A. -

"Liquide noir, encre" : [Pour se rendre méconnaissable] Deirement [l. D'eirement] fait frotter son vis et sa fesson. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 296).

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Noir/noirci comme arrement : D'une [corde] sans plus je te dirai Pour ce que plus m'efforcerai De toi dedens li encorder Quë es autres et arrester. (...) C'est la corde au bourrel d'enfer Qui plus quë arrement est ner, Celle dont il trahine et pent A son gibet ceus qu'il sousprent. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 225). ...M'en menerent crueusement Par Infer qui tant fu vilains, Jusqu'a une yawe, on ne vit ains Si laide par mon enscient, Si grant, plus noire qu'errement (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 86). ...ung cheval aussy noir qu'errement (Tristan Nant. S., c.1350, 560). Nothus si affubla sa cape, Qui est plus noire qu'airemens. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 100). ...Et devint son corps aussi noir Conme arrement (Mir. roy Thierry, c.1374, 338). Li roys, qui ouÿ le martire, Voit que trahi est durement ; Devint plus noirci qu'arrement. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 159). Nous cheismes des lieux haultains Et avons esté descendu Et en cest infer confondu Et transfigurez laidement Plus noirs que ne soit airrement (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 238). ...et lui sambloit que c'estoient tous chevalliers armez et qu'ilz estoient deux cens ou plus, et sy estoient tous noirs comme arrement (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 12). ...puis regarda son escu et son haubert, qui plus noirs estoient que arement. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 21). ...il veoit saillir souvent ou boullon de l'eaue poissons a testes serpentines et deux piés a maniere d'asne, et estoient grans comme un saulmon. Ils estoient de couleur plus noire que arement et la teste flamboyant (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 166).

Rem. Cf. Prov. H., 43b. Même mot dans l'ex. suiv. : : Si fu la nuit oscure, si c'on ne vit noient Nient plus qu'en une fosse, où noir fait quesrement [l. qu'esrement]. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 283).

B. -

"Matières servant à composer l'encre, la peinture noire..." : Arrement est ainsi appellé pour ce qu'il est noir et est neccessaire a usaige de painture ; et est conté entre les couleurs faintes, car on le fait de suye sur pierres ardens, et y mettent les paintres de la glus [sic] avec pour estre plus reluisant. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 383). Pour faire liqueur pour seigner linge, prenez camboiz (c'est le lymon noir qui est aux deux boutz de l'essieul de la charrecte) et mectez de l'arrement et aliez d'uille et de vinaigre et boulez tout ensemble, et puis chauffez vostre merque et moulliez dedens et asseez dessus vostre linge. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 278).

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[Entrant dans des substances médicamenteuses] : S'il a paene ou pié, si soit frotez de savon et de sel et d'orine et de charbon de chaisne pestri ensemble ; et puis mis arrement ars et poivre moulu chascun jour, tant que il soit gueris. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 369). J'ay yaue rose et oille d'olive Autant comme espicier qui vive ; J'ay bresil, miel et errement, Et de quoy on fait oignement (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 256). Et se vous ne trouves du pourpert ne du rouge miel, si prenes du lavement, lequel est fait pour la gueulle. Lequel est fait de airement et de miel. Et en vérité, il est moult bon pour toutes bleceures de gueulles de chevaulx (GUILL. VILLIERS, Hipp. P.-D., a.1456, 146).

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"Suie" : Ce n'estoit pas hostel de seigneur, de sales, de cambres ne de manandries, mais une povre maisonnette enfumée, ossi noire que arremens de fumiere de tourbes (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 231).

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Noir comme arrement destrempé : En pou d'eure eut couleur trois foiz Roulant mué ; Premier devint plus vert que n'est herbe de pré (...) La tierce fois que arrement plus noir destrempé (Galien D.B., c.1400-1500, 96). Quant le duc Richart vit ce chevalier armé Que par tout fut plus noir qu'errement destrampé... (Rom. Richart C., a.1496, 55).

C. -

DRAP. "Noir de teinturier ; ou vitriol, couperose (?)" : Et que nuls ne nulle ne puist mestrer de cauch, ne d'airrement ne d'autre cose nulle, qui ne soit pourfitaule et souffissant pour le draperie de Valenchiennes. Et que nuls ne meche es draps dessus dis nul avanchement pour les taindre, autre cose que propre waranche, fors que as draps vers u on puet metre waude, cendre d'Estre, u cendre de Flandres, ensi que on l'a d'usaige et de coustume. (Drap. Valenc. E., c.1344, 277-278).

Rem. Cf. GD I, 408a, et G. de Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 183 et t.2, 1951, 3.