I. -

"Pièce de bois percée de trous dans laquelle on passe les jambes d'un prisonnier pour l'entraver ou à laquelle on attache un prisonnier, carcan" : Jehan Prevost, sergent d'armes et prevost de l'armee, pour une chaine, 20 colliers de fer, l sep fermant, 6 gresillions de mains et pour une maison a mettre prisonniers, par l'ordenance monseigneur l'admirail (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1347, 122). Et dist, sur ce requis, que du cep où il estoit mis oudit chastel de Montlehery, il yssi par le fait dudit Sohier, qui rompi icellui cep dudit coustel nu qu'il tenoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 390). ...voulons que les ditz ceps soint renduz et livrez à nostre dit cousin ou à ses genz qui les pourront prendre et faire porter et asseoirs ès lieux où ils furent prins (Cartul. Laval B., t.2, 1394, 347). Pour lesquelles franchises dessus desclarées, lesdiz religieux doivent trouver au roy, en dit manoir, chep, prisons et parc pour mettre les prisonniers et bestes qui seroient trouvéez coulpables à cause de ladicte forest, et les doivent iceulx religieux faire garder. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 78). ...quatre grosses et fortes sereures garnies de clefs et de crampons et avec ce quatre barres de fer pour fermer les cheps des prisonniers (Comptes Archev. Rouen J., 1407-1408, 64). A toy se reclament ceulx qui par la tempeste de mer sont degettez de vagues et des vens ; en toy se asseurent ceulx que lez ceps et les manicles tiennent esliennés es tenebres des prisons (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 91). Et a ce malostru changon, Moutonnier, qui le tient en procés, Laisse troys coups d'un escourgon Et coucher paix et aise es ceps. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 19). Si fist tant Esperance a l'aide de sa damoiselle qu'elle rompit l'uys, car il n'estoit mye moult fort comme en ung hermitaige aux champs, si trouva leans le tresbel jouvencel Bel Acueil, qui estoit en ung cep tout neuf par les piez. Si derompit dame Esperance le cep et fist tant qu'elle le mist dehors de la chambrecte (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 52).

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Mettre qqn au/en cep/à un cep. "Entraver qqn" : Je vous enjoing (...) Qu'en chartre obscure le tenez, Et de fors chaines l'enchainez, Et si soit la en un sep mis (Mir. st Ign., 1366, 99). Quant uns Alemans tient un prisonnier en son dangier, il le met en ceps, en fiers, en buies et en dures prisons, ne il n'en a nulle pité, et tout pour estordre plus grant argent. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 110). Et neant mains, ledit Symon le retaint prisonnier jusques il eust paié son geolage et certains despens qu'il avoit faiz es dictes prisons, et le mist ou cep par l'un des piés (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1378, 485). ...quant aucuns prisonniers sont trouvéz en ladicte forest et n'ont de quoy païer l'amende, ilz sont prins et mis au sep qu'a ledit Colin, et les garde ledit porquier [l. parquier] un jour et une nuit, et puis les doit rendre es prisons dudit lieu de Beaumont. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 318). Lequel Henry en eust pris la charge et eust mis icellui de Launoy ou cep, ouquel il fut jusques environ minuyt, qu'il despeça ledit cep et rompi les couplés a quoi icelluy cep fermoit, et se parti desdictes prisons (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 245). Et en oultre avons ordené (...) que, se aucuns sont trouvés dormans en faisant leur guet (...) ilz soient mis es ceps par les piés. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1425, 227). Prenes le toust apartemant, Et le me mectes en prisom Scelom leur tresgrant mesprisom Au seps, gresillions et au fers. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 83). Qu'il soit mis piés et mains en ceps Affin qu'il ne puisee plus nuyre (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 101).

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Bouter es ceps : Les uns d'eulx sont ez cepz boutez, Aucuns en fors liens tenuz, Et les aultres, point n'en doubtez, Par tourmens a la mort venuz. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 92).

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Enfermer en un cep : Je le feroye enfermer en ung cep et le contraidroye a faire quelque ouvrage. (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 200).

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Mettre la langue au cep. "Faire parler (comme le prisonnier qu'on torture)" : [Le glouton] Tousjours quiert le vin du bon sep Tant qu'il luy mect la langue ou cep. Lors parle de cellui ou celle Qu'il ne cognoist et rien ne cele. Il est tout vray quant a cela : Onc homs yvre rien ne cela. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 20).

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Cep du roi : Pour lesquelles franchises, le dit Henry Pierres est tenu garder le sep du roy notre dit signeur ouquel doivent estre mis aucuns malfaitteurs quant eux sont prins et trouvés ou dit buisson du Tronquay, et les doit garder ou dit sep un jour et une nuyt, et aprés ce les aidier à mener ou chastel de Baieux (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 68).

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Les ceps d'Enfer : ...il [Dieu] nous mectra dans les seps D'Enfer pour pardurablement Demourer en peine et tourment. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 110).

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[Cont. métaph.] : Amours est lierres De cuers, ou au moins un changierres, Aux bons bon, aux bouleurs boulierres. C'est le cep d'or a riches pierres ; Qui s'y appuye, Prins est sans querir qu'il s'en fuye. (CHART., L. Dames, 1416, 270). Ayez doncquez, mere, ayés maintenant compassion de mon enfermeté, et regard a l'impotence de ce corps passible, qui me tient comme en cep et empesche d'aller jucquez a la parfaicte congnoissance et me tire a imperfection (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 33). Je sui chetif et aucunement emprisonné et grevé ou chep, jucques tu me refaices de la lumiere de ta presence et que tu me donnes a liberté et me monstres viaire aimable. (Internele consol. P., 1447, 132).

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P. métaph. : Discipline est le cep ou restrainte de couvoitise, le chartre des desirs mauvais, le frain de mignotise, le fardeau de elation ou de eslievement (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 244). Et a ce malostru changon, Moutonnier, qui le tient en procés, Laisse troys coups d'un escourgon Et coucher paix et aise es ceps. (VILLON, Lais T., c.1456-1457, 19).

II. -

"Pièce de bois supportant le soc de la charrue" : [Les habitans de Morgny ont es forests de Lions] un chesnot pour faire caretils quant le leur est usé, par livrée, en rendant le viel ; haies et ceps à leurs carues (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 17). Item, par information, ont le boul en ladicte forest en haultes futois, pour heberger seulement, hors landes et essars, et auxi du bois et chefs [l. ceps (?)] pour leurs charues et harnois, comme les habitans de Transsieres. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 19). Item, ilz ont haies et ces à leurs charues, et les demourans des charpentiers des ouvrages du roy ou des chappellains par congié qu'ilz prennent sur ce. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 27).

Rem. TLF : 1386 (d'apr. DU CANGE, s.v. cippus).

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[Antiquité romaine] "Pieu aiguisé attaché avec d'autres et enterré pour servir d'ouvrage défensif" : Ancores aprez, en dehors desdis cepz [trad. lat. cippus], fist Cesar faire fosses d'environ trois piedz de parfond (DUCHESNE, César, 1473, VIII.43, f° 177c). Et puis eulz descendus ou plain ordonnerent contre le pallis assaillant Rommains a couvert, et aulcuns les terrauz mis a l'onny firent chemain aux assaillans, couvrant de terre les atrapes rommaines comme ceps, lis et aguillons (DUCHESNE, César, 1473, VIII.50, f° 182b).

III. -

"Pied de vigne, bois de vigne" : Se vous voulez avoir raisins sans pepins, prenez en croissant ou temps que l'en plante la vigne (c'estassavoir en fevrier) une plante de vingne avecques la racine, et fendez le cep moictié par moictié tout au long jusques a la racine, et ostez la mouelle d'une part et d'autre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 123). [Le glouton] Tousjours quiert le vin du bon sep Tant qu'il luy mect la langue ou cep. Lors parle de cellui ou celle Qu'il ne cognoist et rien ne cele. Il est tout vray quant a cela : Onc homs yvre rien ne cela. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 20). Pour fere vin muscadet, prenez un fil de fer et le boutez en la moelle de la plante du sep qui soit taillé a .III. yeux tant que la moelle soit toute hors. Puis l'emplissés de pouldre qui soit bien soutille de noiz muscade. (Hent. soutill. L., c.1466, 85). ...Plantés au pié d'ung serisier ou d'ung prunier ung sept de vigne. (Hent. soutill. L., c.1466, 87). ...ledit Pierre Gaulteron, qui estoit tout yvre, venant de la taverne, entra en la vigne de sondit père, où il trouva ledit suppliant qui tailloit ladicte vigne, et se print à rompre et extirper les seps d'icelle vigne (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 158).

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Au fig. "Origine, lignée" : Mais se le seigneur les a par force concquis [ses hommes] et avecques ceste conjonction, Tullès se taist, disant encores que non, attendu que ilz sont tous freres et venus d'un cep (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 15). Jacob si engendra Josep, Mary de la Vierge Marie, De laquelle lignée et sep Le Sauveur Jhesus a prins vie. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 36).