C.N.R.S.
 
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     CHEVAL     
FEW II-1 caballus
CHEVAL, subst. masc.
[T-L : cheval ; GDC : cheval ; AND : cheval ; DÉCT : cheval ; FEW II-1, 8b : caballus ; TLF : V, 669a : cheval]

A. -

Au propre

 

1.

"Animal domestique servant de monture, cheval"

 

a)

[Caractérisé par sa robe, par son hennissement...] : ...quant ilz oyrent (...) chevaulx hannir... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 216). La veissiez bannieres, pennons et estendars sur les vaisseaux au vent, et sonner trompetes et instrumens, et ces chevaux hennir et braidier, que c'estoit grant beauté a veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 84). Et, eulx estans à laditte malladerie et ainsy qu'ilz parloient ensemble, virent venir ung chevaucheur, bien monté sur ung cheval de poil gris (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 177).

 

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Cheval bayart./Cheval grison : Et tout devant ladicte compaignie aloit la trompete dudit Salezart monté dessus ung cheval grison, lequel, en courant au long des fossez d'entre ladicte porte Saint-Anthoine et le bolevert de la tour de Billy, ledit cheval cheut dessoubz ladicte trompete si très lourdement que icelle trompete se rompy le col. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 127). Et estoit ledit monseigneur le connestable vestu et habillé d'une cape de camelot, doublée de veloux noir, dedens laquelle il estoit fort embrunché ; et estoit monté sur ung petit cheval bayart à cours crins, et en ses mains avoit unes moufles fort velues. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 351).

 

b)

[Comme animal domestique] : Ainsi seront tuit mignez ["nourris"] mes quevaulx (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 69). Et leurs chevaulx furent logiez en grans tentes, et leés si a leur aise qu'il n'y ot varlet qui ne s'en louast (ARRAS, c.1392-1393, 39). Et fist crier Uriiens que qui vouldroit boire un cop, qu'il beust, et donnast avoine aux chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 98). Li varlés des cevaulx, garchons et bouteliers Sont venus o chastiau (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 243). Cestui predist sur aucune revolucion et grande conjunction que les bestes plus domestiques comme chevaulx, beufz, vaches, chievres, brebis et pourceaulx laysseroient leurs communes habitacions et fuyroient ès lieux sauvages (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°). ...Chevaulx, muletz et jumens par monceaux (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

 

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[Soins prodigués au cheval]

 

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Etriller le cheval : ...quant il estrillent son cheval (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 112).

 

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Ferrer le cheval : La peussiez ouïr grant martelleiz au reclouer pans, plates, gantellez, harnoiz de jambes, a enferrer lances, a ferrer chevaulx, au rouler cottes d'acier et jaserens (ARRAS, c.1392-1393, 95). Si (...) fissent ferrer lors chevaus (FROISS., Chron. D., p.1400, 152). ...et faire refierer ses cevaus (FROISS., Chron. D., p.1400, 755).

 

-

[Harnachement du cheval] : Or fault des harnoiz aux chevaulx, Selles, cordes et mansillons (DESCH., M.M., c.1385-1403, 62). Tantos chevaus furent ensellé (FROISS., Chron. D., p.1400, 59). Par quoi il ne font aultre pourveance que casquns enporte entre la selle et le penniel dou cheval que il cevauce, une plate piere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). ...pour (...) recengler son cheval (FROISS., Chron. D., p.1400, 132).

 

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[Comme valeur marchande, comme héritage, comme don...] : Tu as tous les jours de ta vie Heü quanque tu as volu : Se tu vosisses or molu Mengier, ou pierres precieuses, Ou avoir robes curieuses, Joiaus, deniers, chevaus, destriers, Dont d'or fin fussent les estriers, Tu l'eüsses sans contredit (MACH., C. ami, 1357, 66). L'obseque fu fait et les chevaulx offers ainsi comme il appertient a ung si noble roy comme le roy Fedric estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 187).

 

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Estre (monté) à trois / quatre chevaux : ...et estoit ycellui de Sezay homme bien monté à IIIJ chevaulx. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 59). ...le prevost de ladite ville de Villeblovain, en l'ostel duquel estoient logiez un chevalier ou escuïer, ne scet lequel, qui estoit à troys chevalx, le avoit mandé afin que ilz convoyast iceulx chevalier ou escuïer (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 318).

 

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Chevaux nouveaux. "Jeunes chevaux" : ...Li roys les paia richement, Et leur donna moult largement Or, argent, vaisselle, joiaus, Dras de soie et chevaus nouviaus (MACH., P. Alex., p.1369, 111).

 

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[P. opp. à coursier / destrier / haquenee / palefroi / roncin, pour désigner un cheval sans caractéristique particulière] : Et voient grant foison de nobles gens par la praierie, dames, damoiselles, chevaliers, escuiers, et par my la praierie courir chevaulx, destriers, pallefrois et coursiers, a grant multitude. (ARRAS, c.1392-1393, 37). Et pour commencer a ces choses, veez cy en ceste boursse trois cens escus dont les C seront pour une bonne hacquenee ou pour un bon cheval que premiers donnerez a Madame (LA SALE, J.S., 1456, 72).

 

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Cheval hongre. V. hongre

 

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Cheval au pied blanc. V. blanc : ...le cheval au blanc piet qui fault a son maistre au besoing. (LANNOY, Instruct. prince V.L., c.1439-1442, 39).

 

c)

[Comme monture] : Prenez en l'estable un cheval Et s'alez au giste a Loncval (Mir. nonne, 1345, 342). ...un cheval morel sellé et bridé, sur lequel il chevauchoit ou service dudit Galois, et lequel cheval il vendi, an et demi a ou environ, la somme de IIIJ l. tournois (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). Or dit l'ystoire que tant porta le cheval Remondin, ainsi pensif et plein d'ennuy et de meschief qui lui estoit advenu, qu'il ne savoit ou il aloit, ne il ne conduisoit pas le cheval, mais le portoit partout la ou il lui plaisoit a aler, sans ce que il lui tournast le frain a dextre ne a senestre (ARRAS, c.1392-1393, 24). Or dit l'ystoire que tant porta le cheval Remondin, ainsi pensif et plein d'ennuy et de meschief qui lui estoit advenu, qu'il ne savoit ou il aloit, ne il ne conduisoit pas le cheval, mais le portoit partout la ou il lui plaisoit a aler, sans ce que il lui tournast le frain a dextre ne a senestre (ARRAS, c.1392-1393, 24). Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel se destournoit de lui, et le faisoit aler après lui parmy le champ, car il avoit si bien cheval a main qu'a fin souhait. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Et Uriien le fiert de l'espee sur le heaume grant coup de toute sa force. Et fu le soudant si chargié du coup qu'il fut si estourdiz qu'il ne voit ne entent, et pert le fraing et les estriers, et l'emporte le cheval partout ou il lui plait. (ARRAS, c.1392-1393, 113). Et se partirent environ le prinsompme, montez, eulx et leur mesgnie, sur chevaulx d'avantaige, et yssirent par une poterne (ARRAS, c.1392-1393, 148). Lors arreste le cheval et tourne devers Gieffroy et joint la targe au piz et met la lance sur fautre (ARRAS, c.1392-1393, 231). ...Loyal Cuer, qui de par ladicte ville luy presenta cinq dames richement aournées, lesquelles estoient montées [au roi] sur cinq chevaulx de pris, et estoit chascun cheval couvert et habillé de riches couvertures, toutes aux armes d'icelle ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 25).

 

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Cheval courant. "Cheval très rapide"

 

Rem. Rec. gén. des anciennes lois fr., t.10, 487-488 (doc.1464). Doolin de Mayence V, P., 1501, 34.

 

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Cheval de compagnon. "Cheval que l'on monte pour accompagner le roi ou une autre personne de haut rang (?)" : ...pour acheter un gent, frisque et fringant cheval de compaignon (...) et un autre de bonne taille pour vostre chevauchier a tous les jours (LA SALE, J.S., 1456, 69).

 

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Cheval de corps. "Cheval réservé (à une personne, au prince)" : Item une selle pour ung des chevaulx de corps de mondit seigneur, 36 s. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 500). Et premierement, treize mors neufs pour les chevaulx de corps de mondit seigneur, au pris de 6 s. piece font 78 s. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 502).

 

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Cheval de selle : ...et perdirent deux fois autant de chevaulx de selle. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 342).

 

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[Allures du cheval] : La dame ouy la frainte du cheval au roy Elinas, qui venoit grant aleure. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Mais li cheval estoient si foullé et si lassé que il ne pooient aler que le pas (FROISS., Chron. D., p.1400, 134).

 

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Cheval de relais. "Cheval laissé de dostance en distance pour remplacer les chevaux fatigués" : À Perrenet Boilet, qui, ledit jour, environ deux heures aprez le partement dudit Jehan Dyee, se parti pour hastivement de nuit et de jour à chevaulz de relais porter lettres closes de par mondit seigneur aux cappitaines tenans le siege devant Estan Saint Germain (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 464).

 

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Renouveler les chevaux (au relais) : ...et laissa tout son estat derriere et chevaulcha, luy et son paige seullement, le chemin de Moulins en Bourbonnois pour venir en Auvergne, et renouvelerent tous les jours chevaulx. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 219).

 

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À cours / à course de cheval / de chevaux. V. cours, course : Ces nouvelles vinrent a Valenchiennes dou plus tos com pot a cours de cevaus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 353). ...le roy de France envoya de rechief, à course de cheval, ung messagier à leurs ambassades (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 493).

 

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À / de force de cheval : L'ost s'arma de tous costez. Et le roy envoya courant a force de chevaulx jusques a mil hommes par my eux, qui moult les dommagierent et empescherent qu'ilz ne se porent ordonner a leur guise. (ARRAS, c.1392-1393, 137). Et lors monta Remondin a cheval moult legierement, et prist la lance. Et, d'autre part, monta Oliviers moult vistement, et prist la lance au fer trenchant. (ARRAS, c.1392-1393, 62). ...car lui sambloit que pour un quart de heure qu'il pouvoit estre party devant lui, ne pouvoit faillir d'en avoir aucunes nouvelles, car alloit de force de cheval, ce que l'autre ne fit pas (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 246).

 

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Monter sur son cheval / Descendre de son cheval / Saillir jus du cheval / Mettre qqn jus du cheval... : Li jouvenciax (...) La mist jus du cheval (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 65). Lors descendy du cheval, pour ce que il ne feist trop grans escroiz (ARRAS, c.1392-1393, 6). Lors sault jus du cheval appertement (ARRAS, c.1392-1393, 25). L'OSTE SAINCT MARTIN. Bien venu soyez en cest estre, Chevalier de noble façon ! (...) (Sainct Martin descent de cheval.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 201). Et de moy, sire, depuis que je peuz monter à cheval, je servy le roy vostre pere et vous le mieulx que j'ay peu, et non pas si bien que j'en ay eu et ay le vouloir, en maniere que, la mercy Dieu, vous n'y avés eu perte ne dommaige et ne vous ay point faict de faulte. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 389).

 

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Brocher / ferir / heurter / poindre le cheval (des éperons)./Eperonner le cheval : Vers la riviere ay chevau ["le cheval"] point (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 218). Et en ce faisant son ennemy l'apperceut, et fiert le cheval des esperons, qu'il avoit si a main qu'a souhaitier, et baisse la lance, et va ferir Remondin enmy le pitz (ARRAS, c.1392-1393, 62). Et lors point le cheval tout a un fais, et cuide venir hurter Remondin enmy le pitz. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Les deux l'enferrent sur le comble de l'escu, et ly autre en la couppe du bacinet, et tant rudement le fierent qu'ilz portent lui et le cheval par terre, et passerent oultre. Mais il point le cheval de l'esperon, qui fu fort et viste, et le cheval se remet sur ses genoulx, et ressault en piez legierement, que oncques n'en perdy estrier ne espee de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 72). Lors estraint l'espee ou poing moult fierement, et hurte le cheval des esperons, et vint vers le soudant grant aleure. (ARRAS, c.1392-1393, 112). Ils, qui voloit estre des premiers assallans, broça ceval des esporons, et toute sa compagnie apriés lui (FROISS., Chron. D., p.1400, 168).

 

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Prendre / tourner le frein du cheval : ...ly roys (...) tourne le frain du cheval et se met les grans eslaiz tout le chemin qu'il avoit veu la dame tourner. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Lors [Mélusine] se part des autres et vint a Remondin et print le frain du cheval, et l'arreste tout quoy en disant... (ARRAS, c.1392-1393, 24).

 

d)

En partic. [Comme monture du chevalier, du guerrier] : Eu chastel de Rodes monterent, Et par la ville se logierent, Bien et bel, et se rafreschirent, Et leurs chevaus en bon point mirent, Pour partir, quant le roy vorra. (MACH., P. Alex., p.1369, 57). Et au passer le hurte de l'espaule telement qu'il vola du cheval a terre. Et la presse commenca si grant qu'il fu tous deffoulez des piez des chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 72). Donnez aux bons hommes d'armes chevaulx, cottes d'acier, haches, bacinez de espreuve et argent selon raison. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Et Anthoine boute l'espee ou fourreau et l'ahert par le millieu du corps et le tire jus du cheval et le gecte si rudement a terre que a pou que il ne lui a crevé le cuer ou ventre. (ARRAS, c.1392-1393, 162). ...tant que les fers des lances vindrent joindre sur les pieces d'acier, de si grant force que il n'y ot si bon cheval qui ne chancellast et ploiast l'eschine, et la lance du soudent vola en pieces. (ARRAS, c.1392-1393, 231). Et, au passer que Gieffroy fist, si fiert le cheval de la faux si qu'il lui trenche les jarrez derriere. Et quant Gieffroy sent le cheval fondre soubz lui, si sault jus appertement (ARRAS, c.1392-1393, 246). ...lors Marcus Curtius, tout armé et monté à cheval se gecta dedans, comme dessus est dit et fut la plage cessée et la terre reclose. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 51 v°). ...car l'on me mande, si j'ay envye d'avoir de bons chevaus et bien vistes, que j'en envoye querir en Picardie, pource qu'il y a de mes capitaines qui les ont bien esprouvez à la course, en eulx retournant en leurs logis. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 393). Et, depuis ledit d'Ardaine, en essayant ung cheval à courre contre le prince d'Orenge, qui avoit mis ses gens en embuche dedans ung boys, et, quant ilz eurent couru jusques audit boys, incontinant les gens dudit prince sortirent, le prindrent, luy allerent incontinent faire copper le col. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 397).

 

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Cheval armé : ...trois mil chevaus armés qui seront sus les deux èles de mes batailles (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 30).

 

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Cheval de guerre : ...et ledit comte lui donna ung très bon cheval de guerre. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 16).

 

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Cheval de jouste : ...deux grans chevaulx de jouste à longue queue l'un bay et l'autre fauvel (Comptes Lille L., t.1, 1416, 130).

 

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S'armer à cheval. "Revêtir l'armement du chevalier" : Le lendemain, par matin, s'arma Gieffroy a cheval, et ala tant qu'il vint en la montaigne (ARRAS, c.1392-1393, 265).

 

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Au plur. Grands chevaux. "Cavalerie d'élite d'un haut personnage" : Et dit il qui parle que quant les granz chevaulz de monseigneur se partirent de Paris derrenierement pour aller en Bourbonnois, Gerardin varlet des grans chevaulz de mons. perdi ses besaces où ses draps linges et queuvrechiex estoient et autres choses et les demanda à tous ses compaignons (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 445).

 

e)

[Comme bête de somme, de trait, de labour...] : ...il estoit couchié en l'estable aux cheveaux dudit Thevenin son maistre, et en la compaignie d'un autre chartrier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 193). ...il acheta, (...) un petit cheval de poil noir, et environ XIIJ ou XIIIJ livres de laine qui sur ledit cheval estoient, dont il païa deux escus d'or de XVIIJ s. par. piece. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 284). ...et pour ce que nouvelment il avoit prins terres à labourer en ladite ville de Heudouville, il, afin d'avoir un cheval pour labourer lesdites terres, se transporta (...) en la ville de la Saussoye (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 284). ...ledit charrestier se parti et enmena sadite charrete et chevax (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 348). ...et prindrent cinq minoz de blé et farine, qu'ilz mistrent en deux sacs sur leurs chevaulx audit molin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 512). Je congnois tout fors que moy mesmes. Je congnois cheval et mulet, Je congnois leur charge et leur somme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). ...dist que le fleuve de Alisiam nommé tant se esmouveroit et que les ymbres seroient cy très grandes et, par ce, les terres si très molles et embeues d'eaue, qu'il fauldroit XXX chevaulx à mener un muy de vin ou ung toneau (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 r°). ...predist le desconfort des laboureux de Beausse, que le cheval chargé de blé ne valloit que (sic) et le vin en petit pris et comme vil. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°).

 

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Charge d'un cheval (comme unité de mesure) : Le froment valut en Lionnoys un escu d'or l'année ["charge d'un âne"], c'est certaine mesure venant près à la charge d'un cheval et le vin valut II frans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 161 v°).

 

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Cheval lourd. "Cheval de trait ou de somme" : Et ont en ces païs grant foisons beufs et vaches et chevaulx lours, et grant foison poissons de mer, et d'eaue doulce (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 106).

 

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Cheval à bast. "Cheval muni d'un bât, pour les charges" : Pour le louage d'un cheval a bas qui porta le dit argent (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1347, 126).

 

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Cheval de maree. "Cheval pour transporter le poisson" : ...par laquelle porte passent de jour en jour les chevaulx de marée et autres, qui paravant passoient par ladite porte Saint Denis (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1425-1426, 102).

 

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Cheval de chariot / de voiture. "Cheval utilisé pour tirer les chariots, les voitures" : ...pour le salaire, louyer et despens d'un cheval de voiture que ledit Coletot prist et alloa, par deux foiz, à Compiengne, pour apporter l'argent de ladicte assignacion, et d'un varlet voicturier qui le mena et conduit dudit lieu jusques à l'ostel de l'Argentier (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 190). ...pour les chevaulx de chariot de ladite dame (Comptes roi René A., t.2, 1453, 410).

 

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Cheval de charrue / de labour : ...et au partir prennent et enmainnent laboureux ou chevaulx des charrues, voire les femmes et enfans (JUV. URS., Loquar, 1440, 311). ...et n' y demouroyt cheval de labour ne aultre beste (JUV. URS., Nescio, 1445, 57). ...ung sergent est alé prendre les chevaulx de charrue d' un povre abbé (JUV. URS., Nescio, 1445, 506).

 

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[P. opp. au moulin à vent et au moulin à eau] Moulin à cheval. "Moulin actionné par un cheval" : Item, quatre moulins à chevaulx fais en manière qu' il n'y ait que deux roues (BUEIL, II, 1461-1466, 49). ...et des brasseurs ayans moulin à cheval (Comptab. Dieppe M., 1474-1475, 115).

 

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DR. Mander qqn de chevaux. "Donner ordre à qqn de s'acquitter de la corvée consistant en journées de travail moyennant un cheval" : Item, une aultre lettre de vidimus non seellée, signée Lespoysse, par laquelle il appert que lesdiz seigneur et dame ont quicté les habitans desdictes villes de toutes les corvées que ilz devoient, toutesfoiz que ilz les mandoient de charoy et de chevaux, en restitucion de l'augmentation d'un vivier prise sur les pasturages d'iceulx habitans. (Invent. N. Baye T., 1419, CIX).

 

Rem. Sur cette corvée, cf. Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 232 (cheval de service) et 240 (cheval de rencontre, quand deux corvées s'ajoutent l'une à l'autre par la transmission d'un fief).

 

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[Dans les supplices]

 

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Detraire qqn à chevaux. V. detraire "Écarteler"

 

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Tirer qqn à quatre chevaux. "Faire subir à qqn le supplice de l'écartèlement" : Cestui fut moult experimenté en la partie judicative, et fut celui qui trouva dont procedoit l'empoisonnement d'aucuns grans seigneurs du sang royal, dont une dame de France nommée Brunehault fut pugnye et tirée à IIII chevaulx, en la ville de Paris, ou lieu dit Croix du Tiroër. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°). Tiré fut [Saint Hippolyte] a quatre chevaulx Et en quatre pars desmembré. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 123). Tu seras a chevaulx tiré Et trainé par boys et par hayes Sans jamais cesser, tant que ayes Regnié ton dieu Jesu-Crist. Avant ! tirans, sans nul respit Despouillés le moy en chemise ; En chascun membre luy soit mise Une corde, c'est mon vouloir (Myst. st Laur. S.W., 1499, 271).

 

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Traisner qqn à queue de cheval : ...là commanda que on excecutast les prisonniers à seigneur Thomas de Pegeson, son chambellan, et furent trainez à queue de cheval six vertueux hommes dudit lieu jusque à la justice, où il y a une grosse lieue et furent penduz et non estranglez. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°).

 

-

[Mythol.] : Si comme selon les fables des poiens et des poëtes qui mettent que le soleil rouele et est tiré et meu comme la roe d'un char par .IIII. chevaus, lesquelz l'aube du jour attele et arregne au matin, si comme Ovide descript. (ORESME, C.M., c.1377, 450).

 

f)

[Dans des comparaisons]

 

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Comme le cheval par le frein / comme le cheval sans frein : ...car par sobrieté on maistrie le corps si comme le cheval par le frain (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 44). Autre chose ne se peut dire fors que en ce cas nous allons comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frain. (CHART., Q. inv., 1422, 56).

 

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Courir comme un cheval (très vite)

 

Rem. DI STEF., 161a.

 

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Manger comme un cheval (abondamment) : Ainçois mangiez comme un cheval Et buvez com fait un Normant (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 25).

 

-

Regarder de travers (de côté) comme un cheval : Dieu regarde en priere cuer humble et devost et n'a cure de paremens ne de haulte maniere, comme font ces foles hardies qui vont baudement le col estendu comme serf en lande et regardent de travers comme cheval desréé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45).

 

g)

Prov. : Hommë, oysel, cheval et chien, S'il ne travaille, ne vaut rien. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 529). A bon cheval bon gué (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 572). Oncques cheval ne fut charmé Au nom de Dieu ne de ses sainctz. (Menus propos P., 1461, 92). Par ung seul clou perd on ung bon cheval. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 768). Trop presser fait cheval restif. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 53). [v.560]

 

-

[Dénonçant les remèdes inappropriés] Cheval rogneux n'a cure qu'on l'etrille / fuit à l'etrille : Cheval roignoux fuit a l'estrille (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 250). Cheval rongneux n'a cure qu'on l'estrille. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 578).

 

-

À cheval donné, on ne regarde pas dans la gueule (pour déterminer son âge). "Il ne faut pas se montrer difficile quand on vous offre qqc." : A cheval donné ne fault regarder en la gueule. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 573). ...a cheval donné On ne doit point la gueulle ouvrir Pour regarder s'il est aagé. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 164). ...Car a cheval donné Ne regardés les dens. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 46). A cheval donné en la goulle Ne doit en my[e] regarder (Myst. st Martin K., a.1500, 314).

 

Rem. Prov. H., 70a [C122].

 

-

Fermez l'etable avant que le cheval ne soit perdu. "Il faut prendre les devants, être prudent, ne pas attendre d'agir avant qu'il soit trop tard" : Par mon chief, dist ly roys, c'est mauvaise compaignie que de traitours. Il fait bon fermer l'estable avant que le cheval soit perdu. Sachiez que jamais ne vouldrez occire noble homme en trahison, car je ne mengeray jamais tant que vous serez penduz avec vostre oncle et tous ceulx qui cy ont esté admenez. (ARRAS, c.1392-1393, 74). Pour quoy, s'il vous semble bon, il me semble que il seroit bon pourveoir de remede aincois tost que tart, car l'estable est bien fermee a point avant que le cheval soit perdu. (ARRAS, c.1392-1393, 148). Mais ung proverbe nous dist que il est bien tart de fermer l'estable quant le cheval est pardu (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 115). ...quant le cheval est perdu, Bien tard est de clorre l'estable. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 146). Car trop tard est fermée estable Quant le cheval n'est plus estable. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 28). A cheval perdu clore estable (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 776). Ouvrez la porte, car il n'est pas temps de fermer l'estable quant les chevaulx sont perduz ! (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 180).

 

Rem. Prov. H., 70b [C127]. Morawski, 149, 151. MACHO, Esope R., c.1480, XXXV. P. allusion à ce prov. : Vous voulez clorre l'estable quant le cheval est perdu (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145). Il fist tout ainsi que cellui qui ferme lestable quant le cheval est perdu. (Gil. Tras. W., c.1450, 103).

 

-

Tant vaut mon cheval comme je l'aime. "La valeur des choses est dans l'intérêt qu'on y porte" : Tant vaut mes chevaus com je l'aim. (MACH., D. Aler., a.1349, 276).

 

-

Un cheval suffit à la fois. "Il faut savoir économiser les moyens" : Un cheval suffist a la fois (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 122).

 

2.

[Dans des loc. adv. et adj.] À ... cheval./De cheval

 

a)

Verbe + à / de cheval

 

-

Aller à cheval : Et, pour Dieu, s'en va il a pié, Ou a cheval ? (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 35). Et, tout derriere icelle compaignie, aloient aussi à cheval huit ribauldes et ung moyne noir, leur confesseur. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 83). ...si j'alloye en paradis A cheval, comme fist jadis Sainct Martin et aussi sainct George, J'en seroye bien plus prest. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 41). Se voullez aller a cheval Et estre homme de grant affaire, Premier il nous fault contrefaire Du saige et du bon entendeur, Dire le mal et le bien taire Et estre tresparfait menteur, Bourdeur, mensongeur, raporteur, Jurant fort d'estoc et de taille. (Sots triumph., c.1475, 45). Du monde la nature est telle ; Traÿson y est et cautelle, Qui sans celle Vont a cheval par tout paÿs. (Pass. Auv., 1477, 111).

 

Rem. Pour le dernier ex., v. selle (chevaucher sans selle).

 

.

Aller à chevaux : ...ilz alerent par eaue sus la riviere de Loire jusques à Amboise, et là depuis à chars et à chevaulx tant qu'ilz furent en Poitou (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 228).

 

.

[Comme signe de richesse, p. iron.] "Paraître riche, puissant" : Li grant musart vont a cheval. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 43). Petit, moien et grant seigneur De son pouoir n'use pas mal Com aucun qui vont a cheval. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 154). Et que vault uns homs qui n'a teste ? Maiz vivez ainsi que une beste, Si en vendrez a beaux chevaulx. Uns homs qui ne prent grans travaux Et ne met son corps a proesce, Il n'est pas digne qu'on le laisse Avoir joye, paix, ny honneur. (Gris., 1395, 45).

 

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Venir à cheval : Si que je vueil entroublier le mal De tristece, car il me siet trop mal. A piet s'en va, mais il vint a cheval, Dont trop me poise (MACH., F. am., c.1361, 175). ...il se parti de laditte ville d'Aucerre et s'en vint à cheval à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 126). Et incontinent après affluerent à S. Pol et par toute la ville de Paris pour venir à S. Pol au Roy gens d'armes sans nombre, tant à piet que à cheval (BAYE, II, 1411-1417, 126).

 

-

Monter à cheval : Quant li roys vit tout clerement Qu'il ne les porroit nullement Retenir par son biau parler, Einsois s'en voloient aler, Il monta tantost à cheval, Entre lui et son mareschal, Et chevaucha dedens la ville. (MACH., P. Alex., p.1369, 107). Et monta a cheval, et s'en va grant aleure au travers de la forest (ARRAS, c.1392-1393, 23). Et lors monta monseigneur le Dauphin à cheval, accompaignié des ducs de Berry et de Bourgoigne (BAYE, II, 1411-1417, 126). L'AFFINEUR. Je suis prest, montons a cheval Et chevauschons sans selle, et pour le mieulx, Disant adieu, tant a mont com a val, Car nous avons affaire en aultres lieux. (Sots mal., c.1480, 91). ...tandis qu'ilz s'arment, puis montent a cheval. (LA VIGNE, S.M., 1496, 183).

 

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Monter aux chevaux : ...et, au point du jour, ilz monterent aux chevaulx et s'en vindrent par Cartesex disner à Windesoire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 65). ...chevaliers et escuiers, qui avanchier se vouloient et qui desiroient et demandoient les armes, monterent uneffois aux chevaulx, sus leurs meilleurs et plus appers que ilz avoient et les mieulx gouvrenez et agrenez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 94).

 

-

Estre à cheval : Et quant il furent à cheval, Premierement à l'amiral Alerent faire reverence (MACH., P. Alex., p.1369, 188).

 

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[De plusieurs cavaliers] Estre aux chevaux. "Être à cheval" : ...et les cappitaines qui estoient aux chevaulx venoient tout le pas derriere (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 224).

 

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[Pour exhorter qqn à monter à cheval] À cheval ! : Quant le chastellain l'entendy, si s'escria en hault : A cheval, a cheval. Qui oncques ama Jossellin de Port le Leon, mon oncle, ne son filz Olivier, si me suive ! Et lors monta chascuns (ARRAS, c.1392-1393, 71). Et quant il y vint, si leur escria et dist : Beaulx seigneurs, or tost a cheval. Gieffroy se combat a ses ennemis et a grant besoin de aide. (ARRAS, c.1392-1393, 202). A cheval a cheval tout homme (Myst. st Martin K., a.1500, 168).

 

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Aux chevaux ! : Aux chevaulx ! [Aux] chevaulx ! No journé est gangnee. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 208). Sus, aux chevaulx touz ! (Mir. roy Thierry, c.1374, 297). Or tost as chevaus ! chevauçons quoiteusement celle part. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 205).

 

-

[P. opp. à à pied] : Et jà sont descendus aval Pluseurs à piet et à cheval (MACH., P. Alex., p.1369, 151). Et faisoit le roy Uriien si grant semblant qu'il donnoit a ses gens si grant cuer que avecques lui et a son emprise, ilz eussent bien osé combattre de X mille que ilz estoient, que de pié, que de cheval, cent mille payens. (ARRAS, c.1392-1393, 128). Toutes gens le sievirent a ceval et a piet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 353). Tout le monde celle part vire A cheval, a pié, a navire (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 63).

 

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À pied et à cheval. "En toutes circonstances" : Par vostre bon voloir plaisant M'avez fait vostre mareschal Si vous vueil servir en tous sens, Chier sire, a pié et a cheval. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 226).

 

b)

Subst. + à / de cheval

 

-

[Subst. désignant un combattant, un sergent d'armes...] : ...un sergant d'armes a cheval (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). ...les archiers a cheval (FROISS., Chron. D., p.1400, 129).

 

.

[P. opp. à à / de pied] : Entour cestui temps le roy de Phez (...) vint assegier icelle cité a grant multitude et puissance de gens, entre lesquelz avoit XVm hommes a cheval et IIIIxx mille de pié (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 76). En la premiere [chevalerie] avoit icelui Daire VIc mil hommes ; en la seconde XXX mil hommes de pié et cent mil à cheval ; en la tierce IIIIc mil pietons et cent mil hommes à cheval (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 r°). ...vivandiers et autres gens non armez tant a pied comme a cheval (LA VIGNE, V.N., p.1495, 283).

 

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Chevalier à cheval : Et tantost iceulx trois chevaliers à cheval, lesquelx avoient avecquez eulx de sept à huit vingtz lances, allèrent contre iceulx Angloiz et leur tindrent grande et dure escarmuche (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 36).

 

.

Compagnie de cheval : ...de toutes les compaignyes, tant de pied que de cheval. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 292).

 

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Homme / gens de cheval / à / de chevaux. V. homme : En celi meisme tamps furent conscriptes a Rome trois centuries de gens de cheval (BERS., I, 1, c.1354-1359, 13.8, 22). De gent de piet et de cheval Furent plein li mont et li val, Quant il firent leur monstre faire. (MACH., P. Alex., p.1369, 55). ...six mille hommes à chevaus et quarante mille hommes de piet (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 118). ...on les quist à gens de chevaus (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 8). ...si apperceut une route de gens de cheval qui entroient en la carriere par ou Gieffroy venoit (ARRAS, c.1392-1393, 199). ...li honme de ceval (FROISS., Chron. D., p.1400, 431). ...à bonne puissance de gens de cheval (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 296). Et grant place pour vous aroye, Pour tant ne vous y logeroye, Car je ne tiens point d'hospital : C'est logis pour gens de cheval, Et non pas pour telz gens que vous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 195). ...du party des Bourguygnons, mourut messire Philippes de Lalain, et de gens à pied et menuz gens, plus que de ceulx du roy, mais de gens de cheval en mourut plus du party du roy (COMM., I, 1489-1491, 34).

 

-

[Subst. désignant une activité chevaleresque] : ...le jour des armes a cheval (LA SALE, J.S., 1456, 149).

 

c)

À cheval sur. "À califourchon sur"

 

-

[Sur un cheval] : Il vous seroit trop mieulx a estre A cheval sur ung bon destrier (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 73). ...quant il fut a cheval sur son destrier... (LA SALE, J.S., 1456, 114).

 

-

[Sur d'autres choses] : ...quy en une maison laisse une petite seelle la nuyt les quatre piés en hault, autant est l'Ennemi a cheval sur la maison (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 124).

 

-

[D'une chose] À cheval dessus : Alors fait ferir la nave a plain voille par sur la chaynne, tant qu'elle fut a cheval dessus (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 50).

 

d)

À tue cheval / À tuer le cheval. "Le plus vite possible" v. tue-cheval : Et avoit ordonné le duc qu'on lui fist savoir la conduite des Gantois à tue-cheval (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 330). ...prestement, quant ce mariage fut fait, ceste nouvelle comtesse de Charolois, ferrant battant et à tuer cheval, envoia devers son père le duc de Bourbon, et devers sa mère la ducesse, leur annonçant ce qui estoit fait et la manière comment (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 26). ...que à tuer cheval il retournast à Brusselles (...) ...envoia à tuer cheval devers elle (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 443). ...le connestable de France partit à toute haste et s'en ralla devers le roy, qui n'y demoura que une nuit qu'il ne s'en revint à tue-cheval (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 349). ...incontinent m'envoiez à tue cheval Vc escuz des premiers receuz par homme qui soit icy en VI heures (Lettres Louis XI, V., t.4, 1471, 195). ...porter lettres closes de par mondit seigneur a sesdits ambassadeurs estant a Roye hastivement et a tue cheval, touchant aucunes matieres secretes. (Comptes argentier Ch. le Téméraire H.B., t.4, 1471-1475, 9). ...et à tue-chevalx s'en allit à la conté de Bourgongne pour secourir les dits Allemans. (AUBRION, Journal L., 1499, 416).

 

-

À gagne cheval. V. gagne-cheval

 

3.

Loc. fig.

 

a)

Cheval delié. "Tête brûlée" : ...plusieurs mavaix garsons et chevalx-déliez se tenoient en Bar et en Lorenne, et couroient journellement sur ceulx de Mets (AUBRION, Journal L., 1491, 272). On n'avoit aussy jamais [vu] tant de malvaix garssons, chevalx-déliez, entreprendre sur la cité comme il faisoit (AUBRION, Journal L., 1491, 289).

 

b)

Loc. verb.

 

-

Estre cheval au diable. "Être l'instrument du diable" : Mais toutesfois je vous vueil bien aincoires tant dire que, quant vous veez un cheval si terrible qu'il ne veult souffrir qu'on monte sur lui, ou ne veult entrer en un navire ou sur un point, dittes lui en l'oreille ces parolles : "Cheval, aussy vray que meschine de prestre est cheval au dyable, tu vueilles souffrir que je monte sur toy ". Et tantost il sera paisible et en ferez vostre volenté. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 114).

 

-

Estre cheval de deux selles. "Avoir un rôle double" : Cuer d'Acier, beau sire, mettez jus celle harpe et sy me dittes de quoy vous servez a mon filz, car je me doubte que vous soiez cheval de deux selles. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 362). [cf. la note de l'éd. p.462]

 

-

Faire chevaux de. "Avoir à son entière disposition (?)" : SATHAN. Comment donc l'entendez ? J'ay mes chevaulx, mes hacquenees, De ses putains habendonnees, Estans au bourdeau pour l'argent. LUCIFER. Faiz tu chevaulx de telle gent ? Tu ne dois pas crouppir en peaultre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 823).

 

-

Faire du mauvais cheval. "Être rétif" : ...l'aultre son compaignon, le derrenier venu, avoit bien fait du mauvais cheval et en maintien et en parolles (C.N.N., c.1456-1467, 233).

 

-

Estre monté sur son grand cheval. "Avoir une très haute position" : "... Il est monté sur son grant cheval et est un haut et puissant prince, et moy qui suis un compagnon, je iray sur mon petit chevalet après, le mieux que je pourray." - "Ha ! dea, ce dist le chevalier lors en riant, monseigneur, vostre petit cheval ira bien plus fort que le sien grant, et n'y a point de comparaison de lui à vous, et fol seroit bien s'il le pensoit ... " (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 346).

 

-

Chevaucher les chevaux gras / les grands chevaux. "Avoir une très haute position"

 

Rem. DI STEF., 161b.

 

-

Rompre chevaux. "Épuiser tous les moyens disponibles" : ...les aultres rompent chevaulz au pourchaz des offices (CHART., Q. inv., 1422, 15).

 

c)

Loc. adv. À cheval./Tout à cheval

 

-

À cheval. "Cavalièrement"

 

.

Parler / respondre à cheval. "Parler / répondre de manière cavalière, outrecuidante, insolente" : Renard escoute, oit et entend Qu'aucun secours Barbue atent, Et voit qu'elle parle a cheval (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 25). Egar conme il parle a cheval ! S'Artus estoit ou Parceval, S'a il grant cuer. (Mir. st Ign., 1366, 109). LE PAPE. (...) Certainement rien n'en feray, Ne des tresors ne vous diray Ne bien ne mal. DACIEN. Dis que tu parles a cheval. (Mir. st Lor., 1380, 166). Et se les presidens des jugements, pour attaindre la verite des querelles, reprenent les advocaz de leurs allegacions entrelacies et de leurs captieuses proposicions, ilz respondront tantost a cheval : Mes seigneurs, vous nous grievez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 464). ...et le dit Thomas respondi au dit Macé assez fierement que, s'il y mettoit la main, qu'il feroit son povoir de soy defendre et que le dit Macé parloit bien à cheval fierement. (Doc. Poitou G., t.6, 1393, 150). PLUSEURS. (...) Comme il parloit a chesval ! FLATERIE. Il est ung peu trop parcïal. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 188). Ne n'estoit coustume avenir a telz biens par force et pour parler a cheval, veu que tous ceulx qui se humilient jusques a terre et qui ne servent que de obeïr et complaire a grant peine y peuent parvenir. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 52).

 

Rem. Loc. absente de FEW, s.v. caballus et respondere, mais att. ds FEW VII, 607a, s.v. parabolare ; cf. DI STEF., 161b, s.v. cheval : parler à cheval, respondre à cheval.

 

.

Aimer à cheval. "Aimer de manière cavalière" : [Réponse d'une dame à des propositions] A grant moqueur fault grande moqueresse. Lui departi dit qu'il aime a cheval (...) Vanter s'en suelt et a mont et a val (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 51).

 

.

[D'une chose] Venir à cheval (et s'en aller à pied). "Venir très vite" : LA BEGUINE. C'est voir que les maux a cheval Viennent, mais a pié, sire doulx, S'en vont. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 241).

 

-

Tout à cheval. "Immédiatement, sur-le-champ (comme un cavalier qui ne prendrait pas le temps de descendre de cheval)" : Adont se departi il dou roi et s'en vint tout a cheval, assés bien acompagniés de sa famille seullement (FROISS., Chron. D., p.1400, 835). ...et cellui qui premiers les avra bien rompues, son compaignon, tout a cheval, present le juge, lui donra un dyamant lyé en or (LA SALE, J.S., 1456, 80). Lors tout a cheval entra dessoubz son grant ciel ainsin courtiné (LA SALE, J.S., 1456, 155). Et, après qu' ilz furent tous ainsi tuez et murdris, y survint et se y trouva ledit de Bourgongne, qui, tout à cheval, entra dedens ladicte eglise (BUEIL, I, 1461-1466, 270). Monseigneur, s'il vous plaist, dit le Jouvencel, vous demanderez icy tout à cheval par oppinions à messeigneurs les cappitaines que est de faire. (BUEIL, II, 1461-1466, 241). ...et souppa en la grant salle du dit chasteau, ou l'on monte a plusieurs degrez de pierre, et fut servy par le grant seneschal de Napples tout a cheval, habillé tout de blanc, en tous ses mectz et force trompettes et clerons. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 267).

B. -

P. méton. [Avec des adj. num.] "Homme, combattant à cheval" : Et estoient bien là XL chevaulx qui venoient courant l'un après l'autre, chascun ung petit baston en sa main (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 166). ...et que le duc de Misgrave, qui avait la charge de la baniere du roy de Honguerie et sa chevalerie, qui estoient XIJM chevaulz, feroient l'arriere garde (LA SALE, J.S., 1456, 215). Et, ainsi qu'il vint contre le point du jour, arriverent bien cent chevaulx des ennemiz du Jouvencel à son logeiz et firent moult grant bruit. Et le Jouvencel (...) courrut, sa lance au col, où estoit le bruit de ses ennemiz, et là congneust qu'ilz s'en retournoient et ce qu'ilz avoient fait n'estoit que pour le amuser (BUEIL, I, 1461-1466, 144). ...et envoyerons deux ou trois cens chevaulx legièrement habilliez pour courre la praerie et prendre les chevaulx (BUEIL, I, 1461-1466, 150). Et se sauva er retray (...) à trois chevaulx seullement ou chastel de Montrod, et environ XX ou XXV hommes de guerre en sa compaignie (Lettres Louis XI, V., t.2, 1465, 150). ...à dilligence fist partir deux ou trois cens chevaulx pour tirer à eulx tant que chevaulx les povoient porter, pour les resconforter et donner cueur (COMM., I, 1489-1491, 149). ...mais le mareschal de Gyé manda au roy comme il eut passé ces montaignes et comme il envoya quarante chevaulx courre devant l'ost des ennemys pour sçavoir des nouvelles (COMM., II, 1489-1491, 163).

C. -

P. anal.

 

1.

[Poses qui rappellent le cheval ou le fait d'aller à cheval]

 

-

Faire le cheval (fondu). "Courber le dos pour permettre à qqn d'y prendre appui" : Raymonnet descendu, fist le cheval fondu, pour aidier a monter le chevalier au haut d'un poirier (Nouvelles inéd. L., p.1452, 29).

 

-

[Correspondant à chevaucher au sens grivois]

 

Rem. DI STEF., 160c (ex. de LA TOUR LANDRY).

 

2.

[Objet qui représente un cheval]

 

a)

Cheval de bois / de fust : Si orent fait ediffïer Un merveilleux cheval de fust, Et, qu' en son temple menez fust, En signe que leur grant victoire Fust a tous jours mais en memoire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 155). ...les hoirs des fremis chevauchans chevaulx de bois a tout force darmes (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 77).

 

-

[Comme jouet] : Quant on voit jennes enfans courir au long des rues a chevaulz de bois, a lances et desguisez par maniere de gens de guerre, c'est tout vray signe de prochainement avoir grant tribulation ou pays. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 121).

 

-

[Comme instrument de torture] : Charpentiers sa ou estes vous Il vous fault ceste heuvre laisser Et vous fault tantoust comencier A fere ung cheval de bois (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 87).

 

Rem. Cheval de fust ds Jeu st Den. S., c.1380-1400, 103 ; chevalfust ds GD.

 

-

Cheval d'or : Nulz ne tendy oncques a cheval d'or Qu'il n'en eust a bride a son vivant, Se du querir fu sage et diligent. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 168).

 

b)

Cheval à perdrix. "Cheval peint sur toile et monté sur des bâtons, derrière lequel on se cache pour chasser les perdrix"

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 134 et 293.

 

c)

[Enseigne d'auberge] Cheval blanc : Item, je laisse a Sainct Amant Le Cheval blanc avec la Mule, Et a Blaru mon dÿamant Et l'Asne royé qui recule. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 16).

 

d)

MONN. "Monnaie frappée d'une figure de cheval"

 

-

Florin d'or à cheval : ...la tasse de laquelle il a esté trouvé saisy, en laquelle ont esté trouvez et nombrez en sa presence, (...) deux escuz couronnez, la piece de XVIIJ s. pour la piece ; un florin d'or à cheval de XVJ s. pour piece (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 116).

 

-

Franc à cheval : ...que homme ne marchande et ne face ses marchandises à gros ne à escuz, ne à moutonneaulx, mais les vende à francs à cheval, ou à livre, ou à solz, ou à deniers (Doc. Poitou G., t.7, 1422, 393). ...a Brunsvich, le heraut, une de ses tresriches robes et cent frans a cheval (LA SALE, J.S., 1456, 171). [Autre ex. p.180] Ou temps passé souloit courir monnoye blanche forte, moutons, chaves, frans a cheval et franc a piet, escus de LX escus ou marc, et n'en y avoit enciennement point d'aultres monnoyez qui eussent cours (JUV. URS., D. Tours, 1468, 444). ...deux vieulx frans à cheval (Comptes roi René A., t.2, 1477, 194).

 

3.

[Animal qui a une ressemblance plus ou moins vague avec un cheval]

 

-

[Être mythologique, Pégase, le cheval volant] : ...ainsin que fist de Persseus par Pegassus, le cheval voulant (LA SALE, J.S., 1456, 221).

 

-

Cheval sauvage. "Âne sauvage, onagre (ou cheval sauvage ?)" : ...quar aucunes gens chascent lyons, liepars, chevaux et buefs salvaiges (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 51).

 

-

Cheval de mer. "Hippopotame" v. chevaldemer

 

Rem. LA HAYE, P. peste, 1426, 220.

 

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Cheval fluel. V. chevalfluel

 

Rem. Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 495. Ds l'ex. suiv., chevaulx désigne des chiots ; la var. chaiaus des mss B et C est certainement plus proche de la bonne leçon.

 

4.

[Objet qui ressemble à un cheval, qui fait penser à un cheval]

 

-

ASTR. Les trois chevaux du Grand Chariot. "Les trois étoiles qui forment le timon du Grand Chariot" : ...lesquelles [estoiles] sont appellees de la seconde grandeur, comme sont les deux plus grandes du Petit Chariot, que on appelle la Petite Urse, et aussi comme sont les .III. chevaulx du Grant Chariot, que on appelle la Grande Urse. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 34).

 

Rem. Cf. aussi le context suivant : Item par autre maniere povez vous savoir la haulteur du pole, c'est assavoir par aucune estoille qui ne se couche point en icelle region, si comme a Paris par le premier equus. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 120).

 

-

"Cheville placée dans une fente du pivot de l'astrolabe pour maintenir les tables et l'araignée dans la mère, ainsi appelée parce que dans les instruments orientaux, elle affecte la forme d'une tête de cheval et en prend le nom ("alpheras") ; clavette" : Et depuis a il un trou au milieu de reys et des tables a la mere, au quel est une cheville qui tient tout ensemble, qui puet estre appelé "cheval" ou autrement a nostre plaisir. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 38).

 

Rem. Éd., 71, note 43 ; cf. aussi H. Michel, Traité de l'astrolabe, 1947, 33.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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