A. -

DR. FÉOD. "Cens, fermage, redevance due pour la jouissance d'un bien"

1.

Au propre : Mais per celui Signour qui fuit ferut de lance La terre raverai dont doie avoir lez cencez (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 152). Se aucun doit la disme ou la censse de son champ ou de sa vigne ou de son mes, cellui à qui la disme ou la censse est ne pourra gagier les ouvriers qui ouvreront es diz champs, vignes ou mes (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 164). ...pour mieulx trouver les acquis de la dicte ville et pourveoir aux affaires necessitéz d'icelle et aussy que les censes et fermes de la dicte ville escheent annuelment au jour de Toussains (Hist. dr. munic. E., t.1, 1414,,, 414). Tant seulement une chose y estoit réservée pour le duc : c'estoit que jouyr devoit jusques au jour de Noël de ce qui restoit à recevoir sur lesdites terres, tant qu'elles duroient ["partout où elles s'étendaient"], pour cause des censes et rentes et débites que ses receveurs avoient pris devers eux à ce terme. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 396). ...voyant qu'il ne povoit paier ne la sence ne le principal et que sa somme montoit chascun an... (Lettres rémission René II P.D.H., 1492, 231).

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En fin de cense. "À la fin du bail" : [En cont. métaph.] ...je n'euïsse que faire De penser a teles wiseuses, Car ce sont painnes et nuiseuses Pour l'ame, qui noient n'i pense Et qui il faut, en fin de cense, Rendre compte de tous fourfais Que li corps ara dis et fais (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229).

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Donner qqc. à cense. "Accorder la jouissance d'un bien contre une redevance, affermer" : Nous Loys comte de Flandres, (...) avons donné et octroyé à cense et ferme heritable à notre amé vallet et chambellan Henriet Baudekin, nostre isle qui siet sur la riviere de la Meuse (Trés. Reth. S.L., t.2, 1358, 152).

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Mettre qqc. à cense : Tu n'as ne terres ne ahans Qui ne soient tout mis a cense. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 53).

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Tenir qqc. à cense : Et, quant le riche homme apperceut que le jeune filz le fuioit, il ymagina une cautelle a par luy et demanda au jeune filz a louer une partie de sa maison pour fouir et faire une cave, "laquelle je tiendray de toy a cense pour y mectre et loger dix vaisseaulx d'uyle". Et le pouvre filz la luy loua. (MACHO, Esope R., c.1480, 231).

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Valoir de cense : ...lesquelz préz et terres puelent valoir, de cense, par an, environ cinc muis et demi, moitiet blef et l'autre aveinne, mesure de Sury, et trois frans (Trés. Reth. S.L., t.2, 1384, 314).

2.

Au fig. "Tribut, ce qui est imposé à qqn" : Ensi Amours nuit et jour me recense. Je me tieng bien contente de la cense (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 131). Des aages sens ["je sens"] au dos le cense ; Je suy oultre - c'est verité - Infans, puer, adollescence, Juventute et virilité (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 155). Chascun vous doibt [à la Vierge Marie] tribut, hommaige, Service, honneur, cense, dismaige (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 487).

B. -

P. méton.

1.

"Tenure d'un bien, moyennant une redevance payable en argent, métairie, ferme" : ...vint et cinc livres de rente en deniers, que il nous devoit chascun an à héritage, c'est assavoir vint livres de tournois sus la cense de Saint Rogacien en Aunis et cent souz tournois sus la cohue de Vovant (Doc. Poitou G., t.1, 1330, 359). ...soixante jours, que preis que terre, ou environ, seens et situés ou ban et territoir de ladicte ville de Truny, appartenant à ma cense d'icelle ville, qui pueent valoir, par an, environ XL sextiers de grains, moitiet blef et l'autre aveinne (Trés. Reth. S.L., t.2, 1377, 231). Et premièrement ardirent une maison et cense d'une église de l'ordre de Cisteaulx (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 260). ...j'ay en madicte ville de Saint Baale une sence, prés, terres, jardins, appartenans à ladicte sence, qui vaut pour le present XXXII sestiers de grains ou environ, moittié bled, moittié avainne ; item, appartenant à ycelle sence, at ung prés nommé le Bruit, contenant XIIII fauchies de prés ou enviroin, lequel se doit fauchier, fener, charroier par corvées. Item, appartenant a ladicte sence, at certains courtilz, dont les mennouvriers de mesdictes villes le doient fouir par corvées. (Trés. Reth. L., t.3, 1439, 187). Se en aucune cense ou metoirie a foucq de brebis, et aprés la disme payee des aigneaulz, l'en ne presente chascun an et habandonne ung aignel au loup, si le prent il depuis non obstant toute garde. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 130). Mais incontinent y veindrent le seigneur de Herin et Jehan de Chassa, dit le Benestreu, et ung grant tas de josnes gens plains de feu et de couraige, qui sans grant conseil ouvrirent la barriere et, sans attendre archiers ou ayde, marcherent dehors et coururent sus aux premiers escarmoucheurs des Gantois et les reculerent jusques à l'umbre d'une grosse cense, où Gantois s'estoient embuschez à grant nombre. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 255). ...et le roy demoura ceste nuyt en une grand cense ou mestayerie fort grande et bien maisonnée, à ung quart de lieue de la ville, et largement gens logéz à l'environ de luy, tant des siens que des nostres. (COMM., I, 1489-1491, 151).

2.

"Délégation, moyennant une redevance, qu'une autorité (souverain, ville...) accorde à qqn pour collecter des impositions" : ...ne puet nuls censiers de le halle de le lainne accater nul lanage tant qu'il ara le cense, par lui ne par autrui pour lui (Drap. Valenc. E., 1344, 271).

C. -

Au fig. "Expiation, réparation" : Justes est Dieux sanz riens reprendre, Sanz fin et sanz commancement, Qui a fait si vray jugement De ceux qui ont mis a martire Ces prophetes, et sance tire Uns chascuns selond ses meffaiz. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 241).