C.N.R.S.
 
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     AISÉ     
FEW XXIV adjacens
AISÉ, adj.
[T-L : aisier (aisié) ; GDC : aisié ; AND : eisé ; FEW XXIV, 147b-148a : adjacens ; TLF : II, 395b : aisé]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

(Estre) aisé

 

a)

"(Être) dans l'aisance" : Si preng en gré, puis qu'ainsi est, Qu'en fortune n'a point d'arrest. Soies en du tout rapaisie, Car, se tu n'ez a droit aisie, Ne d'abit richement paree, Ne seras tu ja separee De l'amour de Dieu, s'il lui plaist. (Gris., 1395, 87). Et ceulx qui trouvoient les moiens et les aidoient et favorisoient, et estoient tant aisés qu'ilz ne savoient que ilz avoient (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 247). ...trois bourgois de la ville, riches, puissans et bien aisiez... (C.N.N., c.1456-1467, 373).

 

b)

"(Être) au calme, tranquille" : Je seray tousjours bien aisés Et hors de ces aultres perils De foles femmes (DESCH., M.M., c.1385-1403, 28).

 

2.

(Estre) aisé de qqc. "(Être) capable de, en avoir la possibilité" : LE SERGENT. (...) Garde bien qu'en nulle maniere Ta dame de ceens ne parte (...). LA DAME. Ja doubter ne vous en esteut, Tristan, n'en suis pas bien aisie. (Mir. enf. ress., 1353, 34). Sire chevalier, dist le seigneur, vous soiez le bien venu, et se je ne me lieve point a l'encontre de vous, ne vous desplaise, car je n'en suis point bien aisé. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 43).

 

3.

(Estre) aisé de/pour + inf./inf. subst.

 

a)

"(Être) en mesure de" : [Le narrateur s'adresse à une femme :] Si vous voelliés humeliier Et ma dolour amoliier Par vostre grande courtoisie, Car vous estes moult bien aisie [= aisiée] De moi douner grasce et confort, Se venus je sui a bon port. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 76). Et quant un po suis rapaisiés Et d'a li parler plus aisiés, Je prins congié et me parti (MACH., Voir, 1364, 2000). Non pour quant en celle cointise N'i a outrage ne vantise, Car bien doivent chil avoir soing, Qui d'iauls conforter ont besoing, D'estre joli et envoisié, Quant il en sont dou faire aisié (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 45). ...[les Navarrais, accablés d'impôts, se plaignent à leur roi] remonstrant la povreté du royaulme et comment la taille passée n'estoit pas encoires payée, et que pour Dieu il y voulsist remedier, car le pays n'estoit point aysiez de le faire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186). Et pour ce, dist Bruiant, que je ne me sens point bien aisé pour moy deffendre vous ay je lyé en ce point. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 173). ...puis que vous, monseigneur de Loissellench, ne vous sentez aisié pour les acomplir [les armes] selon le contenu de vos lectres d'armes, lui, comme vostre juge seul et competent vous ordonne que vous acquictiez de voz quatre pris (LA SALE, J.S., 1456, 167).

 

-

"Avoir les commodités nécessaires pour" : ...laquelle defense a esté et est en leur grant préjudice et dommage, et du Commun de ladicte Ville ; mesmement que les menus menagiers de ladicte Ville, qui ne sont pas aisiés de cuire en leurs hostelz, y prenoient leur esconvenuë de pain, pour chascune septmaine, et leur estoit plus profitable icellui grant pain pour le ménage, que pain d'un denier et de maile (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1365, 593).

 

b)

"(Être) content de" : Or soyés sur vo garde que le pire n'ayés, Car trop est Gaudïon de vous mal fere aisiés. (Tristan Nant. S., c.1350, 157).

 

4.

(Estre) aisé à + inf. "(Être) facile à" : Gardes [France] y bien que tu feras, car tu es trop aisee a decever. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 223). ...il monte sur ce beau poirier (...) et s'i embuscha si bien qu'il n'estoit pas aisié a veoir. (C.N.N., c.1456-1467, 307). Et, quant le Roy entra en la salle et vit Crathor le herault et tant de gens environ luy, il dist à ung sien chambellain : "Certes Crathor apporte quelque nouvelle ; véez comment ces gens sont assemblez environ lui. Nous sommes si aisiez à esmouvoir de peu de chose ; quant il nous vient bonnes nouvelles, nous faisons si grant chière ; quant elles sont mauvaises, nous sommes si esbahiz." (BUEIL, II, 1461-1466, 135). Pour ce dit Seneque que le noble homme, de sa nature, est plus aysié a mener que a tirer, c'est a dire que le courage du noble homme se laisse persuader et fera plus et plus tost par doulce remoustrance qu'il ne fera par force ou par constrainte. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 190).

B. -

[D'une chose]

 

1.

Aisé

 

a)

"Qui ne présente pas de difficultés" : L'autre chemin, a dextre, par ou je montay, est assez plus longs, mais il est beaucop plus aysié car il prent beaucop de tours (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 75).

 

-

[D'un arc] "Facile à bander, flexible" : Et doit l'archier querre les bestes tout seul a cheval, et se il les treuve, il doit tendre son arc, lequel doit estre plus fieble et plus eesié que celui de quoi l'en trait a pié [ou est-ce aesié ?]. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 132).

 

b)

"Facile à faire (ou à supporter)" : Et vous princes (...) ravisés vous et vous retournés a la maison dont vous avés tout l'onneur et bien que vous avés. C'est une chose bien aisee quia res de facili revertitur ad suam naturam. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 261). ...si je peusse quelque pou sentir avant ma mort, ma fin en seroit plus aisée et plus legiere a passer (C.N.N., c.1456-1467, 348). Venir n'estoit pas tout aisay (Sots gard., a.1488, 101). ...et qu'il ne mettra point de siege s'il ne le treuve bien aisé (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 316).

 

-

[Du pardon] "Accordé facilement" : ...il sauveroit la vie avant l'an a cent honmes ou plus et la perdition des ames des aucuns, qui seroit grand euvre meritoire pour luy, car les ligiers et aisés perdons donnent occasion aux gens de y retourner et de faire piz que devant. (Traité politique C., c.1492-1493, 158).

 

c)

Chambres aisees. V. chambre "Lieux d'aisance" : ...Et il soit ainsi que pour faire icelles chambres aisies pour ladicte ville il conviengne mettre et asseoir oudit cornet dudit jardin dudit moulin (...) deux corbeaux de pierre (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1434, 276). Et ne pourra avoir en icelle place aisemens ou chambres aisiées. (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1434, 282). ...et de tous ceulx qui y estoient [dans le château] n'en eschappa que ung seul, lequel s'enferma dedens une chambre, et par ung tuyau des chambres aisées se laissa cheoir dedens les fossez et se saulva. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 86).

 

2.

Aisé à/de/pour + inf.

 

a)

Aisé à + inf. "Facile à" : Se je veisse que par chevalereuses hardiesses de la guerre (...), les ennemis sentissent la perte et le dommaige, le mien en seroit plus aisié à soustenir (CHART., Q. inv., 1422, 23). ...il leur seroit grant honte de retourner, ad ce qu'ilz sont venus sy avant, et que il creoit fermement que le battement de ces portes ne estoit ja plus perilleux que le dangier de la vaynne du vent, ne le peril du pont, ne aussy la hideur des dragons, qui a esté tout sy aisié a passer. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 87). Ainsi le Roy n'eust eu à besongner que à celle part ; et, ceste part rompue, tout le surplus estoit rompu, qui aisée chose estoit à rompre ; car il failloit qu'ilz tournassent le doz ou ilz n'eussent point marché ; ce qu'ilz estoient contrains de faire. (BUEIL, II, 1461-1466, 235). ...et que, ce fait, toute sa puissance retourneroit sur les bras du duc, qui luy seroit mal aisé à soustenir (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 309). Et disoient les bons compaignons pour lors que les cordeliers, qui emporterent le corps de Mons. le connestable, eurent la teste copée, qui est ung broquart assés aisié à entendre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

 

b)

[D'un lieu] Aisé pour + inf. "Commode pour" : ...se d'aventure nous sommes repulsez, nous nous retirerons là à vous, et vous les garderés de rallier ; car vous tendrés la place où ilz sont acoustumé d'eulx assembler. Car communement gens de guerre se ralient au logis et au lieu du cappitaine. Et là où vous serez, c'est la plus large place et la plus aisée pour soy rallier et retraire ; et pour ceste cause s'i est logié leur chief et y ont mys leur estandart. (BUEIL, I, 1461-1466, 107).

 

c)

Il est aisé de + inf. "Il est facile de" : ...à faire diverses choses et à complaire aux seigneurs, il y a bien manière de y tenir le moyen ; et est plus aisé de desvoyer que de tenir le droit chemin ; et advient souvent que, par cuider complaire, on desplait. (BUEIL, I, 1461-1466, 48).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., d'apparence adv., il faut lire aise : : Et disoit qu'il voulloit estre celluy qui porteroit la première nouvelle à ses ennemiz ; s'ilz estoient les plus foebles, ilz s'enfuiroient ; et, s'ilz estoient les plus fors, il les en desconfiroit plus aisé. (BUEIL, I, 1461-1466, 148).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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