C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     CONSIRER     
FEW II-2 1067a considerare
CONSIRER, verbe
[T-L : consirer ; GD : consirer1/consirer2 ; AND : consirer1 ; DÉCT : consirer ; FEW II-2, 1067a : considerare]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Prendre en considération, considérer, observer" : Ne onques il [mon coeur] ne se part De jalousie, au voir dire, Car je voi jeuer et rire Chelle qui pas ne consire Mon regart (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 161).

 

-

Consirer si. "Se demander intérieurement si" : Quant aus pechiez que j'ay fais, Sire, vray Dieu omnipotent, je regarde et aus poines et tourmens que pour ceulz je doy souffrir, je n'ay pas petite paour, ainsois consire et pense si en nulle maniere je trouveray consolation. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 56).

B. -

"Considérer, désirer qqn" : Tu soies or le bien vegnant, Com cellui que j'ay consiré Et sur tous aultres desiré ! (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 48).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Se considérer soi-même, s'examiner pour s'apaiser ; s'apaiser, se tenir pour satisfait, se résigner" : Quant Aiglentine l'oyt, a terre se pasma ; Ne se pot consirer pour le grant deul qu'elle a (Tristan Nant. S., c.1350, 187). Ensement Aiglentine en lui se demanta, Ne se peut consirer de la douleur qu'elle a. (Tristan Nant. S., c.1350, 188). Ne me puis consireir [var. apaisenteir] s'elle n'est arse (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 121). [Cf. aussi Scheler, Gloss., 77] ...saichés que souvent j'en ay au cueur telle et si grande doleur que le ne m'en puis consirer ne apaiser (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 103). De ceste desconfiture fu si dolant Antipater qu'il n'est homme qui dire le sceust, mais li, qui moult estoit subtil en sa mauvaistié, s'en sceut consirer. Et de fait, il fist tant qu'il ot aliance au roy Tholomer, dont il avint moult de maulx. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 435).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss.

B. -

"Se priver" : Si lui commença la char a fremir pour la cremance de la mort, car par nature toute chose qui vie a ressongne a mourir, si que, pour fuïr la mort le plus qu'il pouoit, il commença sa viande a espargnier et lui a consirer, si que il fu moult grant temps que onques son saoul ne menga (Bérinus, I, c.1350-1370, 249).

 

-

Se consirer de. "S'abstenir de, se passer de, se priver de" : La lou vait remuer et dairier et devant ; Ne s'an puet consirer, tant lou vait desirant, Que ne se puet tenir de regarder l'anffan (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 610). Et Desirs le fait desirer, Qui ne s'en voelt pas consirer Jusqu'a tant que la fin il sace Enviers quoi Plaisance le sace (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 172). "Hé ! tres douce, debonnaire, Quant vous porray je veoir ?" Trop m'est grief à consirrer De vous veoir et oïr, Quant vos dous viaire cler Soloit mon cuer resjoïr. (MACH., L. dames, 1377, 46). Quant ou dous gracieus repaire, Ne puis mais venir ne aler, Où vos gens corps meint et repaire, Las ! einsi m'estuet consirrer De veoir vo viaire cler ; Dont je vif en trop grief tourment, Selonc ce que j'aim chierement. (MACH., L. dames, 1377, 130). LE SECONT CHEVALIER. (...) De cuer lui vient pou debonnaire D'avoir ses deux enfans osté, Qu'aucuns dient que ce a esté Pour la honte que il avoit De ce qu'a femme prise l'oit, Pour ce qu'elle est de bas lignage, Et qu'il les a comme non saige Fait destruire et a mort livrer. LE TIERS CHEVALIER. Assez perçoy que consirer Il ne s'en puet, ce m'est a vis. Maintes foiz voy que viz a viz La regarde moult longuement, Maiz ja maiz un seul mouvement Ne un seul semblant de tristece Il n'y trouvast (Gris., 1395, 70). Et le roïne pleure, ne se puet conforter [var. ne s'en puet consirer] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 725).

III. -

Inf. subst.

A. -

"Considération, pensée, désir" : Doulz Sires (...) ordenne (...) touz mes consiriers et euvres et paroles en ton playsir, par quoy soit faite en moy, par moy et de moy touz jours ta seule voulenté. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 45). Sire (...) ne me delaisses en contsirier maligne (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 64).

B. -

"Privation" : En Desir n'a point de raison, Sy fault il qu'il soit gouvernez Par Sens qui est plus atemprez ; Pour tant vous lo le consirer (Dit prunier B., c.1330-1350, 75).

V. aussi conserrer
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre