C.N.R.S.
 
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     ALUMELLE     
FEW V lamella
ALUMELLE, subst. fém.
[T-L : alemele (lemele) ; GD : alemele/alumele2 ; AND : alemele ; DÉCT : alemele ; FEW V, 135a : lamella ; TLF : II, 640b : alumelle/allumelle]

I. -

[Lame]

A. -

"Lame (d'une épée, d'un couteau...)" : ...a touz les plus hardis, Puis qu'il se monstreront rebelles, Ferons sentir les alumelles De noz espées par les flans (Mir. emp. Julien, 1351, 174). Pour faire et forger la garnison toute blanche d'une espée dont l'alemelle estoit à fenestres. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 127). Se ferirent par tel vertu, Sus leurs targes bonnes et belles, Que tout oultre les anemielles fisent passet [l. passer] en abandon. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 162). Messires Archebaux de Douglas (...) mist piet à terre et prist à son usage une longhe espée qui avoit d'alemielle bien deux aulnes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 43). La lemelle [l. L'alemelle] et l'espie eschappa en glissant sur le porc, et vint actaindre le conte qui estoit versez a genoulx, par my le nombril, de part en part. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Et cil se party d'eulx, esprins de mal talent, et s'en vint, l'espee toute nue tenant d'une main par la poignie, et de l'autre main par l'alemelle, en lui escriant : A mort, a mort, faulx traitre ! Et cuida ferir mon pere d'estot par my le corps (ARRAS, c.1392-1393, 58). Quant le jayant sent le coup, si lui escrie : Maudit soit le bras qui de tel vertu scet ferir. Et le fevre qui forga ceste petite alemelle soit pendu par la gorge, car oncques mais je n'euz sang trait par taillant, tant feust bons. (ARRAS, c.1392-1393, 264). Au poing luy est tourné le riche branc d'acier Et l'alumelle en vole contreval le terrier. (Galien D.B., c.1400-1500, 94). Et pour ce le dit Josselin, doubtant que le dit Bigot qui estoit mal meu le vousist injurier de corps, comme il estoit vray semblable et ne savoit à quelle occasion il le faisoit, sacha un petit coustel d'un espan d'alumelle ou environ, qui estoit ataché à sa tasse, et en fery un cop seulement le dit Bigot sur la teste auprès du front (Doc. Poitou G., t.7, 1410, 185). Une espée de parement, toute d'or, excepté la lemelle [l. l'alemelle] faicte en manière de haye (Comptes Lille L., t.2, 1420, 257). Et quant le prince est servy d'oublies, l'escuier trenchant doit rassambler les coutteaux et les envelopper, et couvrir l'allumelle de sa serviette dont il les a nettoiez, et tenir la pointe en hault et les doit rendre au varlet servant, qui les doit recevoir moult humblement en sa main dextre (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1474, 47). Mais on fourbira alemelles Pour faire effusion de sang (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 68). Vecy dagues, vecy cousteaux, Forcettes, poinçons, allumelles (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 344). TIERS. Tout par dessus Le fin milleu de sa cervelle (...) Luy donray de mon allemelle. (Icy mect l'espee toute nue droit sur le mill[eu] de la teste sans y toucher...) (LA VIGNE, S.M., 1496, 278).

 

Rem. Aussi Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (nombreux ex.).

 

-

"Lame d'un couteau (instrument ou arme)" : ...Quant li frans damoisialz se vait apourpansant De saichier ung coutelz que lou feir ot tranchant ; Ung piet ot d'allemalle selon mon ensiant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 518). Et pour ce le dit Josselin, doubtant que le dit Bigot qui estoit mal meu le vousist injurier de corps, comme il estoit vray semblable et ne savoit à quelle occasion il le faisoit, sacha un petit coustel d'un espan d'alumelle ou environ, qui estoit ataché à sa tasse, et en fery un cop seulement le dit Bigot sur la teste auprès du front (Doc. Poitou G., t.7, 1410, 185). Et quant le prince est servy d'oublies, l'escuier trenchant doit rassambler les coutteaux et les envelopper, et couvrir l'allumelle de sa serviette dont il les a nettoiez, et tenir la pointe en hault et les doit rendre au varlet servant, qui les doit recevoir moult humblement en sa main dextre (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1474, 47). Ce cousteau pent a ung cordon de soye, Le manche doulx, l'alymelle aserree (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 40).

 

Rem. 1. Peut-être s'agit-il du même mot dans l'ex. suiv. : : Il point comme al(e)mire de fer, Il mort comme dragon d'enfer. (Moralité cincq pers. B., 1484, 58).2. Le type la lemelle peut se lire l'alemelle comme dans les ex. suiv. : : Qui ayme hault, c'est peril et paour (...) Et s'om le scet ou qu'il en soit nouvelle, Passer en fault la mort par la lemesle. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 194). N'i a lance que la lemelle D'acier n'ait bien d'un piet entier. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 189).

B. -

"Plaque métallique clouée sur l'arbre moteur"

 

Rem. Doc. 1411. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 470.

C. -

[Sens obscène]

 

1.

"Membre viril" : Hé, adieu, Amours, Adieu, dames belles ! Tournois et behours Et joustes sans selles, Escus fais d'aisselles, Pains de maintes larmes, Adieu sans cautelles ! Je me rens aux armes. Adieu, beaulx atours D'armures nouvelles, Adieu fors estours, Batailles jumelles, Masles et femelles, Lances et guisarmes, Couteaulx, allumelles ! Je me rens aux armes. (TAILLEV., Moral. D., 1435, 282).

 

2.

"Sexe féminin" : Tousjours me souvient de la belle Et de son plaisant crennequin, De le gouge a brune allumelle, De sa dure et poindant mamelle Et de son fort ribaudequin (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 621).

II. -

"Omelette" : Et puis ayez seize oeufz bien batuz ensemble - moyeulx et aubuns - et broyez et meslez ou mortier avec ce que dit est. Puis partez en deux, et faictes deux allumelles espesses qui seront frictes par la maniere qui s'ensuit : premierement vous chaufferez tresbien vostre paelle a huille, beurre, ou autre gresse que vous vouldrez ; et quant elle sera bien chaude de toutes pars, et par especial devers la queue, meslez et espandez vos oeufz parmy la paelle, et tournez a une [palecte] souvent ce dessus dessoubz ; puis gectez de bon frommage gratuisé pardessus. Et sachez que ce est ainsi fait pour ce, qui brayeroit le frommage avec les herbes et oeufz, quant l'en cuideroit frire son alumelle, le frommage qui seroit dessoubz se tendroit a la paelle. Et ainsi fait il d'une alemelle de oeufz, qui mesle les oeufz avec le frommage. Et pour ce l'en doit premierement mectre les oeufz en la paelle, et mectre le frommage dessus, et puis couvrir des bors des oeufz ; et autrement se prendroient a la paelle. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 244).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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