I. -

Adj.

A. -

"De la campagne, des champs"

1.

[D'un espace] "Rustique" : Et l'autre disoit que les mers estoient angoisseuses aux navires, les chasteaux aux chevaliers, la terre ruide et champestre aux gens de pié le ciel aux saiettes des Medois. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 144).

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Pays champestre. "Campagne" : Des champs ne puet on en ces jours sans effroy de cueur ouir parler, puis que le fer et la force y regnent par auctorité de violence et que homme n'y a la maistrise sur sa chevance ne seurté de sa vie. Les païs champestres sont tournés en l'estat de la mer ou chacun a tant de seigneurie comme il y a de force, et moins y ont de povoir les naturelz seigneurs que les estranges ravisseurs, dont la terre est semee comme de langoustes qui par leurs tourbes gastent les regions et les laissent en desert et en freche (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 13).

-

Ville champestre. "Ville ou bourg ouvert sur la campagne, non fortifié" : Aucunes gens des villes champestres, sans chief, s'assamblèrent en Biauvoisis. Et ne furent mies cent hommes li premier, et disent que tout li noble dou royalme de France (...) trahissoient le royaume. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 99). Et au dehors de la cité, environ lieue et demye, a une grosse ville champestre ou il a une eglise de Saint George (Voy. Jérus., c.1395, 12). ...ainsi fut la ville de Sainct-Denis destruicte, et quant ilz orent tout pillié [ à leur povoir ], si firent abatre les portes et les murs, et en firent ville champestre (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 309). ...et plus hardiement ilz envayroient les autres bonnes villes et citez fermées et villes champestres et chasteaulx de nostredit royaume (Doc. 1416. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 156). ...lesquelz, à tout leurs enseignes et bannières de mestiers, s'en alèrent, moult légèrement fuians vers une ville champestre estant à demie lieue, ou environ, de ladicte bataille. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 363). ...ainsi fut la ville de Sainct-Denis destruicte, et quant ilz orent tout pillié [à leur povoir], si firent abatre les portes et les murs, et en firent ville champestre (Journal bourgeois Paris T., 1435, 309). ...et, au plus matin, les cappitaines qui avoient la charge d'aller devant chevaucherent et allerent tant par leurs petiz pas qu'ilz arriverent à Francheville, qui estoit une grosse ville champestre, où il y avoit grosses eglises cathedrales et abbayes et estoient riches et puissans et y avoit ung groz peuple, qui riens n'avoit acoustumé à perdre. (BUEIL, II, 1461-1466, 88). Duc d'Alanson, et vous, Vendosme, Vous tandrez l'elle de la destre. Richemont, et vous autres en somme, Vous tandrez le costé senestre, Qui garderont la ville champestre Que les Anglois ne s'i retrayent. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 650).

Rem. Ville champestre se dit p. oppos. à bonne ville (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 706) ou à ville fermée (Stavelot, Chron. B., a.1447, 239). Dans le gloss. du Voy. Jérus., c.1395, ville champestre est défini : "Bourg rural non enclos de murs". Cf. J. LE GOFF, La Ville en France au Moy. Âge, 1998, 199.

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"Village (p. oppos. à la ville policée et raffinée)" : Pou [de jeunes filles en âge de se marier] veulent estre en une ville Champestre, pas n'est ce le stille: Elles desirent les citez, Les doulz mos a eulx recitez, Festes, marchiez et le theatre, Lieux de deliz pour eulx esbatre, Et qu'elles y voisent souvent, Si comme il est dit cy devant Ailleurs, en un autre chapitre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 180).

2.

[D'une pers.] "Qui vit à la campagne" : Advint ung jour que ung bon simple homme champestre avoit perdu son asne (C.N.N., c.1456-1467, 468). ...frisques bergiers champaistres (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

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Laboureur champestre : La vie des laboureurs champestres droittement examinee et congneue samble tele aux anciens nobles hommes philosophes et princes qu'ilz instituerent par editz et par loys que cellui seroit reputé et puny comme sacrilege qui offendroit et raviroit leurs labours ou leurs biens, feust en champ ou en ville (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 85).

3.

[D'une armée] "Qui est aux champs, en campagne" : ...chescun en son quartier, commencèrent à faire logeis, à eslever tentes et pavillons, comme en un oost champestre, et estoyent entretenus et nourris au despens des mestiers. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 589). ...salpestres, Brayes et guestres pour fonder ostz champestres (LA VIGNE, V.N., p.1495, 133).

4.

[D'un animal] "Animal de ferme, de pâturage (p. oppos. à l'animal sauvage ou l'animal domestique qui vit avec l'homme)" : Et mesmes les oiseaulx sauvaiges qui sont nourriz par personnes qui leur sont estranges au commencement, puis que iceulx oiseaulx ont prins nourriture d'icelles personnes estranges -- soient corbeaulx, corneilles, choues, voire les oiseaulx de proye comme espriviers, faucons melles, ostours, et les semblables -- si les aiment ilz plus que autres. De mesmes est il des bestes sauvaiges des donmesches, voire des bestes champestres. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 68). Ce mesmes est il des bestes champestres : vous le veez d'un mouton, d'un aignel, qui suivent et sont privez de leurs maistres et maistresses, et les suivent et sont privez d'eulx et non d'autres. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 69).

B. -

Au fig. "Grossier, peu raffiné" : ...jeunesse (...) ne m'a pas donné la loy de sçavoir persecuter avant en la maniere de bien dire, comme plusieurs bons orateurs desquelz avez les melliflux termes nouveaulx et les beaulx ditz, qui de tout point effaceront mon gros bureau et ma champestre rethorique (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 37). Dessoubz ung jouc, dampnable tributaire, Mise en exil par courroux voluntaire, Et par vertus de champestre imbessilles Calamytee en isle solitaire... (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 118).

II. -

Subst.

A. -

Subst. masc. "Paysan" : Par la fin de toutes lesquelles choses ensemble escriptes, l'une après l'autre, vous porra surtout clerement et evidamment apparoir et non seullement à vous, Sire, mais aussi aux simples champestres, la grande differance de astrologie et des ars divinatoires (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 v°).

B. -

Subst. fém. "Campagne" : ...par la champestre Vont cerchant les rencs tant qu'ilz treuvent Troÿlus (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 125). A si grant ost de gent, de bestes, Se parti Pirrus que champestes Et villes furent toutes pleines De gens (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 202). ...par ville et par champaistre, Marchez avant (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155).