A. -

Au propre. "Toutes espèces de fruits ou de légumes à saveur aigre" : ...il avoit esté co[n]stinuelement de treis mauvés et desordonné gouvernement et ne se vouloit garder, ordonner ne faire astinance, mais usoit de vins, viandes et egruns contraires à sa maladie (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 148). Car mary qui se paist d'esgrun Et le miel sa femme refuse Sans y prendre appetit aulcun, Digne n'est pas que sa vie use. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 179).

-

P. ext. "Fruits et légumes" : ...touz les dessusdiz regratiers et revendeurs [d'esgrun comme] d'oeufs, fromages, beurres fraiz, pommes, poires, serises, prunes, pesches, noix, roysins, verjus en grain, nefles, aulx, oignonz, poyreaux, porette, cyvoz, cresson, eschervys et quelxconques aultres menues denrées d'esgrun (Mét. corp. Paris L., t.1, 1409-1411, 476). Esgrun est appelé pommes, poires, noix, pronnes, serises, sesses, aulx, ongnons, porioux, choux et toutes manières de fruiz (Mém. Compiègne C.-B., 1448, 303). ...vendeurs d'eufs, fromaiges et egrun (Mét. corp. Paris L., t.1, 1467, 54).

Rem. Doc. 1395 (poreaux, oygnons, percil, aulz, et aultres herbages et egruns), et 1500 (pour somme ou charree d'aigrun) ds GD I, 186a.

B. -

Au fig.

1.

"Amertume, chagrin" : Pour bref tels maulx d'Amours guerir, Esgrun de Dueil te fault fuyr (S. CAILLEAU. In : CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 356). Ainsi chascun Paist aujourd'uy son cuer d'aigrun, Et de mille n'en a pas ung Qui n'ait ytel reprouche aucun Qui fort l'abesse. (Chev. dames M., c.1462-1477, 93).

2.

"Chose qui est mauvaise (pour la santé, pour l'âme...)" : ...or aient repentence Et ne laissent leurs esperiz dampner. Aux premiers droiz veulent tuit retourner, Facent le bien, pechié est mal egrun. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 144). Mais il n'est nul si mal egrun Comme de toy boire a jeun : On en devient paralitique ; Maint homme en est souvent ethique. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 177).

3.

"Trouble, calamité" : En tamps offusque, opacque et brun, Avés exercé la police D'Amiens ventilee de erum Par trop sedicieux malice, Mais il est temps qu'on apalice L'obscure et tenebreuse nue De heresie (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 177).