I. -

Subst. masc.

A. -

Au propre. "Ce qui sert d'appui, de support" : Aussi comme par aventure, en une maison ruineuse aucun apoyail est expedient, lequel seroit mal seant ou empeschement en une bonne maison. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 308). "...venés pres de moy, tant que j'aye me main sur vostre espaule pour soulagier mon povre corps. - Or cha, de par le Diable, fait Trons, vous ne sçavez aller sans appoial" (Ysaÿe Triste G., p.1400, 192). ...pontellus (...) : pontel, apoial (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 161).

Rem. Lancelot Lac (éd. 1488, firent les deux roys loges drecer enmy les prez, ou il avoit fenestrez et apuyaulx aux dames et aux damoiselles) ds GD I, 344c.

-

[Dans un cont. métaph.] : Col de roy est son lignage [de la statue, dont la tête représente le roi et les membres, ses sujets] (...), Qui apres le chief est assis Sus les autres membres et mis, Et est du chief le soustenail Et le pilier et l'apuiail Comme coulomme est appelle Du haut edifice et nomme (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 251).

B. -

Au fig.

1.

"Ce qui sert de soutien (à qqn)" : Pour ce requier vous, tres sçavant, que par compassion de ma femmenine ignorance, vostre humblece s'encline a joindre a mes dictes vraies oppinions par si que vostre saigesce me soit force, ayde, deffense et appuyal contre si notables et esleuz maistres (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 8). ...des passions et tormens vaincre et surmonter vouldroye je bien estre par toy plus confermé. Car yci gist le poys de ma charge, soubz qui plaie la foiblesse de mon povre povoir. Si ay besoing de fort et ferme appuyail en cest endroit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 31).

2.

[À propos d'une pers.]

a)

"Celui qui soutient (une pers., une institution, une autorité...)" : Et com(ment) que soie nourrice (Ain)si de toutes par mon vice, Dë Orgueil par especial Sui apuial et soustenal. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 253). Il garde le pourpris roial Et en est le fort apoial, Et, foy que je doy mon oial, Il est sur tous aultres loial. (Pastor. B., c.1422-1425, 151). Et à ceste cause, comme qui bien avoit le coeur à la besongne, mit la journée de convention à Mantoue, des princes chrestiens, pour là parler de ceste matière, là où plusieurs des roys et princes de la terre envoyèrent, et non moins le duc, qui estoit le souverain appuial du pape, et en qui tout se fioit (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 62).

b)

"Auxiliaire, aide, soutien (dans un travail)" : De toy feray mon apuiail Pour ce que mains aie travail. (Mir. Amis, c.1365, 50).

II. -

Adj. "Qui sert d'appui"

-

Baston appuyal. "Bâton sur lequel on s'appuie" : Confortant ainsi Verite la royne la cite de Venise, soudainement entra ou palays en la presence de la royne une vieille dame, toute decyree et de ses gris cheveulx toute deschevelee. Elle portoit en sa main ung baton appuyal, et en l'autre un petit livret, descouvert et toute rongie de raz. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 257). ...ma suer Bonne Esperance souvent me reconforte en mes grans doubtes et tribulacions, voire par le baton appuyal qui lui bailla le vieil Arsene (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 372).