C.N.R.S.
 
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     CHIEN     
FEW II-1 canis
CHIEN, subst. masc.
[T-L : chien ; GDC : chien ; AND : chen1 ; DÉCT : chien ; FEW II-1, 191a : canis ; TLF : V, 703a : chien1]

A. -

Au propre

 

1.

"Animal domestique, chien" : Je tien que se vous le querez Avec Louvet le trouverez, Le chien mon pére. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 74). ...et ainsi de pluseurs autres plantes, herbes, arbres ou fruiz et ausi de pluseurs bestes qui sont de .II. ou pluseurs especes prochainnes et pou differentes et sont d'un gerre ["genre"], si comme sont, par aventure, aucuns chiens. (ORESME, C.M., c.1377, 460). Ilz ullent comme chiens, et, s'ilz sont deux lous, ilz feront si grant noise que [vous dirés que] il y a plus de huit chiens (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 98). ...et à un autre jour [il] retourna par nuit oudit hostel, et monta par dessus les murs comme dit a dessus, maiz n'y pot et ne osa riens faire, pour les chens de leans qui l'abayerent trop fort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 20). ...on y voit [en aucunes des bestes] les V sens du corps aussi parfaictement ou plus : les chiens ont plus parfait odorement a merveille et les voultours aussy, le singe nous passe en gouster, le porc sauvaige en escouter, l'aigle et le lins en regarder (GERS., Trin., 1402, 152). Oyseaulx muent et cerfs perdent leur gresse, Les chiens ullent et font ennuy et presse. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 177). Appetit canin est grant, irracionable, que on ne peut saouler et qui plus menge, plus appete et l'appelle on canin que ainsi que le chien ne peut estre saoulé (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 4). On dit maintenant que les chiens Si ont eu tresgrand froid aux dens, Et que les pouvres indigens Sont mors de fain sur ung fient. (Roy sotz, c.1450-1500, 218). Et, le mercredi ensuivant, fut publié et fait savoir par les carrefours de Paris que, en chacun hostel de cette ville, y eust une lanterne et une chandelle ardante dedens durant la nuit, et que chacun mesnage qui auroit chien l'enfermast en sa maison et sur peine de la hart (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 56). En songe je veyes liompars, Chiens, chatz, loups et renars, Ouls, lions, colevres, sanglers, Noirs hommes et fort estrangiers (Pass. Auv., 1477, 167). Ou est ce chien, Cerberus le briffault ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 219).

 

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[Dans un supplice réservé aux Juifs] : ...l'en le feroit excecuter comme juif, c'est assavoir qu'il seroit dempné perpetuelment, pour la mauvaise foy et creance qu'il avoit, et aussy qu'il seroit penduz par les piez, et à ses deux costez à chascun un grant chien pendu par les piez samblablement comme lui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 52).

 

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Aboi de / du chien. V. aboi : Je ne le vy depuis que le fort de la chace commenca et que le porc se mist a l'abbay des chiens. (ARRAS, c.1392-1393, 27).

 

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Prov. : L'abay du viel chien doibt on croire. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 585). Il n'est abay que de vieux chiens. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 592).

 

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Chien courtaud. "Chien châtré"

 

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Loc. fig. Mettre qqn en chien courtaud. "Mettre qqn en piteux état" : PRINCE. S'il fust entre mes mains tumbé, Je l'eusse mys en chien courtault. (LA VIGNE, S.M., 1496, 435).

 

Rem. Cf. DI STEF., 166a : «Mettre qqn en chien courtault, le traiter avec rigueur».

 

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Chien enragé./Chien rabi : ...et déchirer l'un l'autre aux dens et aux ongles, comme chiens rabis (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 478). De chien raby n'y a point longue chasse. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 221). De chiens rabis mauvaise est la morsure. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 638). ...Avironné de rabis chiens (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 67).

 

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Chien espagneul : ...environ le temps dessus dit, à l'entrée dudit bois, duquel il ne scet le nom, lui estant à pié, et ayant deux petiz chiens espaigneulx pour soy esbatre, survint d'aventure au chemin par où lesdiz escoliers aloient (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 140).

 

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Chien mastin. V. mastin "Chien de ferme, chien de garde" : ...ces chiens mastins, qui maynnent les asnes et les chameaulx (Voy. et pard. M., c.1419-1425, 85).

 

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Chien meslé. "Chien issu du mélange de plusieurs races" : Et puis par la grace de Dieu parleray de la nature des chiens qui chascent et prennent bestes, et premierement de la nature des alanz, secondement de la nature des levriers, tiercement de la nature des chiens couranz, quartement de la nature des chiens pour la perdriz et pour la caille, quintement de toute nature de chiens meslez, come sont de mastins et d'alanz, de levriers et de chiens couranz et d'autres semblables. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 52).

 

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Chien sauvage : ...cervis et chiens sauvatges (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 27).

 

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Chien terrier. "Basset" : ...par petis chiens tesrieres (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 92). À celui qui garde les petits chiens terriers de MS qu'il a à Hesdin. (Comptes Lille L., t.1, 1425-1426, 227).

 

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[Chien de chasse] : Et s'il faut que tu contremandes, Garde toy bien qu'a Dieu commandes, Et mercie tres humblement Ceuls que tu porras bonnement, Et leur offre chiens et oiseaus A chevaliers, a damoiseaus. (MACH., C. ami, 1357, 111). Pour quoy me tollez vous mes chiens, Que j'ay norri et qui sont miens ? (MACH., P. Alex., p.1369, 256). Ly pors fu fiers et orguilleux, et devoura pluseurs levriers et alans, et prinst son cours par la forest qui estoit haulte et droicte, et commenca grant la huee. Mais ly porcs ne doubtoit riens, mais rendoit estal tel qu'il n'y ot si hardy chien qui l'osast actendre, ne sy hardy veneur qui l'osast enferrer. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Mais le porc tourne et se met au cours par telle maniere qu'il n'y ot chien ne chevalier ne homme qui n'en perdist la trace et veue (ARRAS, c.1392-1393, 19). Et je croy qu'en pou de temps vendront aucunes gens qui nous diront toutes nouvelles, car je croy que la venoison soit prinse, car j'ay ouy courner, ce me semble, la rassemblee des chiens. (ARRAS, c.1392-1393, 20). ...les deux freres vont après, et treuvent le roy dessoubz un arbre, sus un estang, ou il attendoit le cerf que ly chien achassoient. (ARRAS, c.1392-1393, 75). ...ilz ne vouloient pas destourber le roy a veoir son deduit, lequel le perceut bien et leur en scot moult bon gré. Atant esvous venu le cerf, qui s'en vint ferir en l'estang. Et la fu prins par force de chiens et trait hors de l'eaue ; et en fu faicte la cuirie et donné le droit aux chiens. (ARRAS, c.1392-1393, 75). "Et ! monseigneur l'abbé," dist maistre Julien, "estes vous garny de bons chiens et levriers ?" (LA SALE, J.S., 1456, 259).

 

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Deduit / esbattement de(s) chiens. "Plaisir de la chasse" : ...l'esbatement des oyseaux et des chiens (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 213). Moult aimoit le deduit des chiens (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 112). ...en deduyt de chiens et d'oiseaulx (Nouvelles inéd. L., p.1452, 34).

 

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[Les chiens et les oiseaux de proie représentent la chasse] : Or est roy nostres damoiseaus, Qui ne met n'en chiens, n'en oiseaus Sa pensee, ne s'estudie ; Einsois jour et nuit estudie à destruire les annemis De la foy ; là son cuer a mis, Et ses delis et sa plaisence (MACH., P. Alex., p.1369, 19). Si ne metoit mie s'entente En chiens, n'oisiaus, n'en dame gente, Fors en ses anemis grever. (MACH., P. Alex., p.1369, 132).

 

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Chien de chasse : C'est ce qui a la mort me chace Et fait penser Qu'ensement comme uns chiens de chace Après sa beste fuit et chace Et la sieut partout a la trace Pour li tuer, Einsi Desirs de saouler Mes fols yeus d'assez remirer... (MACH., R. Fort., c.1341, 51). ...iceulx chiens de chasse ensemble autres semblables chiens qu'il avoit ou pais de Flandres, mener et faire mener et conduire par propres varlez ou pais de Bourgoigne (Comptes Lille L., t.1, 1425-1426, 232).

 

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Chien chassant : Seulement se voult deporter En oyseaux et en chiens chassans (Gris., 1395, 3).

 

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Chien chasseret : Ly contes si amoit moult les chiens et les oysiaux, et avoit foison de braques, levriers, chiens courans et liemiers, braconniers, faulconniers, oysiaux de proye et chiens chacerez de toutes manieres. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

 

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Chien baut / chien sage. "Chien qui garde le change"

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 64 ; 38, 40, 41... ; GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, gloss.

 

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Chien couchant. "Chien qui arrête le gibier (en partic. qui chasse la perdrix, la caille, qui se couche sur le ventre quand il la voit)" : C'est moult bonne chose a un homme qui a un bon austour ou faucon, lanier ou sacre pour la perdriz que de tieulx chienz. Et aussi, qui a bon esprevier, sont ilz bons pour le gibier. Et aussi, quant on les enseigne a estre couchanz, sont bons pour prendre la perdriz et la caille au filé (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 136). ...vostre chien couchant (Lettres Louis XI, V., t.5, 1474, 261). À Régnault qui maine le chien couchant, pour une trasse qu'il a baillée au roy, deux escuz (Comptes roi René A., t.3, 1476, 272). ...ung homme de Tharascon, qui fait ung chien couchant pour le roy (Comptes roi René A., t.3, 1476, 278). Je les endors si bien dessoubz mes chants Qu'en nostre enffer, trop mieulx que chiens couchans ["chien obéissant, servile"], Je les festoye de lisars et dragons. (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

 

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Chien courant. "Chien qui poursuit le gibier (en donnant de la voix)" : ...les chiens courans (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 36). [Autres ex. 38, 265] Les trois chiens courans dessusdiz sont proprement les troys chiens de sang du grant veneur d'enfer (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 86). Chien courrant est une maniere de chienz que petit de genz sont qui bien n'en aient veüz, toutes foiz, pour deviser comme chien courrant doit estre tenu pour bon et pour bel, je deviseray de leurs manieres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 129). Ly contes si amoit moult les chiens et les oysiaux, et avoit foison de braques, levriers, chiens courans et liemiers, braconniers, faulconniers, oysiaux de proye et chiens chacerez de toutes manieres. (ARRAS, c.1392-1393, 17). ...et a [cet éléphant] le poil noirrastre, les oreilles larges comme ung petit van et moult deliéez comme ung chien courrant, les yeux a merveilles petis et rons (Voy. Jérus., c.1395, 62). Item, que ilz ont la chasse à toute beste à pié clos et la prendre à chiens courans, levriers et terriers, et fouir les goupils et autres bestes en terre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 10). ...et pour chascun d'autres chiens courans ung escu (Lettres Louis XI, V., t.5, 1472, 54).

 

Rem. FEW II-2, 1569b, s.v. currere : «chien courant "qu'on emploie à la chasse à courre"».

 

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Chien de chevreuil. "Chien de chasse pour le chevreuil" : ...combien que chienz de chevreul soyent saiges qu'ilz n'acuidront ne biches ne cerfs ne dain ne renart ne lievre, pou en y aura de saiges du chevreul contre un autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 218).

 

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Chien d'oiseaux. "Chien de chasse pour les oiseaux, épagneul" : Et si avoit .I. chien d'oisiaus Qui prist si fort a abaier Qu'il m'esveilla sans delaier. (MACH., Voir, 1364, 502). Ci devise du chien d'oysel et de toute sa nature. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 48).

 

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Chien de sang. "Chien qui retrouve le gibier blessé" : Les trois chiens courans dessusdiz sont proprement les troys chiens de sang du grant veneur d'enfer (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 86).

 

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Chien de trace. "Chien qui piste la trace d'un animal" : Nous vous faisons conmandement, Seigneurs, que voz roiz, voz levriers Voz chiens de trace et voz lemiers Menez au bois tost sanz laissier (Mir. st J. Paulu, c.1372, 100).

 

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La part des chiens. "Fraction d'un revenu dû par un tenancier à son seigneur (pour nourrir les chiens de chasse)" : ...la tierce partie du quarente huitieme dudit four que l'on appelle la part des chiens. (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 199).

 

Rem. Cf. past de chiens. "Charge que les seigneurs imposaient à leurs tenanciers de nourrir leurs chiens de chasse" (d'apr. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 128).

 

2.

[Valeurs symboliques (gén. nég., où le chien est vu comme un animal méchant, vil), ds des comparaisons, des loc., des prov. ...]

 

a)

[Avec valeur minimale]

 

Rem. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 86-87.

 

b)

[Ds des comparaisons] : Et Sarrasin i vont courant que chien dervé. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 19). Les mains en croiz et par derriére Leurs liez, et en tel maniére Les enmenrez com chiens en laisse. (Mir. femme, 1368, 200). Je vous menray com chien en laisse A ceste hart. (Mir. femme, 1368, 211). Alez vous ent, vous puez comme un chien (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 234). ...les diz Espaingnolz (...) amenerent leurs prisonniers ferrés mesmement le conte de Penembroc et les gentilz hommes, et les autres estans encoupplés comme chiens en lesse en une corde (Chron. Valois L., c.1377-1397, 235). Il y a un moiz qu'elle ne cesse de crier, de latrer comme le chien, à qui souvant sont comparez les clers selon les docteurs de l'Eglise (BAYE, I, 1400-1410, 103). ...pour avisier et pour poursuivre ce qui lui est bon a faire, non mie comme simple femme s'acroupir en pleurs et larmes sans autre deffense, comme un povre chien qui s'aculle en un coignet et tous les autres lui cuerent sus (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 191). ...et pour celle cause seulement, (...) s'entre-occient et mahaignent chacun jour comme chiens (Bouciquaut L., 1406-1409, 178). Vostre honneur perist puis que voz vaillances s'esprennent a mordre et a abayer l'un l'autre en travers et en tapinage, comme chiens et chas de chetif courage, et laissiez la protection de commun (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 82). Bref, mon maistre est aussi piteux Comme ung chien mastin enraigé. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 349). Ilz seront batus comme chiens. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 57). ...ce dont bien douloir Me dois souvent, c'est du bon Adrien, Mon doulz espoulx, endormir comm'un chien Ou service d'ung empereur payen ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 89). Je l'eusse (...) tenu [Jésus], comme chien en lesse (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 130). ...Quant je te voy retrait ainsi seulet, Com povre chien tapi en reculet (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 70). ...Bouté en terre comme un chien (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 792). Chascun scet bien que ces faulx Juïfz tiennent Nostre paÿs et le possedent tout, Lesquelz dedens comme chiens s'entretiennent (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 126).

 

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Plus aspre / plus cruel que chien. "Extrêmement cruel" : ...plus cruel que chiens (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 73). Ilz ont tresmal ouvré, Dont batus seront bien. En moy ilz ont trouvé Plus aspre que chien. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 197).

 

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Plus despit que chiens. "Extrêmement furieux" : Sur les murs nous fault mectre gens Et faire garder les Tourelles, Que plus depiz sont [les Anglais] que chiens Dont leurs besoignes sont ytelles, Qui leur sont rudes et cruelles A leur voir souffrir ceste chose, Que de leur chappeau et querelle Il ont perdu leur belle rose. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 478).

 

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Enrager comme un chien. "Être dans une grande colère" : I'enragerois tout comme vn chien Faire luy fault grant deplaisir (Myst. st Martin K., a.1500, 303).

 

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Estre / vivre comme chien et chat : ...car ilz sont comme chien et chat. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 52).

 

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Vivre / mourir comme un chien : L'EMPEREUR. Donques a ce que puis veoir Tu es crestien ? L'AVUGLE. C'est voirs ; autrement conme un chien, Sire, vivroie. (Mir. st Panth., 1364, 340). Puys l'empereur dyoclecien Morust pouvremant comme ung chien (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 53). J'ay tousiours vescu comme ung chien En ordure et en pechié (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 65).

 

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Neant plus que chien : A tant s'estent l'entencion De moi que ta discrection Voie que nïent plus que chien Ne doit en ma discucion Estre ouis pour l'excepcion Que par droit contre li Satan maintien (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 37). Ilz n'i gardent ne lonc, ne lé (...) Ne paour d'encourir meschiefs, Neant plus que chiens enragiez. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 147).

 

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Avoir plus d'argent qu'un chien de puces. "Être très riche" : Elle estoit fort amoureuse d'un gros chanoine qui avoit plus d'argent que ung vieil chien n'a de puces (C.N.N., c.1456-1467, 521). Nous prions Dieu (...) Que autant vous doint de mars de fiens Que ung vieu quien a de puces. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 728).

 

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Battre qqn comme un chien / plus qu'un chien : Tu en seras plus batu qu'un chien, Car tu l'as tres bien deservi. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 28). Je vous batray come ung vieil chien (Myst. st Laur. S.W., 1499, 196).

 

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Ne pas espargner qqn (plus) qu'un chien : Or sus, varlés, prouvés vous bien, Ne l'espargnéz ne que ung chien. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196).

 

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Estre / valoir moins / pire que chien./Valoir pis qu'un chien./Tenir qqn plus vil qu'un chien : ...je me repute et scé bien, Sire, que je vail pis q'un chien, Tant sui a Dieu abhominable (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 38). Ceulx me tiennent plus vilz q'un chien (Mir. march. juif, c.1377, 189). Plusieurs y a pires que chiens (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 106). Englois sont pires que chiens ; Y n'ont pitié de creature. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 430). Le diable d'Enfer vous sequeure Au lieu ou est mort maint payen. Chascun d'eulz vault pire q'ung chien. Allés les moy bien tost querir Sans plus de terme ne loysir, Et ceans me soient apportés. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 160).

 

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Ne se fier en qqn ... ne qu'à un chien : Bien enragé est qui se fie En ces crestiens ne qu'a ung chien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 124).

 

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N'estre chrestien plus que un chien : Il n'est crestïen plus que .I. chien (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 106).

 

c)

Loc.

 

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Entre chien et loup. "Entre le jour et la nuit, à la tombée de la nuit, au crépuscule (où l'on distingue mal le chien du loup)" : Crepusculum (...) : entre chien et loup, c'est l'eure entre le jour et la nuyt ou entre la nuyt et le jour (Aalma R., c.1380, 90). ...le dit Bery Andiau aidoit à monter sur une jument en la dicte ville de Triou, entre chien et lou (Doc. Poitou G., t.5, 1385, 256). ...et leur sembloit que l'eure de midy fust transmuee en un instant quant a clarte a l'eure qui est appellee chien et loup. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 494). ...il estoit lors ainsi comme heure d'entre chien et leu, c'est assavoir que l'en alume chandeilles, un pou devant Noël. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). Le tiers jour, entre chien et lou... (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 96). ...Estre entre chien et loup mussés (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 60). ...quant ce vint du vestre, quon dist entre chien et leu (WAVRIN, Chron. H., t.5, p.1471, 111). Entre chien et leu, sur le tart... (Le Jugement du pauvre triste amant banny, éd. A. Piaget, c.1475-1500. In : Romania 34, 1905, 379).

 

Rem. DI STEF., 165c, s.v. chien ; C. Caws, Trav. Ling. Philol. 33-34, 1995-1996, 67-80.

 

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Chien au grand collier. "Celui qui est préféré, celui qui l'emporte sur les autres" : Mais toy, qui portes la despence De cincq ou seix veillez matronnes A qui robbes et chausses donnes, Cuident que toy simple escollier Estois le chien au gros collier. Est il bien foul et estourdy ! (Pipée R., c.1470-1480, 151).

 

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"Celui qui est le plus fort" : ...car envis souffroit foulure qui luy fust moleste, et espécialement en ces marches là où il estoit l'anglet de la forest et le chien au grant collier qui tous les uatres mordoit. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 189).

 

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Chien au prestre. "Individu choyé" : Je croy que c'est le chien au prestre : Elle est malade quant el veult. (P. Jouh. D.R., a.1488, 37). [ou allusion à une histoire (non identifiée) ? Autre ex., COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 330]

 

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[P. réf. au chien qui garde le troupeau] Chien le roi : Item, doit avoir quatre masurez es lieux tenus de son dit tenement en la ville de Baieux, où il doit demourer quatre gens qui sont tenus estre au dit pasnage ou envoier chacun de soy homme pour prendre les pors de porcage qui viennent au dit pasnage, et pour ce faire ont chacun un denier de livreson sur la reveue du dit pasnage, et sont nommés les chiens le roy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 71).

 

-

Battre le chien devant le lion. "Châtier un petit devant un puissant qui a commis la même faute" : "...Pour abregier doncques l'escripture," dist la chambriere, "j'ay assez batu le chien devant le lyon..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 576). ...lesquelz les doivent plus corrigier par bons exemples et paroles introduisans à bonnes meurs que par verberacions ou bateures maistriseuses, à l'exemple du leon, que on chastie en batant devant lui le petit chien (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 28). Ton secret clos contretien, Batz pres du lyon le chien : Ainsi te doibz contenir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 133). On bat le chien pour le lyon. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196). ...tout ainsi qu'on bat le chien devant le lion (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 274). ...pensant qu'il ne voulsist battre le chien devant le lyon (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 145). Le second entremectz de celle table estoit ung lyon mouvant attaiché à ung arbre au millieu d'ung preaul, et là avoit le personnaige d'ung homme qui batoit le chien devant le lyon. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 353). Le petit est tousjours souffrant Dure et grieve pugnicion, Et cil qui ce va procurant Bat le chien devant le lyon. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 1256).

 

Rem. FEW II-1, 193b, s.v. canis : «(Cotgr 1611 - Ac 1878)» ; cf. DI STEF., 165a, s.v. chien. L. Sainéan, La langue de Rabelais, 1, 1922, 385.

 

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[D'une condamnation] Estre une batture d'un chael du chien devant le lion grand. "Être un avertissement, comme on dresse un lion en frappant un chiot devant lui" (cf. note de l'éd., 152) : [Les ambassadeurs du duc de Bourgogne auprès du roi de France] Luy racompterent aussy [au duc de Bourgogne] la tresconfuse et doloreuse sentence du duc d'Alenchon et la maniere de son condempner, dont l'effect leur sambloit estre une batture d'un cayeau du chien devant le lyon grant (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 152).

 

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Estre mangé aux chiens. "Être dévoré par les chiens"

 

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[Dans une formule d'imprécation] : J'ay esté tousjours en la presse, Mes gens et moy, par tel(le) facon Que j'ay le corps plain d'uille et gresse Aussi puante que poison. Et en ont gecté a foison, La faulse chenaille d'Orleans, Si en feray tel(le) pugnicion Que mengiez en seront aux chiens. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 163).

 

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Esmouvoir / esveiller le chien qui dort. "Faire allusion à une question épineuse ; raviver une querelle" : Le Chevalier dit que le Clerc eveille le chien qui dort. (Songe verg. S., t.1, 1378, 33). Vous emouvés le chien qui dort et me contraignés que je doie plus avant paller que je ne cuidoie. (Songe verg. S., t.1, 1378, 33). Sire, ce dist Bertran, or m'en vueilliez laissier Convenir a mon gré, j'en feray appointier ; Le chien qui dort a fait laidement resveillier. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 175). ...vous plese p[l]ese de tenir ceste lettre privee sanz moustrer, car nous ne vouldrons esveiller le chien que dort (Lettres agn. L., 1400, 115). Tu n'es seul qui hurtes a mon tugurion, pour resveillier le chien qui dort, mais aultres que toi, dix et vingt font le samblable, pour moy tenter et gouster se riens ne porront emporter (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 837). Car nul ne doit jamais vouloir Division mettre ou discort, Mais a toute heure doubte avoir De resveillier le chien qui dort. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 71).

 

Rem. Absent de FEW, s.v. chien ; cf. Morawski, 879 ; DI STEF., 165c, s.v. chien.

 

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Prov. : Qui esveille le chien qui dort, Non convient pas se il le mort (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 231).

 

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Presenter chiens et oiseaux. "Faire sa cour" : ...Amour envoya nostre marchant devers sa patiente, et luy presenta comme aultrefoiz chiens et oyseaux, son corps et ses biens (C.N.N., c.1456-1467, 146).

 

d)

Prov. : Par faire mal n'aprivois'on pas chien ! (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 281). Deux chiens sont mauvais a un os. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 133). A malvais chien queue luy vient. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 573). Chien dangereux sans marande se couche. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 578). Dessus son fumier se tient li chien fier. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 580). Mal chien ne trouve ou mordre. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 587). Soubz l'ombre d'asne entre chien en molin. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 598). Tant ayme on chien qu'on le nourrist (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52). ...a ce propos peut on dire "De chiens d'oiseaulx, d'armes, d'amours : Pour ung plaisir mille doleurs." (C.N.N., c.1456-1467, 372). A chair de chien saulce de leux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 593). Le couart chien tousjours abaye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 651). ...mais l'en dit que pour estre compere à chien l'en n'en doit point porter maindre baston. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 125).

 

Rem. Cf. aussi DI STEF., 164c.

 

-

Chien en cuisine ne demande pas son pareil : Chien en cuisine son pareil ne desire (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 109). ...car l'en dist communement que chien en cuisine ne demande point son compaignon. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 71). Jamais chien en cuisine Son pareil ne desire. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 59).

 

-

En lit de chien ne quiers point d'oing : En lit de chien ne querés oint. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 581). En lit de chien ne quiers point d'oint. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194).

 

-

[Prov. équivalent : "quand le chat est parti, les souris dansent"] Quand le chien chie, le loup s'en va au bois : Entrementres que le chien chie le lou va au boys (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 581). ...tandiz que le chien chye, le loup s'en va au boys (BUEIL, II, 1461-1466, 93). Car tendis que chien pisse, Le loup s'enfuit au bois. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 42).

 

-

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage : Qui le chien voeilt ocirre, tuer, et méhaignier, Le rage le met seure (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 326). Qui le kien voelt honnir Le rage lui met seure, pour lui faire morir. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 340). Qui son chien veult tuer lui met la rage Assus (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 125). ...des ce qu'il meschiet aux chetiz, on leur met sus que c'est par leurs dessertes, comme cellui qui son chien veult tuer et pour couleur de son fait lui met sus la rage. (CHART., Q. inv., 1422, 37). Qui hait son chien luy met le raige sus. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 175).

 

e)

[Valeurs symboliques, allusions bibliques...]

 

-

[Symbole de l'envie] : Amour de court c'est amour de chien : c'est toute envie et flaterie. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Pour ceste cause les passions et desordonnez mouvemens sont lais et coulpables es hommes, qui point ne le sont es bestes, comme orgueil n'est point pechié, ou laydure en cheval, cruaulté en lyon, malice en renart, envie es chiens, avarice es cornailles, et ainsy des autres. (GERS., Concept., 1401, 399).

 

-

[Prov. 26, 11] Comme le chien, retourner à son vomissement. "Retomber dans son ancien péché" : ...ceulx qui se retournent ainsy legierement a leur malvaise vie come "les chiens a leur vomissement" (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 729-730). ...ains retournent des qu'ilz se sentent quelque peu deschargiez a leurs premieres acoustumances comme le chien a son vomissement (CHART., Q. inv., 1422, 50). En la parfin il osta l'abit et tonsure de clerc et retourna au siecle, non mie comme il apperra cy aprés ainsi que ung chien revient au vomissement, car il fist cecy contraint par necessaire dispensation et non pas induit par mauvaise et ambicieuse convoitise de courage inconstant et volage. (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 13).

 

Rem. Cf. DI STEF., 166b, s.v. chien ; FEW XIV, 629a, s.v. vomere.

 

-

[Hist. romaine, symbole positif] : ...homme singullier et admirable en philozophie et en astrologie, et, à ceste cause, les sages Romains le faisoient paindre tout nud, lui bailloient deux serpens ès mains et lui faisoient la teste comme teste de chien, qui estoit signifficacion de louenge parfonde et reminisence. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°).

B. -

P. méton. PEAUSS. "Peau tannée du chien" : À la gantiere, pour VI paire de gans de chien tennez et broudez (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 193). ...douze bonnetz à grans oreilles, et quatre paires de mitaines de chien, baillez es mains du roy qui les a donnez à ses gentishommes (Comptes roi René A., t.2, 1478, 98).

C. -

P. anal.

 

1.

ASTR. Estoile en la bouche du Chien méridional. "Sirius dans la constellation australe du Grand Chien" : Car il en y avoit .XV. [estoiles] qui estoient les plus grandes de toutes les aultres et sont appellees de la premier gra[n]deur, comme est l'estoille du cueur du Lion, comme Alhaber, qui est en la bouche du Chien meridionelle, comme Aldebaram, qui est ou signe de Thaurus, etcetera. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 34).

 

Rem. Cf. A. Le Boeuffle, Astr., 1987, 81, s.v. canicula.

 

2.

Chien (de mer). "Poisson du genre squale" : Item, nul ne soit si hardy qu'il mesle rayes ne chiens de mer avec autres poisson en ung pennier (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 16). Et est la brecte aussi comme chien de mer, maiz brecte est plus petite, et plus doulce et meilleur (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 236). ...se aprez la tempeste les poissons nommez chiens se apparent... (Expos. songes B., 1396, 194).

 

Rem. V. chien de mer. Man. lang. G., 1396, 68 (chien du mer) ; Rég. santé corps C., 1480, 74 (le porc marin et le chien de mer). Nom donné à un navire : LA VIGNE, V.N., p.1495, 136.

 

3.

[Outil, instrument]

 

-

[Outil de tonnelier servant à écarter les douves d'un tonneau pour encastrer le fond] : Deux douloirs, (...) un feuillet, une coignee. Trois culeres, un sizea, une plane, un fer de plane, un chien, un demi quarteron d'oisil (Doc. 1412. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 411). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

 

-

[Nom d'une pièce d'artillerie] : ...leur arteillerie, c'est assavoir les .III. Frères de Lengres, le Chien d'Orleans, une bombarde et aultres engiens (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 205).

D. -

P. métaph.

 

1.

[Comme injure] "Individu méprisable, haïssable" : Li Caramans logier se vint Droitement devant ses engiens, Et ses gens, que j'apelle chiens, Au bout de la cité deserte (MACH., P. Alex., p.1369, 161). Et appeloient li François les Urbanistres (...) chiens. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 86). ...se ilz le roi de France et le pape eussent si grant puissance comme j'ay ouy dire, ilz ne larroyent pas tant demourer le Saint Sepulcre es mains de ces chiens sarrazins (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 256). ...a ces chiens de Sarrazins (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 272). Faulx traitre, vilain chien, murtrier, par le sang Dieu, nous te tuerons ! (Doc. Poitou G., t.8, 1447, 429). Chien enraigier, mangeur de chair humainne, Tirant cruel, qui fais tourmant et peinne Aux bons servans du roy de paradis... (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 12). [Meriadec au duc de Bourgogne :] Et par Dieu, il y a dés chiens aussy fol que luy, et en y a une grant quantité pour respondre a homme de plus grant sorte qu'il n'est. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 134). Vitoire arez, je vous affie, Contre ces desloyaulx chiens (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549). Anne, le chien felon, Traicta le doulx Jhesus selon Rudesse et inhumanité (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 756). ...Chien deloyal et detracteur (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 90). Le Barbarin, Sarrazin, mauldit chien (LA VIGNE, S.M., 1496, 236). Payen de fol contennement, Decius, faulx chien mescreu, Me cuides avoir mis tout nu (Myst. st Laur. S.W., 1499, 258).

 

-

Chien mastin : ...appellant ledit Billart, "villain, treistre jaques, chien mastin, filz de putain" (Ch. VI, D., t.2, 1403, 49). Je crye a toutes gens mercys. Synon aux traitres chiens matins [Thibault d'Aucigny et ses acolytes] Qui m'ont fait ronger dures crostes, Macher mains soirs et mains matins, Que ores je ne crains troys croctes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 149).

 

-

[Injure adressée aux tenants du parti bourguignon] Chien bourguignon : Rendez vous, faulx traitres, chiens Bourguignons. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 105).

 

-

Fils de chien. V. fils

 

-

Estron de chien : C'est ung pichon, estront de chien. (S. fol, c.1480-1490, 6).

 

2.

Empl. adj. "Ingrat" : C'est tres grande prodicion A ses Juïfz de faulx aloy, Qui ont fait sy noble convoy A nostre maistre [Jésus] en cestuy jour ; Mais, quant est venu au sejour, Il n'a eu amy sy certain Qui ung tout seul morceau de pain Luy ait donné. Sont il bien chiens ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 577).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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