C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     APLANIER     
FEW IX 28b planus
APLANIER, verbe
[T-L : aplanïer/aplaignier ; GD : aplanier ; AND : aplanir ; DÉCT : aplaignier ; FEW IX, 28b : planus]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

Aplanier qqc.

 

a)

"Polir, rendre lisse, aplanir (des matériaux)" : ...si comme maçons et charpentiers, qui, en siant, dolant, aplaniant [var. aplainant (GD I, 340b)] disposent les busches ou les pierres à forme d'une maison, d'une nef ou d'autre ouvrage. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 35). Dolo, dolas (...) : doler, aplanier (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 132). De lymon Adam machonna, Ce n'est des sages renyé. Mais le corps d'Eve fachonna De blanc os qui fut manyé, Paint, poly et aplanyé. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 148). Tu scez bien que plus applanie L'ouvrier l'ouvrage qu'il a fait, Plus le polit, plus le parfait. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 179).

 

b)

"Niveler (un terrain)" : A plusieurs bessons qui ont besoingné es doues de la ville de Tharascon, du costé devers le Rosne, le XIXe de juillet, à applanier lesdites doues et faire une bute et applanier l'autre doue, pour promener le roy (Comptes roi René A., t.1, 1478, 46).

 

c)

"Lisser, égaliser (les cheveux, les poils...) par un mouvement de caresse" : Si que toudis son poil [du petit chien] aplanioie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 103). Et la dame (...) De sa blanchette main polie Le poil de son chief aplanie (MACH., D. Lyon, 1342, 177). Les plumes leur manie [aux cygnes], biel les aplaïna [l. aplania]. Toute jour a journee [l. ajournee] ensy les viseta. (Chev. cygne P., c.1356, 43). La se seoit couste mi Mon trés savoureux ami (...) Et en mon giron tenoit Sa teste et j'aplanioye Son chief et aonnyoye, Puis je lui mettoye au col Les deux braz dont je l'acol. (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 273).

 

2.

P. anal. Aplanier qqn [ou un animal]. "Caresser qqn [ou un animal]"

 

a)

[Qqn] : Son filz ot deley lie que baise et aplanie. "Hé, filz, s'ai dit la dame, or ne verrez vous mie Voustre perre Lion qui tant ait signorie !..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 498). Blanchandinë estoit sy bien aprivoisie Qu'elle baisoit Tristan, doucement l'aplanie. (Tristan Nant. S., c.1350, 210). De pié de chat, de pié de taupe M'aplanoya et atoucha Au lit, ou tout nu me coucha. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 102).

 

b)

[Un animal] : Tantost que le cheval le sent, Humblement la teste lui tent : Doucement l'a aplanïez, S'est a la terre agenoulliez, Trestout jus des genoulx devant. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 108). Li Beaus Chevaliers au Lyon Bien vit que nul samblant felon N'avoit u regart du sengler. Adont le vint aplanoier, Et lors li senglers s'endormi (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 249). L'ostoir ot sur son poing, douchement l'aplanie. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 751). Adonc va le lÿon la dame aplanoyer (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 34). Et s'on voit que tu soies liés, On t'aplanoie sus le dos Et dist on : "Or pren ton repos, Grisel, car bien l'as desservi L'avainne que tu menges ci." (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 173). Lors le traite amiablement Li contes et tres doucement, Il le conjoit, il l'aplanie, Il li fait chiere si tres lie Que li faucons bien appersoit Que son service en gré resoipt (MACH., Voir, 1364, 8372). Et pour ce ne peut elle [l'unicorne] estre de veneour quelconques prise, se n'est par le moien d'une pucelle vierge que les veneurs sages mettent en la forest toute seule en sa voie ; car quant le unicorne la voist, elle s'en esjoïst et vient tout droit vers elle et se presente a ly moult debonnairement, et la pucelle aussi qui est bien entroduite, benignement la aplanie et reçoit et son gyron ly offre, ouquel la beste seurement se couche et de legier se endort, et lors les veneurs qui sont assez prez en agait le occient en dormant. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 657). ...une blance levriere yssi d'une chambre (...) laquelle vint illec a l'entour faire la greigneur feste du monde, et le Tor lui print a faire feste en l'applanoiant et frottant la teste et les oreilles (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 103).

B. -

Au fig. Aplanier qqn

 

1.

"Chercher à apaiser qqn" : "...Et en la maniere que la mere parle doulchement a son enfant, ainssi je vous consoleray", en vous adoulcissant et aplaniant et en torchant vos larmes (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 211). Et vous, toutes villes rebelles, Et gens qui avez regnié Vostre seigneur, et ceulx et celles Qui pour autre l'avez nié, Or soit après aplanié Par doulceur, requerant pardon ! (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 39).

 

2.

"Flatter qqn" : Tant treuvent qui les applennie Qu'il n'est mestier que rien lor die, Fors qu'il ont ja lour jugement. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 157). Et en tous fais et en tous dis Les puissans doit aplanier Par souples mos et festier, Et leur porter grant révérence (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 26). Ainsi disoit Fedris ; mais il ne savoit mie Le volenté du conte qui ensi l'aplanie. (Hugues Capet L., c.1358, 224). On voit que femme qui fornique Seult faire a son mari la nique ; Bien le scet chuer et flater Et aplanoyer et grater, Et, en decevant, par coustume Le blandist et oste la plume (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 74). ...desquiex [flateurs] on treuve assez maintenant, et par especial as cours de grans seignours, car la sont il aussi retrait et avancié assez plus tost que es lieux ou on n'a cure de oïr que verité, pour ce qu'ilz se conforment et acordent as seigneurs dessusdiz, et qu'i les aplanient et endorment et leur ostent les plumes, et qu'il sont tousdiz prests de dire : "Monseigneur dit voir". (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 293). ...là firent prononchier La lettre aus Hiermynas c'on leur fist envoier De langaige doré, pour le peulle aplaguier [l. aplagnier] (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 496).

 

3.

"Civiliser (un pays)" : Apres, sor l'an de grasce cent et XVIII, festoie Sains Materne ses gens, et puis entre sa voie, Et long et pres del roialme aplanoie ; En prechant par ces vilhes le peuple tout renoie (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 631).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une surface] "Lisse, poli" : Et le ciel que je te dy, qui est dessus, est tout uny, tout aplanié et aussy polly comme ung miroir (Horloge de sapience S., c.1389, 105).

B. -

[Du poil d'un animal] "Ras, aplani" : Quant il a fouy longuement, il fuit le poill tout aplaignhé et n'est point hericié, ne le cul n'est pas si blanc. Quant il ne peut plus en avant, il s'en vient rendre a aucun ruissel. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 76).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

Fermer la fenêtre