C.N.R.S.
 
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     AGACE     
FEW XV-1 agaza
AGACE, subst. fém.
[T-L : agace ; GDC : agace ; AND : agace ; FEW XV-1, 6a : agaza ; TLF : II, 75b : agace]

I. -

"Pie" : Et tout aussi com(me) l'agache Par son crier et agacier Nul oisel ne laisse anichier Pres de li, ainsi les fait fuir Et a eus touz se fait hair, Aussi chascun s'en va et fuit, Quant de ce cornart ot le bruit. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 245). Je vous asseure et dy pour euvangile que quant agaches ou pies gargonnent dessus une maison, que c'est signe de tres mauvaises nouvelles. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 91). Ce meisme jour ou nuit qu'il trespassa de ce siècle, furent par corruption d'aer pluseurs vignes perdues ou royame de France ; furent ossy en aucuns lieux oys pluseurs estranges cris, oultre la mode accoustumée, de pluseurs oyseaulx en l'aer, comme agaches, corbaulx et aultres volilles. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 389). En ce tampz, s'esleva ung horrible et espoantable fourdre sur la Bassée (...) ; le residu fut fourdroyé par impetueux vent, grande habondance de pluyes et grosses et pesantes pierres (...) ; et furent recoeulliéz, craventéz et mors en aucuns lieux, lièvres, conins, corbaulx, agaiges et petis oyseaulx que les paysans rapportoyent pas [l. par] mandelées. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 486).

 

Rem. À propos de ces deux derniers ex., les éd. donnent à ce mot le sens de "corbeau" ; plusieurs critiques relèvent cette erreur (J. Haust, B. de la Commission royale de topon. et dialectol. 12, 1938, 380 ; L. Levillain, Le Moy. Âge 48, 1938, 288 ; L. Michel, Les Dial. belgo-rom. 2, 1938, 132 ; M. Roques, Romania 67, 1942-1943, 546).

 

-

[Comme terme de compar. avec une femme] Comme une agace : Une femme venant de ville Qui a demouré longue espace, Si trouvera bien le stille - Si d'aventure on la menasse Et que son mary la grimasse, Luy face de cueur courroucé, Vous la verrés, comme une agace, Braire et crier, c'est bien tencé. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 365). S'on luy dit : "Madame est allee A la messe", il fault qu'il attende, (...) Et s'il en faict procés ne plaict Tantost elle joue son couplect Et sault sur luy comme une agache (Serm. maux mar. K., c.1500, 358).

 

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Loc. [D'une pers.]

 

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Desconnoistre l'agace. "Méconnaître la pie, oiseau vulgaire (?) ; déguiser l'oiseau de basse condition qu'on est (?)"

 

Rem. Cf. : L'ACTEUR. Cocquart mignot qui descongnoit l'agache, Jasoit venu de basse et humble place, Qui aux plus grans se veult esquiparer (...), Doit pou durer et fin obscure faire (Coquards P., a.1481, 180).

 

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Faire la borgne agace : Le monde est viel ; tout plain de maladie Et de lourdie, il monte sus l'estache, Il danse en l'air, il naige sus vessie, Il se soussie, il joue a la toupie, Il prend le pie, il fait le borgne agache, On le menache, il s'enfuit, on le cache (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 595).

 

Rem. Comment comprendre cette loc. ? Est-elle à rapprocher des loc. forgées sur pie borgne du type : bavarder, causer, jaser comme une pie borgne ? Ces loc. datent des XVIe, XVIIe s. selon FEW VIII, 422b, s.v. pica et mettent l'accent sur l'aspect babillard de la pie, aspect renforcé par l'état de borgne, les oiseaux privés de la vue chantant plus et mieux que les autres selon une croyance pop. (cf. TLF IV, 703b, s.v. borgne1). Placée à côté de la loc. prendre le pie, «boire copieusement» (Éd.) dont elle fait le pendant, on peut peut-être définir la loc. supra "bavarder comme une pie (sous l'effet de la boisson)" ? Cette assoc. borgne agace est, peut-être aussi, bien connue de Molinet ; elle semble cour. dans le Hainaut où il passa une bonne partie de sa vie. Cf. : Il y a à Mons une rue dèl borgne agace. (Arch. Nord II, 312, IGLF). Peut-on penser aussi à une allusion au fait que Molinet ne voyait plus que d'un oeil à la fin de sa vie ? Mais la date de compos. de ce poème n'est pas connue.

 

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P. plaisant. Nid d'agace. V. nid

II. -

NUMISM. "Pièce de monnaie ayant cours dans le nord de la France à la fin du XVe s." (cf. B. du Comité hist. des arts et monuments. Archéol., Beaux-Arts 1, 1849, 215-217) : Des monnoies. (...) les lions seront fort bas et aussy les testes rabeisseront environ le my quaresme, mais le griffon, les agaches et les couronnes seront aussy haultes qu'elles furent jamés (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 892).

 

Rem. Selon l'éd. : «calembour : le mot désigne à la fois l'oiseau et une pièce de monnaie».
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Martine Moulin

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