C.N.R.S.
 
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     ALLUMER     
FEW XXIV *alluminare
ALLUMER, verbe
[T-L : alumer ; GD : alumer ; GDC : alumer ; AND : alumer ; DÉCT : alumer ; FEW XXIV, 340a : *alluminare ; TLF : II, 587a : allumer]

I. -

"Éclairer"

A. -

Au propre

 

1.

Empl. trans.

 

a)

[D'une source lumineuse] Allumer un lieu

 

-

[D'une chandelle, d'une torche ...] : Item je donne et legue par une fois a l'eglise parrochial de Saincte Susanne quatre livre de cerre, pour faire et composer une torche pour alumer le precieux corps de Jhesu Crist a chescune messe que se dira en ladicte eglise chascun lundi, tant comme ladicte torche pourra durier. (Test. Besanç. R., t.2, 1427, 55).

 

-

[D'une source lumineuse quelconque, d'une fenêtre ...] : Tresdoulz amis, quant ce advenra Que mes fins cuers te changera, Li solaus jamais ne luira Lassus amont, Ne lune nuit n'alumera (MACH., Voir, 1364, 5843). Quant Nostres Sires fist le monde, Ou tous biens naist, croist et abonde, Il fist premiers le firmament, (...) Les estoiles cleres et nettes, Et la lune, pour alumer Par nuit l'air, la terre et la mer (MACH., P. Alex., p.1369, 190). Item, pour avoir mis sur une grande fenestre, qui estoit ou toit de la chambre de Monseigneur qui alumoit icelle chambre et occupoit grandement ledit toit... (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 614).

 

b)

P. méton. Allumer qqn : [C'est Dieu qui] A creé et que fet tourner Le firmemant et les estoilles, Qui sont si cleres et si belles, Le souleil et ausi la lune, Qui de sa clarté nous alune, Et nous donne vie et estre (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 112).

 

-

Au passif "Illuminé, éclairé" : Avance toy, viens avant, Renommee, Crois mon conseil et ma theologie ; Je sçay maison fort clere et sans fumee Ou tu seras ricement allumee, Tres honoree et haultement logie (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 201). DEMANDE. Quelz sains sont ce ou moustier, qui font a toutes gens plus de ayde et plus de prouffit, et qui moins sont alumez ["éclairés (par des chandelles brûlées en leur honneur)"] et honnourez et plus durement traittiés ? RESPONSE. Ce sont les sains qui sont sur les verrieres, a la pleuve et au vent, au chault et au froit. (Devin. R., c.1470, 160).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : Et plus aux quatres angles de la caige avoit quatre escharboucles qui valoient ung grant tresor ; car ilz gectoyent de nuit si tres grand resplendor et grant clarté que cent chevaliers et cent dames s'en peussent bien alumer a grant honneur. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 13).

 

-

Qqn allume qqn : Il est .I. petit avanciés, Et se part et s'en va avant, Et la damoiselle devant, Qui l'alume et entre en sa cambre, Qui estoit listelée d'ambre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 240).

 

2.

Part. passé en empl. adj. [De la luminosité d'une matière en feu] "Éclatant, brillant" : Maiz ilz n'appèrent que de nuit Pour le soleil, qui de jour luit, Et, pour la chose icy retraite, Est assavoir que la Comète Est un feu, peu accoustumé A apparoir, fort allumé Hault en l'air en une matière Terrestre, visqueuse et légière (LA HAYE, P. peste, 1426, 54).

B. -

P. anal.

 

1.

Empl. impers. "Faire des éclairs" : Or nos dist li romans Qu'ilh alumat et pluit et tempestes si grans Fist (...) Que... (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 675). Et le jour de sa nasenche, deseur la maison où ilh nasquit, fut en l'aire une gran feu durant environ de trois heures, lyqueis chait à terre et s'entendit sens nulluy a greveir, et oyt-ons des mervelheux vois en l'aire, et tonnat et allummat (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 516).

 

Rem. Cf. aussi Scheler, Gloss., 26, et FEW XXIV, 344a.

 

2.

Allumer qqn [un aveugle]. "Rendre la vue à qqn" : Par ce miracle est entendu Que Longis ne fust pas dempné Quant il fut si toust aluméz [var. enluminez] De la clerté dont n'avoit point. (...) Sa misericorde [celle de Dieu] est si grant Que nul ne pourroit tant pechier, S'il le vouloit purifïer Par v[e]raie confession Que Dieu ne lui f[e]ïst pardon, S'il estoit v[e]ray repentant, Si comme Longis fut a ce temps Quant [il] eut parcié le cousté A Jhesucrist, qui sa clerté Lui rendit par sa grant puissance. (Liber Fort. G., 1346, 186).

 

-

V. alluminer

 

-

Empl. intrans. "Recouvrer la vue" : Si prindrent [les Juifs] ung veil chevalier Aveugle et lui firent bailler Ung glaive et celui tantoust le print. Puis l'ont mené a Jhesucrist Et lui aprocherent au cousté. Devers destre cil a bouté : Le fer lui mist a grant bandon Ou corps, le sanc a grant foison Et l'eaue yssirent sens dengier. Quant Longis le santit couler Aval sa lance, si moilla Ses yeulx et tantoust aluma. (Liber Fort. G., 1346, 212).

C. -

Au fig. "Éclairer, illuminer" : ...la perceverence Du penser qui tout alumoit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 200). Amours, contre qui nul ne se peut deffendre (...) est celluy qui alume mon cueur d'un gay et d'un joyeulx plaisir par lequel j'ay tous les autres cessez et esloignez de moy (BEAUVAU, Troyle, c.1455. In : Chrestom. R., 90). Mais on l'apelle [la grâce] l'envoy du Filz, quant l'ame est enluminee ou alumee par grace pour congnoistre Dieu, et est apellee mission ou l'envoy du Saint Esperit, quant l'affection et la voulenté est enflammee et embrasee pour amer Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 119).

 

-

Allumer l'Église. "La remplir de lumière (en tant que lieu) ; l'enflammer de l'amour de Dieu (en tant que communauté des Chrétiens)" : Eulx deux [saint Pierre et saint Paul] sont deux beaus clers luminaires luisans devant Dieu, et alumans l'Eglise. (GERS., P. Paul, a.1394, 485).

II. -

"Mettre le feu à, brûler"

A. -

Au propre

 

1.

Empl. trans.

 

a)

"Mettre le feu à qqc. pour éclairer"

 

-

[À une source lumineuse] : Je vueil la chandelle alumer, Pour miex (...) aviser Quelz homs il est. (Mir. femme roy Port., c.1342, 174). Si me vesti et acesmay Et alumay de la chandeille (MACH., F. am., c.1361, 151). Et a mienuit fis alumer chandelles (MACH., Voir, 1364, XXXI). Adont s'armèrent li signeur et missent leurs bachinès et boutèrent leurs banières et leurs pennons hors de leurs hostels, et alumèrent falos et se traïssent tout sus les quarières (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 29). ...il estoit lors ainsi comme heure d'entre chien et leu, c'est assavoir que l'en alume chandeilles, un pou devant Noël. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). Quand le bon seigneur fut dedans, et il eut alumé de la chandelle... (C.N.N., c.1456-1467, 213).

 

-

[Dans un cont. métaph. où la lumière est celle de la foi] : Leurs mains de ce monde laverent Confesseurs, martirs, sainctes vierges, Qui devant Dieu tiennent leurs cierges, Dont il est escript d'iceuls sains Et sainctes : "Soient (...) voz lumieres alumées Et de charité emflambées (...) Et vostre lanterne alumer Signifie que la lumiere Leur devez moustrer sanz priere ["sans même en être sollicités"], Afin que par leur obscurté Ne voisent ou lieu d'impurté Et ne chéent aux infernaulx Par leurs pechiez et par leurs maulx..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 252).

 

-

Empl. abs. : ...alume y, Car goute n'i voy (MACH., C. ami, 1357, 142).

 

-

[Comme signe de la vente aux enchères, du marché en adjudication] Allumer la chandelle : ...et par leurs avis et deliberacion fere la premiere baillee desd. formes a qui plus en vouldra bailler et au plus pres de la vraye valeur desd. fermes et ce fait faire alumer la chandelle et receveoir les boutz de ceulx qui vouldront mectre sur lad. premiere baillee (Comptes Lamballe C.-L., 1476-1479, 151).

 

b)

"Mettre le feu à" : ...et sercherent ycelle sa chambre, mirent du feurre du lit en la cheminée et le alumerent. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 509).

 

-

En partic. [Avec un compl. d'obj. interne (feu)] : Sa ! vezci du feu ou j'ay mis Depuis grant peine a l'alumer (Mir. st Ign., 1366, 85). Si entra li dis messires Jehans Chandos en un hostel et fist alumer le feu. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 198). Remondin, qui avoit alumé le feu, et qui bien avoit ouy ce que ly conte Aymery avoit dit, en partie, lui dist : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Mais les prestres (...) oncques tel pouoir N'orent que il peüst avoir Feu sur l'aulter, ne qu'alumer Le peüssent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 156). Pour lesquelz canons garnir (...) Item trois milliers de charbon de saulle, deux milliers de sacz de charbon de chesne, vingt bacinetz, à trois piez chacun et une queue, pour le feu allumer pour lesdis canons, et vingt souffletz. (BUEIL, II, 1461-1466, 47).

 

c)

"Brûler, consumer" : LE JUGE. Puisque nous en faictes ordonnance, Tantost seront ars et brulés, Et en ung grant feuz alumez Tellement, que jamaiz nouvelle Vous n'en avrez telle ne quelle, Et brief vous en apparcevrés. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 160).

 

-

En partic. "Brûler en sacrifice" : Ce blefz icy alumeray. Cy droit que ira la fumiere Voit m'orison a Dieu le Pere Qu'ell'est bien digne d'exaucier. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 22).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

[D'une chose] "Se mettre à brûler, s'enflammer" : Quant messires Gautiers de Mauni senti les gens de Mortagne esmouvoir, il se retraist tout bellement devers le porte, mais il fist bouter le feu en le rue contre le chastiel, qui tantost s'esprist et aluma. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 155). Au temple de Venus s'en ala Pymalion et tant lui fist devote clamour que la deesse en ot pitié et, en demonstrance de ce, le brandon que elle tenoit a par lui s'esprist et aluma [var. s'aluma] (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 235). Là sont traittes flesches ardantes enveloppées d'estouppes, de poix et d'uille, souvent et menu ; par quoy les ais des vesseaulx, qui sont de bois secq et toutes oinctes de poix, se alument de legier. Ainsi les ungs perissent par fer ; aultres sont ars (BUEIL, II, 1461-1466, 57).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : En meditacion y a labour et fruict et ce sauoit dauid qui disoit (...) en ma meditacion le feu se alume, cest charite qui se embrase par saincte meditacion. (CIB., p.1451, 181).

 

b)

"Brûler"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : ...pareillement saint Pol embrasé tout de l'amour de Dieu enflammoit ceulz ausquelx il estoit joingt en tant que jusques au ciel il getta sa flamme sans ce que les eaues d'aversité la peussent estaindre : Aque multe etc. Mais plus cuidoit on estaindre ce feu, et plus fort s'alumoit. (GERS., P. Paul, a.1394, 512).

 

3.

Part. passé en empl. adj.

 

a)

"Qui brûle" : ...si [les Sarrasins] prindrent un vaissel que ilz avoient prins sur ceulx de Rodes, et gecterent les gens a bort, et l'emplirent de busche, de huille, de graisses et de souffre. Et, quant ilz virent noz gens approuchier, si bouterent le feu dedens. Et, quant ilz le virent alumé, ilz esquipperent vers nostre gent. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Combatteurs en mer doivent estre garniz de vaisseaulx plains de poix noire, de raisine, de souffre et d'huylle et tout ce confit ensemble, enveloppé en estouppes ; et ces vaisseaulx alumez et embrasez doit-on lancer ès nefz et gallées des ennemiz, et tantost est temps de les assaillir fort, affin que loysir n'ayent d'estaindre le feu. (BUEIL, II, 1461-1466, 57).

 

-

[D'une fournaise] : ...une fournaise allumee (...) Giecte tousjours flamme ou fumee. (CHART., L. Dames, 1416, 270).

 

-

[D'une chandelle, d'une torche ...] : Et d'ilec iront tenans en leurs mains cierges alumés, chascun d'une livre de cire (...) en l'eglise de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 377). ...et ceulx qui faisoient lesdictes publicacions, en icelles publiant, tenoient en une main une espée toute nue et en l'autre une torche alumée (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 184). ...trois des disciples devant et trois derriere atout leurs torches alumees. (LA VIGNE, S.M., 1496, 566).

 

b)

"Qui est brûlant" : Mais quant il fut revenu ung petit a lui, il se leva sus ses piez, mais tant trouva l'air chault et alumé entour soy qu'il ne sçavoit en quel lieu aller. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 757).

B. -

P. anal. [D'un mal] : Que le feu saint Anthoine l'arde, Et le mau saint F[a]ront la farde, Et le mau saint Jehan si l'alume ! (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

-

Part. passé en empl. adj. [Des yeux] "Qui est comme embrasé, qui jette comme des flammes" : ...ung grand monstre, horrible et terrible, ayant grandes et longues cornes, les yeux plus alumez que flambe de fornaise (C.N.N., c.1456-1467, 428).

 

-

Part. prés. en empl. adj. [D'un tourment] "Qui brûle, qui embrase" : [La nativité Madame Lienor] Francz Bourgongnons, qui lealment servés Et observés du prince le command, Fort grandement esjoïr vous debvés, Car vous avés celle par qui serés Tout desserrés de tourment alumant ; Dieu nous aimant, pere et roy triumphant, Devint enfant et si grand eur nous vient Que l'archiduc enfant pere devient. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 350).

C. -

Au fig.

 

1.

Empl. trans.

 

a)

[Domaine de l'amour] "Enflammer qqn, son coeur, le remplir d'amour, d'une passion ardente" : Il [Désir] l'art, il l'alume, il l'esprent, Et puis d'autre part le reprent, Car il le fait palir et teindre (MACH., D. verg., a.1340, 37). Venus en estoit maquerelle Et dou brandon qu'art sans fumee Dame Helainne a si alumee Qu'elle n'i savoit quel tour prendre Dont elle se peüst deffendre. (MACH., F. am., c.1361, 190). Et par especial quant desirs l'alume et esprent et le contraint a desirer ce qu'il ne puet veoir ne avoir (MACH., Voir, 1364, XI). ...l'ardure qui m'alume et esprent. (MACH., L. dames, 1377, 94). ...Amours allume Un cuer en son grant feu qui fume (CHART., L. Dames, 1416, 268).

 

-

Allumer son feu. "Exciter sa passion" : ...plus pensoit a son clerc, et plus alumoit et esprenoit son feu. (C.N.N., c.1456-1467, 570). [Ou est-ce un empl. intrans. ("et plus s'alumait le feu de sa passion") ?]

 

-

[Cont. érotique] Allumer sa chandelle : ...veez cy maistre curé qui vient pour allumer sa chandelle, ou pour mieulx dire pour l'estaindre (C.N.N., c.1456-1467, 442).

 

-

Allumé de. "Épris de"

 

.

Allumé de / du feu d'amour : Damp Abbés, qui estoit de feu d'amours tout alumé comme par moquerie a Madame dist : ... (LA SALE, J.S., 1456, 279). ...pour ce qu'il se sentoit si esprins et alumé du feu d'amours... (C.N.N., c.1456-1467, 439).

 

-

Allumé du feu de concupiscence : Cessez vostre sermon, dirent les loudiers, tous alumez du feu de concupiscence charnelle (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

b)

[Domaine relig., mystique] "Embraser (l'âme, l'affectivité) de" : Charité est comparee a Dieu qui alume l'ame (Somme abr., c.1477-1481, fº 166). Se ung angele puist enflamer et alumer l'affect et la voulenté ou le desir humain... (Somme abr., c.1477-1481, fº 58 vº).

 

c)

"Animer, enflammer qqn" : Pour ce que le disciple c'estoit espouenté d'avoir ouÿ le commencement de la passion et bataille de son amé seigneur, et sa tres bien amee dame Sapience l'avoit conforté et alumé par plusieurs exemples et induit a suivre son Seigneur, maistre et roy, comme loyal chevalier et bon campion, maintenant il poursuit son hystoire et racompte le Crucifiement de Nostre Seigneur Jhesucrist en lieu deshonneste et entre deux malfaitteurs larrons. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 155). Ma dame, vous m'avez fait assez de courtoisiez et offert de grans dons de peccune, dont je vous remercie combien que les tiens de petit extime, car convoitise ne avarice ne m'ont point alumé de leur feu. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 150).

 

-

"Exciter (?)" : Males oevres ne feissent mie, Se creussent en Dieu et Marie. Mainte gent voient leur folie Et sont de si mauvese vie, Rempli d'orgueil, boben, envie, Que alumer il n'estuet mie ["qu'il n'est pas besoin (pour qu'ils soient mauvais) de les exciter (?)"]. Tiex choses ne font la personn[e] Devant Dieu ne plaisant ne b[onne] (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 47).

 

-

Allumer qqn à qqc. "Pousser qqn à qqc." : Vray est que Raison n'estoit pas seule, ainsoys avoit pris avec elle Foy, la bonne crestienne, qui alumoit les yeulz de Raison et de l'Ame a mieulx congnoistre ce qui reluisoit ou miroir et en l'imaige de l'ame (GERS., Trin., 1402, 166). Offrir vous vueil, ad ce desir m'alume, Joyeusement ce qu'aux amans bon semble :... ["le désir m'excite à cela"] (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

 

Rem. Sans doute faut-il comprendre le passage suiv. à la fois au sens propre et au sens fig. : : Ainsi le bon temps regretons Entre nous [la belle Heaumière et les autres], povres vielles soctes, Assises bas, a cruppetons, Tout en ung tas, comme peloctes, A petit feu de chenevoctes, Tost aluméës, tost estainctes... (VILLON, Test. T., 1461-1462, 133)."Chenevoctes désigne la partie ligneuse du chanvre, utilisée comme combustible à défaut de bois" ; mais les vieilles sont aussi tost alumées "par le souvenir du bon temps" et aussitôt éteintes "par la contemplation de leur triste réalité présente" (Éd. T).

 

-

Allumé de joie : Mon cuer avez mis en tel voie Que tout est alumé de joie (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 266).

 

-

"Excité, animé de" : N'avons nous pas du roy Assuerus, qui fut moult courroucé et alumé de fureur, ne se voult pas croirre mais manda son conseil (JUV. URS., Verba, 1452, 312).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

S'allumer à qqc. "S'éprendre pour, s'enflammer pour" : Les desirs d'amours s'alument aux choses celestes, et toutevoies ilz ne sont point frans de temptation de charnele affection (Internele consol. P., 1447, 215).

 

b)

S'allumer contre soi. "S'exciter, s'enflammer contre soi-même" : Alume toi contre toy et ne seuffre point orgueil vivre en toy (Internele consol. P., 1447, 107). [Ou faut-il lire Anime toi ?]
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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