I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

1.

Agreger qqc. "Aggraver qqc. ; donner à qqc. un caractère de plus grande gravité"

a)

[D'une pers.] : Juge doit savoir que par sept manieres peines sont à alleguer [l. allegier ?] ou agreger. Primo, au regard de ceulx à qui est faicte l'injure (...) ; 2° au regard de ceulx qui ont faicte l'injure ou comis le cas... (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 310).

-

En partic. "Aggraver (le péché) par une argumentation adéquate" : Se le renom est bon de par le pacient tu pues aggregier le pechié par ce que c'est mal fait de meffaire a ceulx qui sont de bon renom, car on les doit honnorer et porter. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 115).

.

Empl. abs. : Se la suite est mauvaise l'aggregement se fonde en ce que le pechié est de tant plus pesant que pluseurs maulx aviennent par cellui, les quels maulx tu dois raconter se tu veulx bien aggregier (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 118).

b)

[D'une chose] : ...et ensi espoir jeo qe les plaies purront garrir mes, Sire, qe j'ai grace de vous qe jeo soie a droit pacient, et qe jeo me voille dieter sicom un durement navrez doit faire, et me abstiner en tout de ceo qe me poet grever et agreger les plaies et encrestre le venym. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 128). Certes la cognoissance des choses, pour ce que elle n'adresce pas les voies de l'orgueilleux qui a justice en despit, si agrege et apesantist les aguillons de justice en greigneur paine du pecheur [Éd. : "assembler"]. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 49). Et pleust or a Dieu qu'aulcuns vices Fussent hors du lieu et novices Fussent tuit de certains meffais, Lesquieulx croy qu'agrigent leurs fais (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 25).

2.

[D'une chose] Agreger qqn. "Peser sur qqn, être pénible à qqn" : Un ymage de femme tailla de souveraine beauté ; quant il l'eut parfaicte, Amours, qui soubtilment scet cuers ravir, le fist estre amoureux de son ymage, et pour lui fu agrigé des maulx d'amours. (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 235). Les condicions et leurs meurs Des plus haulx premiers [habitans] je diray, Selon les sieges, et yray De renc comptant de siege en siege, Disant ce que plus les agriege. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 4).

B. -

Empl. trans. indir. [D'une chose] Agreger à qqn. "Peser sur qqn" : Car fors enviz mon oeil [de la dame qui parle] ne s'oeuvre Ne n'ouvrera, N'en rien plaisir ne trouvera, A tant qu'il le recouvrera [son amant] Et que Dieu plus y ouvrera Par abbregié, Ainsi qu'il puisse estre allegié Des maulx dont il est assegié, Qui tousjours lui ont aggregié. (CHART., L. Dames, 1416, 239).

II. -

Empl. pronom. [D'un péché] "S'aggraver, prendre un caractère de plus grande gravité" : Se l'action est bonne ou pacient le pechié se aggrege pour ce que c'est grant pechié de faire mal a ceulx qui ont fait pluseurs biens. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 115).

III. -

Empl. intrans.

A. -

[D'une chose]

1.

"S'aggraver" : Et se il [le roy] voit [en songe] que sa barbe se entasse, son or se multipliera (...). Et se un povre homme voit sa barbe croistre, sa debilité aggregera, et plus n'ait esperance de enrichir. (Expos. songes B., 1396, 73). ...la misere des infinies tribulacions qui ja par tropt longtemps en agrigeant de mal en pis, dont c'est pitiez, vous a en divers cas couru sus, par especial en cestui royaulme de France (CHR. PIZ., Heures contempl. Pass. N.S.J., c.1420, 3).

-

Empl. factitif "Devenir plus grave" : Mais d'un pauvre homme ou moyen, qui n'aura nulz amys, sa personne ne sera ja en compassion pesee, se ce n'est a la volee ; et pour moustrer que nous [sommes] bons justiciers, du pauvre homme on fera rigoreusement, et sans attendre, par tormens sa querelle aggregier. Et de la dicte simple et civile querelle, pour un neue de festu, on la fera criminelle, et sans arrestier il sera execute et de tous ses biens et de sa vie privez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 472).

2.

"Devenir plus pesant" : Que nous vault des naissans le naistre ? Nostre labeur point n'en aliege, Certes non, ainchois en agriege. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 87).

B. -

[D'une pers.] "Être dans un état physique qui empire" : ...il [le duc de Bourbon] se sentit agrégier, et congnoissant la fin de ses jours approcher, loua Dieu dévotement (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 313).