A. -

Au propre Blasonner l'escu. "Présenter l'épée (avec ses blasons)" : Quant vit l'escu son pere c'om luy eut blasonné, Bien l'a recongneü (Galien D.B., c.1400-1500, 86).

B. -

Au fig.

1.

"Faire un portrait élogieux de qqn ou de qqc., louer qqn ou qqc." : Ceulx le loent devant elle en appert Et le blasonnent, Et de ses faiz lui parlent et raisonnent (CHART., D. Fort., 1412-1413, 171). "Vous avez oy comment Jaques de Voisines m'a sa suer Ysmarie grandement blasonnee et loee ; se telle est, elle est comme je la demande et vueil pour estre ma femme et compaigne..." (Nouvelles inéd. L., p.1452, 2). Desir, mon loyal compaignon, Qui dis qu'en moy a tant renon, Tu me scez moult bien blazonner Sans que m'ayes veu esprouver ; Mais d'une chose je t'avise, Qu'en moy n'y a recrëandise, Ains suys tout prest de parfournir Tout ce que a quoy bee a venir (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 43).

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P. iron. : ...ses vertuz ne doivent estre celées n'estainctes, mais en commune audience publiquement blasonnées (C.N.N., c.1456-1467, 241).

2.

"Flatter qqn" : Par saincte Marie la belle Je l'ay armé et blasonné (Path. D., c.1456-1469, 86). [Rem. de l'éd. : Armé et blasonné. Sans doute, au sens propre, pourvu d'armoiries (ou d'un équipement armorié) et de blason ; puis, pour blasonner, "décrit, qualifié de manière élogieuse" ; enfin, par ironie, "il s'est moqué de lui"] LA FEMME. (...) Comment av'ous bien besongné ? LE CRESTIEN. Le juif ay si bien blasonné Et attiray tant en mes las, Au moyen de sainct Nicolas, Qu'il m'a presté cent escus d'or. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 95). Sans crier plus hault ne plus bas Aprés tous beaux motz blasonnez ["de flatterie"], Il fault que vous nous gardonnez, Aultrement je ne l'entens pas. (Sots gard., a.1488, 112).

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Inf. subst. "Flatterie" : ...vous l'avez happé Par blasonner, et attrappé En luy usant de beau langaige, Comme fist Renard du froumaige (Path. D., c.1456-1469, 88). Et sy fussiez le plus saige qui vit, Sy n'ariés vous ja de moy seignorie. Aussy pour ce n'ay pas esté norrie Ne n'ay cure de vostre blasonner. Tant qu'est a moy ["Pour ce qui est de moi"], pour honme qui me prie, Autre n'ara il par son sermonner. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 192).

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Empl. pronom. "Se vanter" : Fol estourdy, glorieux loricart, Estes vous bien si arrogant coquart De vous venir en ce poinct blasonner ? Sçavez vous bien donner ung tel brancart ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 340).

3.

P. antiphr. "Critiquer, blâmer qqn ou qqc." : La blasonnez Furent et leurs faiz hault sonnez Ainsi que gens abandonnez Ou a l'eschauffaut sermonnez. (CHART., L. Dames, 1416, 293). Voicy une douleur moult grant, Qui a mal pour nous se consomme ; Nostre oust seroit mis au neant Et la chose ne seroit pas bonne. Vostre personne se abandonne De vous bouter trop en la presse, Dont ung chacun vous en blasonne De vostre trop grant hardiesse. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 466).

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Blasonner les armes de qqn. "Railler qqn" : ...il parla hault et blasonna bien les armes de son bon voisin. Or l'appelle ribauld, après loudier... (C.N.N., c.1456-1467, 26).

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Empl. abs. : Avés vous assés sermoné Et blasonné ? (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 193).

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"Ridiculiser qqn par des moqueries" : ...comment l'abbé et Madame blasonnoient les chevaliers et escuiers qui par le monde aloient faire armes (LA SALE, J.S., 1456, 304).

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"Diffamer qqc." : Il veult nostre loy blasonner En disant des dieux grans laidure. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 243).