C.N.R.S.
 
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     BRIDE     
FEW XV-1 brîdel
BRIDE, subst. fém.
[T-L : bride ; GDC : bride ; AND : bride ; FEW XV-1, 279b,280a : brîdel ; TLF : IV, 951b : bride]

A. -

"Partie du harnais d'un cheval qui sert à le diriger" : Sire, il est voirs comme evangile Que li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée (MACH., Compl., 1340-1377, 262). On ne trueve riens sus le païs. A grant dur i recoevre on de fier pour fierer les chevaux, ne de cuir pour faire harnas, selles ne brides. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 215). ...[il] se transporta en l'ostel d'un marchant de chevaux demourant près de Saint-Honoré, où il acheta un petit cheval gris garni de selle et de bride (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...mal print, en l'estable des chevaulx dudit Thevenin, une sele et une bride à cheval, lesquelz il porta et vendi, en la rue Saint-Denis, la somme de cinq solz parisis. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 372). Vaiselle destain en le despense : Primes, un pot d'estain rond (...) Item, un aultre a bride (...) Item, un pot de III. chopines (Invent. test. beauv. L., 1397, 49-50). Ensi travilliés honmes et cevaus, les convint la celle nuit jessir sus la riviere tous armés, casquns son cheval en sa main, tenant par la bride ou par la longne, car on ne les avoit de quoi looier (FROISS., Chron. D., p.1400, 132). ...la bride anuye et desplaist au cheval (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 132). ...le roy Anthiocus, qui avoit moult grant ost et merveilleux de gens de guerre, resplendissans et plains d'or et d'argent, de frains, brides et paremens en leurs chevaulx (JUV. URS., Verba, 1452, 247). ...quant un cheval va boire sans se bride et l'omme va a complie a un baston, on dist qu'ilz ont passé leurs temps. De ces deux bestes, j'en suis l'une. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 116). Incontinent vindrent les hommes d'armes Sur grans coursiers, sur genestz et destriers (...), La bride au poing et le pied aux estriers (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

 

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Mors de bride : A maistre Anthoine, esperonnier, pour cinq mors de brige [l. bride] pour noz cinq poulains (Comptes roi René A., t.3, 1480, 245).

 

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À bride avalee. "À bride abattue" : Quant ses chiens oultre passez furent, Elle se mist en la meslee, Tant que chevaulx gallopper peurent A la belle bride avallee (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 36).

 

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À lasches brides. "À brides abattues" : ...l'avant garde du duc de Jullers, conduite par son marissal accompaigniét de .IIIIXX à cent chevaulx (...) firent .III. courses à laches brides par devant l'empereur (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 476).

 

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Abandonner la bride (de son cheval). "Ne plus contenir son cheval" : Et, au regard de Jaques Galiot, il fut fort pressé, en maniere qu'il getta sa lance, abandonna la bride de son cheval et perdit son espée, et n'est esté que son cheval estoit puissant, qui porta par terre celluy qui l'avoit arresté et qui vouloit prandre la foy de luy, il fust demouré, et neantmoins fut fort blessé à la teste. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375).

 

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Tenir la bride (de son cheval). "Contenir son cheval, le garder immobile" : Ainsi chevaucha jusques à son embusche, et là commanda que chascun tenist la bride de son cheval et que on gardast bien que nul cheval ne hennist ne criast. (BUEIL, II, 1461-1466, 128).

 

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Tenir/tirer la bride raide (de son cheval). "Contenir fermement son cheval" : Ainsi chevaucherent (...) jusques au Chesne-Huau ; et là trouverent le mareschal et Gervaise Nardereau à l'eure. Si leur dirent : "Tirez vos brides roiddes ; gardés vos chevaulx de crier..." (BUEIL, I, 1461-1466, 87).

 

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Tourner bride. "Rebrousser chemin, revenir sur ses pas" : Sy tourna bride prestement et recognut que non-seulement en ceste soudaineté faite gisoit péril du corps, mais totale et entière perdition d'âme et de renommée. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 252).

 

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Tourner bride vers qqn. "Tourner son cheval contre qqn" : Et à ce mot Rebremette tournant bride vers le requérant, fit le signe de la croix, et mettant lance en arrest, vint courant vers son homme (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 357).

 

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P. métaph. : Sans frein, sans bride, sans loien, Sans foy, sans amour, sans moien (MACH., J. R. Nav., 1349, 149).

 

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P. ext. "Courroie" : Par Mahon, l'en vous housera. Or tenés, mectés ceste bride ! (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 201).

 

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P. plaisant. Brides à veaux. "Bagatelles" : BRAYART. ...Nous ne gaigneron pas ung blanc A chauffer ycy nos museaux. BRUYANT. Gaigner ? Ce sont brides a veaux. Allons ailleurs querir nostre aise. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 304).

B. -

Loc. fig.

 

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Abandonner la bride à qqc. "Donner libre cours à qqc." : Tu devoies eslargir les loys estroictes, et tu as ouvert la voye et abandonné la bride a tout appetit sensuel. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 122).

 

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Lascher la bride. "Renoncer à qqn ou à qqc." : ...et s'en ensuivra que Nature, qui chascun ensaigne à conserver sa vie par la recreation de mengier, laschera la bride et la licence de la ravir par force ou il sera (CHART., Q. inv., 1422, 22).

 

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Lascher la bride à qqn. "Laisser qqn faire ce qu'il veut" : Et les femmes sont de ceste nature (...). Se on les prie, ce n'est âs leur vouloir ; Quant on ne veult, lors desirent que on prie ; Se on leur lache la bride a leur povoir, Elles se efforcent faire moindre folie. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 54).

 

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Mettre la main à la bride (de qqn)/prendre qqn à la bride. "Arrêter qqn" : "...et ne vous tenez pas ensemble vous deux [deux guetteurs], et non pas si loing que vous ne puissez bien entre-ouyr. Gardez bien qu'on ne vous mette la main à la bride..." (BUEIL, I, 1461-1466, 205). Et, dès que les Anglois s'approchoient de la porte, ilz veoyent ceste assiette ; et y avoit gens qui les prenoient à la bride et disoient qu'ilz y courussent une lance (COMM., II, 1489-1491, 56).

 

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Mettre une bride/prendre la bride aux dents. "Se contenir" : Puis qu'il me fault ainsi ronger mon frain, Il me convient prendre la bride aux dens Au ratellier ou ce qui est dedens. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 53). Met donc ceste bride a tes dens, Sanz moy reprochier (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 183).

 

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Prendre la bride sur le col. "Passer à l'action" : Pour ce, mon filz, desormais vous prandrez Le frain aux dens et sur le col la bride (LA VIGNE, S.M., 1496, 189).

 

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Reposer sur sa bride. "Renoncer" : Et vous di que li François n'avoient que faire de dormir ne de reposer sus leur bride, car il avoient gens de grant fait et de hardie emprise à le main. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 126).

 

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Se contenir sur sa bride. "Avoir un comportement modéré, garder son sang-froid" : ...[messire Simon et Toison d'or] veoyent aussi cler en l'eaue trouble de la comme les aultres [messire Jehan de Croy et maistre Jehan Lorfevre], toutevoyez, pour resister a l'agreté et l'aigreur des deux aultres que bien cognoissoient, se contindrent tousjours sur leur bride afin de les tenir en train tousjours de doulceur et d'amiableté et de fuyr guerre et tribulation par souffrance. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 155).

 

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Tenir sa bride. "Ronger son frein" : Le seigneur de Saintré, voiant perdre ses paroles, tint sa bride et a dame Jehanne voult parler (LA SALE, J.S., 1456, 292).

 

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Tenir la bride à qqn. "Contenir les initiatives de qqn, conduire, diriger qqn" : ...et tant fist que il [Jehan de Montagu] avoit le gouvernement du corps du roy, de ses demaines et de toutes ses finances, et tellement qu'il n'y avoit ne monseigneur d'Orleens, de Berri, ne nulz de nos autres seigneurs à qui aucune foiz il ne lui tenist la bride. (CAGNY, Chron. M., 1436, 48).

 

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Tenir la bride raide à qqn. "Contenir les initiatives de qqn, les contrôler étroitement" : ...et à tout le ramanant il tint bride roide. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 145). ...le cappitaine du chasteau, qui estoit homme prudent, saige et ancien, eust bien voulu delayer ceste entreprinse. Mais, pour complaire au Jouvencel, qui estoit homme jeune, hardy et ardant à faire la guerre, il s'i accorda, considerant que trop tenir la bride royde aux jeunes gens d'armes ou autres apprentis à quelque mestier ou autre science noble et notable quelle qu'elle soit, leur fait souvent afoyblir et attendrir les coeurs et les fait devenir lasches et songears. (BUEIL, I, 1461-1466, 70).

 

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Tenir qqn sur sa bride. "Tenir fermement (en son pouvoir)" : [Le duc de Blammont]...le mena [le Dauphin] à Chasteau-sur-Moselle, une maistresse maison souveraine entre toutes les autres du pays, par laquelle il pouvoit fort estraindre Lorrains et tenir sur bride (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 187).

 

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Tirer sur la bride. "Demeurer en attente" : Mais ce temps se changea ; et le perçut prestement le duc, et par ainsi, comme il vit ce changement ; se contint et tira sus la bride selon le cas (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 115).

 

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Tourner bride. "Renoncer à qqn ou à qqc." : Mais tenez vous assour, que si Vous n'y mettez aucun remède, Que vous n'aurez chasteau, ne ville ; Que tous seront mys à exille. Dont jà sommes plus de cent mille, Qui tous voulons tourner la bride. (Doc. c.1420. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 180). ...si l'escuier qui paravant avoit la place avoit esté rongé et plumé, damp chevalier n'en eut pas mains. Si tourne bride et print garin, et aux aultres la queste abandonna. (C.N.N., c.1456-1467, 462).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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