C.N.R.S.
 
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     BÂTON     
FEW I 279a bastum
BASTON, subst. masc.
[T-L : baston ; GD : baston ; GDC : baston ; AND : baston ; DÉCT : baston ; FEW I, 279a : bastum ; TLF : IV, 281b : bâton]

A. -

"Morceau de bois, plus ou moins dégrossi, d'une certaine longueur (et p. ext. objet de même forme fait avec une autre matière que le bois)"

 

1.

"Branche d'arbre, élément de fagot " : ...auquel homme, qui depuis il a oy dire qu'il estoit chartier de madame [Katherine] de France, ainsi comme il fu environ l'enseigne du Turbot, à Petit-Pont, il qui parle, d'un petit baton de fagot qu'[il] tenoit en sa main, rompi à icellui charretier une lanterne qu'il portoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 100). Helas, tu n'as parlé des masques ["sorcières"] : Je te pry que nous en contons, Dist l'adversaire, et de leurs frasques, Se ce sont varous ou luitons, Se vont a pié ou sur bastons, Se volent en l'air comme oysiaux (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 113). ...pour aussi vray comme euangile que quant aucune tempeste levera en l'air, vous devez tantost faire du feu de quatre bastons de chesne en croix au dessus du vent et lui faire une croix dessus, et tantost la tempeste tournera de costé et ne touchera a voz biens. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 96).

 

-

[Dans une comparaison] Sec/secher comme un baston. "Maigre, devenir maigre comme un bâton" : Maiz j'estoie si enragié De vouloir prendre ce faulcon Que j'en seiché comme ung baston. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 432). ...et rechut li rois de France le venin, et fu si avant menés que tout li cheviel dou chef li cheïrent et toutes les ongles des mains et des piés, et devint ossi secks que uns bastons (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 280).

 

-

Aller aux mures sans baston. "Aller sans rien pour écarter les buissons auxquels on rique de se piquer" ; ici, au fig. "faire qqc. sans les précautions indispensables" : Princes, queue d'escorpion ou li venins gist, ce dit on, Eschuez ["Évitez"], que ne vous traisse [l. traïsse] ; N'alez aux meures sans baston, Advisez ce qui vous est bon : Bon se fait garder de Malice. (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 47).

 

2.

"Morceau de bois servant à battre, frapper qqn"

 

a)

Au propre : C'est grant doleur que d'estre en maladie, D'avoir les fievres, froidures ou frissons, Rage de dens et mal d'espidemie, Estre batu souvent de gros bastons, Avoir gravelle et mal de trenchoisons, Si n'est il mal tel, à mon jugement, Com le meschief que d'avoir pou d' argent. (MACH., App., 1377, 646). Et, quant ilz vindrent au dehors d'icelles vignes, il qui parle, d'un baton qu'il tenoit, fery ledit Normant un coup par la teste, duquel il le fist cheoir à terre ès blez estans au plus prez du chemin, et Beaubarbier le acheva de tuer d'une grosse pierre qu'il trouva à ses piez, de laquelle il fery plusieurs coups ledit Normant sur la teste (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 62). Et lors elle qui parle (...) dist audit Jaquotin (...) que elle voudroit bien qu'il feust très-bien batus de batons, sanz cousteaux (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 265). ...et quant ilz furent au dehors d'un bois qui est au dessus de ladite ville d'Andely, il, mal meu et tempté de l'ennemy, se tint derriere ledit homme, et, d'um gros baton de nefflier qu'il portoit en sa main, auquel avoit au bout un petit de fer, afin d'avoir et recouvrer icellui cheval pour faire son labour, fery icellui homme par derriere deux coups en la teste, tant qu'il chei illec à terre tout mort (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 288). ...il choisit ung gros baston et en descharge de toute sa force sur le doz de mademoiselle (C.N.N., c.1456-1467, 544).

 

-

Baston carré. "Bâton non dégrossi" : ...Frappez en malle estraine ! Prenez moi ses bastons carrés Et de si pres [l. prés] le m'en ferrés Que vous luy desrompés les os. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 225).

 

-

"Matraque de sergent" : DEUXIESME SERGENT. Voire, se les os touz cassez Ne veult de ce baston avoir. (Mir. st Ign., 1366, 78).

 

-

"Bâton utilisé comme arme dans certains duels judiciaires, spécialement entre vilains" : Si prist Jacotin son baston et le commença a chouler [Mahienot] d'iceluy et a le bouter tout rollant jusques a l'entree des lisces (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 326).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.2, 1958, 310 et Ch. Commeaux, La Vie quot. en Bourg. au temps des ducs Valois (1364-1477), 1979, 178-181, qui relate ce combat.

 

-

DR. Execution du baston. "Supplice de la roue" : ...leur octroya aussi toute justice et juridiction, haulte, moyenne et basse, ensemble l'exercice d'icelle, réservé l'exécution du baston : c'est assavoir des malfaicteurs qui seroient condempnés par nostre dite ville au derrenier supplice (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1459-1460, 274).

 

b)

P. méton. "Rixe, bagarre" : Guagea l'amande Pierrre Giraut, recuvreur, pour acort fait avecques Perrin Tailhandier, pour cause de baton fait entre eulx (Doc. 1408. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 407). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis] ...certaine compocision faite entre eulx, a cause de baton et injures que ledit Malevau avait fait au fils dudit Berthelot (Doc. 1411. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 407). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis] ...lesdites injures et baston (Doc. 1425. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 407). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

 

-

P. ext. "Violence (quelle qu'elle soit)" : ...lesdites apellacions seront poursuyes aux despens de ladite ville, pourveu qu'il n'y ait baton ne excés (Reg. Poitiers F., t.4, 1473, 99).

 

c)

Au fig.

 

-

"Châtiment, punition" : Mais qui plus est, voiant que tu es enferme, foible et enclin a pechie [l. pechié], il [Dieu] te fait paour par ses menasses et te propose les verges de quoy il bat ses enfans, et non pas seulement ses enfans, mais aussi les bastons et fleaux desquelz il punist les mauvais rebelles (CIB., p.1451, 189). ...ô vray créateur ! maintenant tu reconsoles, tu ramènes et retires à espoir, ceux à qui peut-estre, par aveuglement, leur avois envoyé ce baston et fléau (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 323).

 

-

[D'une pers.] Prest au baston. "Énergique, sachant prendre les mesures qu'il faut" : L'evesque de Liège creut le conseil de Ferry, sentant par experience qu'il estoit homme asseuré et ayant corage de meisme, prest au baton et viste à la torce, ferme comme un mur et non pas à desgarrochier (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 177).

 

-

À l'escu et au baston. "Par la défense et par l'attaque ; par tous les moyens" : Ce procès dura plus de un an et demi en la court du duc Galeas, lequel totallement favorisoit audit esveque en condempnant ledit Jehan Andrieu à payer aucuns despens, dont il se contenta pis que devant et ne cessa de poursiewir son cas, à l'escu et au baston, tellement que ledit esveque n'y scavoit comment besoignier. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 156).

 

-

Battre qqn de son baston. "Tourner les armes de qqn contre lui-même" : Mieulx me fust en ma maison Estre seul a chiere lye, Qu'avoir telle compaignie Qui me bat de mon baston (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 344). Vous semble-il que monseigneur Charolois a tort, s'il lui desplaist que vous, serviteur et subjet de la maison, tenez en vos mains, et encore par hauteur, les principales places frontieres de tous les pays de monseigneur son père, et demain ou après, quand il seroit trespassé, il en seroit en vostre danger de les recouvrer et en vostre merci, avecques ce que le roi encore se vante tous les jours de les avoir en sa main, quand il voudra, comme pour le battre de son propre baston ? (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 191). ...a tort estoient [la ville de Calais et le comté de Guines] es mains des Anglois, pourquoy il [le duc de Bourgogne] les en voulloit traire dehors, car ilz le batoient de son baston (WAVRIN, Chron. H., t.4, p.1471, 130).

 

.

Se battre de son propre baston. "Se faire du tort à soi-même" : ...et si y ot pluisseurs gens qui dirent que ung bon taire lui vaulsist mieulx, et qu'elle s'estoit batue par son baston mesmes, c'est-à-dire par sa langue et son hatif parler. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 33). Car aucunes gens par leur grant yre et convoitise se bastent de leurs bastons mesmes et se pourchassent de jour en jour peine et ennuy. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 84).

 

.

Tailler le baston dont on est battu : Bien est mal fortuné Ce povre compaignon, Et de male heure né. Congnoistre le puet on Pour salaire et guerdon Comté et rabatu. Taillié a le baston De quoy il est batu. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 43).

 

Rem. Cf. J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 2335, 85 : Teus cuelt la verge dont il meïsmes est batu.

 

-

Maintenir le baston raide. "Exercer une certaine sévérité, maintenir une pression militaire" : Quant donc cestes difficultés droit-cy furent mises en la digestion du conseil, là où on considéroit que ceste rumeur ne dépendoit que des débas entre privées personnes et pour querelles de rudes gens, non dignes que pour eux on maintenist le baston roide, et que touchant les personnes des deux princes, le roy d'Angleterre et le duc, n'y avoit riens qui ne fust de bon espoir et à bonne fin ne venist, fut conclu certes estre plus utile d'appointer avecques rudes méchans gens à leur avantage (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 338).

 

-

Prendre/emprendre le baston de qqc. " Relever le défi " : "Vous y avez menti (...) Je le vous ferai jehir veuillés ou non." Et Guanes lui a dit : "Et j'en prens le baston." (Galien D.B., c.1400-1500, 147). ...et pour ce, je vous dis que s'en vostre court a si hardis, II, III ou IV quelz qu'ilz soient, qui contre moy, pour vostre capiteuse volenté accomplir, en vueillent emprendre le baston, dés maintenant j'en présente mon gaige et les deffie à oultrance (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 79).

 

-

Rendre son baston. "S'avouer vaincu" : "...Cuide le roys, pour chou sé je n'ai grant renon, Que je li doive rendre ensément mon baston ? Nennil, par chelui Dieu qui souffri pacion ; Ains me porterai fier que lupart, né lion !" (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 375).

 

-

Tenir le baston sur la teste de qqn. "Tenir qqn sous la menace" : Plus, que lesdits commissaires s'enquierent et sapchent conmant les gensdarmes vivent aux garnisons ne conmant ilz payent et conmant ilz se gouvernent sur les champs car il y a aucuns mauvaiz pallars et gens sans raison et sans conscience qu'il n'est malx qu'ilz ne facent ne desordre qui ne leur tient tousjours le baston sur la teste et doit l'on punir ceulx la rigoureusement (Traité politique C., c.1492-1493, 165).

 

-

Tourner le baston de qqn. "Abandonner la partie de qqn, faire le jeu de l'adversaire" : Li advocat est tropt gloton ; S'il sostient vostre entencion Et l'autre partie est plus riche, S'elle li fait aucuns guierdon, Il tournera vostre baston, Que vous demorrez en la briche. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 112).

 

3.

"Bâton servant d'appui, canne"

 

a)

Au propre : Item, ung long baston à costes, semé de fleurs de lys d'argent, à ung lyon dessus. Item, ung austre baston, dont la pongnée est de cor noir dessus. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 230). Quant ilz sont grant, a II piez vont ; Et a III aprés, quant vieulx sont, C'est a II piez et un baston (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 291).

 

-

Baston appuyal : Elle [une vieille dame] portoit en sa main ung baton appuyal, et en l'autre un petit livret (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 257).

 

-

Baston blanc. "Branche d'arbre dépouillée de son écorce, servant de canne aux pèlerins et aux mendiants" : ...pouvre et lasse fut contrainte s'en venir, ung baston blanc en la main, et mourir par les chemins et hospitaux. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

-

Aller au/à un baston. "Marcher avec l'aide d'une canne, être âgé" : ...quant un cheval va boire sans se bride et l'ome va a complie a un baston, on dist qu'ilz ont passé leurs temps. De ces deux bestes, j'en suis l'une. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 116). ...une autre sans dens qui aloit au baston (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 141).

 

b)

Au fig.

 

-

"Appui, soutien" : Or avons de l'ordre de justice. Si fault deviser de la guerre et de son estat, qui est l'appuy et le baston, et aussi le soustenail de la seignourie et de la chose publique (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 8). Ô lumiere [grâce divine] donnant clarté aux tenebreux (...) baston des membres egrotans, medicine des cuers malades, relaxation des couraiges ydropiques, restaurant de santé perdue (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 151). Et devez sçavoir que Mons. de Bourgoigne ne vouloit point mettre si legierement sa fille hors de ses mains, pour ce qu'il entendoit bien que c'estoit le meilleur baston qu'il eust. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 280).

 

-

Baston de vieillesse. "Soutien matériel et moral pour le temps de la vieillesse" : S'iert [l'épouse] le baston de ma vieillesse, Soustenent ma fragilité (DESCH., M.M., c.1385-1403, 28). Monseigneur, c'est tout mon desir Et mon confort que de les veoir [les enfants], Car c'est nostre sanc, nostre chair, Nostre espoir, nostre liesse, Le baston de nostre vieillesse. (Pac. Job M., c.1448-1478, 194). O filz, baston de ma vielesse... (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 229).

 

-

S'appuyer sur baston de roseau. "Prendre appui sur qqc. de fragile" : ...qui se fie [aux choses mondaines] autrement que par relation a la divine esperance marche sur glace d'une nuytee ou s'appuye au baston de roseau. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 104).

 

4.

[Servant à des usages variés]

 

a)

"Support pour accrocher un objet" : "Quant vous serez amont, il vous fault de bons, gros et fors bastons, que vous mettrés au travers des anneaulx de vos eschielles de corde et les ferez traverser et prendre entre deux creneaulx affin de tenir voz eschielles plus ferme." (BUEIL, I, 1461-1466, 90).

 

-

"Bâton servant à battre les lits et à étirer les couchages" : ...il qui parle (...) print en sa main le baton dont il faisait son lit, en entencion de aidier à sondit compere, s'il avoit aucun besoing (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 410). Elle tient a sa dextre ung baton long a faire lit, par ce signifient que elle doit estre dortouriere et garde du dortouoir de saincte religion et n'y doit laissier entrer quelconque creature qui ne veulle chasteté garder. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160).

 

b)

"Hampe, manche" : ...combien que les juesnes hommes (...) qui n'avoient de quoy eulx defendre eussent prinz, l'un le baston à estaindre les chandoilles de l'eglise (BAYE, I, 1400-1410, 103). ...à la requeste de maistre Regnaut Rabay, executeur du testament dudit defunct, ilz avoient pesé une croix d'argent et le baston d'icelle que l'en soloit porter devant ledit defunct (BAYE, I, 1400-1410, 177). Je cuide que je l'ay actaint. Le baston ma lance ["de ma lance"] en est taint. Je croy que veez cy de son sang. (Pass. Auv., 1477, 231).

 

-

"Partie allongée du sceptre (p. oppos. au pommeau ou à la pointe)" : Item, ung ceptre d'or pour tenir en la main du Roy, pesant environ neuf marcs, dont le baston est taillé à compas de neuz et de fleurs de lys (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 353). Et, quant les logeurs estoient arrivez au logeiz, fut-en en ville, villaige ou aux champs, chascun mettoit sa bannerette, qui estoit en ung baston ou en une petite gaullette, à la fenestre de son logeiz ou sur ung buisson, si aux buyssons estoit. (BUEIL, I, 1461-1466, 179).

 

-

En partic. "Gaule pour la pêche (à laquelle on peut adapter une sorte de trident appelé foine)" : ...se il avenoit que en peschant au dit panier ou benaston ou autrement, aucun fut trouvé garni d'aucun autre engin à pescher, quelconque engin que ce soit, posé ores que il n'en pescha pas, et encore se il avoit baston de foyne ou à qui l'on put bouter foyne, posé ores que la soyne [l. foyne] ne fut pas trouvée sur lui, néantmoins (...) les délinquans [le sing. pronom. du début de la phrase est passé au plur.] paieront soixante conq sols tournois d'amende (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1404-1405, 556).

 

c)

"Morceau de bois servant de support"

 

-

"Mât d'un pavillon, d'une tente" : Pour IIII aunes et demie de fin veluyau rayé, cremasin, pour couvrir les bastons dudit paveillon (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 28).

 

-

MAR. "Pièce de bois dressée sur un navire (pour porter les vergues et leur gréement)" : ...pour le peson que monseigneur de Mallelieure a fait prendre, X s., X d., pour troys bastons pour ladite nave, X s. (Comptes roi René A., t.1, 1452, 164).

 

-

"Pieu" : Et puet le veneur lier le meistre ou meistres, qui est la grosse corde qui tient au laz, a un arbre, ou le puet lier a un des bastons du pertuis. Et, quant le cerf se boutera dedanz le laz, il emportera et laz et baston et tout (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 253).

 

-

"Morceau de bois auquel on attache des marchandises à vendre" : Que tous ceux qui desployeront denrées de mercerie, ou qui les porteront en tabletes ou en bastons pendans (...) avant heure deue, soient gaigez et condempnez en amende (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 35).

 

-

"Échalas"

 

Rem. DESCH. (ms. Qui fait vignes, li coux est grans, Bastons y faut à outraige) ds LA CURNE I, 423b.

 

.

Baston estalier. "Bâton qui supporte un étal" ( (GD)) ; "Bâton qui fait office d'étal, bâton sur lequel les colporteurs accrochent les marchandises"

 

Rem. Doc. 1478 (baston estaullier) ds GD III, 594c.

 

d)

"Morceau de bois autour duquel on enroule les lettres ou les messages" : Ce jour madame eust lettres de Guigonnet apportées en un baston faisans mencion de traitiés que les rebelles faisoient pour eulx mettre en la garde du Roy (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 265).

 

e)

Baston creux. "Bâton évidé (servant de cachette)" : Je mettray en un creux baston tout son or. (...) En ce creux baston le mettray Et tres proprement l'enclorray. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 125).

 

f)

"Dispositif pour actionner (une cloche)" : A Laurens Lepotier (...) pour avoir reffait le baston pour sonner la cloche (Comptes Archev. Rouen J., 1451-1452, 258).

 

g)

[Sur un livre] "Tige mobile posée en travers sur la tête de la gouttière d'un livre pour attacher les signets"

 

Rem. Doc. 1467 (ung autre petit livre de plusieurs oroisons en françois, en parchemin couvert de velours usé noir à cloans d'or et le baston d'or à 2 perles et ung rubis) ds GAY I, 131a.

 

h)

JEUX

 

-

"Bâton utilisé pour le jeu de quilles" : Affin que point ne nous haston, Ce lui feust un propre baston Pour les quilles selon sa force. Rien n'y voy a dire fors ce, Que le baston fut de nefflier, Si n'estoit pas doulx a ploier ; Et il fault que le baston plie Aux jeux des quilles a la fie. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 259).

 

-

[De deux joueurs] Tirer au baston. "Tirer sur le même bâton pour voir qui est le plus fort" : ...Boissonneau et le dit Jehan Chantrer se assirent à terre pour jouer à tirer au baston, et en jouant au dit jeu, le dit Jehan Chantrer leva le dit Boissonneau, dont ycelui Boissonneau ot et prinst à grant desplaisir le dit Jehan Chantrer, en disant à ycelui Jehan Chantrer qu'il estoit bien fort de l'avoir ainsi tiré (Doc. Poitou G., t.6, 1396, 248).

 

-

Jeu du baston. "Jeu qui consiste à frapper sur le bâton de son adversaire en essayant de le casser" : ...se prindrent à jouer l'un à l'autre à un jeu que on nomme au pais le jeu du baston c'est assavoir l'un à tapper ou frapper et rompre le baston de son compaignon (Doc. 1424. In : R. Vaultier, Folkl. pendant la guerre de Cent ans, 1965, 207).

 

i)

Au fig.

 

-

Un baston dans la roue. "Un obstacle, une difficulté" : Sy fut tout desbaretté le séneschal, et vit bien que un baston y avoit en la roue, par quoy son labourer estoit vain. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 355).

 

-

Baston d'ordure. "Personne dont le contact inspire du dégoût" : Cilz est bien la cause de son blasme Qui est maquereaulx de sa femme. C'est droitement baston d'ordure. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 198).

 

-

Prendre le baston par l'emboué. "Commencer une affaire par le mauvais côté, à l'envers (?)" : ...tu doyes renouveler en tes consaulx et par tout au commaincement l'invocacion de l'aide de mon Pere, qui souvent, pource qu'il n'est pas souvent appelle [l. appellé], et les conseilliers se fient de leurs sens ou aucunesfois n'osent dire verite [l. verité], a la conclusion du conseil on prent le baston par l'emboue [l. l'emboué]. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 333).

 

-

Savoir le tour de son baston. "Être fin et rusé, avoir un esprit ingénieux (d'après la coutume des joueurs de passe-passe qui ont en main un petit bâton)" : ...les diz ambassadeurs qui assez savoient le tour de leur baston (Bouciquaut L., 1406-1409, 334). Le clerc sachant le tour de son baston, s'en fist beaucoup prier [en vérité, le clerc feint de se laisser arracher l'aveu d'une révélation qu'il veut faire pour mieux tromper son maître] (C.N.N., c.1456-1467, 94).

 

-

Trousser ses bastons et ses quilles. "Décamper (les bâtons désignant familièrement les jambes)" : Allez, allez la vostre voye Messeigneurs ; que Dieu vous convoye ! (...) Troussez voz bastons et voz quilles Et faictes vostre part ailleurs (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 188).

 

5.

[Avec une valeur symbolique]

 

a)

Au propre

 

-

"Insigne de dignité, emblème de commandement, d'autorité" : Il tient deux bastons principaulx, Temporelx et espiritualx : La croce et la droite espee. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 47). Et estoit li dus de Bourgongne au dehors armés de toutes pièces, une hace en sa main et un blanc baston en l'autre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 264). Trois choses sont neccessaires à ce que les sergens se puissent entremettre de sergenter. La premiere est, car il convient qu'il soient nomméz en plaine assise par le bailli ; la seconde, qu'il porte lettre pendant du bailli ; la tierce, qu'il portent baton paint de noz armes ; et s'il sergentent sanz la dite lettre et baton, nous voulons que nulz ne soit tenuz d'obéir à eulx. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 77). Et faisoit moult bel veoir Remondin chevauchier devant, le baston ou poing, mettre ses gens en ordonnance. (ARRAS, c.1392-1393, 71). L'avant garde chevauche a exploit, laquelle conduisoit le roy d'Ausay et Regnault de Lusignen, montez sur un hault destrier lyart, armez de toutes pieces, excepté le bacinet, qui tenoit un gros baston ou poing, et ordonnoit ses gens moult a droit. (ARRAS, c.1392-1393, 174).

 

-

Baston royal : ...en cas de éminent péril, mectent et assiéent nos pennonceaulx et bastons royaulx en et sur les lieux, maisons, manoirs, terres, granges [de l'abbaye de Beaulmont-lez- Clermont, que le roi prend sous sa protection] (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 45). ...et en l'une de ses mains tenoit ung ceptre, et en l'autre le baston royal. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 21). Valerien, par vous soit mis En son siege imperial. Baillez luy le baston royal Et tou ce qui luy appartient. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 190).

 

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Baston de royaume : ...après la mort umbreuse et obscure dudit grant seneschal, elle mist sus ledit seigneur roy comme son obeïssant filz et lui donna le baston du royaume (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 198).

 

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Baston à signer. "Sceptre (avec lequel le roi peut faire le signe de la croix pour bénir qqn)" : ...ung baston à seignier, qui a la teste d'un aigle, de cassidoine, assise sur un pommel d'or esmaillé (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 209).

 

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Baston pastoral. "Bâton du berger ; ici, p. métaph., Jésus" : Tres bien, puis que nous vous voyons, Nostre vray baston pastoural. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 575).

 

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Baston de justice. "Bâton terminé par une main de justice" : ...messire Cleriadus et ses deux cousins (...) et là furent coronnez des evesques et leur bailla on le ceptre en une main et le baston de justice en l'autre (Cleriadus Z., c.1440-1444, 527). ...[le cardinal] lui bailla le sceptre royal en la main dextre et le baston de justice en l'autre sy le mena sur ung eschaffault, où fut une chayère ricement parée (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 239).

 

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Baston de (telle fonction) : ...il disoit qui li havoit brisié son baton de la vignerie (Echevin. Dijon L., 1341, 41). Cestui estoit couvert de veloux noir et deux pages de mesme, et portoit un baston de capitaine en sa main comme celui qui estoit chef et capitaine de tous les chambellans et nobles hommes de l'hostel (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 147). Item, fuit acourdéz de touz que li batons de la sergenterie soit hostéz à Jehan Beuchalle, senz plux baillier. (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 1).

 

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Baston (de confrerie). "Sorte de sceptre qui sert d'emblème à une confrérie" : Et que tous maistres dudit mestier seront tenuz aller à vespres la veille de la feste dudit Sainct Crespin, et le jour à la grant messe et à vespres, et le lendemein à la messe des trespassez, et seront tenuz acompaigner le baston et le cierge que l'on porte parmy la ville (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1486, 658). Celui qui à ladite feste Ragonde prendra et aura le baston de ladite confrarie, sera maistre pour icelle année, et se feront toutes les assemblées en sa maison (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1490, 226).

 

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"Emblème d'hommes d'église"

 

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Baston crochu. "Crosse (de dignitaires ecclésiastiques)" : Depuis que les mitres volurent Le fait des bachinés sçavoir Et les bastons crochus tollurent Aux droictes lanches leur debvoir, Nous n'avons pu aperchevoir Que France levast la baniere Telle qu'elle souloit avoir, Chascun faisant sa chascuniere [ici au fig. "s'occuper chacun de ce qui est son domaine (les clercs des affaires spirituelles, les soldats de la guerre")]. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 57). L'autre main est tenant ung baston crochu duquel elle la main houe et mine et fouit, et ceste appartient aux prelatz de l'Eglise qui gratent et minent et prennent les biens de l'Eglise a tort et a travers, ce que peuvent sans riens y mettre. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 161).

 

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Baston de regime. "Insigne d'un archidiacre" : Or ça, il fault que ly remecte En main le baston de regime, tradit baculum De l'iglise la discipline, De toute la correction, Du cueurs la dominacion. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 113).

 

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"Insigne du grand chantre, ou même des choristes aux fêtes solennelles" ( (d'apr. GAY I, 128b))

 

Rem. Doc. 1469 (3 bastons et potences pour les choristes, couvers d'argent), 1477 (2 ymaiges en bois et ung lyon à mectre sur les bastons des coristes et bedaulx le jour des Innocens) ds GAY I, 128b-129a.

 

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Baston de chantre

 

Rem. Doc. 1386 (le baston dou chantre, à deux serpentiaux d'argent dorez), 1438 (le baston du chantre de Paris en 4 pièces, bien ouvré et esmaillé) ds GAY I, 128b.

 

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"Insigne d'un arbitre (dans un combat singulier)" : Environ neuf heures du matin, les deux chevaliers furent prests, conseillez et deliberez, et se retraïct chascun de la lice, excepté huict hommes d'armes armez de toutes pieces, aians chascun ung bon baston blanc en la main, sans aultre glaive, et furent par la lice par bonne ordonnance, pour separer les champions quant besoin seroit. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 300). ...et tantost après le disner, le duc se tourna du costé de la lice qui estoit ordonnée pour combattre à pied, le baston blanc en sa main, comme juge en ceste partie. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 328).

 

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Jeter son baston (en bas). "Donner le signal d'arrêt d'un combat singulier" : Et luy donna d'un estoc de la haiche tant qu'il le fist tourner un tours et demy et a l'eure les juges gecterent le baston et furent prins et amenéz devant le hourt (WERCHIN, Corresp. G.-W., 1402-1409, 149). Lors le roy de Castille voyant que le plus bel des armes estoit apparent plus à l'un qu'à l'autre, jà-soit-ce que tous deux avoient bien fait, jeta son baston en bas, qui fut signifiance que les armes estoient accomplies. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 139). Mes le duc, voyant (...) que bien longuement (...), ilz s'estoient combattus et esprouvéz comme vaillans et bons chevaliers (...), il getta son baston et les fit prendre sus au plus felle et estroit de leur bataille. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 169). Alors le duc d'Orléans, voyant le chevalier sicilien tant fort oppressé qu'il estoit mené jusques à la grosse haleine, dit au duc : "Beau frère, comment l'entendez-vous ? Vous voyez ce gentil chevalier en quel estat il est. Si ainsi est que du tout ne voulez son déshonneur, il est heure que jetez vostre baston." (Faits Lalaing K., c.1470, 88). Lors le roy de Castille voyant que le plus bel des armes estoit apparent plus à l'un qu'à l'autre, jà-soit-ce que tous deux avoient bien fait, jeta son baston en bas, qui fut signifiance que les armes estoient accomplies. (Faits Lalaing K., c.1470, 139). Et ainsi se queroient les deux chevaliers chevalleureusement, et tant chaudierent leur bataille que les quinze coups contenuz par les chappitres furent accompliz, et gecta le duc le baston, et furent les champions prins par les hommes d'armes et escoutes à ce ordonnez (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 302).

 

b)

[Symbole de capitulation] Baston (blanc). "Branche d'arbre dépouillée de son écorce, seul objet que peuvent emporter les hommes qui se rendent avec armes et bagages" : ...et offrirent paier X mil escus, pourveu qu'ilz s'en yroient, sauf leurs vies, chascun un blanc baston au poing. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 66). ...son ost alla devant Fronsac que tenoient les Anglois quy le rendirent par composition tele quilz sen allerent en Angleterre, chascun ung blancq baston en la main. (WAVRIN, Chron. H., t.5, p.1471, 249). ...aucuns Lorains qui le tenoyent, veans approcer l'artillerie, rendirent la place, sauve leurs vies, et s'en allèrent, ung blanc baston en main. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 152). ...s'en yront à piet et en pourpoint, ung blanc baston en leur poingz, sans povoir porter aulcunes choses de leurs bagues et biens. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 300). Mes bien voy que il ne plaist plus A Dieu qu'i soient en ce royaulme ; Fault qu'i soyent de leurs abus Pugniz et chacez sans heaulme, A ung seul baston en leur paulme, En definent piteusement Sans james retenir la baulme, Qu'i l'on tenu trop longuement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 580).

 

c)

"Présent symbolique offert par le fiancé à sa future épouse, en signe d'accord" (Cf. Éd. p.350, n.101/269) : Et lors fut heure de disner, car tout estoit prest. Et combien que le baston ne fust point encores donné, toutesfois Gadiffer d'Escoce, le Chevalier Doré et aucuns autres mengerent a la table de la belle Priande (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 101).

 

d)

[Comme emblème des fous, des simples d'esprit] Porter un baston à son cou : Tel cuid'on ung sage Cathon Et salue on parmy la rue, Qui deubt porter ung grant baston A son col ou une machue. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 172).

 

e)

Au fig.

 

-

[Semble désigner le pouvoir tout puissant de Dieu (ici, de récompenser, de punir)] : Et par cest exemple, toute bonne femme ne doit point laidengier son seigneur, ne mespriser de chose ne de maladie que Dieu luy envoye [la femme de Tobie se moque de son mari en lui disant que Dieu ne lui rendra point la vue]. Car le baston est aussi bien levé sur le saing comme sur le malade, comme vous avez ouy de Thobie qui fut guéry, et sa femme qui lui parla mal fut malade. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 158).

 

-

Baston du gouvernement. "Pouvoir" : Il parla moult et bien monstra aucunes voies raisonnables, que l'Eglise aroit encore moult à souffrir pour les grans superfluitez que il veoit et qui estoient entre ceulx qui le baston du gouvernement avoient. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 229).

 

-

Avoir les deux bouts du baston. "Avoir toutes les facilités (pour faire qqc.)" : Vous [les religieux] pouez par les voisinages Aler sans reprehension Ou pour accorder les mainages Lesquelx sont en dissension, Ou pour vostre religion Recommander. Quant est a vous, A faire fornicacion Du baston avez les deux bous. (MARTIN LE FRANC, Champion dames V, D., 1440-1442, 21).

 

-

Mordre le baston de qqn. "Provoquer qqn, chercher querelle à qqn" : Tu [un critique] qui mos [l. m'os] sy me contrerolles Ou mors au bout de mon baston, Tu n'emporteras les virolles Pourtant je le dis a bas ton. (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 71). ...c'estoit qu'on reçust et qu'on acceptast un prince de qui on pourrait estre gardé et deffendu et maintenu en paix, et en qui baston autre prince, voisin, ne loingtain n'osat mordre (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 83).

 

-

Tenir le baston droit. "Se montrer impartial" : [Les envoyés du comte de La Marche et ceux du comte d'Armagnac viennent avec la même intention] ....est assavoir pour persuader et prier au duc de Bourgongne que voulsist tenir le baston droit pour un et pour autre, sans décliner à faveur nulle part (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 20).

B. -

P. anal.

 

1.

ARM. [P. anal. avec le bâton qui sert à frapper, à se défendre]

 

a)

"Toute espèce d'arme dont on frappe ou qu'on jette" : ...car lance seur fautre, Se vient encontre toy combatre, Pour toy de toute honneur abatre, Sans menasse et sans deffier, Si que tu ne t'i dois fier, Ne qu'en baston d'un champion. (MACH., R. Fort., c.1341, 88). Et avoient et portoient maillès de fier et d'achier, perilleus bastons pour effondrer hiaumes et bachinès. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 212). Et n'y aura traict en ladicte bataille, fors que chascun se aidera du corps que Dieu lui a presté, armé comme bon lui semblera, tant à l'un costé comme à l'autre, pour sa seureté, aians bastons acoustumez. C'est assavoir lance, hache, espée et dague, et chascun de tel avantage comme besoing et mestier sera pour sa seureté et pour soy aidier (Doc. 1402. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 44). Car ilz [les princes] auront tousjours à faire de vous, tant que vous pourrez baston lever ne porter, pour ce que tousjours est il guerre en quelque païz que ce soit, et ne puent tous ces seigneurs longuement durer en paix. (BUEIL, I, 1461-1466, 42). ...aprés dix ans passéz que ce roy icy avoit fait le cruel homicide, du mesmes baston [une dague] dont il l'avoit perpetré lui a esté rendu payement du delict. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 254). Alors messire Jehan de Boniface issit hors de son pavillon, embastonné des bastons de quoy il devoit combattre (Faits Lalaing K., c.1470, 87). Mais le bon duc avoit accoustumé luy mesme de visiter les bastons dont l'on debvoit devant luy combatre ou faire armes, pour ce que pour riens n'eust voulu souffrir que soubz son jugement nulle chose mal enseigneuse, ou de fraulde, eust esté faicte. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 125). Les deux premiers bastons estoyent deux lances à gecter et les portoient deux chevaliers. Les secondz bastons estoient deux haches et les portoient deux barons. Et les troiziesmes bastons estoient deux dagues et les portoient deux contes (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 53).

 

-

[Nom générique de diverses armes offensives] Baston de guerre : La grosse bataille dou roy s'en vint assambler as Englès. Là eut grant hustin, fier et cruel, et donnet tamaint horion de haces et de espées et de aultres bastons de gerre. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 43). Item pour sept couvertures de cuir doublez de blanchet pour les bastons de guerre de mondit seigneur, a 14 s. piece font 4 ú 18 s. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 519).

 

-

Baston maniable. "Arme qu'un individu peut utiliser avec une ou deux mains (p. oppos. aux armes de l'artillerie qui nécessitent plusieurs servants)" : Et sont chascunes pieces mises par ordre : tout le traict à part, les arcs et arbalestres d'autre, les brigandines et harnoys, heaulmes, sallades et espées toutes nues, lances, javelines, picques, voulges et tous aultres bastons maniables, qui peuvent servir et estre necessaires en guerre (Voy. Hierus. S., 1480, 21).

 

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Payer qqn d'un baston. "Frapper avec une arme" : "...Car par l'ame mon pere, ains que departon, Vous vouldray je mon hoste paier de ce baston." [Un combat a lieu aussitôt] (Galien D.B., c.1400-1500, 81).

 

-

Baston de defense/defensable : ...et leur loise (...) porter espée ou coustel ou aultre baston deffensable (Mét. corp. Paris L., t.1, 1410, 652). Quant la mauvaise femme eut entendu le messagier, elle en eut sy grant despit au cuer qu'elle saisy ung baston de defence qui estoit auprés d'elle, puis en fery le messagier de tel randon qu'elle le jecta mort a ses piés (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 607). ...se ferirent a tous costez et renverserent tentez et pavillons, occioient gens tout a fait car lez pluseurs estoient nudz, c'est a entendre sans harnois ne bastons deffensablez (Comte Artois S., c.1453-1467, 85).

 

b)

"Pièce d'artillerie, bouche à feu" : Et, pour resister à leur artillerie, il avoit deliberé de semer parmy les champs son artillerie en petis buyssons, en bruyeres, en blez, en petis fossez et en lieu où on ne les pourroit bonnement veoir et estre si loing comme la portée de leurs bastons (BUEIL, II, 1461-1466, 232). Le roy avoit bonne artillerie sur la muraille, à Paris, qui tira plusieurs coups jusques en nostre ost ; qui est grant chose, car il y a deux lieues, mais je croy bien que on avoit levé aux bastons le nez bien hault. (COMM., I, 1489-1491, 72). Je vous prie que vous lui faictes delivrer de la pouldre de canon et deux culevrines, et je vous feray envoyer de Noyon autant de batons et de pouldres que delivrerez. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 322).

 

-

Avoir (une place) au baston. "Utiliser l'artillerie pour venir à bout (d'une place)" : ...dont finablement, maintenant, quant n'en purent avoir fin, délibérèrent de l'avoir au baston et conclurent d'y aller mettre le siége. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 366).

 

-

Baston à feu/à poudre : ...l'on ferma le marchiét et fortiffia tellement de palis et d'artillerie qu'il y avoit de compte fait XLIX bastons à feu. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 589). Ceulx de la ville n'avoient que ung bon baston à pouldre, duquel, aveuc sy pou qu'ilz avoyent d'artillerie menue, se deffendirent tant vertueusement que les aultrez riens ne gaignèrent (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 149). ...lesdictes bombardes, et grant quantité d'aultres plus petiz batons à feu. (MARY DU PUIS, 1480-1481, In : Deables Enfer V.V., 1480, 507).

 

-

Baston à virole. "Arme à feu légère" : Il estoit ordonné et commandé de par le roi, et sur le vie, que nuls en l'ost ne parlast flamenc ne portast baston à virolle. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 35).

 

2.

"Tout objet qui a plus ou moins la forme d'un bâton"

 

a)

HÉRALD. "Bande de faible largeur" : Et portoit d'asur semet de fleurs de lis d'or, à un lyon d'or rampant à un baston de geules parmi l'escut. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 3). Et en son pennon estoient ses armes qui sont esquartelées d'argent et d'asur, à une freture d'or sus l'asur et un baston de geules parmi l'argent. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 102). Le seigneur de Gamaches, d'argent au chief d'azur, a un baston de gueulles (LA SALE, J.S., 1456, 197). Et pour ce que, comme j'ay dit, les ducz de Bourbon portent d'azur à trois fleurs de liz d'or, à ung baston de gheules en bende, ce que ne portent nulz des filz yssus de France, j'ay de ceste matiere fait plusieurs enquestes et en divers lieux. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 152).

 

-

[Élément d'armoirie] Baston noué : Vaneloc me manda à disner, qui estoit bien accompaigné, et avoit le ravestre d'or sur le bonnet, qui estoit la livrée dudict conte, qui est ung baston noué, et tous les autres semblablement (COMM., I, 1489-1491, 209).

 

b)

[Domaine végét.] "Tige" : Le lis en lieu de fruit est content de la biauté et bonté de sa fleur et de sa semence, et toute la vertu de sa racine et du baston est monstree en la fleur et en la semence, et tant comme le baston est plus haut, de tant se encline plus bas la fleur de lis. (CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372. In : Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 396). Broyez l'ozeille tresbien sans les baxstons, et deffaictes de vertjus vieil blanc (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 258). ...prenez deux livres de sauge et rongnez les bastons ; puis mectez les feuilles dedens le poinçon. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 271).

 

c)

COST. DRAP.

 

-

"Grosse rayure d'un tissu" : ...16 aunes d'un brun royé de Gant, à une perse acostée de 2 bastons jaunes (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 83).

 

-

"Bande de décoration sur un vêtement" : ...batons doubles appellés copeis, faiz au travers d'icelles houppellandes tout du lonc et au travers des manches, entre lesquelz bastons sont faictes de broderie, ceintures et lettres qui dient Esperance, et plumes aux bouz avecques annelès faiz de broderie de fil d'or et d'argent de Chypre, et fleurettes de mars semés parmy. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342-1387, 192). Quant li rois entra en Tournai, on li fist grant reverence, et che fu raisons, et furent toutes les bonnes gens de la ville vestis de blanc à trois bastons vers d'un lés. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 71).

 

d)

"Piston d'une seringue" : ...et faites ainsi que font les enfans quant ilz attaient l'eaue amont par une clepsedre et boutés la teste en l'aureille et tirés tost a vous ; la baston qui est dedens la canne et nature que ne laisse point de vuit trayt dehors l'aquosité (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 13).

 

e)

"Morceau de pâte allongé qui, après cuisson, sera un gâteau" : A l'aubloyer convient ordonner: primo, pour le service de la pucelle, .XIIe. et demie de gauffres fourrees, .III. sols ; douzeine et demye de groz bastons, .VI. sols ; douzeine et demye de portes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). Item, douzeine et demye de gros bastons (c'est assavoir, de fleur de farine pectrye aux oeufz, et pouldre de gingembre batue ensemble et mis en la fourme, et aussi gros comme une andoulle) (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 189).

 

f)

"Alluchon d'un rouet, dent en bois amovible" : ...pour douze bastons de boz de mespelier pour la grande reue, 10 s (Doc. 1446. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 493).

 

g)

RHÉT. "Vers" : Il convient aussy oultre secondement que tous les vers et les batons des rymes qui ont regart ensamble et qui se correspondent l'un a l'autre soient d'une semblable terminacion et d'un accord en son. C'est la principal consideracion en paroles rymees, car pour ce aussy sont elles rymes appellees, qu'elles finent semblablement ainsy en son. Et celles qui a ce s'approchent de plus pres et mieulx s'entreressamblent en la fin sont a meilleurs tenues, maiz que le remanant y soit bien mesuré et qu'il y ait langaige convenable et sentence parfaicte. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 72). Si dois savoir que un chascun rondel atout le moins doit contenir cinq bastons, des quelz les deux premiers doivent estre semblables quant au nombre de sillabes (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 143). Rimer n'est autre chose que faire deux bastons finer par telle lettre ainsy bien l'un que l'autre. (Traité art rhétor. L., c.1433-1466, 201).

 

h)

[Dans un cont. grivois] "Membre viril" : [À un homme âgé qui veut épouser une jeune femme]"...Vous ne li porriés faire ce qu'elle aroit beson, Une fie le mois vous sambleroit foyson ; Mais le bille a mestier de plus pesant baston, Car dame si n'a cure d'omme, tant soit de non, S'il ne scet bien buleter de son escorion..." (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 343).

 

-

Baston pastoral : Quant ce jeune galant [à qui on reproche de n'être pas fourni pour satisfaire les dames] eut entendu la cause du courroux, il fut bien joyeulx et dist à celluy qui lui déclaira que bien ceste douleur rapaiseroit et que tous fissent hardiement grande chiere, car il se sentoit aussi bien et mieulx fourny de baston pastoral que homme qui fust en toute la compaignie (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 94).

 

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Baston à feu : ...Yeulx affeictiez sont mes heraulx, Portans, pour doubte d'estre pris, Bastons a feu roydes et chaulx. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 262). [Éd. : «Cette métaphore grivoise se passe de commentaire»]

 

-

Baston dont on plante les hommes : Car elle luy dist qu'elle estoit trop desplaisante qu'il estoit si petitement fourny de cela que vous savez, c'est assavoir du baston de quoy on plante les hommes, comme dit Bocace. (C.N.N., c.1456-1467, 471).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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