A. -

"Cabane, masure" : Cochet, alez tost (...) De par le bailli, nostre maistre, Une estache drescier et mettre Ou viez bordel qui est maison Gaste. (Mir. femme, 1368, 207).

Rem. GD I, 686b.

B. -

"Lieu de prostitution" : ...et plus se coyntent les foles femmes le jour de marchee q'eles ne fount le jour de Pasqes, pur engyner les foles et encombrer, et assez et trop y a de tiels qe pur autre marchandise ne venont au marchee et, tout n'eit il qe un denier, si l'enploiera il plus tost en la meson au diable et en son hospital - c'est le bordel - q'il ne ferroit a la meson Dieux entre les poures (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 119). Ce est a dire le pechié contre nature. Et de ce parle l'Escripture ou secunt livre des Machabees, comment Jason establi ephebie, ce est a dire bourdel d'enfans masles. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 106). Que li uns de nous homs deveigne Et qu'i[l] voist droit en Babiloine, Et qu'il face sanz point daloigne Que il gise a une femme Qui soit plainne de tout diffame, Et qui au bourdel ait esté Tous jours, et yver et esté. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 218). ...ycellui de Saint-Cloud et lui alerent au bordeau de Tiron, ouquel il prindrent une fille de peché qui illec seoit au bordeau laquelle ilz menerent boire à la ville de la Pissote (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 61). ...maistre Nicolas Bertin, qui dist que le mary d'icelle prisonniere lui a cogneu et confessé avoir prins sadite femme lors seante au bordel de Glatigny (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 260). Et pour ce que rumeur fut que l'en tuoit les gens de Savoisy en son hostel, aucunes gens d'entour le bordeau de Tyron trairent et issirent de la taverne (BAYE, I, 1400-1410, 107). Et aussi ces jeunes frideaux Menray je souvant es bourdeaux ; Les sermons fuir leur feray, Et es dances je les manray (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 8). Habiter au bordel et sans vergongne fait steriliter hommes honnestes. (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 1). ...une autre piece [de chaussée] de l'autre costé de ladicte rue, à commencer au conduit de la rue où il y a ung bourdeau, en allant vers le ponceau, jusques au conduit de la maison où pend l'enseigne du Bergier, contenant 8 toises 1 pyé de long sur 2 toises 4 piez de lé (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1456-1457, 922). Quant viennent gens, je cours et happe ung pot, Au vin m'en voys sans demener grant bruyt ; Je leur tens eaue, froumaige, pain et fruyt. S'ilz paient bien, je leur diz : "Bene stat, Retournez cy, quant vous serez en ruyt, En ce bordeau ou tenons nostre estat." Mais adoncques, il y a grant deshet, Quant sans argent s'en vient coucher Mergot ; Voir ne la puis, mon cueur a mort la het. Sa robe prens, demy seint et seurcot, Sy lui jure qu'il tendra pour l'escot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 124). ...et, au regard de ladicte loge couverte de tuille, elle a esté abbatue, de l'ordonnance de Mesdits Seigneurs, pour ce que ce n'estoit que ung bordeau (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 409).

-

Briser ("forcer"), suivre bordel. "Fréquenter les lieux de prostitution" : Or y a d'aucunlx damisealx Qui brisent tavernes et bourdealx Et font toute nuit raverie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 93). Se tu es fol et que mal te gouvernes Et suis bordeaux, jeu de dez et tavernes... (LE FÈVRE, Caton U., a.1376, 96). Il ne suyt bourdeau ne taverne : Commant seroit il cault et fin ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 161).

-

Tenir bordel : ...ne seront pris ne receu à serment, en quelcunques offices, que esquevin, li Vintaine ou li ville aient u puisse avoir à faire ou à donner quelcunque bastart ou aultrez personnes qui ayent fait cession, sis ens ou pris dilation, ne qui tiengnent taule, brelenc ou bordel (Hist. dr. munic. E., t.1, 1356,,, 358).

.

Tenir chez soi le bordel. "S'adonner à la débauche chez soi" : Honis soit li official, Quant il scet prestre desloyal, Que tantost ne le fait destruire. Ilz tienent chiés eulx le bourdeal. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 64).

-

Faire bordel en con coeur. "Entretenir des pensées impures" : Beau tresdoulz filz, oy et m'entens: Ceuls qui des biens de paradis Estoient povre et affadis, Et qui orent en leur pensée Fornicacion pourpensée Et fait bourdel en la maison De leur cuer et de leur raison, Les sotes qui par inscience Eurent suy la sapience Du monde tant qu'elles fuioient (DESCH., M.M., c.1385-1403, 248).

C. -

"Prostituée (?)" : Cornele Scipion, si tost comme il fu entrez En Espaingne ou il estoit envoié, se coucha es tantes aus champs et commanda que tous bordeaux fussent bouté hors et s'en alerent des bordeaulx deux mils [var. a. .II^m. bordeaux c. ; texte lat. duo milia scortorum] (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 255).