I. -

Empl. trans.

A. -

"Mesurer ; disposer de manière proportionnée ; former"

1.

"Mesurer (en partic. au compas)"

a)

Au propre : Ne qu'on porroit les estoiles nombrer, Quant on les voit luire plus clerement, Et les goutes de pluie et de la mer, Et l'areinne seur quoy elle s'estent, Et compasser le tour dou firmament, Ne porroit on penser ne concevoir Le grant desir que j'ay de vous veoir. (MACH., L. dames, 1377, 209). En l'abitacion de dessoubz estoient les anciens maistres de toutes manieres de mestiers et grant foison de philozophes la estoient : les astrologiens qui se occupoient en l'astralabre ; les autres estudioient en la nature des choses cree[e]s, les geometriens mesuroient et compassoient les choses qui sont a mesurer et a compasser (Horloge de sapience S., c.1389, 116).

b)

Au fig. "Prendre la mesure de qqc., apprécier qqc." : Or poez, s'il vous semble bon, Cest lieu prisier et compasser (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 85). Et primez les dous ieus traitis, Rians, fendus, ses et faitis, (...) Si qu'il samble, qui les compasse, En marguerite une topasse, Large en pramettre pour atraire (ACART, Prise am. H., 1332, 28). Et moy, dame, qui je tant aing, Par la me couvenra passer En regardant et compasser De vous la tres gente figure (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 168). En contemplant mon temps passé Et le passe temps de Michaut, J'ay mon temps perdu compassé Duquel a present bien m'y chault. (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 19).

-

[Sujet abstr.] : Sapience d'umanitey Ne puet nature compasser. Principalment de sa faiture Nulx n'en puet proprement parler (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 218). Theologie est souveraine, Toutes sciences elle passe, C'est la haulte clere fontaine, Le ciel estellé oultre passe, Les fais de Dieu elle compasse Justement et monstre a parler (GARIN, Compl., 1460, 78).

-

Compasser qqc. à droit. "Apprécier exactement" : De toutes pars povre me sens Que je ne puis recompensser, Povre d'avoir, povre de sens, Qui ["Si on"] me vuelt a droit compasser (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 159).

-

À juste compasser. "Selon une exacte appréciation" : ...Ceu est li roy de France, a juste conpaisser, Qui m'en vanrait aidier mez filz a delivrer. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 952).

.

Au justement compasser : Et, au justement compasser, Elle [ma dame] a bonté, Sens, francise et humilité, Avis, maniere et sachanté. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 132).

2.

"Former, composer qqc. (de façon régulière, mesurée, harmonieuse, comme au compas)"

a)

[Objet concret] : Ce est la scïence [l'astronomie] qui soit Par quoy on congnoit plus a droit Comment le monde est compassés (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 123). Si cheminay longuettement, En regardant com gentement Li vergiers estoit compassés ; Car d'arbres y avoit assés, Mais de groisseur et de hautesse Furent pareil et par noblesse Planté, si que nuls ne savoit Com plus de l'un a l'autre avoit. (MACH., D. Lyon, 1342, 166). Royne des cieulx, mére au roy, Qui de niant tout compassa... (Mir. march. larr., c.1349, 97). Et si avoit divers anneaux en ses doiz d'or et d'argent, de fer et d'acier, et de certainnes pierres entaillees, a figures forgees et compassees par [sur le modèle de] la constellacion du ciel. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 596). Mais je dy en oultre que ceste beauté et phizonomie fut de telle attrempence et armonie naturelle, et tellement compassee que point ne esmeuvoit les regardans a mauvaise ou dissolue plaisance, ains a chasteté et a devocion (GERS., Concept., 1401, 424). DIEU LE PERE. Or sont nos beaulx cieulx compasséz, Terre estable et mer terminee (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, ). Helas ! deleisse celle erreur, Et prens en toy advisemant Afin que puisse propremant Cognoistre celly qui a creé Le ciel, la terre et la mer, Et toutes chouses aultes et basses, Et qui est celly qui compasse Et gouverne le firmemant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 282).

-

[D'une pers., d'un aspect de la pers.] Compassé. "Bien proportionné" : Dame plaisant par compas compassee (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 236). ...quant me recors, Neptisphelé, de vo gent corps, Long et droit et bien compassé, J'ai trop le coer d'anoi lassé. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 88). D'une on dit qu'elle ayme hutin, Et a l'instrument compassé Comme ung houseau de Biscain (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 238).

-

Compassé à (droit) tour : Il s'assist et me fist sëoir Pour escouter et pour vëoir L'ordenance de la fonteinne Qui n'estoit rude ne villeinne, Et le lieu qui estoit entour Compassez et fais a droit tour. (MACH., F. am., c.1361, 192). Mais son gent atour, Compassé à tour, Me fait meint estour, Quant à li pense en destour (MACH., Les lays, 1377, 309).

b)

[Objet abstrait]

-

"Régler qqc." : ...Jusqu'à tout que li terme vint Que le roy son pere couvint Rendre à nature le treü, Et paier qui li est deü, C'est à dire qu'il trespassa Et que l'estrange pas passa, Dont creature ne rapasse, Tant bien son alée compasse ; Si que mult honnourablement Fist faire son enterrement. (MACH., P. Alex., p.1369, 19). Or servez donc, sans jamais dessevrer, Amours, par qui grant joie ert amassee ; Et par ce avrez dame en qui compassee Sera beauté qu'Amours scet preparer. (CHART., L. Plais., c.1412, 153). Amours est lierres De cuers, ou au moins un changierres, Aux bons bon, aux bouleurs boulierres. C'est le cep d'or a riches pierres ; Qui s'y appuye, Prins est sans querir qu'il s'en fuye. C'est un beau soleil et puis pluye ; Une foiz plaist et l'autre ennuye. Amours compasse Ses faiz comme la dance basse : Puis va avant et puis rappasse, Puis retourne, puis oultrepasse. (CHART., L. Dames, 1416, 270). Que vault a tort amasser Et povre peuple lasser, Quant vous estes de tel germe Que mort vous fait trespasser, Et vostre povoir casser, Dont souvent n'est plouré lerme ? Se vostre cueur ne s'aferme En Dieu qui ferme et defferme, Compter fault au rapasser. Pour ce rayson doit passer Voz desirs, et compasser, Si que Dieu lez vous conferme. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 48).

-

Compasser sa langue. "Régler, modérer" : Trop parler nuyt plus qu'on ne le peult croire. Chaton le dit et nous en veult semondre, Et devroit on comme fol celluy tondre Qui ne compasse sa langhe saigement, Dont tant de maulx adviennent bien souvent. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 47).

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Compasser qqc. à droit. "Régler qqc. parfaitement" : Et quant l'euvre est haulte, louable et digne, S'on l'entreprent sans ce qu'on l'enterine, C'est reprouche de lasche oultrecuidance. La pert l'omme son nom et sa fïance, Et le bon los tantost se brise et casse ; Mais qui a droit ses affaires compasse, Oultre poursuit cë a quoy il s'ordonne Et jusque au bout en loyaulté foisonne, Dont ses bienffaiz au parfournir s'amendent. (CHART., B. Nobles, c.1424, 409).

.

Bien/mal compasser qqc. : Tel puet estre riches et druz Qui deviendra povrez et nuz, Quar nulz ne scet sa destinee. Telx est povres et mal vestuz Qui encour sera au dessus, Quar fortune est bien compassee. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 227). DESGOUTTÉ. A bien compasser ung cadren Il y a grant subtillité. (Est., p.1460, 24). C'est assavoir : Le crestien La femme du crestien Le juif Mathatiel, varlet Le prestre Le premier sergent Le second sergent Sainct Nicolas Dieu Nostre Dame Gabriel Raphael Sathan Le prevost Le greffier L'advocat Le juge Le chartier LE CHRESTIEN commence. Consideré le cours du temps passé Que j'ay passé, de bon cueur trespassé, Mal compassé, d'honneur pou amassé, Tout bien pensé, ne sçay que doye faire. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 73).

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"Régler, employer qqc. (en partic. le temps) de façon mesurée, harmonieuse" : ESTOURDI. Qui sauroit compasser le temps, Il feroit plus fort que Dorie Qui escript a sa theologie (Est., p.1460, 25). J'ay esté perdu long espace Mais Bon Temps, qui tout bien compasse, Et Bonne Paix m'ont mis debout. (Sots, c.1480-1500, 275). Confessons nous du temps qui est passé, Car l'avenir doit estre compassé De seur propos et vray amendement. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 68). Et compassa fort bien son temps et faisoit une merveilleuse diligence ; et avez bien entendu comme il dissimula à ce Symon de Quingy bien l'espace de huict jours, et que cependant advint ceste mort. (COMM., I, 1489-1491, 231).

-

[Sujet abstr.] : Chascun vit par sa destinee Que est par vertuz compassee L'ung par sens, l'autre par folie, Quar les chouses determinees Ne pouhent estre retardees (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 217).

c)

[De Dieu, d'un dieu] : Dieu qui cest siegle commença Et ciel et terre compassa Et forma toute creature... (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 41). ...Mahon qui tout creait, Qui fist et cielz et terre et le mont compaissait, Il garde le chevalier que si bien behourdait ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 624). Ma mere (...) fu grant et lee Et plus preux que Panthasellee (Dieu proprement la compassa !) (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 18). Je espandray et inspireray par sa face une lueur, une beaulté, une doulceur plaine de simplesse, honneur et benignité, et tellement compasseray son chaste viayre, regart, ses diz, ses faiz et contenances, que a tous ses regardans elle sera exemplaire (GERS., Concept., 1401, 392). ...le divin ouvrier (...) Qui toutes choses compassa (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 73). Et saches qu'il [Dieu] ne compassa mye cest artificieux monde en son eternelle pensee, et ne le forma pas ainsi ordonnement en nombre, poys et mesure, par si juste proportion que il n'y ait que redire, en establissant soubz lui lez terriennes puissances, pour le non challoir et laissier a l'aventure sans gouvernail ne patron. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 34).

3.

P. ext.

a)

"Construire qqc. (avec des proportions régulières, comme à l'aide d'un compas)" : Ceste ligne resplandissant qu'en lieu de septre tenir me vois en ma main destre, c'est la rigle droitte (...). Sy saches qu'elle te servira a l'ediffice mesurer de la cité qui a fayre t'est commise : et bien besoing en aras pour laquelle ditte cité maisonner au par dedens, faire les haulx temples, les palais compasser (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 633-634). L'autre des places estoit Beauvoir, ou les Anglois orent compassé une fosse nommée enfer (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 16). ...nous a semblé que le dit Vulgant estoit encores bien jeune et puet n'estoit pas assez expert pour bien et seurement nyveller et conduire ledit ouvrage et qu'il valoit mieulx y faire encores la despense d'ung autre ouvrier que le dit ouvrage ne fust bien et seurement conduit, car si faulte y avoit à bien et seurement nyveller, mesurer, compasser et conduire ledit voiage, tout ce que on n'y avoit fait et despendu seroit perdu. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 316). Pour six grans compas à compasser pluiseurs ouvraiges (Comptes Lille L., t.2, 1468, 355). Par carrefours, tauldis et eschauffaulx, Tous compassez a ligne et a esquerre Pour y monstrer la verité du faulx (LA VIGNE, V.N., p.1495, 166). Item, vis à vis ladicte dame, au second pillier soubz le cerf qui est en la salle, fut son buffet proprement compasté [l. compassé ?] à sept ou huict estaiges (LA VIGNE, Sacre Anne Bret. S., 1505, 299).

-

Compasser (un ouvrage littéraire, un texte administratif) : Et pour ce finne ce ronmant Que je vous di certainnemant Que pour ce me faut faire fin, Car de Coulongne sur le Rin La matere en vint trouvee Et si vous di que compassee Fu la sans cause en latin Et l'aporta .I. pelerin (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 371). J'oys dire avant hier qu'a Rome On a fait depuis une espasse Ung empereur du plus felle homme Qui soit sus la terre qu'on passe Et qu'il fait escripre et compasse Grans mandemens pour envoyer Par tout le monde ou on trespasse Pour les cristiens desvoyer. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 18).

-

"Composer qqc. (un mélange), en justes proportions" : Et dit que ledit Grosse-C...lle lui dist que s'il estoit saisy ou prins pour ce fait, qu'il deist que jacobins les lui avoient baillées, et qu'ilz estoient en Normandie dix ou douze jacobins d'Evreux et de Rouen qui avoient compassé et faittes lesdites poisons. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 441).

-

Compassé à droit. "Bien formé, bien proportionné" : Car si cheveus ressambloient fil d'or Et n'estoient ne trop blont ne trop sor ; Son front estoit Blanc et poli, ne fronce n'i avoit, Sans vice nul compassé si a droit Que trop large n'estoit, ne trop estroit ; Et si sorcil Qui estoient de taille trés gentil Dessus le blanc sambloient un noir fil, Dont il fussent prisié entre cent mil. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 69).

b)

"Provoquer, susciter" : [Vrai Rapport fait des reproches à Faux Parler] Tous maulx entassés, Tous biens rabaissiez, Et dueil compassez En tresardant raige. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 80). Mieulx a morir j'amasse Que compasser Deul (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 152). Doi ge souffrir ? Hellas ! Esse raison ? Ne doi ge voir que ma douleur se passe ? Est il conclu qu'en ce tourment trespasse ? Est il conclu qu'en ceste langueur fine Qui des humains la misere compasse ? (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 104).

c)

"Inventer, concevoir, imaginer qqc." : Car trop fustes de rude affaire, Quant la dame vous aprocha D'un fait qu'elle vous reprocha Que fait aviez ou temps passé. Se vous eüssiez compassé En vous aucune congnoissance Qui fust signes de repentence De ce que vous aviez mespris Contre les dames de haut pris, Vous eüssiez fait moult que sages. (MACH., J. R. Nav., 1349, 268). Maiz quant passé A un ennuy qui l'a lassé, Fortune a tantost compassé Un mal tout nouvel et brassé, Que on n'y prent garde. (CHART., L. Dames, 1416, 232). Tourmens aurez de mainte paire En cest heure, je m'en fay fort. Mains crestiens en ont souffert mort, Depuis qu'ilz furent compassez. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 222).

-

"Machiner" : Pour ce, par nous soit compassé D'eschever faultes compassees, Tant que Pasques soient passees. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 465). ...Et mez pechéz du temps passé Que j'ay faiz, diz et conpassé... (Pac. Job M., c.1448-1478, 341). Et ne doubte pas que n'ayes esté pieça adverty de la fortune et adversité qui m'est advenue par la grant traïson qui fut compassée a l'encontre de moy (Louis XI Anglet. C.P., 1471, 320).

-

C'est bien compassé ! "Voilà qui est bien vu !" : MUNYER. La gourde pie ; Car mort de si très près m'espie, Que je vaulx mains que trespassé. FEMME. Mais qu'ayez tousjours la roupie Au nez ! MUNYER. C'est bien compassé ! (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 195).

4.

Compasser de + inf. "Faire en sorte de" : Foleur a fait grandes passees, Mains cueurs ont tout oultre passé ; Pour ce, par nous soit compassé D'eschever faultes compassees, Tant que Pasques soient passees. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 465).

5.

Compasser qqc. à qqn. "Préparer, réserver qqc. à qqn" : Je te suply que me soit compassé Lieu precieux en la gloire divine. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 605).

B. -

"Faire le tour de, entourer"

1.

[D'une pers.] "Faire le tour de" : SATHAN. Je viens de circuïr la terre Et l'ay compassee tout an cerne Voir comme chascun se gouverne (Pac. Job M., c.1448-1478, 231). J'ay partout le monde veu Et circuÿ et compassé (Pac. Job M., c.1448-1478, 318).

-

[D'un animal] : ...le chastel (...) que le lyon comppassoit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 89). ...le jenne lion qui me tenoit compaignie le compassoit [ce château] (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 195).

-

[De la lune] : ...Douse signez sont, qui lez nombre. Influence font par leur umbre Quant la lune par dessous passe, Qui chascun mois tous lez compasse. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 33).

-

Part. passé "Entouré de" : Toutes voies pour appliquer a mon intencion principale, vueil soubz briefté declairer les gestes et contenances de ceste dame. Ung riche palais ancien avoit de coste soy, somptueusement edifié de murailles eslevees et de haultes tours, compassé, comprins et environné de diverses et differentes habitacions par engins de souverains ouvriers (CHART., Q. inv., 1422, 9).

-

P. ext. "Pacourir" : En tieulx devises celle region passent Et les beaulx champs aërins lors compassent (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 372).

2.

[D'une chose] "Entourer" : D'une part est la terre basse Dessus le ciel qui la compasse Et la circuït et la cerne Si que, par vertu, la gouverne (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 37).

3.

Au fig. "Concerner" : JOB. ...Sept filz, trois filles de mon engendrement Sont procreés ; si crains que quelcun face Chose par quoy ilz ayent empeschement (...). LA FEMME. S'ilz commettent quelque vice ou fallace, C'est a leur dam ; Quant vostre cas compasse , Vous soucier en ce point, c'est simplesse. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 3).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.] "Régler l'attitude qu'on prend" : Ma seur croiiez ["vous croyez"] que le passage D'Amours est legier a passer ; Qui ne le craint il n'est pas saige Car il est fort au repasser. On se doit bien ains compasser : Honte et Dangier gardent l'yssue Que tel les cuide trespasser Mais au saillir le front luy sue. (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 120). Dieu gard les gueux de fier plumaige ! Comme se compassent millours ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 262).

B. -

[D'une chose] "Se régler" : Quant leaulté, forte et fermee, Une fois de fait appensé Dedens le cueur s'est enfermee, Tout son propos s'est compassé. Amours l'a clos de son fossé Et lui a fait promesse faire Que, pour vif ne pour trespassé, Ne partira de son repaire. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 95). En une moyenne maison Se doit compasser la despense, Et qui la fait oultre raison N'est pas sage, quant bien y pense. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 53). Qui veult d'amours jouyr a son bel aise, C'est bien force que aux dames il complaise Mais combien long, nul le scet qui n'y passe. Tel cuyde bien que son fait se compasse Tout a son gré, lors qu'il est debouté (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 132).

-

"Se former, se dérouler" : Je ris de bouche, et pleure d'ueil, Et foys et dy ce que ne vueil ; Ainsi ma vie se compasse, Maleureuse, chetifve et lasse, En paine et maulx dont trop recueil. (J. CAILLEAU. In : CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 414).