C.N.R.S.
 
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     AMOLLIR     
FEW VI-3 mollis
AMOLLIR, verbe
[T-L : amolir ; GDC : amolir ; AND : amollir ; FEW VI-3, 54a : mollis ; TLF : II, 800b : amollir]

V. amollier

I. -

Au propre

A. -

Empl. trans. Amollir qqc. "Ramollir, rendre souple"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Fruit suis d'yver qui a meins de tendresse Que fruit d'esté ; si suis en garnison, Pour amolir ma trop verde duresse, Mis pour meurir ou feurre de prison ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 131). ...ung homme qui a Prudence jamais ne se esbahit ; les choses doubteuses il expedie, les dures amollit les aspres adoulcit (JUV. URS., Loquar, 1440, 334).

 

-

[D'une chose] Amolli. "Rendu mou et maniable" : Chelui qui est a enseignier, sans humilité ne puet recepvoir competanment le erudition de meurs. Car comme dit Hugue ou livre de la Erudition des novices : "Comme la cire s'elle n'est amollie ne peut forme recepvoir, ainsssi l'omme par la conduite de aultrui ne peult estre ploié a la forme de vertu, se anchois par humilité n'est amollié et osté de la rigueur de orgueil et de contradiction..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 159).

 

-

[D'une partie du corps] Amolli. "Rendu souple" : La machoere est aulcunefoys amollie, aulcunefoys spasmee et aulcunefoys desloyee. (PANIS, Guidon, 1478, tr.V, doct.2, chap.2).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. Qqc. (s') amollit. "Perdre de sa rigidité, devenir souple" : ...car il est mol et amoulist et sy est chault et moiste (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 3, 185 rº). ...fu monstré au roy, et luy bailla l'on une petite verge d'argent pour toucher le dit sang qui estoit dedens l'empole de voirre, dur comme pierre ; ce que le roy toucha de la verge d'argent, laquelle fut mise sur l'autel devant le chef du dict glorieux Sainct. Incontinent commença a eschauffer et amollir comme le sang d'un homme en l'eure bouillant et fremissant (LA VIGNE, V.N., p.1495, 261).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Pimalions qui moroit pour amer Pria ses dieus par tele affection Que la froideur de l'image tourner Vit en chalour et sa dure fasson Amolir, car vie avoit Et char humeinne et doucement parloit. (MACH., L. dames, 1377, 183).

II. -

Au fig.

A. -

Empl. trans.

 

1.

Amollir qqc. "Atténuer, affaiblir ; assouplir"

 

-

[Une activité psychique, un sentiment] : ...l'amour de Dieu nous exite A nostre pensée amolir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 216).

 

-

[Une qualité, une disposition] : Et ainsy font li devos qui se donnent ou font donner disciplinez, baturez et corrections et par ainsi amollissent aucune fois la durté de leur cuer et s'esmeuvent a devocion et pitié (GERS., Mendicité G., 1400-1401, 237).

 

2.

Amollir qqn / son coeur / son ame... "Adoucir, calmer qqn" : Se tous les pracheurs qui ou monde sont ne cessoyent chascun jour de preschier a l'ame qui est en ce point mise, c'est assavoir en mauvaise acoustumance et en durté de cuer, ilz ne l'amolliroyent pas a bien faire (...) Riens n'y valent doulces paroles pour l'amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66). ...car ainsi comme l'en ne pourroit joindre l'un fer a l'autre se tous les .ij. ne sont eschauffez et amoliez [var. amoloyés] au feu, ainsi ne pouons nous autrui redrecier se nostre cuer n'est amoli par compassion. (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 317). ...ce prophete de bon aire [Jésus], Que le cuer des gens admollist (Pass. Auv., 1477, 134). D'autre part, l'avarice de ces cinquante mil escuz renduz tous les ans en son chasteau de Londres luy amollissoyent [var. admortissoit] le cueur. (COMM., II, 1489-1491, 246). Mon Dieu, veillez a moy entendre Et m'aydez, sans plus actendre, A amollir cest empereur Qui me fait sa porte deffendre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 504).

 

-

Amollir qqn à qqc. "Fléchir qqn à qqc." : Tiercement le Saint Esperit vient à l'uis de nostre hostel en semblance de la columbe quant il nous envoie prosperité pour nous adoucir et amolir a son amour. (GERS., Pent., p.1389, 80).

 

-

Amollir qqn à + inf. "Fléchir qqn à faire qqc." : Se tous les pracheurs qui ou monde sont ne cessoyent chascun jour de preschier a l'ame qui est en ce point mise, c'est assavoir en mauvaise acoustumance et en durté de cuer, ilz ne l'amolliroyent pas a bien faire (...) Riens n'y valent doulces paroles pour l'amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. [D'une pers., du coeur, d'un sentiment...] "Perdre de sa rigidité morale, s'adoucir, fléchir" : ...Du fier orgueil ou tu te lies Si fort qu'onques ne t'umilies Ne n'amolis (Mir. parr., 1356, 12). ...onques son cuer n'en amoli, Ains a touzjours perseveré En son malice (Mir. parr., 1356, 21). Quant tu la vouldras servir [la dame], amolir Te fault tout a sa plaisance. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 183). Quant je suis deliberee a aymer Dieu seulement pour sa bonté (...) je sens en moy une doulce, devote et amoureuse liquefaction et mon cuer amolir et fondre au feu d'amour et de devotion (Disc. amour divine, 1470, 250). Je dy q'un cuer si dur que pierre S'admolliroit veyant cecy. (Pass. Auv., 1477, 155). Son cueur ne se amollit jamais, mais jusques à la fin a estimé toutes ses bonnes fortunes procedans de son sens et vertuz. (COMM., II, 1489-1491, 95).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

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