C.N.R.S.
 
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     ATTENIR     
FEW XXV attinere
ATTENIR, verbe
[T-L : atenir ; GD : atenir ; GDC : atenant ; FEW XXV, 728b-729a : attinere ; TLF : III, 844b : atenir ; TLF : III, 835b : attenant]

A. -

[Idée de contact, au propre et au fig.]

 

1.

Attenir qqn/un animal/qqc.

 

a)

"Contenir qqn" : Ogier l'entent, si at l'espee traite ; Charlot awist fendu jusques dens, quant Nalme et les aultrez l'ont atenus. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 48).

 

-

"Retenir (un cheval emporté)" : ...Là prist à son cheval une teile histoir, Qu'ilh soy met à fuir et ne le puit ravoir, Ne le puit attenir tant fut en grant chaloir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 596).

 

b)

Au fig. "Détenir qqc. (une chose abstr.)" : Pourquoy furent les nobles ordonnez Et establiz seigneurs sur les menuz, Et leur furent les haulx honneurs donnez Et hommages qui d'eulx sont attenuz ? (CHART., B. Nobles, c.1424, 397).

 

2.

[D'une chose] Attenir d'un espace, d'un lieu. "Toucher à, être attenant à" : Item, près d'icelle premiere pierre est une chappelle atenant de ladite eglise de Nostre Dame, en laquelle chappelle sont les sepulcres de David et de Salomon son filz, roys de Jherusalem (Voy. Jérus., c.1395, 22). Et devant cellui chastel atenant de ladicte place et ainsi dedans ladicte cité, assés près de la, sont les monumens des Soudans, qui sont fais a maniere de belles et grans chappelles (Voy. Jérus., c.1395, 61).

 

3.

[Idée de passage d'un état à un autre, idée d'aboutissement] Estre attenu + adj. "Aboutir à tel état, devenir + adj." : [Renart répond à Ysengrin qui s'est moqué de son ventre] Mais ce est par ytropisie ! Ytropiques suis devenus : Pour ce suis si gros atenus, Ne puis mais vivre longuement, Morir me fault prochainement ! (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 24).

 

Rem. Attenir se confond plus ou moins avec atteindre. Ainsi dans l'ex. suivant : Dilate ma pensee et hause le regart de mon cuer, par quoy de subite cogitation le mien esperit atieigne toy, perpetuel Prudence. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 45).Ailleurs il convient, sans doute, de lire a tenir : Tant feray a mon pere que bien pourrés joïr De mon corps, s'il vous plest, pour vo femme atenir (Tristan Nant. S., c.1350, 447).

B. -

[Idée de proximité, au fig.]

 

1.

[Par les liens de parenté]

 

a)

Attenir à qqn

 

-

"Être apparenté à qqn" : "Signour, s'ai dit Lion, sont il point atenant Au Foucquerés le cuver soldoiant ? - Oyr, dient li baron, per Dieu le Roy amant ; Se sont de son lignaige..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 666). Vous cudés estre filz Gautier, le mien signour, Maix ne li atenés (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 738). Tous ceulz qui sont nouris d'enfance Avecque moy et qui m'atiennent Et de lignage m'apartiennent En l'estour pres de moy seont (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 236). ...la vie Veult tollir, par sa grant envie, A Mardocius, qui m'atient De lignage, et qui m'appartient (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 270). A l'un atient de par sa mere Et a l'autre de par son pere. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 136). ...lesquelx le tiennent encores de présent sans cause raisonnable, ce que le Roy nostredit souverain seigneur ne pourroit bonnement dissimuler veu le prouchain degré de consanguinité, en quoy il lui actient, et laquelle captivité pour l'onneur de noblesse et bien de justice nul princes chrestiens ne devroient tolerer (Ecorch. Ch. VII, T., 1438-1451, 156). Aussi croy-je que ceulx à qui je atiens et qui me attiennent de sang linage et affinité, et mes loyaulx, féaulx vassaulx et subjectz, qui si grandement et si loyalment ont servi messeigneurs mes prédécesseurs et moy, ne le vouldroient pas ainsy passer, ne souffrir. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 218). ...veu la proximité de lignaige en quoy nostre dit cousin de Calabre nous attient (...) il nous seroit bien dur leur veoir faire (...) deshonneur, foulle ou dommaige. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1446-1483, 240). Et ce qui est dit de ma soeur doibt estre entendu de chascune qui est ma consanguine et de tous mes consanguins, car tous les maris de mes consanguines me sont affins et parents au premier genre d'affinité et en ces degrés en quelz leurs femmes me attiennent et apartiennent. (Sacr. mar., c.1477-1481, 74).

 

.

Attenir l'un à l'autre : ...pour la prouchaineté de sang dont ilz atenoient l'un à l'autre (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 434).

 

-

"Être lié à qqn" : Et, touchant les princes de nostre reaume (...), à vous n'appartient d'en escripre (...), car ilz ne vous actiennent en riens de lignaige ne autrement (Lettres Charles VIII, P., t.1, 1483-1488, 130).

 

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"Se lier à qqn" : S'il me donnoit d'or une mace, Je n'attenroye a sa personne : Il quiere ung aultre qui le face (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 127).

 

-

Attenu à qqn. "Attaché à qqn" : ...et ores que je cuidoie en vostre service faire mon devoir, acroistre vostre grace et mon honneur, fault que je perde celle a cui je suis tant actenu ? (LA SALE, J.S., 1456, 234).

 

b)

Attenant à qqn

 

-

Empl. adj. "Apparenté à qqn" : Et se aulcun m'est attinent au tiers degré, son mary m'est attinent au premier genre d'affinité et au tiers degré. (Sacr. mar., c.1477-1481, 74).

 

-

Empl. subst. "Parent" : ...Godefrois fu mes oncles, qui conquist Bethleant ; Bauduins est mes peres, qui ochist le soudant. Dou lignage de Chisne, dont on parolle tant, Sui venus et estrais, tout sont mi attenant (Bât. Bouillon C., c.1350, 203). ...Car j'ay le ceur sy tristre et sy forment dolant Pour ce que je ne sçay qui sont my attenant. (Tristan Nant. S., c.1350, 264). Bien voulsist estre a Acre, la cité souffisans, Entre lui et sa mere et tous ses attenans (Tristan Nant. S., c.1350, 335). «...Hantés tousjours les bons, (...) Duc Naimes de Baviere et tous vous atenans...» (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 202). Combien que ceste cosse soit si aparisans Et si manifestée as petis et à grans, Des mauvais cuers faintis et des mauvais tirans Qui vaurent exurper le roiaume des Frans Et destruire le roy et tous ses atenans, Comme fieus et fiévés et princes et tenans Qui estoient au roy amis et bien vellans, Chieus voloient destruire les pervers soudoians Avoecques le roiaume et tous les abitans (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 291). Ens o chastel avoit ses oncles IIII enffans, Qui la belle Callisse furrent moult honnourans, Car loeur cousine estoit germainë atenans. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 219).

 

2.

[Par des liens de reconnaissance]

 

-

(Estre) attenu à qqn de/pour qqc. "Être obligé de qqc. à qqn, être redevable de qqc. à qqn" : ...ma nef, par temps esgarée, Par force de vent et marée, Est arrivée droite voie à port de salut et de joie, Et que je suiz au sec venu, Dont suiz à Dieu plus attenu (LA HAYE, P. peste, 1426, 162). Et par ma foy se ainsin vous plaisoit je vous en seroye a tousjours bien atenue (LA SALE, J.S., 1456, 242). Et de vostre doulceur vous ay tousjours trouvé, et avant et depuis le trespas dudit pere, parfait, benivolant et tresloyal amy, dont je me sens a vous trop atenu et plus d'assez que ne le savroye envers vous desservir. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 25). Josep, mon frere et amy, Bien devons a Dieu rendre grace, Car entre bras en ceste plasse Nous tenons le corps de celluy Que pour nous a souffert enuy Et en celle croix mort onteuse. Nous sommes atenus a luy Pour sa charité amoreuse. (Pass. Auv., 1477, 243).

 

-

Empl. abs. : Quant Beufves sceut la bonne voulenté des barons, il fut moult joyeux et les remercia, disant qu'il estoit trop atenu a eulx (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 263).

 

3.

[Par des liens contractuels]

 

-

Attenir à qqn. "Dépendre de qqn" : Faire tenir et pleinement garder en quant que a eux attient toutes les choses susescrites (Doc. 1353. In : P. Barbier, Fr. St. 1, 1947, 117).

 

-

Estre attenu de + inf. "Être tenu de" : ...et donne et legue et vuilz estre donné a chascune desdictes processions dix solz estevenans pour une foys, affin que les freres religieulx et religieuses desdis convens soient atenuz de prier Dieu pour le remide [sic] de l'ame de moi (Test. Besanç. R., t.2, 1470, 157).

 

4.

[D'une chose]

 

a)

Attenir à qqc. "Avoir un rapport avec qqc., être compatible avec qqc." : ...Je le desir, voires, se c'est Cose qui a s'onnour attiegne ; Mais je di et vous en souviegne Que se la cose, par nul tour, Touchoit ores a deshonnour, A ma fille et a moy, J'aroie plus chier, par ma foy, En vostre prison ci morir. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 44).

 

-

"Tenir de qqc." : Si pouez donques par ceci veoir que le vin blanc et le rouge sont moins convenables que les aultres, mais le blanc tient plus de humeur et d'eaue que le rouge, et le rouge atient plus a terrestré et a grosseur que le blanc. (Rustican H., 1373-1374, 117).

 

-

Attenir à qqn. "Convenir, appartenir à qqn" : Ma treschiere amour, ma santé et ma vye, tant que viveray vous voldray servir. Ce que devés m'avés fait puisque mon corrage savés, car povre home de terre estrange n'ose pas bien haulte dame pryer ne requerir d'amours, mais se tant est sages que a gré le sache servir, et que du tout ne le voelle escondire, bien luy doit dire son corrage. A moy n'attient vostre haultesse, pour ce que fille estes de duc, mais pour amour ne s'estent amour en parage. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 132). [G. Roques (R. Ling. rom. 57, 1993, 618) comprend plutôt "concerne, importe".] ...n'il ne puet meintenir Ne detenir N'apartenir A fausseté, qu'à li n'atient (MACH., Les lays, 1377, 280).

 

b)

[Seul ex.] Attenir qqc. "Être conforme à qqc." : Amineis sunt à Liege, tout droit à che matin, Et livreis à Arnuls, li chevalier frairien Dis de Hardueilmont, qui astoit sens declin Mariscaul à l'evesque ; sicom raison atient, En chasteal à Huy sunt là mineis sens destien (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 673).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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