C.N.R.S.
 
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     AGRAPPER     
FEW XVI *krappa
AGRAPPER, verbe
[T-L : agraper ; GD : agraper ; DEAF, G1240 agraper ; AND : agraper ; FEW XVI, 358b : *krappa ; TLF : II, 196b : agrapper]

I. -

Empl. trans.

A. -

Agrapper qqn/qqc.

 

1.

"Prendre, saisir qqn/qqc. vivement, violemment" : Lors prist [un homme trompé] ses cheveus a tirer, Et puis sa robe a dessirer.Quant sa gent einsi le veïrent, Isnelement avant saillirent, Dont chascuns forment l'agrapa ; Mais par force leur eschapa. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Et Rolant en prist deux [des chevaliers, dans une mêlée], et les va agraper Parmy les hastereaux ; tant les va atourner Que hors de leurs arçons les ala soubzlever (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 47). ...et pour ce ont les oyseaulx [les Harpies] les ongles dessusdiz [aguës et trenchans] pour leur proie ravir et agraper. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 306). ASTAROTH. Je les sçauray bien agrapper [des morts sur un champ de bataille], Lucifer, point ne te soulcie, Et leur marron si dure vie (Myst. st Laur. S.W., 1499, 161).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Justice pugnist petis cas ; Petites gens prant a ses las (...). Mais, quant il vient une fort mouche A la toile, cil fait le louche Qui la deust prandre et happer ; Et li laist sa toile acraper, Emporter, froissier et desrompre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 150).

 

-

Agrapper qqn à/de + subst. désignant un moyen : SATHAN. (...) Qui est cilz qui vient en ma voie ? C'est ung Juifz qui a grant haste, S'agrapper le puis de ma patte En infer le volray porter (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 191). BERITH [un diable, à Lucifer]. (...) Se c'une fois de mes griffes j'agrappe, J'amayne tout par dessoubz ton poulpitre : Paillars abbez, sucrez soubz riche tiltre Et evesques pour faire chiere baulde (LA VIGNE, S.M., 1496, 225). LUCIFFER [à ses diables]. (...) en enffer ne me revenez pas Si ce coquin avec vous n'admenez ! Autour de luy tant allez et venez Qu'au trebuchet ung bon coup on l'agrappe Et, s'en voz las une foys le tenez, Gardez vous bien que jamais il n'eschappe. (LA VIGNE, S.M., 1496, 353).

 

-

Estre + part. prés. : Atant Lëonois les rompans L'esbatement ["ceux qui brisent l'amusement général"] sont agrapans Et a ce point sans mesprison Les ont mis en bonne prison. (Pastor. B., c.1422-1425, 163).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : ...la [a une court notable] fut uns petiz sergens Qui aises sist sur basse selle ; Or ne lui souffisoit pas celle, Une autre mist sus, qu'il va querre ; Mais il chut, en cheant sur elle (...). A maint fut ce fait agreable, Chascun s'en rit ; la ot venans Qui pour ceste chose muable Sont les .II. celles agrapans (...). Cest exemple est bien recitable Et moral pour pluseurs servans Qui ont office proufitable Et qui sont autres convoitans, Puis sont l'un et l'autre perdans. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 384).

 

2.

"Prendre, saisir (des biens, le pouvoir...)" : ...voelliés Paris warder, Que les faus traiteurs ne puissent ens entrer, Car le bon roy feroient et son fil désierter Et faire nouviel roy pour trestout agraper. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 489).

 

Rem. Cf. aussi : Ceulx cy en ont pris à monceaux, Et maisons fortes et chasteaux, Du grant avoir et la finance Qu'ilz ont pillé au Roy de France. Ceulx cy et autres ont happé Avec les grans et agrappé Ce qu'il en ont peu prendre aux mains (Le Songe véritable, éd. H. Moranvillé, 1406. In : Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris et de l'Ile-de-France 17, 1890, 264).

 

-

Empl. abs. : Assez ai mains pour agraper, Mes nulle n'en ai pour donner. Les mains de (mon) donnait copees Sont et des moingnons ostees, Bien vois que n'ai que les moingnons. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 292). Cescuns reube, prent, tolt et happe, Qui plus poet agraper, s'agrappe, N'il n'est nuls, tant par ait d'avoir, Qu'il ne cuide assés pau avoir Pour vivre en ce faus siecle chi (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 105).

B. -

"S'accrocher à qqc., s'aggriper à qqc."

 

1.

Agrapper qqc. "S'accrocher à qqc. (à l'aide de crocs, de crochets)" : Mais vous veissiés noz gens comme preux par grant vigueur (...) agrapper contremont ces murs [d'une tour, lors d'un assaut] et drecier escheles [Ou empl. intrans. (contremont pouvant être prép.) ?] (Bouciquaut L., 1406-1409, 224).

 

2.

Agrapper (qqn) par + subst. désignant un vêtement. "S'accrocher à qqn par son vêtement ; lui faire la cour" : En tout cas soit gardée auttorité : Qui trop humble est, c'est default de science. De ce voit on maint prince contempner ; Doit un chascun ainsi parler aux roys, Communement par la cote agraper, Comme l'en fet ? (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 175).

C. -

Agrapper qqc. (à qqc.). "Accrocher, fixer une chose (à une autre)" : De Guillaume Boestel doit on bien cy parler, Car sa bataille fist jusques aux murs aler, A piques et a houes y fist assault livrer (...). A eschelles de cordes, qu'i firent agrapper, Montoient nostre gent con singes au ramper (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 181).

 

-

Au passif : Ses bardes furent d'un drap d'or decopees, Toutes chargees de riche orphaverie A rubens d'or frisquement agrappees, Et grosses houppes toutes de perlerie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 216).

II. -

Empl. intrans. [D'un insecte qui pique] Agrapper qq. part. "S'accrocher, se coller, se poser qq. part" : En Acre out grant dolour, quant les mousques ["mouches à miel, abeilles"] voloient ; Car sur les Sarrasins tellement arivoient, Es orelles, ès nés tellement agrappoient, Qu'à pluiseur Sarrasins les IJ yeux leur crevoient. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 257).

III. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.] S'agrapper à qqc. "S'agripper à, se retenir à, s'appuyer à qqc." : Une corde bien cordee Qui par lieux estoit noee Contre val les murs mise avoit Par la quelle chascun rampoit Qui bien estoit son acointe. Ja nul n'eust la main si ointe Qu'assez tost en haut ne rampast, Se forment aus neuz s'agrapast. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 6). ...Sampson (...) se fist conduire par l'enfant vers les principaulx pilliers de la sale, ainsi comme se Sampson se voulsist illeuc reposer, et aprés se agrapa a iceulz deux pilliers qui soustenoient presques toute la haulteur de l'edifice. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 206).

B. -

[D'un animal] S'agrapper par qqc. "S'accrocher, se prendre à qqc. qui a des piquants" : ...[un cerf] en courant prez s'entrappa [var. s'agrappa] Par les ronsses en la forest. (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 199).

C. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.] S'agrapper à qqn. "S'attacher à qqn, à son enseignement" : L'omme doit soy accraper et adherdre a Jhesucrist qui est samblable a la pierre de l'anglet qui soustient et conjoinct les deux pens du mur, car Jhesucrist et non aultre est force certainne, fermeté pardurable, et vie perpetuele. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 189).

 

2.

[D'une chose abstr.] S'agrapper en qqn. "S'accrocher en qqn" : Quand Natalie, en qui vertus s'agrappe, sceut que tu fus mieux tenus que d'agrappe, En tenebreux lieu replet de vermine, Sa robbe brise et par couroux se frappe (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 508).

IV. -

Part. prés. en empl. adj. [D'un aspect moral d'une pers.] "Qui saisit avec avidité ; avide, rapace" : Ces choses l'avaricieux engoule par desirs et engloutist et retient par ardant et agrapant convoitise en l'esthomach espirituel de son ame (GERS., Avarice G., 1403, 872).

V. -

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Pris sur le fait" : Le vigneron [Jean d'Alençon s'adonnant à la boisson] fut atrapé, Quant il fut trouvé en la vigne, Trop mieulx que pois[s]on a la ligne, Ne que rat au lardon hapé. D'un trait d'ueil fut prins et frapé Par celle qui pas ne forligne ; (...) Ainsi sourprins et agrapé [L]e vigneron [fut atrapé.] (J. D'ALENÇON. In : CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 303).
 

DMF 2020 - Synthèse Martine Moulin

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