C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BRAS     
FEW I 485b brachium
BRAS, subst. masc.
[T-L : braz ; GD : bras ; GDC : bras ; AND : bras1 ; DÉCT : braz ; FEW I, 485b : brachium ; TLF : IV, 904b : bras]

A. -

Au propre

 

1.

"Membre supérieur du corps humain qui s'articule à l'épaule et se termine à la main, bras" : Aussi est drois Que je parle de ses bras lons et drois Qui estoient bien fais en tous endrois ; Car elle avoit blanches mains et lons dois. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Se de m'amour vous prent envie, Vous la pouez maintenant prendre. Amis, vueilliez vos bras estendre, Si m'acollez. (Mir. st J. Cris., c.1344, 269). Au cheoir jus de mon cheval Ay eü le brach tout rompu. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 101). Pour entendre ce que dit est et ce que s'ensuit en ceste matiere, je pose que un honme soit en estant, ses bras estendus, et que parmi son corps du lonc soit ymaginee une verge droite, immobile aussi comme un axel, et que cest honme soit meu environ ceste verge de mouvement circulaire. (ORESME, C.M., c.1377, 320). ...à certain debat qui fut contre aucuns Alemans dudit lieu, il fu feru et navré ou bras donc il est affolez à tousjours. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 374). Et, pour ce, fu fait despoillier tout nu, mis et lyé à la question par les braz (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 11). ...et tirent bonnes espees et fierent par my testes et par my bras (ARRAS, c.1392-1393, 228). Le roy entoise l'espee et fiert le soudant de si grant force qu'il lui envoye le bras jus, tant qu'il ne tenoit qu'a deux tendans dessoubz l'aisselle. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Et Gieffroy, sans plus dire, fiert le cheval des esperons, et met la lance soubz le bras, et s'adrece vers le jayant quanque cheval puet courre, et le fiert de la lance au fer trenchant emmy le pitz, de si grant vertu qu'il le fist voler par terre, le ventre dessus. (ARRAS, c.1392-1393, 246). ...si lui trencha le braz devant le coute, si que il vola par terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Ilz aherdit aux braus, sy l'enportat a son treit et le mist en prison (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 148). La ot et d'estoc et de taille Fait et lancié mains divers coups Sur bras, sur testes et sur coulz. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 240). Quintement tu es par tous les membres de ton corps tant en la teste comme es piez, et ou cuer, et es braz, sans ce que tu soyes maindre en la plus petite partie que en la plus grande, sans ce que tu soyes hors du cuer, se tu es avec ce au chief. (GERS., Trin., 1402, 162). ...une merveilleuse maladie a entreprins generaument toutes personnes (...) par laquelle la teste, les espaules, les costes, le ventre, les bras et gembes doloient (BAYE, II, 1411-1417, 173). Il fault et est expédient Secourir au cuer patient Par saignier, ou commencement, D'un braz ou deux moult largement, Selon la force et la vigueur De cil qui seuffre la rigueur (LA HAYE, P. peste, 1426, 119). ...Tant que j'aye moulle en brats ["le bras brisé (à force de frapper)"] (Pac. Job M., c.1448-1478, 271). Sy se entreaborderent et prindrent l'un l'autre a bras ["par les bras"] (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 271). Ne avez vous yeulz pour regarder, oroilles pour oïr, bouche et langue pour parler, bras et mains pour servir (...), cuer et corps pour acomplir et loialment vous employer a ce qu'elle vous vouldroit commander ? (LA SALE, J.S., 1456, 35). ...comme il boutoit son bras dedans l'une des manches, il en saillit une lettre (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...il trouva sadicte femme mucée dessoubz la couste d'un lit, où avoient couché ses enfans ; laquelle il print et tira par le bras à terre (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 16). Aprés convient parler du bras lequel est dit main grande (...) lequel [bras] Galien (...) divise en troys grandes parties, l'une est appellee ulna, l'autre est dicte le petit bras et l'autre est appellee acrochicta, c'est a dire petite main. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4). Cestui aussi predist que plusieurs monstres apparoistroient, entre lesquieux, tost après, fut veu sur les confins de Normandie et Bretaigne, c'est assavoir une double femme ayant deux testes, quatre braz et tout double jusques au nombril. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 112 r°). Pour l'onneur de Dieu qui estant Ses bras en l'abre de la croix (LA VIGNE, S.M., 1496, 545).

 

-

Petit bras. "Avant-bras" : ...la corde qui ce eslarguist a deux ou troys doys du coulde et meust le petit bras. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.2). ...lequel [bras] Galien (...) divise en troys grandes parties, l'une est appellee ulna, l'autre est dicte le petit bras et l'autre est appellee acrochicta, c'est a dire petite main. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4). Et en icelluy petit bras sont deux os ditz focillia dont le majour est au bas, qui est plus long que l'autre pour l'ajoustement semblable a ung bec qui va vers le mineur doy en faisant dehors une apparance bossue a maniere de cheville ; mais le mineur focille est en hault et va du ploy du coulde jusques a la main vers le poulce ainsi que se il vouloit adjouster a luy et en ung et en aultre boult d'iceulx sont fosses recepvans les rondesses. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4).

 

Rem. Cf. bras grant ("le bras dans son entier" ?) : PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4.

 

-

À deux bras : Et quant Gieffroy l'appercoit, si giette le sien et haulce l'espee a IJ. mains, et en fiert le chevalier sur le bacinet si raidement qu'il le fait tout chanceler, et le sieut et recuevre, et lui donne du pommel de l'espee grant coup. Et cil l'ahert a deux bras, et Gieffroy laisse l'espee aler et l'ahert. Et la commenca la luicte forte, et s'en vont, hurtebillant de telle force qu'il n'y a cellui qui ne tressue. (ARRAS, c.1392-1393, 298).

 

-

De bras. "Par des gestes du bras" : ...qui fist grant chiere et grant reverense de bras et de samblant au dit prince (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 2). ...on leur fist grant chière de bras (FROISS., Chron. L., VIII, c.1375-1400, 44).

 

-

Les bras en croix : ...il mist ses bras en croix sur sa poytrine et rendit l'esperit a Dieu (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 210). ...qui veult estre quitte de la quauquemaire, si s'endorme ses bras en croix. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 142). ...durant laditte letanie, se prosterna devant l'autel, les bras en croix et la face en terre. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 507).

 

-

Le bras en l'escharpe : Et demourerent lesdiz quatre gentilzhommes de dedens moult soulez, desquelz les deux porterent les bras en l'escharpe et le tiers ot la main blecée dessoubz le gantellet. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 204).

 

-

À bras renversés. "Les bras en arrière (?)" : ...Estre entre chien et loup mussés, Puis acop a bras renversés Prandre ung baisier entre deux huys [on peut comprendre "les bras en arrière, sans chercher à embrasser, furtivement". Ou "manches retroussées, très vite" (hypothèse de G. Roques) ? Mais bras ne semble pas attesté au sens métonymique de "manches"]. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 60).

 

-

Prendre qqn par dessous le bras. "Soutenir qqn sous l'épaule" : Et, quant ledit Geuffroy Cueur s'aproucha dudit conte, se mist à deux genoulx devant luy, luy requerant mercy. Lequel conte icelluy releva et le print par dessoubz les bras (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 179).

 

2.

[Comme symbole de force, d'action, de travail] : Et Gieffroy le fiert de l'espee sur l'espaule, car il ne pot actaindre sur la teste, et lui trenche les mailles du jaserant, et lui entra bien plaine paulme en la char. Et le sang lui raye tout aval, tant qu'il ot le costé tout rouge jusques au talon. Quant le jayant sent le coup, si lui escrie : Maudit soit le bras qui de tel vertu scet ferir. (ARRAS, c.1392-1393, 264). ...leze majesté si est quant aucun fait, ou conspire, ou machine la mort de son princez ou des gens de son conseil ou de son braz qui à lui sont prouchains ; car ilz sont nommés les menbres du prince (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 484).

 

-

[Dans l'action guerrière] : Aux Italies jadiz fist mains beaulx faitz De son fier bras et de sa dure espée (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 396).

 

-

À bras. "À traction humaine" : ...moulins a braz et a chevaulx (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1385, 174). ...molins à bras (Hist. Lille T., t.2, 1443, 527).

 

Rem. MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 57 (moulin à bras).

 

-

Aux bras parmi le corps./À / au bras de corps : Et pour ce qu'il le vey sans selle, il s'appareilla de le prendre aux bras parmy le corps [var. as bras de corps] et le ruer a terre. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 40). ...et le aherdi au bras de corps tellement que... (Jehan d'Avennes Q., c.1465-1468, 94).

 

-

À / par force de bras./Avec la force du bras : Li arcier (...) commencièrent à approchier et à traire (...) et à desvoleper saiettes à force de bras (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 76). Et le coup qui descendi de grant ravine, avec la force du bras de quoy il fu feruz, ly uns des cloux de la maisselle rompy (ARRAS, c.1392-1393, 63). Li gentil honme (...) fissent aporter par lors varlés gros mairiens et puis hurter contre le mur a force de bras et de gens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 427). De la grant rage, qu'il sentoit, A force de bras abatoit Les groz arbres et derompoit (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 24). Sy ne doivent pas seullement les bons et vaillans chevalliers, cappitaines et souldoyers adrecier et conduire les dures entreprises de batailles par force de bras et multitude de gens, mais aussi par subtillité et bonne prudence (BUEIL, I, 1461-1466, 14). ...ilz se tournoioient l'ung l'aultre parmi la lice à force de bras (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 108).

 

-

De bras. "À la force des bras" : ...Thomas Le Pesqueur et Pierret de Venise, varlés de bras, pour avoir besongné aux ouvrages desdictes galees pour tout le moiz de mars derrain passé, c'est assavoir pour avoir manié le boiz et mettre en place pour servir les ouvriers (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1389, 190).

 

.

Corvee de bras. "Prestations de services, dues au seigneur, consistant en journées de travail de manoeuvres" : Sachent tuit que nous Jehans de Biauffort, chevaliers, sires en partie de la ville de Ceris, recongnoissons et advouons a tenir en foy et en hommage de haut prince et puissant, nostre très redoubté signeur monsigneur le conte de Porciens, a cause de son chastel de Chastel en Porciens, les choses qui s'enssuient en la ville, terroir, ban et finage de Ceris : c'est assavoir nostre maison avec les jardins, tout le pourpris et appartenances de la dite maison. (...) Item, le quart des corvées des chevalz et des bras, et doit chascuns chevalz trois corvées l'an, l'une a versainne, l'autre a wayn et l'autre a mars, et chascuns ouvriers une journée a fenner. (Comté Porcien R., 1369, 169-170).

 

.

Gens de bras. V. gens

 

.

Homme de bras. "Manoeuvre" : ...comme le dit suppliant et feu Jehan Morin, aussi en son vivant homme de braz, venoient de la foire de Maixoigne (Doc. Poitou G., t.9, 1450, 195).

 

.

Labeur de bras. V. labeur : Hier, en la place, m'adressay A deux vallez (...) Qui laboureurs de braz se font. (Mir. femme, 1368, 205). Et quant il doit porter la hote Ou faire aucun labour de bras... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 138). ...mais y fait par chascun jour son labour de bras, pour avoir sa vie et sustentacion. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 227).

 

.

Laboureur / laboureux de bras. V. laboureur : ...j'ay veu lettre royal faisant mencion de taxer tous salaires de gens mecaniques, comme laboureux de bras, massons, charpentiers, couvreux (JUV. URS., Nescio, 1445, 546).

 

.

Manoeuvrier de bras. V. manoeuvrier "Manoeuvre" : Oudit temps, furent pris à Paris et contrains tous manouvriers de bras, comme maçons, charpentiers de la grant coignée (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 255).

 

.

Ouvrier de bras. V. ouvrier : ...Bourgois, marchant, ouvrier de bras... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 183).

 

.

Valet de bras. V. valet

 

-

Les bras croisés. "Les bras en croix sur la poitrine (ici en signe de protestation)" : ...apres lesquelx cops gettez le dit Perrotin mist jus son badelaire, et se approucha dudit suppliant les bras croisiez et demandant que il lui vouloit (Berger Fr. K.-G., 1393, 165).

 

.

"Sans rien faire" : Combien que je ne die pas qu'il faille tempter Dieu et demourer les bras croisiez, et laissier honneur et avoir à l'adventure, sans deffense... (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 66).

 

.

À bras croisés. "Sans peine" : Et, a bras croisiez et portes ouvertes, les ennemis de la foy entrent es pays cristiens (...) sans que aucune remede y soit pourveue. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 101).

 

-

À bras tournés. "À bras raccourcis ; avec empressement" : A bras tournez de foiz plus d'une ; Nous les mettrons tous [les martyrs] em poussiere, Car vous savés que l'emperere L'a ordonné (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 155). Principalement ung gentilhomme Convient jurer a bras tourné, Tant que chascun congnoisse, en somme, Qu'il est noble. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 91). Jouon, farson, saulton, rion, Folon, voirë a bras tourné. (Vig. Trib., c.1480, 223).

 

-

À plein bras. "En abondance" : Des bourdes a plain bras comptasmes, Trop je mectroye a les redire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 207). S'ilz ont argent, chevaulx et draps Et les grans honneurs a plain bras, Ce ne dure ne que fumee (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 222). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 590 ; MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 226]

 

-

Avoir le bras en la manche. "Être indolent, mou" : Et conseille que a toutes fins, A ce beau matin de dimenche, Les assaillez de point en point Sans avoir le bras en la manche. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 171).

 

-

Avoir bras doux. "Prompt, empressé, prêt à agir (?)" : J'ey bras doulx pour bien tirer Et pour bien secourré [l. secourre] mon art. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 266).

 

-

Avoir le bras neuf. "Être d'attaque, être en pleine forme (ici pour frapper quelqu'un)" : Laurens, conte ! Et cinq ! et six ! Et sept ! c'est ung coup bien assis D'ung homme qui a le bras neuf (Myst. st Laur. S.W., 1499, 224).

 

-

Faire oeuvre de ses bras. "Travailler de ses mains" : ...Jehan Le Brun, prisonnier oudit Chastellet, l'a acusé en sa presence d'estre homme vacabond, qui ne fait aucune euvre de ses bras (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 137).

 

-

Mettre le bras à qqc. "Toucher à qqc., s'occuper de qqc." : Cilx avra le tresor, (...) Car ja aultre que lui n'i mettera le bras (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 297).

 

-

Tendre le bras haut. "Avoir des prétentions" : Pour sembler des gens d'auctoritéz, Estrivent pour leurs dignitéz Et veullent trop hault le braz tendre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 222).

 

-

Se vivre sur les bras. "Vivre du travail de ses bras" : Nous sommes povres laboureus, qui nous vivons sus nos bras et avon assés paine et mechief (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 131).

 

3.

[Comme symbole de la possession ou bien du pouvoir, en partic. de la puissance politique ou judiciaire] : Le seigneur vendra en bonne force et son bras dominera (JUV. URS., Prop. I, c.1438, 290).

 

-

En leurs bras. "En leur possession" : Et Danemont chevauche aveuc le satanas Par devers Angorie qui n'est plus en leurs bras (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 715).

 

-

Avoir bras en (la) manche. "Avoir du pouvoir, être puissant" : Car au besoing chascun sa peau revanche, Qu'il leur fera quelque farfouillerie, Ilz monstreront qu'ilz ont bras en la manche. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 131). Sur le Rapail devers le pont de Genes Fut cest assault, tesmoing Jehan de la Granche Et le tres saige, preux seigneur de Pïenne, Qui monstra bien qu'il avoit bras en manche. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 174).

 

Rem. Cf. DI STEF., 110c : «Avoir bras en manche (...), avoir les moyens, être bien placé».

 

-

Avoir le droit bras / les bras sur / au dessus (de qqn). "Avoir qqn sous sa coupe, avoir le dessus, l'avantage (sur qqn)" : ...et, pour en avoir bras desevré [l. deseure], avoit jà en très-innombrables despens vaqué là et tenu logis devant eux par trois mois entiers (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 77). ...et par ainsi François alors avoient partout les bras au deseure (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 50). ...sans estre bien asseuré et avoir les bras au-deseure de eux (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 136). ...et ledit dauphin aiant les bras au deseure de tous ses hays (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 186). Fuyez tousjours ces mesdisans (...) Mauldit soit qui ne les tuera Qui le droit braz sur eulx aura. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 181). ...car, comme les Anglés estoient les gens du monde par lesquelz François redoubtoient plus ledit duc, aussi par les avoir devers eulz en regne et prosperité, se a ce le pooient attaindre, savoient bien que de li aroient les bras deseure (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 292). ...estoit dur aussi aux Franchois de la non pooir restituer [la reine] en son regner comme devoit, et de veoir regner [en Angleterre] maugré eulx tous cely qui tout le royaulme avoit appliquié au service et faveur de Bourgoingne, (...) c'estoit ce mesmes que eulx mesmes queroient pour l'avoir pour eulz, comme advenu feust et ainsi en estoit conclu se la reyne eust peu avoir les bras au deseure. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 295).

 

-

Estre à bras dessus qqc. "Dominer qqc." : ...la lutte dont il estoit maintenant à bras desseure. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 156).

 

-

Faire qqc. à bras dessus. "Faire qqc. en dominant, en ayant l'avantage" : ...toudis en estoit glorieusement venu à chief, toudis vaincu et vuidié à bras deseure (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 329).

 

-

Mettre bras au dessus de qqc. "Prendre l'avantage sur qqc., l'emporter sur qqc." : ...né en guerre et en tribulation [le roi Charles VII], norry et parcreu en povreté et en misere (...), et en fin par constant endurement, par dilligence, par corrage, par sens et par sollicitude il a vaincu tout, tout rompu et cassé son maleur, il a mis bras au deseure de fortune (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 313). [Note de l'éd. : «Phrase à la syntaxe assez lâche, dans laquelle des mots ont peut-être été ajoutés - ou omis»]

 

-

Le bras seculier. "La puissance temporelle (p. oppos. à celle de l'Église), puissance de la justice laïque" : L'evesque, donques, pour cause du delit, se il est tel que la cognescence luy appartiengne, puet punir et corriger et tenir en chartre, et la ou il n'a pover de excercer sa juridiction, il puet appeller le bras seculier (Songe verg. S., t.2, 1378, 156). Plus sceure chouse est se abstiner tousjours de cohercion des clercs non mariés que declaration soit faicte, sinon que l'en implore le braz seculier (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 52). ...il invocque contre eulx le bras seculier [du] dessus dit empereur (...) pour les constraindre à obeir à iceulx mandemens (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 5). De plus porter je ne me vente Jamais habit de chevalier ; Je renonce au bras seculier Pour garder l'ecclesïastique (LA VIGNE, S.M., 1496, 262).

 

Rem. FEW XI, 45a : saeculum : dep. 1546.

 

4.

[À partir du geste où l'on se prend par le bras, comme symbole du lien entre deux personnes] : Lors cria haut a sa vois clere L'enfant entre les bras sa mere, Si que li pueples et li mundes L'entendi : "Je suis purs et mundes Dou sanc de ceste creature." (MACH., C. ami, 1357, 12).

 

-

Bras à bras. "En se donnant le bras" : Cza, filieurs, alons bras az bras. Que Dieu nous dont bien besongnier ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 20).

 

.

"Bras contre bras" : Illecques ordonne estre enterré Bras a bras, sarré a sarré, Tout emprés d'elle (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 76). Et trouva illec ledit messire Jehan et ledit maistre Gilles qui se tenoient bras a bras et parloient audit maistre de l'ospital (Doc. 1451. In : CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 449).

 

.

Bras sous bras : Si bonne amour et parfaicte alïance Furent entr'eulx deux, comme Dieu le vouloit, Que bras soubz bras devisant a plaisance En compagnon l'un a l'autre parloit, Et tellement, que bien souvent falloit. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 235).

 

-

[Dans l'étreinte amoureuse] : Dont il avint une nuit que Raine se gisoit delez Famius son mary, qui la tenoit doucement acollee entre ses bras... (Bérinus, I, c.1350-1370, 24). Et en pensant maintesfois m'est advis Que je vous tiens entre mes bras, m'amye ; Lors acolle mon oreillier (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 29).

 

.

Bras à bras. "Enlacés" : ...toute la nuit furent en grant soulas Li gratieus amant en gisant bras a bras (Bât. Bouillon C., c.1350, 92). ...chacun se despoilla, et se coucherent les deux amans dedans le tresbeau lit, bras a bras (C.N.N., c.1456-1467, 186). Jamais Dieu ne me puisse aider, Se vous tenoye entre deux draps A ceste heure cy, bras a bras, Je vous feroye ung petit jaliot A mon advis. (P. Jouh. D.R., a.1488, 24).

 

.

Dormir à bras : ...trouva la doulce paire [le mari et la chambrière], dormans a braz. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

.

En beaux bras : ...ilz furent si las et recreuz qu'il convint qu'en beaulx bras ilz demourassent endormiz. (C.N.N., c.1456-1467, 366).

 

.

Gesir entre les bras de qqn : ...et ne veult point que tu aymes autre chose quelconque plus que luy, et que pour ce en sa presence tu faces fornicacion ou adulteres espirituelz en amant l'ennemy d'enfer, et que tu gises entre ses bras par mauvaise delectacion de pechié mortel (GERS., Concept., 1401, 414).

 

-

[Dans des gestes d'affection] : ...le bon saint Simeon receut Nostre Seigneur Jhesu Crist entre ses bras (Voy. Jérus., c.1395, 97).

 

.

[Pour marquer le geste de serrer qqn dans ses bras] De bras : Ung preudomme fut qui a son filz demanda une foys quans amis il avoit. Le jouvencel respondit que plus de L, voire plus de cent, car il cuidoit comme inexpert, que tous ceulz feussent trop bien ses amis qui luy monstroyent beau semblant de chere, de parole ou de bras. (GERS., Concept., 1401, 415).

 

.

À bras tendus. "Les bras tendus (vers qqn, pour le serrer dans ses bras)" : Et pour ce, se faictes que saige, Yrés a elle a bras tendus. (Amant cord. M., 1490, 38).

 

.

Ami de bras. "Ami qui tend les bras" : [P. antiphrase] Amis de lobes, amis de bras Qu'assez promet et riens ne fait, C'est ce qui plus me desconforte. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 171). Ce n'est pas icy l'amy de bouche seulement, l'amy de bras, l'amy de bourse, l'amy de court, l'amy de cheminee, l'amy de genglerye et de adulacion et de flaterie. Car, en bonne foy, tous ceulz icy faillent au besoing (GERS., Concept., 1401, 409).

 

.

Accoler qqn de ses bras : Mais quant de ma demouree, c'est pour neant, car il ne plaist pas au Hault Juge. Et a ce mot [Mélusine] le lieve [Remondin], et l'embrace et l'acole de ses bras, et s'entrebaisent, et orent entre eulx deux si tres grande douleur qu'ilz cheirent eulx deux pasmez sur l'aire de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

.

Avoir les bras ouverts pour accoler : Dieu a les bras ouvers pour t'acoler, Prest d'oublier ta vie pecheresse (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 260).

 

.

Embrasser qqn de son bras : Et puis elle le resgarda Et de son droit braz l'embrassa (MACH., F. am., c.1361, 232).

 

.

Lever qqn entre ses bras : Et lors Gieffroy prist Hervieu, son nepveu, qui estoit a un genoil devant lui, et le leva entre ses bras en lui disant : Beau nepveu, Dieux vous octroit bon admendement. (ARRAS, c.1392-1393, 215).

 

.

Prendre qqn à bras / entre ses bras. "Prendre qqn dans ses bras" : Dont prist le roy la damoiselle entre ses bras et la baisa moult doulcement devant tous (Bérinus, I, c.1350-1370, 345). ...elle le prend a braz et baise et accole tant doulcement qu'on ne pourroit plus (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

.

Prendre qqn à bons bras de corps. "Enlacer qqn" : Si se vira tost vers luy et le print a bon braz de corps (C.N.N., c.1456-1467, 299).

 

.

Prendre les bras au cou (de qqn). "Jeter ses bras au cou de qqn" : Et quant il sceut que ce fust il , il acourut prendre les braz au coul, en lui disant : "Haa ! messire Charles, Noustre Seigneur en soit loué que je vous puis veoir..." (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 116).

 

.

Se prendre à bras / aux bras. "Se prendre bras dessus bras dessous" : ...sy se prindrent aux braz comme font gens de coustume par la ville de Baldolif, eulx jouer et esbatre de lieu en aultre (Comte Artois S., c.1453-1467, 105). ...Gerard et Conrard se prennent a braz et s'en vont veoir leurs chevaulx (C.N.N., c.1456-1467, 173).

 

.

Saisir doucement qqn par le bras : Mais Uriiens (...) la saisi doulcement par le bras (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

.

Tenir qqn entre ses bras : Plus ne tiendrey entre mes bras Le Messïas, Mon filz, tout le bien de ma vie. (Pass. Auv., 1477, 199).

 

-

Trespasser entre les bras de qqn : ...elle trouva sa dicte fille cheute en la place et de sa cheute et par force de crier et pasmer ou autrement, par default de garde, ait esté si grevée de mal qu'elle n'y congnoissoit comme point de vie, et tantost la porta au feu pour elle chaufer et la cuider faire revenir, mais incontinent elle trespassa entre ses braz. (Doc. Poitou G., t.7, 1413, 241).

 

5.

[Comme symbole de la force qui porte, qui supporte] : ...car il entendoit bien que le roi ne le faisoit à autre fin sinon que, après son appointement fait, il vouloit joindre son armée avec l'autre sienne armée qu'il avoit en Picardie, pour illec de tous poins absourber et deffaire le duc de Bourgoigne ; et que, ce fait, toute sa puissance retourneroit sur les bras du duc, qui luy seroit mal aisé à soustenir (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 309).

 

-

En avoir tout au long du bras. "Être accablé, en avoir les pleins bras" : ...l'aultre, qui ne pensoit point avoir compaignon, en avoit tout au long du bras ou autant qu'on en pourroit entasser a force ou cueur d'un amoureux. (C.N.N., c.1456-1467, 228). Ordonna neantmains a sa gouge qu'elle entretenist le prestre (...) et si fist elle si bien que noz sire en avoit tout au long du braz. (C.N.N., c.1456-1467, 455).

 

-

Laisser qqc. sur les bras de qqn. "Faire retomber sur qqn (une charge morale lourde, difficile)" : ...de la question et difficulté qui estoit entre eulx on ne pooit traire fin sy non par mort, qui saisir vint le prince [de Navarre] et laissa la paix et la guerre sur les bras du pere, le roy d'Arragon (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 259).

 

Rem. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 55, 1991, 283 : «Laisser (une affaire) sur les bras de qn 259 "laisser aux soins de qn (une affaire difficile)"».

 

-

Avoir qqn sur les bras. "Se trouver dans l'obligation de supporter la charge de qqn" : ...considerent bien que c'est que d'avoir sur les bras vingt cinq mille Souisses sans avoir argent pour les payer (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 290). ...et n'estoit point sans peur que ceste bande ne fust rompue, car nous fussions retournéz et il eust eu ses ennemis sur ses bras, qui avoient grant intelligence en cest estat de Millan. (COMM., III, 1495-1498, 38).

 

6.

[Comme relique] : Un bras de saint Lucien, couvert de plates d'argent, doré, garnis de garnaz et de petits saphirs. Et est de bois dedens. Et poise, ainsi comme il est, huit marcs et demi. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 284). L'on fit apporter le bras Sainct Leu et jura le Roy de France la paix entre luy et le duc de Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 84).

B. -

P. méton.

 

1.

[Désignant des choses]

 

a)

"Partie de l'armure qui couvre le bras" : ...unes plates, un corsset a vestir sous plate, un bras de plate, une gorgiere de plate, un coffre pour metre lesdites choses. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1340, 157). Il n'i avoit celui qui n'eüst jaserant, Pans et bras et escus et espée tranchant, Bacinet et camail... (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 24).

 

Rem. V. avant-bras garde-bras.

 

b)

"Bandage (?)" : Se les espaules li seichent ou destraignent [au cheval], ou il soit bleciez haut en l'espaule, si doit l'en venter l'espaule et metre .II. seons ou une ortion ou .III. bras. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 375).

 

c)

[Longueur du bras, comme unité de mesure]

 

-

Bras de main. "[Mesure de drap]" : ...bras de main (...) ulna (...) cest aulne (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 12).

 

2.

[À partir de l'idée de force et d'action, pour désigner une pers.] "Celui qui agit (en partic. en faveur de qqn)" : ...c'estoit [le duc de Bourgogne] le bras puissant de ce royamme aprés le roy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 224).

 

-

Bras travaillant : ...et dit ad ce propos le dit livre que se le prince ou chevetaine de l'ost a mestier de gent de commune, qu'il doit eslire gens de mestiers plus de bras travaillans (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 189).

 

-

Fier bras : Passelyon, fier bras... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 269).

 

-

Le bras droit / dextre : ...le roy de France, qui est le droit champion et le droit bras et reffuge de l'Iglyse de Ronme (Songe verg. S., t.1, 1378, 213). Court de Romme si te fait appeller Son bras dextre (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 259). ...le pape, le bras dextre de l'esglise (JUV. URS., Verba, 1452, 209). ...cestui connestable (...) estoit le seul bras destre du roy et le vrai coffre de son secré. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 393). Et pour ce je conseille que nous le façons nostre bras droit et le chief de nostre guerre (BUEIL, I, 1461-1466, 98). Car là où le Roy adventure vous autres, Messeigneurs, qui estes sa puissance et son bras dextre, il ne doibt pas espargnier argent. (BUEIL, I, 1461-1466, 184).

C. -

P. anal.

 

1.

"Membre antérieur d'un animal" : Ilz [les ours] ont merveilleusement forz braz de quoy ilz estreignent aucune fois un homme ou un chien si fort qu'il l'afolent ou tuent (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 86).

 

2.

"Membre viril"

 

-

Petit bras : ...toutesfoys n'estoit elle point contente ne assouvie, mais desiroit que son mary eust le petit bras aussi grant que ung asne. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 96).

 

-

P. plaisant. Bras seculier : ...elle [la jeune mariée] leur a donné à entendre [à ses parents] que vous n'estes pas homme naturel comme les aultres et que vous n'avez pas, ou bien peu, de bras séculier pour servir les dames (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 94). Quant ce Cordelier, qui estoit ung Frère Frappart embrasé de chaleur naturelle et du desir de luxure, ouyt la confession de ceste jeune touchant luxure, il fut esmeu de la requérir, et mesmes le bras séculier luy dressa gros et royde comme ung pal de haye (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 99).

 

3.

[Pour désigner des choses qui ressemblent à un bras]

 

a)

Bras de la croix. "Branche de la croix" : ...car aucuns y laissent ung braz de la croyz plus loing que l'aultre, si y actaint ung tenon que on fait en la cloche (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 278). ...et les chez des quatre braz de la croix sont prins, parlant moralment, pour quatre vens gracieux, par lesquelx ta nacelle, Beau Filz, navigant a la sainte cite, doit estre et adroissee et gouvernee. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 201).

 

b)

Bras d'une roue. "Rayon d'une roue" : De ma roe [dit Fortune] tien ge le braz [var. lez braz] Et si en suis conduisseresse (Liber Fort. G., 1346, 69).

 

Rem. Cf. aussi Y. Coutant, Dict. hist. et techn. du moulin, s.v. brach, p.200-203.

 

c)

MAR.

 

-

"Cordage amarré à l'extrémité d'une vergue pour l'orienter" : ...une nef appelee la nef Sant-Anton avec les appareulx qui s'ensuivent : le tref avec les bonnetes, la vergue et son appareil, les escrins et le bras, quatre caables, les trois nouviaux et l'un usé, trois gresles cordes, une nouvelle, les deux usees, quatre ancres et un hoquerel, (...) le batel et coquet, quatorze avirons, dix et huit escus de douvez de tonnel, deuls haches pour fendre busche et le castel a mast (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1369, 208).

 

.

Bras d'hoste : ...2 bras d'oste pour le grant tartimont. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1359, 148).

 

-

"Partie courbe du grappin, partant de l'extrémité de la vergue et portant les pattes" : A Godeffroy Pol, pour avoir rappareillié un grappin et y mis quatre bras et quatre pates, pour ce marchié, fait a lui 12 l. t. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1389, 191).

 

d)

Bras d'un cours d'eau. "Partie latérale d'un cours d'eau qu'une île sépare de la partie principale" : Quant ilz furent venuz au fleuve, Un braz du Nil portant navie, Passage ne trouverent mie (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 275). Et entre ses deux bras demeure l'isole de la Garbie, qu'est le principal secours du Cayre (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 64). ...ung bras du Rin qui batoit aux murs (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 31).

 

-

Bras d'eau / de l'eau. "Partie étroite issue de la division d'un cours d'eau" : ...sur les trois bras de l'eau qui traverse [la ville de Pont- Audemer] (Doc. 1398. In : L. Mirot, Bibl. Éc. Chartes 81, 1920, 247). Le roy a fait ses otz tantost acheminer Et a fait sez navirez par my la mer singler Ad fin (...) qu'il puissent ens entrer Pour passer les bras d'eaue pour aucques sejourner. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 40).

 

e)

"Partie de mer resserrée entre les terres, détroit" : ...et est ce bras plus estroit et plus parfont que celui d'Alexandrie et de Rosette, et a communement le trait d'un fort arcbastre de large (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 127). Et pour ce que nul ne passe le destroict que nous nommons le bras Sainct Georges de la Turquie en la Grece, s'il n'est homme de congnoissance... (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 135).

 

-

Bras de mer : De moult parfaite amour s'amoient ; Mais a grant peinne se vëoient, Qu'entre Hero et Leandus Fu uns bras de mer espandus Qui estoit larges et parfons, Si qu'on n'i preïst jamais fons (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). Et entre Sicile et Ytalie na fors que vn petit bras de mer, que on appelle le far de Messine. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 257). Amours Leandon si lassoit C'un bras de mer a no passoit Pour vëoir sa dame et s'amie ; En la fin en perdi la vie, Car il en fu noiés et mors (MACH., Voir, 1364, 582). ...et puis passèrent à l'endemain un brac de mer entre Donfremelin et Struvelin (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 121). Nous avons (...) passé tantes illes Et braz de mer et bonnes villes Que ne les sarions raconter (Mir. st Alexis, 1382, 328). Le bras de mer il lui couvint Oultrepasser (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 42). ...quant Argos cuida prendre un bras de mer qui menoit a Lennos, son gouvernal rompy en mille pieces (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 215). Cestui ala en maintes terres et conquesta plusieurs regions, comme Grece et Asye, passa Bosforus, ung braz de mer qui depart Asye et mist en sa subjection depuis Grece jusques au fleuve de Euffrate et fist la terre nommer Perse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

REM. Une précédente version de cet article a été rédigée par Edmonde Papin.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre