C.N.R.S.
 
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     ATTENDRE1          ATTENDRE2     
FEW XXV attendere
ATTENDRE, verbe
[T-L : atendre ; GD : atendre ; GDC : atendre ; AND : atendre1 ; FEW XXV, 705 : attendere ; TLF : III, 836b : attendre]

I. -

[Idée de tension (active) vers qqc., d'attention portée à qqn ou qqc.]

A. -

"Tendre vers qqc."

 

1.

Attendre qqc. "Faire des efforts en vue de parvenir à qqc." : SATHAN. Se je puis, se parjurera [le chrétien] Et le tempteray si tres bien Qu'en la fin [il] se rendra mien. Je ne crains que sainct Nicolas, Car la matiere est en ces las. Mais si fort le tempesteray Et vivement le presseray Qu'il sera mien, quoy qu'il attende. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 128).

 

-

Attendre que : Ecce homo qui n'atend Fors que Dieu soit de vous content. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 367).

 

2.

(S'attendre à/en qqc.) "Tendre ses efforts vers qqc, aspirer à qqc., s'appliquer à qqc." : Certes ce sunt bien apers signes Que Dieu les sommes ne paie mie Des biens de ceste mortel vie Qui s'esvanoïssent comme umbre, Mais de mielx sans conte et sans nombre, Combien que ceulx pas ne l'entendent Qui es biens du monde s'attendent. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 94). Mais cilz qui touz bien signifie S'atent a la parfette vie Ou li paiemenz seront livrez.. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 111). Et tu Scipion l'Affrican es loué a jamaiz des acteurs, quant, aprés la doulereuse bataille de Cannes, tu ordonnas a Rome a l'entree de ton consulat que tous les dieux fussent requis, et feiz entrelaisser toutes oeuvres de paix et de guerre publiquez et privees, pour attendre premierement a la reconsiliation dez Rommains vers leurs dieux (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 166). Dont en la fin seront perilz, S'au port de salut ne s'attendent. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 58). Et par yceulz six chevaliers fut rempli le nombre de trente [propre à l'ordre de la Toison d'or] et reintegré comme devant, a la grant joye et gloire de ceulz qui y estoient parvenus, car mont en y avoit d'autres qui s'i attendoient et qui ne beoient a autre honneur, qui toutevoies y faillirent. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 283). ...c'est assavoir que l'homme vueille ce mesmes que Dieu veult selon le vouloir que il veult que nous voulons. Se nous atendons a ceste conformeté en la forme de vouloir, adont se nous voulons avoir loyer de nostre euvre, il convient que toudis soyons conformes a lui en la forme de vouloir. (Somme abr., c.1477-1481, 174).

 

-

(S)'attendre (à) + inf. : Or s'est mis en necessité le pouvre home pour l'estat de sa femme, lequel estat est cause de la faire aller aux festes, ou se rendent les galans de toutes pars, qui ne actendent chacun endroit soy fors a decevoir le pouvre homme, et n'en eschappe gueres. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 16). ...et tourjours a actendu [la femme] a avoir auctorité et seigneurie en la meson autant comme son mary (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 73). Se je vis d'icy a cent ans, Dis je, d'icy a quinze jours, Ne vous soussiez, je m'attends, Pardieu, jouyr de mes amours ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 355). Tout y estoit acoustré et tendu Mieulx que ne puis rediger par escript, Ou aussi bien que s'on eust attendu A y passer le corps de Jesucrist. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 181).

 

3.

[D'une chose] "S'étendre à, se communiquer à qqn" : Et en ceste pureté que en lui [Jésus] et a sa mere est, par lui et de lui est tousjours procedans et a sa mere attendent [Var. en la m. entendant] francement et bien (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 239).

B. -

"Prêter attention à qqn/qqc."

 

1.

Attendre qqn. "Prendre qqn en considération, faire attention à qqn" : Toutes voyes, begnigne Dieu, tu nourris et atens le tien inutil ver puant par pechié, he, non homme, mes vergoigne d'autres hommes, plus vil que beste et pis que charroigne. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 53). Or me commença ycelle a araysonner, sans atendre ne semondre les autres, mais evergondeusement et a haulte voix disoit telles parolles de desperance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 6).

 

2.

(S')attendre à/en/envers qqn.

 

a)

"Aller vers qqn, s'en remettre à qqn, compter sur qqn pour faire qqc., se reposer sur qqn" : Je m'en atens a vous sanz faille, Mére, du tout. (Mir. st J. Cris., c.1344, 261). ...au besoing s'en sont fuis Les chevetains donnans voie Aus annemis et fait proie De ceux que garder devoient Et qui a eux s'atendoient. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 248). ...alons sanz eslongne ; A Dieu m'atens. (Mir. roy Thierry, c.1374, 267). Et j'ay entendu, sire, que vous l'apparcevez bien et vous en complaingnez et blasmez vos gens des finances ausquelz vous vous attendez. Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel (GERS., Noël, p.1404, 311). Mais ton aide insuperable, Ta science veritable, Ta justice redoutable, Et ta grace secourable Le pevent de tout defendre. Et s'il veult a toy s'atendre, Sans soy laissier vaincre ou rendre, Et maugré fortune emprendre A soy garder de mesprendre, Son merite est plus louable. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 17). Lors que tu garderas ces quatre pointz je seray pres de toy, et tu aproucheras de celui dont je suys prouchaine, qui est pere et gardien de toute bonne esperance, et emplist lez desirs de ceulx qui fermement et droicturierement se attendent a luy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 132). Le pueple a vous du tout s'atent. De par le roy onipotent Tenez, sans plus grant procés faire, Sus vostre teste ce thiaire ! (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 159). Sur quoy le Chancelier (...) avoit respondu que de ce il parleroit ou qu'il s'en attenderoit audit duc de Bedford, regent (FAUQ., III, 1431-1435, 83). Lequel suppliant leur dist que ilz avoient bons arbitres et que ilz les sauroient bien appoinctier, et s'en attendoit a eulx. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1433, 244). Mensongez scevent conter Et trop de plaisir se vantent, Folz sont qui en eulx s'atendent, Ne lez veuillez escouter (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 343). JOSEPH. ...Je n'ay pas l'enfant refusé Ne laissé par negligence, Mais cuidoie en ma conscïence, n'ainsi m'aide Dieu a la vie, Qu'il fust en vostre compaignie ; Et a vous je m'en actendoie. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125). Laissiez vostre deul, mon amy, et vous attendez a Dieu qui garde et deffent le droit d'un chascun, car Il luy aidera et pourverra bien de Sa grace ainsy comme besoing sera. (Comte Artois S., c.1453-1467, 52). ...et fut advisé que, si le butin estoit parti au priz d'une esguillette, chacun s'attendroit à son compaignon, et ainsi n'y auroit cellui qui ne voulsist peiner ou soy mettre en dangier pour le gaing. (BUEIL, I, 1461-1466, 65). Sire, ayez en ramembrance Le bon roy Charles et les siens, Qui est de present en doubtance, Que il ne s'atent plus a riens Si non a vous, Pere puissant, En vostre ayde de tout point, Et pareillement ceulx d'Orleans, Qui sont, sire, en bien petit point. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 349). A toy m'atens par ta grace divine Et de l'espoir ou mon cueur s'enracine Ne suis ceduys Car tu conduys tout cueur contrict a joye qui ne fine. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 102). ANNE. Vous en povés actendre a nous ; Car, s'il n'eust esté malfaicteur Et de grands maulx perpetrateur, Ame ne ce fust travaillé De l'avoir en vos mains baillé. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 335).

 

-

S'attendre à qqn de qqc. "S'en remettre à qqn en ce qui concerne qqc." : LA NOURRICE. Sire, bien vueil que on s'en attende A moy, car se la charge en ay Si doucement le garderay Comme je feroye mon enfant, Et encor plus. (Gris., 1395, 60). Secondement, disoit que ceulx de l'Université qui estoient estrangers et de diverses régions ne se devoient point entremetre du régime ne de la réformacion du royaume, mais s'en devoient actendre à lui et à ceulx du sang royal et du grant conseil. (Doc. 1405. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 122). ...ce royaulme est comme une nef ou millieu de la mer venteuse et turbineuse, taillee de peril ; les nobles et peuple s'en actendent a vous [les gens d'église]. (JUV. URS., T. rever., 1433, 85). Et du poursuir noz delivrances, de envoyer a la court du roy des Romains, puis en Angleterre, et la ou mieulz nous semblera, actendez vous en a moy. (LA SALE, J.S., 1456, 231). Le Jouvencel assembla ce soir tous les cappitaines et demanda qu'il estoit affaire, et leur dist que le roy Amydas s'attendoit à lui de toute sa seigneurie et de tout son fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 189).

 

-

Attendre envers qqn. : LA FEMME. Seigneur, cessez tout ce prier, Et envers moy plus n'attendés. De mon costé ne fault fier. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 151).

 

-

S'attendre à qqn que + compl. "Compter sur qqn pour que" : Pardonnez moy, je me jouoye Et aloye a la bonne foy ; Mais actendez vous bien a moy Qu'avant qu'il soit heure de nonne, Vous l'aurés en propre personne, Croyez le de vray seurement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 778).

 

b)

"S'attacher, être attaché à qqn" : ...j'ay tant perdu par la guerre Des Vaudeiz qui ont tout hapé, Et s'encor lor fust eschapé Mon filz ou du tout m'attendoie, Quar de touz enfans plus n'avoie (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 110). MARIE. Mon enfant : a luy je m'atens. Cheminon. JOSEPH. Il en est grant temps, Mais pour tant alon bellement. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 64).

 

3.

Attendre qqc.

 

a)

"Observer qqc., prêter attention à qqc., prendre en considération qqc." : Je pensente, attendante et considerante toutes les choses dessurdictes (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1343, 72). ...et attendés bien lez paroles de Nostre Seigneur, car il ne comande pas qu'an rende a Cesar toutes choses, ne que il soit seigneur de toutes choses, mez qu'an luy rende ce qui est sien. (Songe verg. S., t.1, 1378, 50).

 

-

Attendre + prop. inf. "Regarder, observer + prop. inf." : Par Dieu, beau sire, je le veulx. Soyons nous donc cy prestement En actendant pestre noz beufs Et noz asnez paraillement. (Pac. Job M., c.1448-1478, 192).

 

-

[Comme part. dans une prop. participiale ou comme prép.] Attendu telle chose. "Étant donné(e), vu(e) telle chose" : Item, en velocité, car l'en ne pourroit penser comme ce est grande admiracion de considerer la velocité ou ysneleté du mouvement du ciel, attendue la grandeur de lui et du tour ou circuite que il fait en un jour. (ORESME, C.M., c.1377, 282). Tous lesquelz, atendu, veu et leu en leurs presences les accusacions, denegacions et confessions faites par ycelle prisonniere, contenu et escript en ce present procès, ce aussi que elle avoit esté tout le temps de sa vie femme de petite renommée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 267). Tous lesquieulx delibererent et furent d'oppinion, attandues les denegacions et variacions par lui faites, avec les confessions et reyteracions d'icelles, par lui congneues, et la maniere du fait advenu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 419). Pour quoy requeroient lesdiz procureur et d'Aigny ledit adjornement de la dicte Court, attendu le refuz dudit Chancellier. (BAYE, I, 1400-1410, 22). ...actendue l'énormité et notorietté du fait (Ch. VI, D., t.1, 1404, 261). ...actendu l'estat de la cour [Parlement de Paris] (...) qui est souvereigne et capital et représentans le Roy (Ch. VI, D., t.1, 1413, 363). ...Madame (...) s'apensa que vraiement, actendu la evidente grace que Nostre Seigneur lui avoit fait, a la requeste de Nostre Dame, que elle les en remercieroit (LA SALE, J.S., 1456, 166). ...ledit office, qui ne luy estoit pas petit labeur, mais martire intollerable, actendu les delices ou il avoit esté nourry (C.N.N., c.1456-1467, 422). L'une prist la parolle pour toutes les autres et me dist que vraiement je leur estoie le tres bien venus (...) et qu'il leur sembloit que Dieu m'avoit illec amené pour estre en leur ayde, attendu le fait en quoy elles estoient pour ceste heure occuppeez et empeschies (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 79). Car la cité de Ninivé pour ses demerites devoit estre destruicte, et le roy Ezechié estoit mort selon les causes de dessoubz, attendu sa maladie et les causes d'icelle, lesquelles ne peurent faire necessité ne constraindre la puissance divine. (Somme abr., c.1477-1481, 143). Quant le fait de noz dieux contemple, Voire, actendu leur grant offence, Voir pouons la verité ample Qu'ilz n'ont ne pouoir ne puissance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 440). ... attendu le petit nombre de gens d'armes qu'ilz estoient (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 303).

 

-

[Dans une loc. conj.] Attendu que. "Étant donné que, compte tenu du fait que" : Et ne semble point que la communaulté puisse ceste chose seullement faire, pour les causes dessus dictes ; mais, qu'elle le doit faire, actendu que la cueillecte est nécessaire... (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXVI). Et ne semble point que la communaulté puisse ceste chose seullement faire, pour les causes dessus dictes ; mais, qu'elle le doit faire, actendu que la cueillecte est nécessaire... (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXVI). ...impossible est qu'il [le diamant] y soit qu'on ne le trouvast, attendu que c'est une chose qui ceste heure bien se monstre. (C.N.N., c.1456-1467, 45). ...si l'appellay et demanday dont il venoit, et la cause pourquoy il portoit cocte d'armes vestue en ceste vostre court, actendu que vous estes en paix avec tous les princes crestiens. (LA SALE, J.S., 1456, 103). Et attendu que les Anglois, anchiens ennemis de ce royanme, cescun jour s'esforcent et mettent toute leur entente plus que jaméz a invader les pays, seigneuries et subgéz du roy (...), il appert bien que mondit seigneur [le dauphin] n'a pas grandement pensé a l'estat et sceurté de ce royame. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 66). Car plusieurs se sont endormys Soubz luy, par indehue esperance, Voire, actendu que ses commys De ses faiz n'ont nulle apparance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 428).

 

b)

"Prêter attention à qqc., écouter, entendre qqc." : "Sairaisin, dit li anffe, or atant ma raison : Je sus ung crestien t si croy en Jheson..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 514). De lour maison issirent, si laisserent l'ouver Et attandent le cor qui tant fait a louer. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 665). Il atandit le bruyt contrevalz la chaucie (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 625). "Frans chaistelain, atandez mon avis..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 977). Si fut ung jour soir en la forest mout pensif et merencolieux et actendoit le chant des oiseaulx, mout delicieux, comme en plain temps d'avril. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 52).

 

-

Faire attendre à qqn que. "Faire entendre, faire savoir à qqn que" : Elle me fist attandre, si voir que Dieu fuit nez, Que li ung dez filz la dame estoit mort et tuéz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 507).

 

4.

Attendre à qqc. "Faire attention à qqc., veiller à qqc., s'occuper de qqc." : Ill i fiert et fraippe, tout lez ait desrompus ; L'un des doulx vait ferir qui n'i est atanduit, Entre colz et oye le fiert per teilt vertus Qu'il li ait dessevrés le haiterel du bus (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 141). Quant Sathan oï parler la benoite dame des chieus, il se retrest en un cornet et out paour, et dist : "Dame, contre vostre plesir n'oseroie je rien dire, mes a vostre congié je respondrai a celle fame la." Donc li dist Nostre Dame : "Sathan, entent [var. atend] a ta cause, il t'en est bien mestier." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 75). ...si vinrent li dus de Normendie et si doi frere en le cité d'Amiens, pour mieuls oïr tous les jours nouvelles dou roy leur pere et attendre à ses besongnes et a sa delivrance (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 23).

 

-

Attendre à + inf. "Avoir l'intention de + inf." : Nous n'atendons a soustenir Par fait ny aussi maintenir Chose qui soit contre la foy Ny contre la divine loy (Pac. Job M., c.1448-1478, 184).

 

5.

(S')attendre à/en qqc.

 

a)

"Se fier à qqc." : Et a ce que vous dittes que, se le Roy vous voulet croyre, il n'aret nulz clers sez balliz, prevos ou receveurs, je m'en attens a ce que le Roy en fera. (Songe verg. S., t.2, 1378, 199). ...Et les autres ne se repentent Qui a leur bon conseil s'attendent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 19). ...il qui parle bailla à un nommé Chapito, demourant à Seignes, marchant françois, un chappel à bacinet couvert de perles, qui bien vault la somme de IJc frans, sur lequel gaige icellui marchant lui a baillié et livré certaine quantité de draps, dont il n'est record quele somme ce puet monter, et s'en atent de tout ce qu'il lui puet devoir à cause de ce et sur icellui gaige, à la voulenté et conscience dudit marchant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 211). Chere seur, je vous conseille et prye que vous ayez tousjours en memoire de dire a voz gens qu'ilz aient a besongner a gens paisibles, et marchandent tousjours avant le fait, et comptent et paient souvent sans actendre longue creance sur taille ne sur papier -- ja soit ce que encores vault il mieulx taille ou escripture que de soy du tout actendre a sa memoire (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 127). ...tous trois me promectés Qu'a mon besoing jamais ne me fauldrés. Ainsi m'atens tout en vostre promesse, Car par vous puis avoir, a grant largesse, Des biens d'Amours (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 58). "Or ça, dist le Cappitaine, puisqu'ilz sont gens de guerre, ilz scevent bien qu'ilz ont à faire, et se fault attendre à leur promesse..." (BUEIL, I, 1461-1466, 85).

 

b)

"Prêter attention à qqc., porter son attention sur qqc." : ...bien mattin ariere [un messager] se trouva au devant du conte et de messire Simon (...), ausquelz il dist les nouvelles que avoit trouvees, qui (...) s'attendoient bien a son rapport (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 218). Les aingneaux, non attedans au conseil des anciens, leurs parens, s'en allerent au loup (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 268).

II. -

P. ext. [Idée plus passive d'attente]

A. -

"Être en attente de qqn/qqc."

 

1.

[Le lieu où se fait l'attente est souvent implicite] Attendre qqn

 

a)

"Demeurer jusqu'à l'arrivée de qqn" : Illecqués tout droit en l'ost vous m'atendrez (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 153). Oïl, alons nous ent bonne erre. Je n'attendoie fors que toy. (Mir. enf. ress., 1353, 8). Je les vois querre ; icy m'atens (Mir. march. juif, c.1377, 184). Et eulx revenuz à l'ostel, dirent à il qui parle que il les attandist sur le sueil de l'uis de l'ostel de laditte Cervoise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 423). Actendez moy un pou ycy et je m'en voiz par devers lui. (ARRAS, c.1392-1393, 169). Tu l'as bien pour nient attendue, Car elle ne vendra maizhuit. (Gris., 1395, 98). ...et a l'en alé querir corpus Domini à S. Jehan en Greve (...) et puiz fu porté à Nostre Dame, et l'atendi la Court à la porte du Palaiz (BAYE, II, 1411-1417, 68). Et, quant ilz furent venuz [au secours de la place], il marcha, luy et toute sa compaignie, jusques à quatre lieues de là, et se arresta pour attendre aucuns seigneurs qui venoient aprez luy, lesquieulx lui manderent qu'il les attendist (BUEIL, II, 1461-1466, 115). MATHATIEL [au juif]. Je vous pourray icy attendre, Vous en reviendrez (tout) de belle heure. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 106). Certes, je ne serey pas celle [qui portera la nouvelle que Jésus a été mis en croix], Pour ce que le cuer me romproit, Quant je varrois la vierge belle. Las, qu'est celle que pourroit Parler quant la vierge varroit Joyeuse, actendent son doulx filz, Que avec luy disner cuidoit, Si com arsoir c'estoit promis ? (Pass. Auv., 1477, 182). Et voyla Jouan, mon amy, (...) Qui attend madame sa femme. (P. Jouh. D.R., a.1488, 33).

 

-

S'attendre l'un l'autre : Et euls levé en grant haste, il fissent grans feus et alumerent fallos les auquns et n'entendirent a aultre cose fors en grant haste euls deslogier et requellier tentes et trefs et cargier chars et charettes et partir soudainnement et aler leur voie et euls mettre au retour et au cemin, casquns viers sa ville et sans atendre l'un l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 447). "Messeigneurs, vous avés veu comme ces gens, qui estoient plus que nous la moittié, se sont desconfitz par deffaulte de conduite, et comment ilz sont venuz marchant de loing contre nous, sans attendre l'un l'autre..." (BUEIL, I, 1461-1466, 153).

 

-

[D'un animal] "Être tenu disponible pour qqn" : Et elle, descendue à terre, monta et ses dames et damoiselles sur chevaulx, belles haquenées et palefrois qui ilec l'atendoient et puis s'en ala jusques en l'ostel du roy, aux Tournelles. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 178). Je vous ay longtemps attendu, Car j'ay bien cela qu'il vous fault. (P. moyne, a.1500, 46).

 

.

[D'une chose] "Être à la disposition de qqn, rester inutilisé jusqu'à ce que qqn l'utilise" : Si vinrent a Wissan, et entrerent la ens es vassiaus d'Engleterre, qui, les atendoient ; et puis se desancrerent, et singlerent viers Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 251).

 

-

[D'une chose] "Être réservé à qqn" : Si devez bien morir, puis que Dieux s'y assent, Pour vo liege signeur mener a sauvement ; Si ferez vous, biau fieux, ceste fin vous atent. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 60).

 

-

Attendre après qqn ou qqc. "Attendre qqn ou qqc." : ...veez cy les serviteurs de ces bons seigneurs qui attendent après leurs chemises (C.N.N., c.1456-1467, 398). L'endemain, a heure assignee, je, furny de mes agoubilles, me trouvay ou lieu assigné ouquel estoient desja assembleez les six dames qui aprés moy attendoient (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 80).

 

b)

En partic. [...l'arrivée d'ennemis] : Chil quatre baron, le samedi au matin, aviserent et considerent bien la place de terre et raporterent au roi : "Sire, a nostre avantage, nous attenderons chi nostres ennemis." (FROISS., Chron. D., p.1400, 714). Bien estoit enfourmés li rois d'Engleterre que son adversaire, li rois de France, le sievoit a tout son grant esfort, siques, qant li rois d'Engleterre se vei a Creci en Pontieu, il dist a ses gens : "Prenons chi place de terre, et attendons nostres ennemis qui nous poursievent." (FROISS., Chron. D., p.1400, 714).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui attend de se battre, celui qui attend d'être attaqué" : Le duc de Valvenise par les rens chevaucha, C'est l'un des attendans, qui premier joustera (Tristan Nant. S., c.1350, 237). Item, les assaillans ou emprenans se reputent plus fors et doivent mieulx savoir ce que il ont a faire, et quant et comment, que les actendans ou deffendans (ORESME, E.A.C., c.1370, 206). ...pensans que plus hardis sont en bataille les envaïssans que ne sont les actendans (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 359). Puis ceulx de dehors s'en alèrent et les attendans se reposoyent en ung rice pavillon, expectans nouvelles gens. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 497).

 

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[D'une troupe en embuscade] : Et cevauçoient li François d'un lés et li Hainnuier d'autre, et lor voloient li François tolir le pont et pas ne savoient de la grose enbusque qui la estoit et qui les atendoit tout ordonné en bataille au Pont a Tresin. (FROISS., Chron. D., p.1400, 441).

 

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Attendre (l'ennemi) sur les champs : ...et si ne les povoit le consul traire a bataille, combien que de jour en jour il les atendist sus les champs, si que il apparissoit bien que li Samnicien ne se sentoient pas bien souffisans a soustenir le debat (BERS., I, 9, c.1354-1359, 43.9, 80).

 

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[De l'artillerie] "Être prête à accueillir (l'ennemi)" : La Paillette est ung lieu pour le surplus Ou il n'y a, quant a ostellerie, Que cinq maisons ou que six tout au plus, Et la le roy trouva l'artillerie Toute chargee de pouldre et pierrerie, Laquelle estoit nostre armee attendant (LA VIGNE, V.N., p.1495, 226).

 

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[Dans un combat] "Ne pas se dérober devant l'ennemi" : Messire Geffroy du Bois si l'a bien actendu, Le vaillant homme et noble, qui fust de grant vertu, Et le fiert de sa hache qui luy rompist le bu. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 105). Et le roy Uriien se peine moult de exillier ses ennemis. Et y fait tant d'armes que il n'y ot si hardy Sarrasin qui l'ose attendre, mais le fuient comme l'aloe l'esprevier. (ARRAS, c.1392-1393, 137). Chascun s'en seigne et chascun dit, Oncques mais tel homme ne vit ; Par raison il devroit conquerre, A son semblant, toute la terre, Nulz homs ne l'oseroit attendre. Qui se pourroyt de lui deffendre ? (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 162). Monseigneur, je ne viz oncques jour de ma vie que, quant on chevaulche et le traict est devant, que le traict ne fut cause de rompre la bataille ; car, se ilz treuvent les ennemiz, ilz ne sont pas puissans pour les attendre ne pour endurer le faix des lances ; et reviendroient tous fuyans contre vous et vous romproient, sans ce que vous y sceussiez mettre remede. (BUEIL, I, 1461-1466, 186). ...l'avant-garde n'estoit pas si puissante que elle peust attendre ne tenir contre l'avant-garde et bataille du roy Amydas (BUEIL, II, 1461-1466, 202).

 

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Empl. abs. "Résister, tenir tête" : ...l'avant-garde n'estoit pas si puissante que elle peust attendre ne tenir contre l'avant-garde et bataille du roy Amydas (BUEIL, II, 1461-1466, 202).

 

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Attendre l'ennemi à coup : Et si porte si vaillaument que chascun dit que ly roys est moult vaillant et preux de la main, et n'y ot si hardy Sarrasin qui acoup l'osast actendre. (ARRAS, c.1392-1393, 105). Et font telle occision qu'il n' y ot Sarrasin ne crestien qui ne s'en donnast merveilleux coups que ilz donnoient. Et, en la parfin, il n'y ot si hardy païen qui les ose attendre a coup, mais par tout ou ilz tournent, ilz vont fuyant. (ARRAS, c.1392-1393, 184).

 

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Attendre (l'ennemi) de pied coi. "Voir venir (l'ennemi) en gardant son calme" : Et certes ceulx qui attendent leurs ennemiz de pié coy ont moult grant avantaige et en toutes façons. Et semble que c'est une des plus dangereuses choses qui soit à la guerre, que d'aller d'une traicte longue sercher ses ennemyz. (BUEIL, II, 1461-1466, 243).

 

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Attendre l'ennemi pied ferme : Et, pour tant que l'eure estoit fort tardive et qu'il estoit jà presque nuyt, monsieur le prince fut conseillé les actendre pié ferme en son champ, sans mouvoir jusques a ce que on veyst leur contenance et maniere de faire. (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 237).

 

c)

[D'un créancier] Attendre son débiteur. "Accorder un délai (à son débiteur)" : Et vient le terme qu'il est temps de paier ses creanciers et le pouvre homme ne peut paier et ilz ne le voulent plus atendre et le font executer ou excoumenier, et la dame en oit les nouvelles et voit faire l'execucion, et a l'aventure en a prins les joyaux pour lesquelx la debte est deue. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 12).

 

d)

Attendre un animal

 

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[D'un chasseur] "Guetter (un animal)" : Et les deux freres vont après, et treuvent le roy dessoubz un arbre, sus un estang, ou il attendoit le cerf que ly chien achassoient. (ARRAS, c.1392-1393, 75).

 

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[D'un animal (à la chasse)] "Tenir tête, résister, faire face à (un autre animal)" : Ly pors fu fiers et orguilleux, et devoura pluseurs levriers et alans, et prinst son cours par la forest qui estoit haulte et droicte, et commenca grant la huee. Mais ly porcs ne doubtoit riens, mais rendoit estal tel qu'il n'y ot si hardy chien qui l'osast actendre, ne sy hardy veneur qui l'osast enferrer. (ARRAS, c.1392-1393, 18).

 

-

Empl. abs. [D'un cheval dans la bataille] : Semblablement la vertu d'un cheval fait le cheval bon en soy et aveques ce elle le fait bon pour courir vistement et pour porter souëf un homme et pour actendre seürement en bataille. (ORESME, E.A., c.1370, 159).

 

2.

[L'objet de l'attente n'arrive pas, ne se manifeste pas à un endroit précis] Attendre qqc.

 

a)

[Un événement, un processus] : ...quant il m'a membré de vous, Plus grief douleur au cuer sentoie Que de la mort que j'atendoie, Ce m'est avis. (Mir. enf. ress., 1353, 74). Et comme ainsi fust que il peussent bien estre venu a Capue avant que il fust nuyt, toutesvoies pour ce que il estoient non certain de la foy et de la loyauté des compaingnons et aussi pour cause de la vergoingne que il avoient, il attendirent la nuit et se couchierent hors de la ville (BERS., I, 9, c.1354-1359, 6.4, 10). ...et aprez cé ci certes eust il trouvé granz et puissans hommes se il eust attendu la bataille des Penois et des Rommainz et se il fust passez en Ytalie en son viellart aage (BERS., I, 9, c.1354-1359, 17.9, 31). Et par ce, ne les uns ne les autres ne actendent raison ne conseil, pour ce que il ensuivent la fantasie ou leur premiers mouvemenz. (ORESME, E.A., c.1370, 391). ...et ainsi le courroucié ot le commencement de raison et ne actent pas la fin. (ORESME, E.A.C., c.1370, 383). Mon amy, puis que je me sui mise si avant, il m'en fault attendre la voulenté de Dieu et moy confier en vostre promesse. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Quant je ne voy ma doulce dame en vie. Je n'attens riens que la mort recevoir (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 391). Cest enfant en ung mouvement soudain, sans attendre ouvrage de nature, fust tout parfait en sens et en science, comment il est a present (GERS., Annonc., a.1400, 229). ...pour avoir advis et deliberacion en quel estat et en quelz habis ilz seroient au premier advenement du Roy, que on atendoit prochainement à Paris. (FAUQ., II, 1421-1430, 345). ...et supposé qu'ilz [les habitants de Beauvais] tenissent vostre adversaire a seigneur (...) tousjours le cuer estoit a vous, en atendant vostre aprouchement. (JUV. URS., Loquar, 1440, 313). Et finablement fut ladicte trefve continuée jusques à la my may, en attendant plus ample appoinctement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 307). "...Mais, quant le jour sera levé, nous verrons qui nous assauldra et pourront [l. pourrons] aller plus sceurement." Ainsi fut conclud et ainsi fut fait ; et, en attendant le jour à venir, qui pas n'estoit loin, questionnerent les ennemys leurs prisonniers, le Jouvencel et son compaignon, et leur demanderent des nouvelles et d'où ilz venoient. (BUEIL, I, 1461-1466, 71). Dès que mynuyt fut passé, se commancèrent à armer ceulx qui en estoient, et avant jour furent arméz ; et oyoient les aucuns messe, en actendant le jour (COMM., I, 1489-1491, 64).

 

b)

[Le résultat d'un processus]

 

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[Qqc. de profitable] : Car qui bonne parole entent, S'a lui ne tient, il en attent Aucun prouffit en son affaire. (Gris., 1395, 2). Car bon loyer cellui actent, Qui service a bon maistre tend. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 11). "...J'ayme trop mieulx la fortune attendre et faire ainsy qu'on ne me puist en rien diffamer !" (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 196).

 

-

En partic. Attendre qqc./estre attendant de qqc. par héritage "Être celui à qui reviendra qqc; par hériage" : Et moult [le roi] se doubta d'avoir perdu son bon eur. Mais il se garde bien de soy en descouvrir a sa gent. Et nonpourquant depuis s'en descouvry il a un sien frere, quant il fu es articles de la mort. Et cil estoit attendant du royaume aprez luy. Et lui dist comment il pensast de gouverner saigement, car il lui estoit besoings. (ARRAS, c.1392-1393, 306). ...ou dommage de mondit seigneur Dauphin principalment, qui attendoit le royaume par hoirrie et succession après le Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 318).

 

-

Prov. Qui bon service fait bon guerdon en attend : "...Et (...) dit-on voullentiers en ung proverbe ancien : Qui bon service fait, bon guerdon en attend. Vous faictes bon service au Roy et, se Dieu plaist, vous en serez bien guerredonné." (BUEIL, II, 1461-1466, 162).

 

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En attendant mieux : Et au concierge de Gouvieulx, Pierre de Rousseville, ordonne, Pour donner en attendant mieulx, Escus telz que le Prince donne. (VILLON, Lais D., c.1456-1457, 74).

 

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En attendant que mieux vienne à qqn : ...vous entreamerez et entretiendrez l'un a l'aultre par lectres, actendans que mieulx vous vienne. (C.N.N., c.1456-1467, 165).

 

-

[Des nouvelles] : Mais je y allasse voulentiers, se ne fust que de heure à autre j'attens nouvelles d'une besongne dont nous aurons tous grant joye, se Dieu plaist. (BUEIL, I, 1461-1466, 62). ...et que en chascune n'en monteroit que vingt-cinq, et mainte aultre excuse de ceste sorte, dissimulant et attendant les nouvelles que ledit chasteau de Napples fust rendu (COMM., III, 1495-1498, 251).

 

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Attendre ce qui adviendra de qqc. : Puis que fortune nous a a ce admenez, il nous en convient attendre ce qui en advendra. (ARRAS, c.1392-1393, 205).

 

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S'attendre. "Rester dans l'attente de qqc." : ...Crathor dist au Roy qu'il estoit temps qu'il se preparast pour la saison nouvelle et qu'il avoit plus beau faire qu'il n'eust oncques et qu'il n'auroit jamais par aventure, se plus se y attendoit. (BUEIL, II, 1461-1466, 135). Car pour du tout en ta grace m'actendre, Las, on m'a fait en ce lieu cy estandre (LA VIGNE, S.M., 1496, 248).

 

c)

Attendre + prop. compl.

 

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Attendre que + prop. au subj. : ...je ne puis plus attendre Que ne voise vëoir ma femme (Mir. enf. ress., 1353, 73). ...car se il actendissent que il eüssent debilité, il refrenassent leur passion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 391). ...en buvant lui et sondit frere oudit hostel du Pot d'Estain attendant que un cousturier qui demeure assez près dudit hostel du Pot d'Estain venist boire avec eulz (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 496). ...lors l'un d'eulx, qui a ung grant dent qui lui yst de la bouche devant, n'attendy pas que le roy de Chippre respondist. (ARRAS, c.1392-1393, 223). Et devroit on attendre que les choses peussent amender, et qu'elles vaulsissent aucune chose (JUV. URS., Nescio, 1445, 507). ...mondit seigneur Charles (...) s'en ala jusques à Saincte-Katherine du Mont de Rouen, où il sejourna ilec par diverses journées, attendant que ceulx de Rouen eussent preparé ce qu'ilz avoient en intencion de faire pour son entrée. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 141). Et encore attendroys-je qu'ilz fussent prez de leur place, avant que les assaillir, si entre cy et là vous ne trouvez quelque tendrière. (BUEIL, I, 1461-1466, 198). J'attens qu'il y ait bien grant presse Et s'on ne veult a moy entendre (C. Riffl., c.1480-1520, 58). ...mais que, s'il plaisoit au roy aller à Namur actendant que la ville fust prinse, qu'il en estoit bien contant, mais qu'il ne partiroit point de là jusques à l'issue de ceste matière. (COMM., I, 1489-1491, 160).

 

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En attendant que. "Jusqu'à ce que" : ...sur quoy n'a pas esté ordonné, en attendant que les parties s'accordassent sanz procès. (BAYE, I, 1400-1410, 160). Symeon mon nourry ne voulu pas pour neant si longuement vivre en espoir et decrepitement veillir en attendant, quant lui fut revelé qu'il ne verroit sa mort qu'il n'eust veu par avant le Sauveur de la terre. Or vesquit il tant d'ans en attendant qu'il mourust asouvy de son attente. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 95). "...Et, en attendant que vous soyez retourné, je voys veoir voz gens et là j'attendray vostre retour." (BUEIL, II, 1461-1466, 240).

 

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Attendre + interr. indir. "Être en attente de savoir + interr. indir."

 

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Attendre si : ...regarda par une petite treille, attendant s'il verroit ce que gueres ne lui plairoit. (C.N.N., c.1456-1467, 379).

 

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Attendre quand. "Attendre le moment où" : Et doivent [les chasseurs] attendre quant les lievres vendront hors du bois pour venir viander aux blez. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 289).

 

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Empl. abs. : ...il [le Saint Esprit] dit : j'atens a l'uis, et hurte, et s'aucun me vuelt ouvrir, je y entreray et souperay avec lui. (GERS., Pent., p.1389, 73). Je riz en pleurs et attens sans espoir, Confort reprens en triste desespoir, Je m'esjouys et n'ay plaisir aucun (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). "Il dit vray," dit ung des compaignons qui avoit prins Perruche. Ainsi le Jouvencel attendit ung bien petit et envoya Perruche devant avec les autres. (BUEIL, II, 1461-1466, 19). ...mais ilz [les gens de pié] marcherent soubz la sureté des gens de cheval et frappoient de loing ; et leurs ennemyz estoient à cheval, qui attendoient et laissoient venir la fureur de leurs ennemyz sur eulx. (BUEIL, II, 1461-1466, 203).

 

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Sans plus attendre. "Sans délai, sans tarder, tout de suite" : Alez devant et je vous suy Sanz plus attendre. (Mir. enf. ress., 1353, 2). Selon l'ordre, sans plus attendre, Il fault à présent condescendre à déclarer en franc langage De quel viande et quel bevrage Semble bon et convénient, Et de fait est expédient User en temps de pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 88). Je m'en allay sans plus attendre (Gaud. sot, c.1450, 10). LE JUIF. Il m'y convient remedier ; Je vois vers luy sans plus atendre. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 106).

 

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Attendre jusques à : J'eusse attendu jusques a Pasques, Mais vecy ung avancement. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 42).

 

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Attendre ni tant ni quant : Moustrez li, baillif ; n'atendez Ne tant ne quant. (Mir. enf. ress., 1353, 68).

 

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[À l'impér., pour demander une suspension] Attendez (attendez)/atendez un peu : Tousjours dictes : Actendez, actendez, Pas ne payez vos reconfors contens. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 474). Attendez ! Me voulez vous prendre En desaroy ? (Fr. arch. B., c.1468-1480, 41). Attendez ung peu, je le voys querre Le present digne a presenter. (Feste roys, c.1475-1500, 309). Actendés ung peu, que le voye. (Pass. Auv., 1477, 192). MATHATIEL. (...) Cent escus d'or sur son serment [le juif] Luy a prestés [au chrétien] sans aultre gaige. L'ADVOCAT. Audi partem. Vous dictes raige ! Vous sçavés bien que la partie Du tout en tout si vous le nie. Attendés ung peu. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 129).

 

Rem. Empl. subst. par nominalisation de attendez : ARSENICQ. Ateng qu'il ait les yeulx bendés. S'il s'espantoit du horion, Tout iroit mal. RIAGAL. Que d' atendés (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 264).

 

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Prov. Trop ennuie (à) qui attend : Puis que convent est endormiz, Il esconvient que je m'en aille : Ce n'est pas raison que je faille D'aler ou j'ay convenancié Par grant amour et fiancié Au doulx a qui le mien cuer tent, Car trop annuie a qui atent, Je le sçay bien, n'est pas nouvelle (Mir. nonne, 1345, 325). Car qui atent, trop li anoie, N'a cuer humain riens tant ne grieve Com mesdis et pensée grieve. (MACH., J. R. Nav., 1349, 239). ...Et s'il demourassent dis ans, Ja n'eüssent parfaite joie ; Car qui atent, trop li anoie, N'a cuer humain riens tant ne grieve Com mesdis et pensée grieve. (MACH., J. R. Nav., 1349, 239). Mais tant y mettés longuement Que je languis en grant destresse, Car trop ennuie qui attent. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 76). A Guillot le convient promettre, Si le convient faire pourtant, Le temps pourray a ce remettre Car trop ennuye qui attend. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 49). ...metez diligence en vostre fait et vous acquitez ceste foiz, car trop ennuye à qui actent (Doc. 1458. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 100). Et pour ce fectes me la briefve, Car trop ennuye a qui actent. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 43).

 

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Mieux vaut fuir que mauvaisement attendre : Car vous avez fait journee assez qui bien doit souffire, et aussi nous sommes pou de gent et prez de noz ennemis, qui ont grant puissance, et si avez besoing et mestier que voz plaies soient visitees, et aussi il me semble qu'il vault mieulx que nous repairons vers l'ost de nostre voulenté que par force nous y convenist repairier, car il n'est mie doubte qui retourne fuyant en chace de ses ennemis, qu'il n'y puet avoir se blasme non, combien que on dit qu'il vault mieulx fuir que mauvaisement attendre. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Si que pour saulver sa vye, il s'en fuyt honteusement comme vaincus, et bien avoit retenu cette lisson que mieulx vault fuyr que mauvaisement actendre. (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 286).

 

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Qui bien attend ne surattend. "Qui bien attend n'attend pas en vain" : Qui bien actend ne suractend : Pour ung peu de temps j'actendtay Assavoir se je parviendray La ou du tout mon cueur pretent. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 217). LE PRINCE. Qui bien attent ne sourhatent. (Astr. P., 1498, 214).

 

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Attendre bien n'est pas muser : En actendant sans soy lasser, Në autre que vous acuser, Vous convient il le temps passer ; Actendre bien n'est pas muser. (CHART., D. Rev., a.1424, 317).

 

3.

Attendre à

 

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Attendre à + compl. de temps. "Surseoir à" : ...ung vray obeissant (...) ne atant point a l'endemain, mais tantost et incontinent a ses oreilles appareilliés ad ce que on luy dit. (JUV. URS., T. rever., 1433, 88).

 

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Ne pas attendre à demain/le lendemain ce qu'on peut faire aujourd'hui : Beaulx seigneurs, on ne doit pas actendre a lendemain ce que on puet faire au soir. (ARRAS, c.1392-1393, 283). «...pluiseurs foys ay oÿ dire que ce que on peult faire ens ou jour, on ne doit attendre le lendemain.» (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 89). ...la guerre requiert dilligence. On fait aucuneffoys plus o cincq cens hommes que on ne feroit ung aultreffoys atout deux mille. Et, en tel cas, on ne doit pas attendre homme et ne doit l'on pas attendre à demain ce qu'on peult faire aujourd'huy. (BUEIL, II, 1461-1466, 117). Et ce que vous povez faire aujourd'uy, vous ne devez pas attendre à demain. (BUEIL, I, 1461-1466, 171).

 

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Attendre à/de + inf. "Laisser passer du temps avant de + inf., s'abstenir durant un certain temps de + inf." : Que pensez vous ? Trop attendez A marier, si com me semble (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 3). Mais les filz actendent a amer leur parens par un procés de temps jusques a tant que ilz prennent entendement ou sens. (ORESME, E.A., c.1370, 441). Et puis s'en partist et actendist a revenir, jusques ad ce qu'ilz eussent arriere semé les terres par tout le païs. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 59). Par ma foy, si j'estoie emprès vous, je n'attendroye pas de moy venger aux champs. (C.N.N., c.1456-1467, 344). Et (...) je suis d'oppinion que vous actendez au derrenier à les assaillir, si vous voiez chose, qui vous plaise entre cy et là. (BUEIL, I, 1461-1466, 200). ...mais c'estoit par condition qu'ilz voulsissent attendre à conclure la ligue de quinze jours (COMM., III, 1495-1498, 129).

 

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Être en attente de" : L'an mil quatre cens trente trois, En avril du jour vingt six, Sur la pierre je suis assis Ou je fais la fin de ce livre, En attendant d'estre delivre. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 151). Auprès d'eulx aussi y avoit ung homme ancien et une femme vieille qui (...) pareillement actendoient a espouser a ceste messe. (C.N.N., c.1456-1467, 338). C'est maistre Guillaume Cottin Et maistre Thibault de Vittry, Deux povres clercs parlans latin, Humbles, bien chantans au lectry, Paisibles enffans sans estry ; Je leur laisse sans recevoir Sur la maison Guillot Gueutry, En attendant de mieulx avoir. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 24). Tu vois cy les gens attendant A veoir jouer ce [beau] mestere ? (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

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[D'une chose] : S'un arbre actend trop longuement a porter fruit, faictes ung trou de traire en la tige jusques a la moelle ou plus et y boutés ung baston sec. (Hent. soutill. L., c.1466, 84).

 

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Empl. abstr. "Tarder" : La VIme question : Se les executeurs ne payent le testament, l'ame du testateur en est elle retardee ? Response : Oy. Si veez le mal des executeurs qui attendent sans cause, et le peril que c'est d'attendre a faire bien aprés sa mort. (GERS., Déf., 1400, 235). Mais, ce jour, ne fu aucunement procedé oultre en ladicte besoingne, pour ce que ceulz qui avoient esté appellez attendirent et demourerent trop tard à venir (FAUQ., I, 1417-1420, 67). ...toutes et quanteffoiz que gens à pié marchent contre leurs ennemys front à front, ceulx qui marcheront perdront, et ceulx qui demeureront pié coy et tiendront ferme, gaigneront. Et ceulx de cheval tout au contraire ; car ceulx qui assaillent et marchent à cheval, gaignent, et ceulx qui demeurent et actendent, perdent. (BUEIL, I, 1461-1466, 153).

B. -

"Prévoir qqc. (de défavorable), espérer qqc., compter que qqc. arrivera"

 

1.

Attendre qqc.

 

a)

"Être dans l'attente de qqc. (de défavorable)" : Mais se le vent est de septentrion, aspreté de gorge, ventres durs, dissurie, horreurs, douleur de poitrine et des costes ; quant telz vens ont seigneurie, il esconvient atendre telz accidens. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 66). ...je suys tout enbahis de la grande pestilence que j'atens quant le Danois serat revenus et le savrat. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 179). JHESUS. Mes freres et amis loyaulx Que sur tous ay voulu choisir, J'ay desiré, par vray desir, Ceste Pasque avec vous mengier Avant que viengne le dangier De la passion que j'actens. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 238). Car l'omme sage ne doit jamais dire : «Je ne cuydoye pas qu'il deust advenir», car il doit estre premuny et proveu en attendant ce que peut advenir. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 145).

 

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"Risquer d'encourir, de subir qqc." : Bien voy que pour l'amour de moy parfaittement, Mettez en adventure vo corps et vo jouvent, En attendant la mort et grant encombrement (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 115). Eins vueil toudis à s'onnour tendre Et tout mon temps en li despendre, Comment qu'aie de guerredon Pour s'amour qui en moy engendre Voloir d'endurer et d'atendre La mort en lieu de guerredon. (MACH., Les lays, 1377, 329). Haa ! faulse nature de gens, quant est le mal que vous attendez, se ne vous amendez, pour ce très faulx pechié d'ingratitude ! (LA SALE, Sale D., 1451, 219).

 

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"Supporter, endurer, soutenir qqc." : Maiz une chose te vueil dire (...) Que des aguillons molester Tu ne vueilles ceste espousee, Dont tu as l'autre aguillonnee ; Car ceste est, je n'en doubte mie, Delicïeusement nourrye Et plus jeune assez et plus tendre ; Si ne pourroit souffrir n'attendre, Au moins si comme je le pense, A son cuer si grief pestillence Com j'ay souffert sans contredit (Gris., 1395, 94). Telz choses font un homme tendre Que fain ne froit ne puet attendre, Et s'il gist en lieu descouvert, Sa vertu et sa santé pert. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 23). La mort le fait fremir [celui qui est en train de mourir], pallir, Le nez courber, les vaines tendre, Le col enffler, la chair moslir, Joinctes et nerfz croistre et estendre... Corps femenin, qui tant est tendre, Poly, souëf, si precïeulx, Te fauldra il ces maulx attendre ? Oy, ou tout vif aler es cieulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43).

 

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Prov. Qui bien n'attend bien peu dure : UNG HOMME DE VILLAGE mussé soubz ung roc. Cy suis mussé pour le maulx temps, Aprés lequel le bel actens ; En actendant, mon mal endure, Car qui bien n'actend, bien peu dure; Qui dure vainct : ainsi l'entens. Qui patitur vincit. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 124).

 

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[D'une chose] "Supporter qqc., résister à qqc." : ...estoit li castiaux (...) pourveus toudis pour attendre siège set ans pleniers (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 145).

 

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N'attendre que le point/l'heure que + sub. au subj. : Sy se mirent a fortifier leurs estaches et leurs trefs, car ilz n'atendoient que le point qu'ilz deussent choir sus eulz. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 357). Sy ne se donnerent garde quant une tempeste vint de devers la mer, tant merveilleuse qu'ilz n'attendoient que l'eure que leurs tentes tumbassent sus eulx (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 368).

 

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Attendre de + inf. "Prévoir de + inf." : ...tresredoubté (...) de la bonne femme qui (...) attend de veoir ung grand hutin. [Un mari veut tuer l'archer qui importune sa femme ; le moment de l'affrontement est proche] (C.N.N., c.1456-1467, 50).

 

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Attendre (à) avoir qqc. "Prévoir de recevoir qqc (de favorable ou non)" : ...en cest mortel pelerinage Dieu maine par aspre voiage Ceulx qui a li lor voie tendent, Quar les biens qu'a avoir attendent Ou ciel, en entroublïeroient Se ici trop aisez estoient. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 70). Toy seule gloriffïeray, Car seulement par ta puissance J'atens a avoir delivrance Et brief secours. (Mir. enf. ress., 1353, 42). Et en ceste maniere, ceuls qui aiment pour bien utile, il ne aimment pas les personnes pour elles, mais pour le proffit que ilz en ont ou actendent avoir. (ORESME, E.A., c.1370, 417). ...[il] dist et afferma par son serement, et sur la mort qu'il atendoit à avoir et recevoir presentement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 157). ...et [les assiégés] firent sonner leurs trompettes et leurs menestriers, et firent feux par la ville, signifiant joye et victoire, dont ceulx de dehors se donnoient grant merveille et le noncierent au roy qui en fu tous tres pensifz. Et lors vint une espie qui lui dist : Sire, soiez sus vostre garde, car ceulx de la ville attendent a avoir brief secours. (ARRAS, c.1392-1393, 152).

 

b)

"Espérer qqc."

 

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Attendre qqc. à qqn. "Espérer qqc. pour qqn" : Et, comme dit Tulle : "qui clot ses oreilles a verité, par especial de ses amis, il est a delaissier comme celuy auquel on ne attend salut ne amendement" (GERS., Noël, p.1404, 310).

 

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Attendre qqc. de qqn. "Désirer, espérer obtenir qqc. de qqn" : ...bien scevent que cilz qui bon hoste recoit, bon loyer en atent Mais ceulx qui ont debouté le Saint Esperit par divers pechiés sont presque tousjours tristes, sans avoir pure et franche leesse. (GERS., Pent., p.1389, 85).

 

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Attendre + inf. "Espérer + inf." : Ne je n'atens jamais estrë eureux. Fortune veult, dont nul homme n'appelle, Que les loyaulx sont les plus doloreux. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 387). Pou devoient de leurs requestes s'efforcer ne fier, quant ilz supplioient humblement a ceulx a qui eulx seulx attribuoient la faculté de ottroier, et attendoient recepvoir les biens en vertu de ceulx qui sans eulx n'avoient aucune vertu. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114). Et, au regard de moy, je m'attendz estre gouverneur de Flandres, et me y faire tout d'or ! (COMM., II, 1489-1491, 174).

 

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P. anal. [D'une chose] : [Elle] luy demanda ou estoient les manches de sa robe, et il dist : "Elles sont la dedens, qui n'attendent estre parfaictes sinon que vous nous descombrez la place..." [Un fils attend la mort de sa mère pour faire coudre les manches de sa robe] (C.N.N., c.1456-1467, 460).

 

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Inf. subst. : ...en fin a tout vaincu et tolleré en espoir de mieulx, a porté sa povreté en constant attendre et parobtenu son florissant desir en stabilité de patience. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 135).

 

2.

S'attendre à qqc. "Compter que qqc. arrivera"

 

a)

"Prévoir qqc. comme probable, espérer qqc., compter sur qqc." : Je te dy plus : que celuy qui ne s'attent a l'aide et secours de la hault par humilité descongnoist par orgueil son impotence ça bas. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152). Par elle [ma tres loyalle amye] sera ravie Ma joye, je m'y attens, Autrement je pers la vie En espoir je passe temps. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 141). Et pour ce, sot, pence tu pas Que qui regne es cieulx la hault, Aist plus de biens que ne t'en fault ? Metz en luy tout ton esperance, actan toy a son ordonnance ! Il scet mieulx qu'il te fault que toy. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 169). Le baiser vous ay je refusé, et ne vous y attendez point (C.N.N., c.1456-1467, 317). "...Parlons de chevauchier et d'aller à la guerre et nous fions en Dieu et en nous-meismes et laissons appart ceulx qui ne se attendent que aux gratis d'aultruy." (BUEIL, I, 1461-1466, 45).

 

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S'attendre sur qqc. "Compter sur qqc." : Et s'atendent sur ce que il scevent bien que il trouveront bestes a grant fuisson ens ou pais ou il voellent aler. (FROISS., Chron. D., p.1400, 127).

 

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S'attendre + inf. "Compter + inf." : Moult fut releessié Entendement et tres conforté de sa douleur quant il congneut par si cleres enseignes celle que tant souvent en l'estude de sainte Theologie et en ses secretes meditations il avoit suyvie et honnouree, et bien se attendoit estre par elle enluminé et getté hors dez doubtes qui le aguillonnoient (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 28). Pour deliberer se les arrestz, que s'atendoit aujourduy pronuncier ledit Piedefer, seroient pronunciez (FAUQ., III, 1431-1435, 97). Et, au regard de moy, je m'attendz estre gouverneur de Flandres, et me y faire tout d'or ! (COMM., II, 1489-1491, 174).

 

b)

S'attendre à/de + inf. : Et pour ce que ces sept chevaliers ne pretendoient point a avoir l'onneur du tournoy, tous avoient changiez leurs escus, car point ne vouloient estre cogneus et se attendoient tous sept de parvenir chascun a celle qu'il amoit de bon cuer. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 4). ...la pouvre femme, qui s'attendoit d'estre festoyée de l'amoureux jeu (...) s'en alla tantost a sa maison plaindre son mal (C.N.N., c.1456-1467, 265). [Ma bouche] est sienne et a nul aultre ; et ne vous actendez d'en rien avoir. (C.N.N., c.1456-1467, 317). Dit le conte de Parvanchières : "Nous nous attendions à les combatre dès l'arrivée." Or dit lors chascun : "Monseigneur, vous ne le povez faire..." (BUEIL, I, 1461-1466, 183). ...qui estoit bien une grant faulte à luy, avecques les autres que jà avoit faictes envers les Angloys, lesquelz s'attendoient de le trouver à leur descente (COMM., II, 1489-1491, 35). Pas ne m'actens d'acquerir vitupere (...) Car prosperer de mieulx en mieulx j'espere Et de vertus estre vray protecteur, De leaulté singulier producteur (LA VIGNE, S.M., 1496, 172).

 

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S'attendre que + compl. au subj. "Considérer comme probable que, escompter que" : ...combien que la Court s'atendist que ledit cardinal eust escript affectueusement au Pape (BAYE, II, 1411-1417, 49). ...pour ce qu'il s'atendoit que ledit Cotin deust accepter ladicte prebende qui lui avoit esté offerte (FAUQ., II, 1421-1430, 23). ...quant ilz l'interroguèrent sur les acquisicions qu'il avoit faictes pour et au prouffit dudit Cuer, dit qu'il n'en estoit lors recors, et aussi il se actendoit que Anthoine Grignon, qui avoit baillié les deniers, le déclairast. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 398). Toutesfois ceulx qui avoyent leurs terres en lieu où ilz se actendoyent que le roy ne allast point ne se vouloient en riens obliger au roy (COMM., II, 1489-1491, 183).

 

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S'attendre à ce que + compl. à l'indic. ou au subj. : ...A ce je m'actens, Veu qu'ay Leaulté pourpensee, Que de mes soussiz dispensee Seray, malgré les malcontens. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 526). Et (...) ne vous attendez point que l'en vous donne, mais pensés une fois donner aux autres ; car vous estes jeune. (BUEIL, I, 1461-1466, 42). ...la guerre aussi veult que on face bonne chière de la petite perte et commune aussi bien comme de la gaigne, et ne se fault pas attendre qu'il n'y ait des hasars. (BUEIL, II, 1461-1466, 117). Tantost aprez, il [le duc Baudouin] fust assiégé et eust une grosse puissance devant lui par la dilligence et sens du Roy, avant qu'il y peust resister. Bien savoit venir l'armée du Roy ; mais il se attendoit qu'il deust assiéger autres places lointaines de lui, nonobstant qu'il avoit perdu toutes les places grandes et petites d'environ Cap, comme Escallon et aultres (BUEIL, II, 1461-1466, 147). Toutesfois ceulx qui avoyent leurs terres en lieu où ilz se actendoyent que le roy ne allast point ne se vouloient en riens obliger au roy (COMM., II, 1489-1491, 183).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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