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BOURSOUFLER, verbe |
[T-L : borsofler ; GDC : boursouflé ; AND : bursufflé ; FEW XII, 411b : sufflare ; TLF : IV, 841b : boursoufler] |
I. - | Empl. intrans. "Gonfler de façon irrégulière, prendre un volume excessif et disgracieux" : Et li maistres va Grielle [une bombarde] le mieus qu'il puet ordener. D'un fuysil ala ens tantos le fu bouter ; Le poure s'aluma, qui prist à bousoufler. Mais le boiste fu haute, se fist la pierre aler Tout par desus la vile, sans le mur adeser. ([Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 454]). Car de son corps cler sang issoit, Ou la char de chault perissoit Et le cuir boursouffloit d'ardure. ([Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 354]). Durer ne puis, tant me va boursoufflant Et, sans cesser, plus c'un crapault enfflant, Le villain cueur qui est dedens ma pence. ([LA VIGNE, S.M., 1496, 350]). |
II. - | Empl. trans. "Faire gonfler" : Le feu d'enffer te presente le choc Pour te brusler, soit en tache ou en bloc, Et boursouffler au charonnyeux bac, Ou t'emporter, soit d'aboc ou d'abac, Au paludin sulphureux bulcibac ! ([LA VIGNE, S.M., 1496, 138]). |
III. - | Part. passé en empl. adj. |
A. - | "Gonflé, enflé" : Et Berfunés li roys (...) Vint adonc a Maugis : les yeux li esroulloit Qu'il avoit bousouflés ([Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 899]). ...ung viel paillart tout boussoufflé ([MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 141]). Est il panssu, est il enflé ! Voyez comme il est bourtsouflé ! ([Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 372]). Illec fut trouvé ledit sire Martin, angoisseusement tormenté, enfé de son corpz et boursoufflé de face ([MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 478]). Il semble qu'i soit tout espris De lepre comme ung viel meseau, Tant a bousoufflé le museau Des horions qu'il a receuz. ([Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 746]). Du hanelit aspirant, boursouflé, Trop esronflé, par dormitoire enflé, De voir niflé, assombré, mytouflé, Non desenflé, gisant sur une couche D'avoir le soir Bachus escorniflé... ([LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 389]). |
B. - | Au fig. "Gonflé (de vanité, d'orgueil, de colère...)" : "Beau Filz," dist la royne Verite, "se tu vouldras bien enquerre, tu trouveras que ceste offrende crueuse et flateresse et boussouflee de vent [i.e. l'appellation "très redouté"] premierement fu offerte a ton grant pere Phelippe le Bel..." ([MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 164]). Et ainsi par la grace de Dieu en nostre Chevalerie, qui sera un biau miroir de toute la crestiente, sera mise a nient la male ingratitude et son pere [le péché d'orgueil] de vent tout boussouffle. ([MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 46]). Vers moy se tourna plus enflé, Plus despit et plus boutouflé [var. boutenflé] Que la vescye d'un pourceau. ([Abuzé D., c.1450-1470, 93]). |
DMF 2020 - Synthèse |
Robert Martin |
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