C.N.R.S.
 
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     CONSENTEMENT     
FEW II-2 consentire
CONSENTEMENT, subst. masc.
[T-L : consentement ; GDC : consentement ; AND : consentement ; FEW II-2, 1062b : consentire ; TLF : V, 1380b : consentement]

A. -

"Fait de consentir (à qqc.), accord, acquiessement" : Par vray amoureus couvenir Que de ces dames la plus sage Concevera en son corage Un dous amoureus sentement Qui sera par consentement En son cuer d'un gracieus trait Que cis damoiseaus ara trait De si près qu'il ne faurra mie, Eins devenra tantost s'amie Dedens son cuer secretement. (MACH., D. Aler., a.1349, 303). Car combien que lonc temps dura, Onques puis grieté n'endura Qui point feïst a son cuer touche. Et s'aucuns griés au cuer li touche, Il n'i a point de sentement, Dès qu'il n'i a consentement ; C'est chose assez legiere a croire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 226). Son detriment Est a vostre dampnement Et un honteux vengement ; Et se bon advisement Et piteux consentement N'y mettent amendement, Vous en soufferrez tourment Au jugement. (CHART., L. Paix, a.1426, 416). Lesquelz furent couronnez en la cité de Napples, avec le consentement et dispensacion de sainte esglise, le jour de Pentecouste. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 177). Jugement (...) parlant que ung abey ne puelt faire laiee ad cens que de vallour soit, se se n'est par le grey et consantement de tout le couvant. (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494 [1441], 76).

 

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Consentement de qqc. "Accord à propos de qqc." : Mais l'en dit que les citéz sont en concorde quant il ont un consentement des choses qui leur sont conferentes et proffitables. (ORESME, E.A., c.1370, 471).

 

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Consentement de qqn. "Accord de qqn" : Et donques concorde est consentement de pluseurs personnes en grans choses et notables par euls ouvrables lesquelles ilz eslisent et cuident estre proffitables ou expedientes, et qui les touchent. (ORESME, E.A.C., c.1370, 471). ...que ce soit du consentement du roy (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 710). [Traité du sacre] Mais le forfait de si haut desirer Vuet penre Amours, qu'elle vuet que j'endure Autant de peinne et de male aventure Com mes desirs à joie avoir s'estent ; Et s'ont esté par son consentement Tuit mi desir fait en loyauté pure. (MACH., L. dames, 1377, 57). LA MARQUISE. Mon seigneur, autresfoiz t'ay dit Et encores a certes dy Que nulle chose, quant a my, Je ne vueil ne je ne desvueil, Fors que ton plaisir et ton vueil. De moy et des enfans ez sire ; Si n'averoye jamaiz ire De chose qu'en voulsisses faire. Use y de ton droit sanz contraire, Com de ton propre bonnement, Sanz querir mon consentement (Gris., 1395, 63). Ensi a grant mescief les (...) refroidoit de lors folies li sires d'Antoing. Encores, en ce meisme jour, par le consentement dou connestable de France et des marescaus, se departirent dou mont de Castres auqun jone chevalier et esquier françois et cevauchierent as aventures. (FROISS., Chron. D., p.1400, 384). ...et en avoit parlé a ses compagnons, car sans l'acort et consentement de euls, il n'en euist jamés riens fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 222). Cedit jour, a esté defendu au graphier que il ne reçoive nul accort à passer sanz le congié et consentement de la Court. (BAYE, I, 1400-1410, 84). ...la mort du dit saint Thomas, de la quelle il [le roi Henri] bailla son consentement (JUV. URS., T. crest., c.1446, 89). Les enfans aussi de petit eage sans la voulenté et consentement de leurs parens ne peuent vouer religion ou aultre chose, voire devant XIIIJ. ans en filz, et XIJ. ou XIIJ. en pucelles. (Sacr. mar., c.1477-1481, 52). Jehan allié a Jehane par paroles de present ou de futur sans copule charnele, l'un sans la voulenté de l'aultre puet entrer en religion. Mais se copule charnele y est, jamais ne puet l'un entrer en religion sans le consentement de l'aultre. (Sacr. mar., c.1477-1481, 70). Il advertit aussi messire Charles d'Espaigne, conestable de France, qui ne le voulut croire et fut tué en une hostellerie en la ville de Laigle en Normandie, par les gens et du consentement du roy de Navarre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 r°).

 

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Du consentement de qqn. "Avec l'accord de qqn" : A ce pourvey sagement le chevetain rommain qui vey que ses gens s'en espouvantoient, car il ala par tous les rencs disant que iceulx departoient de son consentement pour courir sus par deriere aux ennemis quant assembléz seroient. Et par ce asseura sa gent et ot la victoire. (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 49 r°). ...lesquelles [des alliances] furent faittes du temps que Charlemeingne fut empereur, du consentement de tous les pais (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 220). ...et luy dist le roy comme la paix estoit faicte et lui compta ce cas qui estoit advenu à Rouen, dont ledict conte ne sçavoit encores riens, disant le roy que, de son consentement, n'eust jamais baillé tel partaige à son frère (COMM., I, 1489-1491, 82).

 

Rem. Mabrien V., 1462, gloss.

 

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Contre le consentement de qqn : A Dieu jusques au revenir. Il ne vous scauroit rectenir Contre vostre consentement (P. moyne, a.1500, 46). Très hault et puissant prince, vous m'escripvez des parolles par vosdittez lettres qui equipolent d'estre enchanteur, ce que je ne fuz jamais ; et, quant je me fusse aydé de cest art, je l'eusse expletté et mis en effect lorsque menastes le roy au Liege contre le gré et consentement des seigneurs de son sang et les plus saiges de son royaulme, tant de ses cappitaines et autres ses conseilliers de sa court de Parlement et de son Grant Conseil. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 262).

 

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D'un consentement. "D'un commun accord, unanimement" : Car mes fins cuers dedens mon corps sautelle, Fant [l. Faut] et fremist, mue si asprement Qu'en moy Paours par Dangier se resveille Et Desespoirs, qui d'un consentement Sont alié pour moy faire tourment. (MACH., L. dames, 1377, 27). Mes beaux seigneurs, tous d'un consentement, Sans plus songer, lisez legierement Ce que dedens ces lectres pouez voir (LA VIGNE, S.M., 1496, 252).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

 

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De commun consentement. "D'un commun accord" : Et quant ilz eslisent unes meïsmes choses et oeuvrent de commun consentement les choses que ilz cuident estre bonnes. (ORESME, E.A., c.1370, 471).

 

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De son propre consentement. "De son plein gré" : ...je suys prisonnier Et en ceste prison fichier De mon propre consentement, Avec mes freres en tourment, Crestiens que veez em presence, Lesquelx ont en Jhesus creance Et pour luy ja martirezer Ont esté et tyrannizer (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 107).

 

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Donner consentement (à qqc.). "Donner son accord à qqc." : ...pou de temps après se feussent les dessusdiz partis dudit hostel et taverne sans plus avant parler de ladicte assemblée, ne quilz requissent oncques oudit suppliant qu'il feust en icelle, ne faist finance de gens ne que icellui suppliant eust à ce donné consentement (Ch. VI, D., t.1, 1417, 396). Et l'oppinion fut telle que le premier, qui auroit eu dedans sa main la main dextre du prisonnier et à qui le prisonnier auroit premier donné son consentement et sa foy et dit : je me rens, il luy devroit demourer (BUEIL, I, 1461-1466, 222). SATHAN. Il [le chrétien] a donné consentement Et en cest estat l'ay trouvé. Ergo, donc, eternellement, Je vueil dire qu'il est damné. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 146). ...prestoient l'oreille au roy et à ses offres et y donnèrent quelque consentement de le servir en faisant ce mariage et de tous pointz se retyrer soubz luy, ledict mariage accomply. (COMM., II, 1489-1491, 183). Veille donner ton bon consentement Promptement Par quelque bon et glorïeux seur signe (LA VIGNE, S.M., 1496, 212). Laquelle depuis le roy contraignit Loys, duc d'Orleans, à force et soubz le dangier de sa personne, de la prandre par forme de mariage pour estre sa femme, ce que jamais ne se peult faire pour ce qu'il n'y donna point de consentement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 161).

 

-

Estre du consentement que. "Être d'accord pour que" : Je suis bien du consentement Qu'il soit fait ainsi qu'avez dit (LA VIGNE, S.M., 1496, 328).

 

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Lettre de consentement. "Lettre d'accord (émanant d'une autorité)" : ...ilz veullent ladicte somme de 20 l. 16 s. 8 d. t., qui paiée a esté par cedit receveur, par leur ordonnance et en leurs présences estre allouée en ses comptes et rabactue de sa recepte, en rapportant lesdictes lettres de consentement (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 506).

B. -

En partic.

 

1.

[Dans le mariage] "Accord entre les époux" : Le mariage est initié et commencé par espousailles, expressé par le consentement des paroles, ratiffié par les paroles de present et parfait et consommé par copule charnele et habitation. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44). L'aultre empeschement est de violence ou de force. Violence de sa nature aussi sans la constitution de l'eglise exclut consentement matrimonial. Et se paour ou coaction (ne) vient, ne puet le consentement avoir lieu, et par consequent ne mariage aussi qui est par consentement contrait. Force ou violence aucune fois empesche le mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 68).

 

2.

[Domaine religieux]

 

a)

"Fait de se soumettre (à Dieu)" : Vous veés en saint Pol, que tantost a la vocacion ou prevencion de Dieu il respondit en ouvrant l'uys de son consentement : "Sire, que veulz tu que je face ?" Il adjousta doncques a grace bonne voulenté. (GERS., P. Paul, a.1394, 498).

 

b)

"Fait de céder à qqc. (au péché, à la tentation)" : Qui est aprez ces faultes celui qui se jugera digne d'eschapper la commune paine de vostre royaulme ? Lez ungz ont commis les pechiez, lez aultres, en dissimulant, ont donné consentement et adhesion taisible au mal. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 53). De la longue delectation et du consentement en pechié. (Somme abr., c.1477-1481, 91). Il est une aultre trinité par laquelle l'home chut en pechié, c'est a scavoir l'enhortement du deable, la delectation de la sensualité et de la char et le consentement de raison, lesquelles trois choses sont signifiees par le serpent, par la femme et l'homme en paradis. (Somme abr., c.1477-1481, 126).

C. -

P. méton. "Avis par lequel on acquiesse, on consent" : Je suis de ce consentement Que soit ramenee vers le Roy Et luy dire tout plainement Que c'est euvre Dieu, je le croy. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 387). Quant vous plaira, vous partirez ; Filz, vella mon consantement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 276).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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