à Paris, contendant prouver le duc d'Orleans estre tirant et, par ce, licite avoir esté à ung chacun de le tuer, à laquelle proposicion nul n'osa contredire. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 147 r°).

3.

Contendre qqc. / Contendre + inf. / Contendre que. "S'efforcer de faire admettre qqc." : Juvenaulx les mariez tance Et content qu'il n'est femme chaste, S'on la poursuit et s'on la haste (DESCH., M.M., c.1385-1403, 98). ...du consentement de maistre Jehan Rapiout, advocat du Roy, en l'absence du procureur du Roy, empeschié de maladie, de maistre Jehan Bailli, procureur de l'evesque de Paris, et de maistre Simon Legras, procureur du chapitre de l'eglise de Paris, contendans à eulz appartenir la congnoissance desdis prisonniers. (FAUQ., II, 1421-1430, 338). ...ledit Mombray avoit contendu avoir droit a cause d'icelle separée en la moictié de la maison (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1427, 108). Pour riens qu'Herode ait contendu, Il ne luy a mot respondu Ne donné signe ne parolle (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 299).

4.

Contendre que. "Faire effort pour que, faire en sorte que, insister (auprès de qqn) pour que" : ...ledit Blancbaston (...) contendoit que les dessusdiz le delivrassent et acquitassent de son assiz d'icelle composicion selon le contenu en ladicte cedulle (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1431, 197). ... contendans vers eulx et chascun d'eulx que veues lesdictes ordonnances ilz feissent amende chascun en son regard dudit cas (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1433, 269). Nous contendons qu'il soit ocis Pour tant que nostre loy blapheme. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 182).

5.

Contendre + interr. indir. "Faire effort pour savoir, tâcher de savoir + interr. indir." : Item, de ce qui est fait par yre les parties ne font pas doubte se il est fait ou non fait, mais il doubtent et contendent se le fait est juste ou non ; car yre est injustice manifeste. (ORESME, E.A., c.1370, 309).

B. -

[Constr. indir.] Contendre à / après / de / en

1.

Contendre à qqc. "Faire effort en vue de qqc. (marqué positivement ou négativement), tendre à qqc., désirer qqc. et agir en conséquence" : ...et durant iceulx dix ans Octovien ne rengna point en paix, car Anthoin contendoit a l'empire (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 232). Par ma foy, cil qui la passe semble gentil homme, mais il ne le monstre pas, ains monstre qu'il est extraiz de rudesse, quant il passe ainsi escouteement devant dames ou damoiselles sans les saluer. Et ce disoit elle pour couverture, pour ce que les autres ne perceussent ce ou elle contendoit, car elle savoit bien qui ly bacheliers fu, ainsi comme orrez en l'ystoire cy aprez. (ARRAS, c.1392-1393, 24). ...il fut tantost notoire chose et cogneue au pays, que il contendoit au deshonneur dudit suppliant et de ladicte damoiselle, sa mère. (Ch. VI, D., t.2, 1408, 23). Quant la noble royne (...) Entendit au varlet conter tel erement Et vit la mauvaissetet à coy Loïs content, Le bon roy regarda adont mout tenrement (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 279). ...pour garder ledit vostre père, faulx et desloial traictre, de parvenir à la fine exécucion détestable à laquelle il a contendu contre nostre très redoubté seigneur et le sien (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., 1411, 209). A paix, non a gherre content (Pastor. B., c.1422-1425, 127). Ce poise moy que tant attendent Les humains a avoir confort, Car mes desirs a ce contendent Qu'en l'abisme de desconfort Ne voist ou toute paine habonde. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 2). ...nous sommes céans grand nombre de gentils-hommes qui en nostre party avons à garder à nostre honneur, comme vous au vostre, et qui, par droit de la guerre, puis qu'elle est venue, devons chercher les désavantages de ceux qui contendent au nostre ["de ceux qui visent notre propre désavantage"] (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 111). ...nostre notaire et secretaire, ausquelz avons donné charge de contendre à la delivrance de vosdicts ambassadeurs (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1483, 23). A t'amour tendre, Tousjours contendre, Sans fin actendre Et y retendre Par bon remort Qui poinct et mort. (LA VIGNE, S.M., 1496, 474).

-

Contendre après qqc. "Viser, attaquer qqc." : ...et de la dextre main il tira sa dague et haulsa la main dextre comme s'il contendist après le visaige de messire Jaques. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 99).

-

Contendre en qqc. "Viser qqc." : ...sans contendre en la mort de l'un l'autre et sans férir d'estocq... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 453). J'ay contendu en ta mort. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 138).

-

Contendre à qqn. "Se préoccuper de" : Car chascun content a soy meismes ; par quoy la justice publicque : c'est la divine, vient a moins. (LA SALE, Sale D., 1451, 95).

-

Part. prés. en empl. subst. Contendant à qqc. "Celui qui fait des efforts pour qqc., qui aspire à qqc., qui prétend à qqc." : Si estoient lors par toutes les parties de chrestienté grans divisions entre les gens d'église par le moien des deux contendans à la papalité (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 350). ...de deux contendans a ung pris, de deux mains ruans par estrif a ung paile, il convient qu'il y ait devant et dariere, qu'il y ait plus tost et plus tard, et que l'estrif de eulz et la luitte en ung contendre se distingue selong les adventures ou vertu aulcunefoiz, aucunefois bon sens, aucunefois bon eur soubz la main de Dieu qui [qui] ayde l'un et recule l'autre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 323).

2.

Contendre à / de + inf. "S'efforcer de, tâcher de, tendre à + inf."

-

Contendre à + inf. : Et accusacions ne contencions ne sont pas entre telz genz qui contendent a faire l'un pour l'autre bien et plaisance. (ORESME, E.A., c.1370, 446). ...je entens ceulx qui sont en la vie active, qui contendent ci aval a detenir celle vierge (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 229). Et entretant, les desusdiz, qui estoient en ycelui chastel, contendoient de tout leur povoir à pardébouter les Anglois leurs ennemis, hors de la porte dudit chastel (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 14). ...que chascun contende de tout son povoir aux raisons et previlleges garder de son commun (LA SALE, Sale D., 1451, 147). [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] ...ains [le dauphin] a fait entendre a ceulx du Daulphiné que je le hez, et que je quiers et contens a le desheriter (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 70). Or tenoient ces deux enfans cy de la nature de leurs peres, et comme tous deux habitans en Haynau et puissans de seignourie, cescun contendoit a y estre l'aigle et d'y avoir faveur. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 106). Dea, seur, ce dist lors le roy, ce ne vient pas de ma faulte ne que je y puisse riens : alentour de moy a plusieurs gens de bien dont chascun labeurent et contendent tous a venir a ung point. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 312).

-

Contendre de + inf. : Chascun doit bien noter cela Et contendre de son pouoir De parvenir a tel manoir Qu'est la glore de paradis (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 77). ...et contendent plusieurs par moyens d'argent ou aultrement de avoir les offices de judicature (JUV. URS., Verba, 1452, 338). Et, pour ce, est moult bonne chose et salutaire de contendre et labourer d'avoir amistié et union partout. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 227). Reçoy mon esprit sans atendre, Entre tes mains je le vueil rendre, Car mon corps est pres que finé. Tes anges envoye pour la prendre, S'il te plaist, car je doy contendre D'obeir a toy sine fine. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 232). En icelluy temps, pour ce que le duc de Nemours, auquel le roy paravant avoit fait de grans graces et pardons, de ce que combien qu'il eust fait le serement d'estre bon et loyal au roy, il avoit contendu par tous moyens à luy possibles de susciter divisions et mettre sedition ou royaulme, mesmement de faire eslever plusieurs seigneurs à l'encontre du roy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 241). Non obstant tous lesquelz sermens, seuretés et promesses, et en venant directement contre iceulx, ledit de Nemours a de rechief contendu par tous moyens à luy possibles de soubsciter nouvelles divisions et mettre sedition en nostredit royaulme par plusieurs dampnables moyens (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 243).

.

[D'une chose] : Le feu les voloit bruler, l'eaue les voloit noyer et le vent contendoit les engloutir èz abismeux gouffres marins [var. le vent les voloit et contendoit engloutir]. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 566).

3.

[À un lieu] Contendre qq. part. "Faire effort pour parvenir qq. part, chercher à parvenir qq. part" : Pource qu'il avoit doubté de non povoir venir a la ville ou il contendoit en temps pour oyr messe (C.N.N., c.1456-1467, 447).

C. -

Part. passé en empl. adj. MÉD. [D'un muscle] "Fortement tendu, contracté (?)" : ...les lacertes ["les muscles"] sont contenduz et molefiez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 249).

D. -

Inf. subst. "Effort" : [Les ambassadeurs d'Orient] Disoient entre autres choses : "Dia, ce disent il, nous avons esté en passant par devers plusieurs princes et seigneurs faire nostre annoncement, mes ce avons fait comme pelerins. Mes droit cy est le lieu et la bute de nostre contendre pour laquelle nous emprismes l'errer..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 290). ...de deux contendans a ung pris, de deux mains ruans par estrif a ung paile, il convient qu'il y ait devant et dariere, qu'il y ait plus tost et plus tard, et que l'estrif de eulz et la luitte en ung contendre se distingue selong les adventures ou vertu aulcunefoiz, aucunefois bon sens, aucunefois bon eur soubz la main de Dieu qui [qui] ayde l'un et recule l'autre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 323). ...oncques n'a sceu tirer fruit encore de son contendre, ne parattaindre a l'efficace de son merir par longue dilligence. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 137). ...il y monte successivement, pas a pas, par son vertueux contendre. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 171). La royne vis descendre Dedens le marin cours, Par ung ardant contendre Vers France (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 296).

-

"Intention" : ...ledit duc [,] voiant ce navire ainsi vaucrer devant ses pays et encore à tel effort et otgueil, devoit bien faire prendre garde à leur contendre et à la fin de leur emprise. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 350).

II. -

[Idée dominante de tension entre des pers., de lutte, de discussion, de rivalité (le préfixe con- signifiant "avec, ensemble")]

A. -

"Combattre qqn, lutter contre qqn (ou qqc.), rivaliser, entrer en conflit avec qqn"

-

Contendre qqn. "Combattre qqn" : A ire qui est sy patente Fureur arragié [même forme ds l'éd. D, I, 115 ; mais sans doute à lire arragie] convendroit. Mais Dieu doint que je vous contente Par sens reposé et par droit [on attend contende ; dû à la rime ? Ou est-ce contenter, p. iron. ? Franc Vouloir combat Brief Conseil en montrant que ses accusations sont fausses] (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 93).

-

[De plusieurs pers. ou groupes] : Et se tu havoies trés or De ce monde tout le tresor Et cent fois le jour l'aourasses Ne de partir ne l'endurasses, Il ne te vaurroit une ortie Et si seroit ydolatrie ; Car li tresor pas ne deffendent Les royaumes quant il contendent, Mais bons amis le font de fait. (MACH., Voir, 1364, 480). My sers (...) contendent a l'espée, Et de mes biens font vil vendicion. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 76). Ci dit comment Remus et Romulus estoient en debat auquel d'eulx la cité de Romme seroit. Les freres un pou contendirent Pour la cité ; a la fin, dirent Que cil qui au matin verroit Plus d'oyseaulx voler, si l'aroit (...) [C'est Romulus qui en voit le plus] ...pour la cité contendre, Si s'en retournent, sanz attendre, A Romulus la seignourie En remaint (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 180).

-

Contendre l'un à l'autre : Que chascune son droit deffende Par son advocat et se taise, Sans que l'une a l'autre contende, Car nous n'aurions meshuy que noise, Qui doibt aller devant, y voise. (Cene dieux, c.1492, 109).

-

Contendre à / avec / contre / envers / sur / vers qqn. "Combattre, lutter, rivaliser avec qqn, entrer en conflit avec qqn, s'en prendre à qqn" : Et quant il avient que a telz sont faites par leurs amis autres choses que ilz ne appetoient et esperoient, adonques ilz contendent avecques eulz et est l'amistié turblee. (ORESME, E.A., c.1370, 453). ...le roy pareillement avoit fait contendre sur la personne du comte de Charolois, par estrange entreprise ["avait fait attenter à la vie de"]. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 94). Item, a maistre Andry Courault Les Contreditz Franc Gontier mande ; Quant du tirant seant en hault, A cestuy la riens ne demande : Le Saige ne veult que contende Contre puissant povre homme las, Affin que ses filletz ne tende Et qu'il ne trebuche en ses las. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 116). Mais t'applicque A Dieu aymer, parens et bien publicque. Viles parolles ne mensonges n'explique Et au jangleur ne contens ne replicque (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 85). Certez n'estoit pas vray samblable (...) qu'envers le chief de sa maison, le roy trescrestien qui resplend en terre comme le soleil, il [le duc de Bourgogne] voulsist contendre par orgueil, ne qu'il aspernast ou avieutist sa cour de Parlement ne les aultres royales haulteurs (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 157). Sur les vieillars ont contendu. A haulte voix sur eulx crierent (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 227).

-

Contendre de qqc. "Combattre, lutter, rivaliser, être en lutte, en contestation au sujet de qqc., pour la possession de qqc." : ...pour ce que lesdis IJ seigneurs contendent de ladicte prioration ou posteration (BAYE, II, 1411-1417, 161). Ce jour, a esté receu par lettres royaulx messire Robert de Montauban en bailli de Coustantin, non obstant qu'il fust absens, du consentement des seigneurs d'Ivoy et de Peletot qui contendoient dudit office (BAYE, II, 1411-1417, 217).

-

Contendre contre qqc. "Lutter contre qqc., refuser qqc." : ...fuis contens et riotes, car contendre contre paix est enragerie ; contendre contre son souverain, c'est forsennerie ; contendre contre son subgiet, c'est grant villenie. (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 236).

-

(Se) contendre pour qqc. "Lutter pour qqc." : Je labeure en vain Quant pour l'incertain Tant me fault contendre. (Compl. lion G., c.1470, 308).

B. -

"Discuter, disputer, débattre" : Li ung plaidie, l'autre content ["dispute"] ; L'ung assault, l'autre se deffent (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 225). ...le bailli (...) pour avoir l'enterinement avoit pieça fait convenir lesdiz parroissiens et tresoriers et vers eulx a contendu afin de ladicte provision (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1427, 112).

-

Contendre l'un l'autre. "Discuter ensemble" : A icelle parolle que ["alors que"] l'un l'autre content, Es vous ung chevalier qui au chastel dessent. (Tristan Nant. S., c.1350, 354).

-

Contendre de qqc. "Discuter de qqc." : Et ceuls qui sont vicieus en ceste matiere contendent ensemble du moien. (ORESME, E.A., c.1370, 166).

-

Sans plus contendre : Puet on faire plus loiaument Riens, ne plus amoureusement ? Certes, nennil ! Ce m'est avis. Car trop fu loiaus ses amis. Si que bien oseroie attendre Vray jugement, sans plus contendre [var. attendre]... (MACH., J. R. Nav., 1349, 236).

C. -

Part. prés. en empl. subst.

1.

"Celui qui dispute qqc. à qqn (en prétendant à qqc.)" : ...ou renunciation des deux contendans du papat (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 54). ...pour ce que par XXX ou XXXJ an avoit duré le scisme entre IJ contendens du papat (BAYE, I, 1400-1410, 277). [Sermon de Jean Courtecuisse, à propos du schisme] ...et par l'ambicion des contendens... (Doc. 1416. In : A. Coville, Bibl. Éc. Chartes 65, 1904, 512). ...veues lesquelles informacions et le consentement des contendans de l'oirrie et succession dudit defunct (FAUQ., II, 1421-1430, 285). Et là ont fait apeller les deux contendanz de pappalité, comme maniere est de ce faire. (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 144). ...ledit scisme de deux contendans du papat (GERMAIN, Discours outr. S., 1452, 333). ......affin que le divin service ne soit perturbé ou empesché pour le debat des contendans (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1490, 16).

2.

En partic. "Adversaire dans une affaire judiciaire, celui qui est en procès" : Ces deux contendans donques s'en allerent au daulphin, leur juge, auquel... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 158). ...pour ce que nous desirons sçavoir lequel des deux contendans aura le meilleur droit, nous vous prions (...) que vous appellez nostredit president à tout ce que sera fait pour le fait dudit procès, et que à la plus grant diligence que faire se pourra on le sache. (Lettres Louis XI, V., t.9, 1482, 209). [Autre ex. t.10, 1483, 118] ...chascun des contendans qui aura amené ses tesmoings jusques à nombre competent non efrené au dessus de XII au plus, les pourra presenter (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1496, 439).

III. -

P. ext. (Se) contendre. "Réagir, se comporter (de telle ou telle manière)" : Le roy de Castille sus les parolles courtoises et amiables des deux chevaliers dessus nommez se reconfortoit grandement et se contendoit d'eulx ["réagissait (positivement) sous leur action"], car il veoit bien que ilz luy monstroient et comptoient voir et raison. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92). Sy fus lors, en ce point, remaint, Agaittié de maintes et de maint, Pour sçavoir com me contendroye En l'affaire qu'emprins avoye [éd. "se débattre"]. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 53).

-

(Se) contendre mal. "Réagir négativement" : Noz ennemis approchent et tenront les champs, qui ne leur yra au devant, et gasteront tout mon pays, et ja se contendent mal les gens de mon royaulme de ce que nous les combatons. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 91). Aprés veistes la repentence De Judas, qui mal contendy Quant par desespoir se pendy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 367). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 757]