C.N.R.S.
 
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     CAUSER1          CAUSER2     
FEW II-1 causa
CAUSER, verbe
[T-L : causer ; GD : causer ; GDC : causer1 ; AND : causer ; FEW II-1, 542a : causa ; TLF : V, 320b : causer1]

A. -

"Avoir pour effet qqc., être à l'origine de qqc."

 

1.

Causer qqc.

 

a)

[D'une chose] "Produire, provoquer, causer qqc." : Le froit est mordicatif de membres ulcerez, endurcist le cuir, cause douleur sans sanie, cause nigreur, rigour, spasme et thetane. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 82). Les maladies podagres qui sont causees de chaude matiere, ou quarantieme jour se departent. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95). Graces des petiz dons c'on rent Causent fait et vouloir souvent De grans dons faire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 271). ...mais les choses qui sont amesurees et ont moien senz excés et senz deffaute font, causent et acroissent, gardent et sauvent les vertuz corporeles dessus dictes. (ORESME, E.A., c.1370, 150). Car yre est une passion ou mouvement de courage et peut estre causee par moult de choses et differentes. (ORESME, E.A., c.1370, 260). Mais l'en doit entendre par ceste pesanteur qui crest en descendant une qualité accidentele laquelle est causee par l'enforcement de l'acressement de l'isneleté, si comme j'ay autrefoys declarié ou .VIIe. de Phisique. (ORESME, C.M., c.1377, 144). Tirant cruel et dolereux Qui si me martires sanz cause, Voiz qu'en moy ce feu cy ne cause Chaleur nulle desordenée, Mais est en moy conme rousée Causant doulceur et tout delit (Mir. st Lor., 1380, 190). La tierce si est Politique, Qui cause plusieurs aliances. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 123). Audace, espoir, joie et léesce, Dure pensée et forte estude, Et mainte autre sollicitude, Lesquelz pevent forment grever Le corps vivant ou relever, Et causéer, n'en doubtez mie, Parfoiz santé ou maladie (LA HAYE, P. peste, 1426, 109). Item fievre erratique est causee de plusieurs humeurs putrifies en divers lieux et adustes (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 8). Se Franc Gontier et sa compaigne Elayne Eussent ceste doulce vie hantee, D'oignons, cyvotz, qui causent forte alaine, N'acontassent une bise tostee. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 117). Unité en substance cause ydemptité, c'est a dire que les choses qui sont unies en substance et d'une substance sont equales et pareilles en substance. (Somme abr., c.1477-1481, 127). LE JUIF. Icy fait maniere de bailler argent a ceulx de la justice. Cecy plus de douleur me cause Que la cause du principal. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 134). Moy, que je cause telz bisextes Se j'ay longtemps si bonne esté, Je n'en ay pas la voulenté Ne couraige, saichés le bien, Et quoy qu'en ayés appointé Par ma foy, je n'en feray rien. (Cene dieux, c.1492, 130). Cestui fut excellant astrologien et congneut son infortune estre entour pescheurs et eut contencion avecque aucuns, qui lui causa la mort et lui conseillant autres, ne se sceut conseiller. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 r°). Cestui prenostica les grandes innundacions que fist le Pau en Ytalie, les grans neges et horribleté du temps et des neges, qui puis causerent ung deluge d'eaue quasi universal en occident (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 r°).

 

b)

[D'une personne] "Susciter, faire naître qqc." : Dormir ne puet ne reposer [celui qui a trop mangé], Ne se fait fors que retourner, Estre chault, songier divers songes, Causer fantosmes et mensonges. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 295). Ung bien grant feu, causé d'une estincelle Petite assés, avés fait et causé. Car quant j'ay leu et veu vostre epistelle, Amours m'ont plus que devant embrasé (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 47).

 

-

[De Dieu] "Créer" : Tu sces que la chose causée Respont et est appropriée A la cause, et tu [Dieu] es cause. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 194). ...car il convient par tele maniere que aucune chose soit premierement devant celle qui est aprez, et aussi l'université des choses causees qui ont cause precedente est toute faite et causee, soit aiant fin ou sans fin. Et pour tant elle a besoing d'aucune chose, afin qu'elle soit en estre, laquelle il convient qu'elle soit hors et par dessus de l'université des choses causees. Et tele chose est Dieu, duquel toutes choses descendent et decourent. (Somme abr., c.1477-1481, 101-102).

 

-

Causer qqc. à qqn. "Fixer, déterminer qqc. à qqn, infliger qqc. à qqn (une amende)" : A mal fait, il n'y fault que amende. Caussés la moy petite ou grande, Come il vous plaira deviser : Je suys tout prest de la paier En esperant qu'il m'en amende. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 162).

 

-

Causer qqn de qqc. "Créer, susciter chez qqn l'envie, le désir de qqc. (?)" : Comment après que Menalaus fut party, Eurialus fut jusques a mienuyt a l'uys de Lucresse et ne povoit entrer pour le frere de Menalaus qui ne vouloit aller dormir, jasoit ce que Pandalus de ce le causast. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 120).

 

2.

[D'une chose] Se causer

 

-

"Se produire" : ...par le conseil de Cacus ilz s'adventurerent a descendre en bas, en courant et jettant feu et fumee sy impetueusement que Herculés et les Gregois cuiderent que ce fust ung orage et fouldre de ciel qui se fust causé sus la montaigne. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 395). Les douze signes et les quatre elemens Qui causer font neges, gresles, tempestes, Pluyes (LA VIGNE, S.M., 1496, 146). Pour anychiller la grant pique Qui a tort contre moy se cause (LA VIGNE, S.M., 1496, 529).

 

-

Se causer de qqc. "Être provoqué, entraîné par qqc. ; être la conséquence de qqc." : Je te di que la renommee S'espant par toute la contree Que po de gens scevent la cause Dont ta detention se cause, Si en dit chascuns a sa guise. (MACH., C. ami, 1357, 65). Encor y avoit autre cause Dont leur joie vient et se cause. (MACH., P. Alex., p.1369, 189). Sire de Lesparre, je pense Que vous savez assez la cause Dont ceste assamblée se cause. Vous avez ouvré follement, Et mauvais consaus vraiement Vous a si meü, que de fait Au roy de Chypre avez meffait. (MACH., P. Alex., p.1369, 242).

B. -

"Expliquer l'origine de qqc."

 

1.

Causer qqc. "Fonder qqc., expliquer les motifs, les raisons , les causes de qqc." : ...et s'est opposé aux lettres dudit prince et depuis a obtenu lettres d'estat Bourbon, bien causées (FAUQ., I, 1417-1420, 384). Et en effet proposèrent ceste matière de si bonne façon que l'honneur en demoura envers eux de bien causer leur demande, et non moins à ceux de la part du duc en respondre sagement, là où gisoit tout le difficile du cas (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 158). Et ainsi, pour cause de l'une naissant de l'autre, il semble juste de les causer toutes par un abrégé, et venir finablement à la très-amère douleur que reçut mon très-redoubté seigneur son fils, innocent de leurs deux débats, quand la très-vilaine et très-inhumaine mort de feu son noble seigneur et père luy fut annoncée. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 66).

 

-

"Faire valoir qqc., alléguer qqc. pour motif" : Et bien aroit raison et cause, Nulle excusance je n'i cause. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 48). Oultre disoit qu'il ne faloit ja causer ladicte lettre pour venir à la provision faicte par icelle lettre, qui estoit moult petite et de très petit proufit au Roy (BAYE, I, 1400-1410, 152). LE JUGE. Nous avons ouy voz moyens Et voz raisons sans faire pause. Maistre Olivier de Prés Prenant, A coup, deffendés vostre cause ! MAISTRE OLIVIER. Ouy son playdoyé, je cause Chose qui sert a mon office. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 24).

 

-

Causer qqc. (à qqn) "Expliquer qqc. (à qqn), fonder qqc. (aux yeux de qqn)" : Et comment la pais vint de ceux de Gand envers leur signeur le duc de Bourgongne, je le vous recorderai de point en point, sicom, ou commencement des haïnes par quoi les guerres s'esmurent, je vous ai dit et causé toutes les avenues de Jehan Bar (...) de Jehan Lion et de leurs complisses. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 284). ...de ce faisant mencion Couvertement l'escript causa, Mais Danyel lui exposa. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 199).

 

2.

(Estre) causé

 

-

(Estre) causé (en qqc.). "Être fondé (en qqc.)" : NOSTRE DAME. (...) Afin qu'en leur affeccïon Soit miex causee en vraie amour Raison de servir nuit et jour Vous et moy, sire. (Mir. enf. ress., 1353, 7). ...là où elle avoit esté rappaisable premier par espace de temps et par belles remonstrances causées en raison, maintenant devint toute enflée de venin et de fureur. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 84). ...maistre JehanL'Orfèvre, par charge et ordonnance des deux chevaliers (...) fit la proposition qui leur estoit enjointe, et faisant ses préambules les plus humbles et les mieux causés que pouvoit, c'estoit sur le duc d'Alençon pour lequel principalement ceste convention se tenoit... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 468).

 

-

[Du contenu d'un livre] Estre causé sur qqn. "Être fondé sur qqn, avoir qqn pour sujet" : ...nostre présent matière, depuis la venue de Dauphin devers son bel oncle le duc, est causée beaucoup sur lui (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 342).

 

3.

Se causer de ce que. "Se fonder sur le fait que" : Encore diron nous aprés que il n'est pas neccessité que aucune delectacion ne soit bonne ou que une autre chose soit meilleur, en la maniere que aucuns le disoient et se causoient de ce que la fin est meilleur que n'est la generacion de la fin (ORESME, E.A., c.1370, 402).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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