C.N.R.S.
 
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     ALOSER     
FEW V laus
ALOSER, verbe
[T-L : aloser ; GD : aloser ; AND : aloser ; DÉCT : aloser ; FEW V, 210a : laus]

I. -

Empl. trans.

A. -

Aloser qqn. "Louer qqn, faire son éloge" : Ne le dy pour lui alouser, Mais pour voir dire, sanz ruser (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 18).

 

-

Se faire aloser. "Se faire louer" : Et tant se firent aloser Qu'on entent d'eulx sans les nonmer ["sans qu'on fasse mention de leurs noms"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 283).

 

-

Estre alosé. "Être loué, tenu en haute estime" : Il a dit a Regnault : "Moult estes alosés !..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 281). Moult estoit Huez preus, noblez et alossez Et de ceus de Paris conjoïs et amez. (Hugues Capet L., c.1358, 96). Il n'est ne blasmés ne haÿs, Mais alosés et renommés, De toutes et de tous amés (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 111). ...s'abandonnoient li aucun moult folement pour estre mix aloset (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 10). ...uns grans chiés et moult creus et alosés des barons de Bretaigne (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 154). ...[Yeuwains de Galles] quant la guerre fu renouvelée, il retourna en France et s'i porta si bien que il fu grandement alosés et amés dou roi de France (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 77). Je me suis eslevee ou eslevé et ay eu orgueil des grans despens que j'ay aucune foiz faiz, ou des grans outraiges et superfluitez, comme de viandes grandes et outrageuses, comme a donner grans mengiers et belles chambres, assembler grans compaignies, donner joyaulx aux dames et aux seigneurs et a leurs officiers ou menestrez pour estre alosez d'eulx, et pour dire de moy que je fusses noble et vaillant et large. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 24). Le pere Ciperis qui tant fut allosé. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 77). ...messires Gautelés de Manni, liquels estoit ja moult alosés et avoit fait des grans apertisses d'armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 275).

 

-

Aloser Dieu, la Vierge... "Louer, célébrer" : Aussi faisoit il autre chose Dont s'ame Dieu prise et alose (MACH., C. ami, 1357, 121). O la beneuree pucelle En qui tel fleur sera posee, Tres saincte et precïeuse ancelle, Combien digne es d'estre alosee ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 50).

 

-

Aloser qqn de qqc. "Honorer qqn de qqc." : O Dieu qui de tout disposés Et qui voz servans alozés De vertus ainsi qu'il vous plest, Sire, si trop sommes ozés De vous requerir, supposés Nostre piteux cas tel qu'il est. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 109).

 

-

[Figure étymol.] Estre alosé de grant los. "Être honoré" : O de mere, de grant los allosee, Et de vierge la portee porteure, Que mon ame de rousee enrousee Soit, qui purge toute laide laidure. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 443).

 

-

[Empl. abs. ?] : La teste a d'or [Fortune], se dire l'ose, Ou toute richesse est enclose, Ce samble aus musars qu'elle alose, Qui en errour Vivent tele qu'il n'est gringnour (MACH., R. Fort., c.1341, 37).

B. -

Aloser qqc.

 

1.

"Célébrer" : Tant est roy de plus grant puissance Et tant doit estre sa naissance Plus haultement solempnisee Et par consequent allozee Par tout son regne universel. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 116). A peine trouveras ja dix Vaillans gens comme ou temps jadis : N'y avoit jaloux ny jalouse, Et pource leur vie j'alouse. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 34). Manne du ciel, dedens nostre arche enclose, Que tant j'alose, est Amour qui nourrit Nostre archiduc (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 353).

 

2.

"Approuver" : O Dieu ! o sains et sainctes ! o devote court de crestienne religion ! o les meurs du temps present ! Entre les païens un juge païen et incredule condempne un païen qui escript doctrine attraiant a fole amour, et entre les crestiens et par les crestiens telle et pieur euvre est soustenue, alosee et deffendue ! (GERS., Traité R. Rose, 1402. In : Chrestom. R., 48). Ce qu'il dira je lui alos, Ne je ne vueil point d'aultre arbitre. (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 153).

 

3.

Aloser qqc. à qqn. "Conseiller qqc. à qqn (comme une chose louable), recommander qqc. à qqn"

 

Rem. GD I, 235b ; ex. de G. de Charny.

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Se rendre digne de louange" : Et illoec comme bon pastour Le bois gardent, dont il s'alosent (Pastor. B., c.1422-1425, 148).

B. -

"Se vanter" : Pluseurs seront pour eulx vanter Contre moy, pour eulx alouser [var. alluser] Qui cest livre contrediront. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 43).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

A. -

Empl. adj.

 

1.

"Estimé, honoré, digne de louange" : Dame au gent corps, courtoise et alosée (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Tant estoit noble dame, la roÿne alosee (Tristan Nant. S., c.1350, 122). Noble dame tresalozée (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 293). Prince alozé, Honneur soit a vostre personne ! (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 284).

 

2.

"Réputé, de grande valeur" : En France avoit estéz, cest terre alozee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 989). C'est à cellui qui a le teste couronnée Du roiaume de France, celle terre alosée. (Hugues Capet L., c.1358, 213). Mais le bon duc Regnier qui tant fut alosez Lui donna Marchepin, le cheval alosez (Galien D.B., c.1400-1500, 28). Je requier cil qu'i nous convoye Pour qui l'estoille est composee, Affin que sa force alozee Puissons veoir et magnifier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 74). O hault Pasteur, o Pasteur souverain, Ce beau jardin si fort alozé, Povoir divin, tu es le premerain, Car sans toy riens est. Tu l'a composé Pour Excellence ; tu y es honnouré, Et nuyt et jour, sans point sourpulentir. (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 67). Par traicts, par armes, espringalles, Ils eurent victoire alousee. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 197).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455.

B. -

Empl. subst. : Sansson em porterons (...) Et puis si le mettrons sur unne targe lee, Si l'en ferons porter en Ronme l'alozee (Flor. Rome W., c.1330-1400, 188). ...France l'alosee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 565). Par toutes bonnes villes de France l'alosée Fu par yaus la copie de la lettre monstrée (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 376). ...En Jherusalem l'alosee (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 438). ...pour le roy qui prent paine E bon temps mettre en France la losee [l. l'alosee]. (Entrées roy. G.L., p.1485, 265).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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